Le travail commence. Le bovin entre dans le couloir de la mort où un ouvrier le guide avec une tige électrique en cas d’indocilité. L’animal se retrouve coincé de toutes parts. Le tueur place un matador entre les deux yeux. Il s’agit d’un pistolet d’abattage qui propulse un piston qui perfore le crâne jusqu’au cerveau. La bête s’écroule et roule sur un sol incliné. Mort cérébralement, il bouge encore. Attrapé par une chaîne par la patte arrière gauche, il est hissé par un treuil sur un rail qui conduit jusqu’au seigneur. Celui-ci lui tranche la jugulaire avec un couteau. Le sang jaillit tel un geyser, le bovin se vide de 30 à 40 litres de sang. Parfois la bête donne des coups de patte, ses yeux révulsés ; l’odeur de la peur. Tu entends les meuglements désespérés des animaux qui attendent encore dans le couloir de la mort. Un ouvrier ouvre le sternum pendant qu’un autre lui tranche la tête ; tout ça part à la triperie par une autre chaîne. L’animal passe ensuite à la vidange où lui sont retirés ses intestins et sa panse. Tout son appareil digestif tombe sur une large tapis roulant qui va emporter ses viscères à la boyauderie. La carcasse, vidée de ses abats, est coupée en deux dans le sens de la hauteur à l’aide d’une scie géante. Un couteau pneumatique rotatif à lame circulaire sert à retirer les parties graisseuse, dont une part sert à la fabrication de produits de beauté…
Un jour Mauricio Garcia Pereira travaille seul à la boyauderie avec son grand couteau quand une énorme poche vide sur lui son liquide amniotique chaud et gluant. Mauricio en sort un veau entièrement formé… Il prévient le chef : « C’est pas un problème, tu fais le tri comme d’habitude et le fœtus, tu le jettes dans ce bac-là ». Joignant le geste à la parole, le chef pousse le veau encore vivant jusqu’au bac à déchets destinées à l’incinération.
Mauricio consulte la Toile et trouve un numéro de téléphone pour L214. Brigitte Gothière, la cofondatrice de l’association, est sidérée d’apprendre ce cas de vaches gestantes. Mais l’abattage de vaches gestantes n’est interdit ni en UE, ni en France. Une vache pleine de plusieurs mois est en effet plus grasse, sa carcasse pèse 20 à 30 kg de plus, sa viande est plus juteuse….
Mauricio a écrit un livre sur son expérience, « Ma vie toute crue, un employé d’abattoir dit tout ! »
Source : Alternatives non-violentes n° 215 de juin 2025 (extraits)
– « Que signifie le souci de limiter la souffrance d’un animal au moment de l’abattage si elle est omniprésente tout au long de sa vie ? […]
Évidemment, rien n’est plus compliqué que de bouleverser un système bien ancré et accepté comme celui-là. Il semblerait que l’obstacle au bien-être de l’animal d’élevage réside dans la course à la productivité et la concurrence entre pays. Mais d’où vient cette course effrénée ? »
(Le bien-être animal en abattoir: entre principes et réalités – Marie-Laure Poiret
fondation-droit-animal.org 1 avril 2016)
– « Fin février, la société Le Bœuf éthique a été placée en liquidation judiciaire.
En un an et demi, le camion abattoir qui allait de ferme en ferme n’a pas trouvé son équilibre économique. »
( « C’est une exécution » : le premier abattoir mobile mis à l’arrêt – Laure Noualhat
reporterre.net 9 mars 2023)
Et pas que les mobiles, les abattoirs ferment les uns après les autres. Et bien sûr les petits avant les gros. Comme les éleveurs, les paysans, les entreprises etc.
D’où elle vient cette course à la productivité ?
Mais peut-être de la nécessité de nourrir 8 et bientôt 10 milliards de personnes, la même cause nous conduit aussi à vider les océans de leurs habitants.
Ben voyons. Comme si les 1% qui se gavent comme s’ils devaient vivre mille ans se souciaient des 800 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde.
– Depuis 2020, les 1 % les plus riches ont capté près de deux tiers des richesses produites dans le monde, deux fois plus que le reste de l’humanité
(oxfamfrance.org 15 janvier 2023)
Finalement c’est comme le culte de la Bagnole, avec tout ce que ça engendre… pollution, stationnements et embouteillages (Le Poumon vous dis-je !)
C’est c’là oui ! Voir mes 2 commentaires sur « Le vélo, petite reine des temps à venir ».