L’irresponsabilité écologique des citoyens suisses

Mathieu Glayre : Le 9 février 2025 a eu lieu en Suisse une votation qui portait sur la « responsabilité environnementale » de l’économie. : « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires. » Le parti des Jeunes Verts suisse était parvenir à récolter les 100 000 signatures nécessaires en 18 mois. L’initiative demandait que soit inscrite dans la Constitution le fait que « la nature et sa capacité de renouvellement constituent les limites posées à l’économie nationale. Les activités économiques ne peuvent utiliser des ressources et émettre des polluants que dans la mesure où les bases naturelles de la vie sont conservées. » Les dispositions transitoires donnaient dix ans à la Confédération pour que l’impact environnemental découlant de la consommation en Suisse ne dépasse plus les limites planétaires concernant notamment le changement climatique, la perte de diversité biologique, la consommation d’eau, l’utilisation des sols et les cycles de l’azote et du phosphore.

Le débat n’a même pas eu lieu et tous les cantons ont rejeté le texte. La peur que le niveau de vie matériel soit remis en cause a constitué l’un des éléments fondamentaux du refus. Emblématique était la position du parti des Vert-libéraux (centre droit) opposé à un projet qui porterait atteinte au train de vie de toute la population. 38 % seulement des citoyens se sont prononcés et le texte a été rejeté à 70 %. Le soir du vote, un communiqué de l’alliance à droite a dit qu’il s’agissait là d’un nouveau revers pour les Verts, « leurs politiques d’interdictions et leur volonté d’imposer la décroissance ». Le premier parti au parlement, l’Union Démocratique du Centre, en a profité pour exiger «le renoncement aux objectifs climatiques toujours plus radicaux via des lois sur le CO2 toujours plus dégoulinantes de bureaucratie ».

Résumé de l’article « En Suisse, le mode de vie n’est pas négociable »

in La Décroissance (mars-avril 2025, page 12)

NB : ce mensuel, devenu bimensuel, fourmille de lectures approfondies sur l’état de plus en plus désespéré (et désespérant) de la société thermo-industrielle. A acheter pour qui ne veut pas mourir idiot.

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Votation suisse = irresponsabilité écologique (décembre 2020)

extraits : Les entreprises suisses auraient été contraintes de rendre des comptes… ce ne sera finalement pas le cas. La Suisse a rejeté le 29 novembre 2020 une initiative dite sur « les multinationales responsables » qui souhaitait imposer des obligations légales plus strictes aux entreprises helvétiques en matière de respect des droits humains et des normes environnementales. L’initiative a été approuvée à une courte majorité des voix (50,7 %) mais rejetée par au moins 14 des 26 cantons suisses. Pour être adopté, un texte doit être approuvé à la fois par une majorité de votants et de cantons !….

L’irresponsabilité écologique des Suisses (juin 2021)

extraits : La démocratie référendaire en échec. Le 13 juin 2021, lors de leur traditionnelle journée de votations trimestrielles, les citoyens helvétiques se sont prononcés sur deux questions liées à l’écologie. Un premier texte intitulé « Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse » demandait l’interdiction de ces produits dans un délai de dix ans. Ce texte a été rejeté par les citoyens helvétiques à 60,56 %. Le lobby agro-industriel avait fait une campagne de désinformation sur le mode « non aux initiatives phyto extrêmes », ou encore : « On vous nourrit, on nous punit. » Une autre initiative (« Pour une eau potable propre et une alimentation saine ») demandait le durcissement des exigences environnementales qui conditionnent le versement des subventions allouées, le texte prévoyait que ces aides ne soient versées qu’aux exploitations n’utilisant pas de pesticides. Ce texte a été rejeté à 60,68 %. Les Suisses se prononçaient aussi dimanche sur la loi par laquelle les autorités veulent atteindre les objectifs climatiques définis par l’accord de Paris, à savoir diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990. La loi rendrait plus coûteux les comportements nuisibles au climat en augmentant l’impôt sur les combustibles fossiles et en introduisant une taxe sur les billets d’avion. Les Suisses ont rejeté le texte à 51,59 %. « Non à la loi sur le CO2 » était soutenu par des groupes de pression automobile et pétrolier….

Initiative verte en Suisse, réduire l’impact écologique (septembre 2016)

extraits : Le 25 septembre 2016 les citoyens suisses voteront lors d’un référendum d‘initiative populaire « Pour une économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte) ». Cette votation voudrait réduire – d’ici 2050 – l’impact écologique de la Suisse à un niveau que la nature puisse supporter. En suivant 3 axes : protection climatique, efficience des ressources et importations « propres ».Les Verts avaient déposé l’initiative populaire pour une économie verte en automne 2012. Quatre ans pour arriver au vote !….

ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature ?(novembre 2012)

extraits : Avec une densité moyenne de 193 habitants par kilomètre carré de la surface productive, la Suisse est un pays très densément peuplé. Le groupe d’écologistes Ecopop a déposé vendredi 2 novembre 2012 devant les autorités une initiative en vue d’une « votation » pour limiter l’immigration. Le but : protéger la nature et limiter le besoin de constructions nouvelles. Le texte « Halte à la surpopulation » propose donc de « limiter l’immigration nette en Suisse », à un taux de 0,2 % par an. La Confédération helvétique comptait fin août quelque 1,8 million d’étrangers, pour 8 millions d’habitants au total dans le pays, soit 3 % de plus qu’en août 2011. Les arguments sont scientifiques, ils reposent sur la formule mathématique, I = PAT, qui semble irréfutable :  l’Impact de l’espèce humaine est déterminée, à Technique donnée, par sa Population et par ses Affluences (Activités, niveau de vie). Pour réduire les impacts I, il est donc nécessaire d’agir sur l’efficacité technique T, l’Affluence (réduire le nombre d’unités de production ou de consommation par personne) et la population P (réduire le taux de natalité). Sauf à trouver immédiatement des solutions techniques extraordinaires, la décroissance matérielle devrait, sur un territoire dont on a dépassé la capacité de charge, s’accompagner d’une politique démographique qui agit tant sur la fécondité que sur les flux migratoires….

2 réflexions sur “L’irresponsabilité écologique des citoyens suisses”

  1. L’irresponsabilité écologique des Suisses …
    L’irresponsabilité des Suisses ne se limite pas à l’écologie. Tout est lié certes. Rappelons que le premier parti au parlement, l’Union Démocratique du Centre, est un parti conservateur, populiste, nationaliste et classé à l’extrême droite.
    Ah ON peut dire qu’elle est belle la Démocrassie des petits Suisses ! Nul besoin de démontrer que ces gens-là se foutent pas mal de l’écologie. Pas que de l’écologie d’ailleurs.
    En Suisse non plus ON n’aime pas les immigrés.
    – ECOPOP, limiter l’immigration pour protéger la nature ?( Biosphère novembre 2012)

    2012 … je n’étais pas encore là. Mais il y avait Marcel , Momo etc.
    Et puis un certain Coq au vin (j’adooore) dont les 2 commentaires sur cet article ont retenu mon attention. Là c’est clair, ON ne peut pas dire qu’il n’argumente pas.
    Ce qu’ON pourrait peut-être lui reprocher, c’est de se planquer derrière ce pseudo. 🙂

  2. De mon coté je ne suis pas surpris, mais ceux qui voient la Suisse comme un modèle d’écologie et de démocratie devraient lire cet article de Mathieu Glayre (La Décroissance mars-avril 2025, page 12)

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