Lundi de Pâques, une profession de foi postchrétienne

De nombreuses pratiques se rattachèrent à la fête de Pâques, mais c’est d’abord célébrer le retour du printemps. Ainsi l’œuf est le symbole de la germination qui se produit à ce moment-là. La religion chrétienne a récupéré les coutumes païennes pour en faire la fin du jeûne du carême dont presque personne ne  connaît la signification : on préfère les œufs en chocolat !

En ce jour férié, pas obligatoirement chômé, nous constatons la validité d’une profession de foi postchrétienne : « Après avoir aimé son prochain comme le lui demandait l’Evangile, l’homme d’après Rio doit aussi aimer le monde, y compris les fleurs, les oiseaux, les arbres – tout cet environnement naturel que nous détruisons régulièrement. Au-delà et au-dessus du contrat social conclu avec les hommes, il faut maintenant conclure un contrat éthique et politique avec la nature, avec cette terre même et qui nous fait vivre. Pour les Anciens, le Nil était un Dieu qu’on vénère, de même la forêt amazonienne, la mère des forêts. Partout dans le monde, la nature était la demeure des divinités. Celles-ci ont conféré à la forêt, au désert, à la montage, une personnalité qui imposait adoration et respect. La terre avait une âme ; la retrouver et la ressusciter, tel est le sens de Rio. »

Cette vibrante déclaration écologiste a été faite par le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, lors de la clôture du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Face à cette prise de position motivée par l’urgence écologique, le père Joseph-Marie Verlinde attaque : « Nous assistons à l’intronisation quasi-officielle, émanant des représentants d’instances internationales, d’une religiosité naturaliste, qui s’affirme en opposition explicite au transcendantalisme chrétien…Nous soupçonnons Boutros Boutros-Ghali de se servir de l’écologisme comme d’un paravent, derrière lequel ils peuvent déployer, en toute impunité, une véritable stratégie néo-malthusienne. »* Notons que Joseph-Marie Verlinde est un moine de la Famille de Saint Joseph. C’est un théologien qui voit à juste titre dans l’écologie radicale un concurrent dangereux vis à vis du christianisme. Comme il se retrouve en mauvais position face à l’argumentation de Boutros Boutros-Ghali, il se contente de recourir à l’anathème.

Nous préférons la sensibilité de certains mouvements plus proches de l’écologie : « L’ensemble de la Création est laissé à la responsabilité de l’ensemble de l’humanité. La domination sur le reste de la nature ne doit pas être interprétée en un sens conquérant, mais au contraire comme une injonction à vivre en harmonie avec elle, et à rendre soin de la terre pour s’acquitter de sa responsabilité devant Dieu. Il nous est demandé de « cultiver et de garder » (genèse 2:15) la terre avec amour et douceur. La terre ne nous est confiée que sous certaines conditions, comme si nous n’en étions que les locataires. Nous n’y avons que des droits d’usage – mais cela est suffisant. »**

* Joseph-Marie Verlinde dans son livre L’idéologie verte ou les dérives de l’écologisme (éditions lelivreouvert, 2013, p.67)

** déclaration en 1982 de l’Eglise luthérienne américaine ; « La Terre : un don de Dieu, notre responsabilité »