Logement, avec quelle superficie ?

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons la façon de se loger. Il n’y a pas de limites à la limitation de nos besoins : Diogène se contentait de vivre dans un tonneau. Mais Diogène est une exception même si on côtoie sur nos trottoirs des sans domicile fixe. Entre le dénuement absolu et la multiplicité des résidences pour les plus riches, comment se situer ? Se fixer ses propres limites est un exercice difficile, d’autant plus qu’il y a ce que je fais et ce je voudrais faire. Personne n’est parfait.

Pour le logement, j’ai la chance après vingt ans d’endettement d’être propriétaire et d’avoir eu un emploi stable, ce qui n’est malheureusement pas donné à tout le monde. Une maison avec 4 chambres, c’est déjà grand, même quand on a eu trois enfants. J’ai partagé ma chambre toute mon enfance avec mon frère, mes propres enfants auraient pu faire de même. La taille de la maison est une donnée qui doit être repensée.

« Les plus grosses économies d’énergie dans l’habitat sont à chercher d’abord dans la superficie.  Après la Seconde Guerre mondiale, les soldats démobilisés et leurs familles emménageaient dans des logements de 90 mètres carrés. Dans les années 1970, la taille moyenne des maisons était de 150 m2. Aujourd’hui elle est de 233. Une maison de 1000 m2 pour 4 personnes ne peut pas se revendiquer d’un mode de vie durable. La meilleure façon de s’afficher comme un citoyen responsable vis-à-vis de l’environnement est de choisir une petite maison, qui consommera automatiquement moins de tout. » [Hélène Crié-Wiesner, AMERICAN ECOLO (éditions delachaux et niestlé, 2011)]

Ma maison est aussi significative des changements historiques du mode de chauffage. Une cheminée dans chaque pièce montrait l’omnipotence du bois avant que j’y aménage. A mon arrivé à la fin des années 1970, il y avait une chaudière à charbon pour un « chauffage central ». J’ai chauffé ainsi la maison quelques années, régulant la température en descendant souvent dans la cave. Je plaignais celui qui venait me livrer les lourds sacs de charbon et de toute façon le charbon devenait assez rare pour ce type d’usage. Sans compter que le charbon en terme de gaz à effet de serre et de particules, c’est le plus mauvais des choix. Alors quand il a fallu changer de chaudière, j’ai opté pour le gaz : quarante à cinquante années de réserves mondiales sous terre, cela non plus ne sera pas durable. Je voudrais bien revenir au chauffage au bois, mais si tout le monde faisait comme moi, il n’y aurait bientôt plus de forêts ! Je me contente donc de baisser le thermostat, 18°C dans la journée, 13° la nuit.

Officiellement en France la température à l’intérieur des logements et des bureaux est fixée depuis 1979 à un maximum de 19°C. Progressivement au cours du temps j’ai pu faire isoler mon lieu d’habitation. Je n’ai pas exercé de contrôle suffisant sur les matériaux utilisés, l’énergie grise* devrait être prise en compte. Même si j’ai fait intervenir des artisans locaux, j’aurais pu utiliser davantage ma propre force physique pour faire preuve de plus d’autonomie énergétique. Nous devrions savoir que tout est équivalence énergie, même les plus intimes de nos activités. A chacun de réfléchir et de se limiter comme il peut. Je ferais mieux de changer de maison, les enfants devenus grands sont partis et je garde un logement disproportionné par rapport aux deux seules personnes qui y résident. Il serait temps que la culture populaire célèbre à nouveau le logement multigénérationnel. Le prochain choc pétrolier ne va pas être facile à vivre.

* énergie grise : quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’utilisation, l’entretien et à la fin le recyclage. Chacune de ces étapes nécessite de l’énergie, qu’elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l’ensemble des énergies consommées sur l’ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d’un matériau ou d’un produit. Cette connaissance peut guider ou renseigner les choix notamment en vue de réduire l’impact environnemental.

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

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Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

11 réflexions sur “Logement, avec quelle superficie ?”

  1. Esprit critique

    – « Plus grand, mieux équipé et aussi plus coûteux… en un demi-siècle, l’habitat des Français a beaucoup évolué. Voici quelques graphiques éloquents, basés sur les études statistiques de l’Insee. […] Ces cinquante dernières années, la surface de logement dont chaque Français dispose a presque doublé.» ( lejournaltoulousain.fr : L’évolution de nos logements depuis 50 ans : vers toujours plus de confort )

    En 1970 la surface par personne était de 23m2. En 2013 elle était de 40m2. On peut donc croire que 23m2 n’est pas la surface idéale. C’est trop peu. Ce qui explique alors que cette surface a presque doublé. Les Français ont-ils doublé de volume depuis 1970 ? Pourquoi alors 23m2 par personne serait-il insuffisant ? Ont-ils besoin d’une salle de bain et de chiottes dans toutes les chambres ?
    En 2022 ces 40m2 sont-ils suffisants ? Ou alors les Français ont-ils besoin d’encore plus ?

    1. Comment se fait-il alors que nos voisins britanniques se contentent de moins ?
      – «65 mètres carré pour 4 en moyenne […] À l’inverse de la Grande-Bretagne, les Pays-Bas construisent aujourd’hui des logements deux fois plus spacieux, avec 115 mètres carré d’espace en moyenne.» ( mysweetimmo.com : La taille moyenne des logements britanniques a perdu 20 % en 50 ans ! )
      Les British seraient-ils alors moins gros, ou moins embourgeoisés que les Français et les Néerlandais ? Pas du tout ! On raconte que «construire des logements plus petits revient à construire des logements moins chers, ce qui permet à plus de citoyens d’accéder à la propriété.» D’un autre côté que « Construire plus petit, c’est construire plus, et donc engranger des bénéfices supérieurs.» Qui raison peu importe, en attendant ça ne nous dit rien de la surface idéale.

  2. Pour économiser du chauffage à l’échelle nationale, l’option étant de vivre en appartement (n’excédant pas 4 étages selon moi), les appartements évitent les déperditions de chaleur, c’est beaucoup plus économique que de chauffer des pavillons individuels. De toute façon, au fur et à mesure du temps où le chauffage deviendra plus cher et plus rare, car il n’y aura plus assez d’énergie pour tout le monde, alors beaucoup de maisons et pavillons individuels vont moisir par l’humidité….

    1. L’humidité, l’humidité… en tous cas ces temps-ci un peu d’humidité ne nous ferait pas de mal. Toi tu dis qu’on va crever de froid, moi j’en suis pas sûr.
      Et puis la sécheresse c’est pas bon non plus pour les maisons. Et les immeubles n’en parlons pas. Pour dire, même les montagnes n’aiment pas. Les fissures etc. et elles finissent pas se casser la gueule. Finalement, l’idéal c’est d’habiter dans une grotte, la température y est constante toute l’année. Reste à voir qu’elle serait la profondeur idéale. Sans oublier la superficie bien sûr.

      1. Bah si, on aura à terme des chaleurs extrêmes en été; ainsi que des froids extrême en hiver, regarde par exemple New York pour ne citer qu’un exemple, les américains comment à se prendre des températures négatives sévères et sont bombardés de neige. En tout cas, même en imaginant des hivers doux entre 0 et 4 degrés ou même 10° en hiver, sans chauffage ça couinera !

      2. Parti d'en rire

        C’est bien pour ça que l’idéal c’est la grotte. Mais ne va pas te perdre à New-York, reste dans le sujet, explore le en long en large et en travers, et en profondeur. Je t’ai dit qu’il restait juste à voir qu’elle serait la profondeur idéale. Sans oublier la superficie bien sûr.

  3. Quelle superficie ?

    Autrefois tout le clan habitait dans la même caverne. Et il n’y a pas si longtemps, trois générations vivaient sous le même toit. Maintenant c’est comme pour tout, il y a toit et toit.
    Des toits en ardoise, en tuiles, d’autres en paille, en tôles etc. Quels sont les mieux ?
    Je dirais que ça dépend des goûts, et surtout des budgets.
    Et puis il y a caverne et caverne. Certaines pas plus grandes qu’un tonneau, disons de taille moyenne. Ou qu’une jarre, disons alors de grosse taille. Où est donc la juste mesure ?

    – « Après la Seconde Guerre mondiale, les soldats démobilisés et leurs familles emménageaient dans des logements de 90 mètres carrés. Dans les années 1970, la taille moyenne des maisons était de 150 m2. Aujourd’hui elle est de 233. »

    .

    1. Super écolo

      Mais ça c’était chez les Américains des ânées 2011.
      Aujourd’hui les Américains Zécolos vivent comme les gitans. Dans une caravane.
      On appelle ça une tiny house. C’est à la mode, on n’a rien inventé, on attelle ça au cul d’un gros 4X4 et hop on sauve la planète ! C’est super écolo, demain on pourra toujours les tirer avec des bourrins ou des boeufs, ce n’est pas ça qui manque.

  4. – « Je ferais mieux de changer de maison, les enfants devenus grands sont partis et je garde un logement disproportionné par rapport aux deux seules personnes qui y résident.»

    Voilà ce qui arrive quand on a les yeux plus gros que le ventre, et qu’on ne réfléchit pas bien loin. Une fois les petits partis, Michel se retrouve comme beaucoup.
    Comme un con, dans un nid trop grand. Ah ce satané culte de la Barraque, du Château, de la Maison… pour laquelle on se saigne et on trime comme un con !
    C’est comme cette satanée piscine, qu’on a dû creuser, spécialement pour les gosses.
    Et maintenant plus personne n’y patauge, mis à part toutes sortes de bestioles.

    1. Comme un con… On peut dire aussi comme un roi. Ou comme un pape. Voyez aussi l’espace dont il dispose celui-là. L’avantage d’une grande barraque, c’est que quand on vit à deux, chacun peut alors avoir son espace vital. Son petit Lebensraum.
      L’un peut ainsi vivre dans l’aile est du château, l’autre à l’ouest. Ou vice versa.
      Moi je suis à l’ouest.

    2. On dira alors que le château ce n’est pas écologique, que tout ces volumes il faut les chauffer et patati et patata !
      Oui mais, rien n’empêche alors de faire des économies de chauffage, déjà en partageant le même lit. C’est vous qui voyez…
      Et rien n’empêche non plus Michel de louer, mieux de céder gratos, tout cet espace dont il dit ne plus avoir besoin, ce ne sont pas les mal logés et le sans abris qui manquent. C’est vous qui voyez…
      Sinon Michel peut en effet changer de maison. Et s’acheter, ou mieux se fabriquer, une tiny house. C’est très à la mode, dans certains milieux zécolos.
      C’est vous qui voyez… 🙂 🙂 🙂

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