L’union torride entre FNSEA et Denormandie

Qui se ressemble s’assemble, FNSEA et gouvernement ont le même discours ! Lors des arbitrages de la France pour la future PAC (politique agricole commune), les « écorégimes » hérissent les productivistes. Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la mise en place de cette « boîte verte », qui servira à rémunérer des pratiques environnementales vertueuses, représentera une perte sèche de revenus pour une partie de la profession. C’est-à-dire tout pour moi, rien pour le bio. Pour Julien Denormandie, ministre de l’agriculture : « L’écorégime, ce n’est pas de l’argent en plus donné aux agriculteurs. Ça consiste à prendre une partie de leur revenu et à ne le rendre que s’ils mettent en place des principes agroenvironnementaux. J’ai proposé aux députés de faire la même chose avec leurs salaires ! Il n’y a que le milieu agricole à qui on fait ça. »

Lire, Politique agricole à la solde de la FNSEA

Stéphane Foucart : Aucun gouvernement n’a suivi ou même devancé avec une telle constance les desiderata du productivisme agricole : gendarmerie nationale à la disposition de la FNSEA (cellule Demeter), démantèlement des aides au maintien de l’agriculture biologique, projet d’attribuer des subventions « vertes » à l’agriculture conventionnelle, abandon de facto de la lutte contre les nitrates issus de l’élevage intensif, soutien actif à la construction de méga-bassines pour l’irrigation, recul sur la sortie du glyphosate, remise en selle des néonicotinoïdes, volonté de déréguler les « nouveaux OGM »… Le 7 décembre 2021, lors du quatrième plan national santé-environnement, un livre blanc affichait les logos de la FNSEA, de l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), du Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV) ; il était chapeauté par un inspecteur général au ministère de l’agriculture. Ce Livre blanc est la continuité du sommet One Health, dont l’allocution introductive était assurée par le ministre de l’agriculture en personne, Julien Denormandie. La fusion de la FNSEA et du ministère de l’agriculture paraît vraiment engagée ?

Lire, Julien Denormandie, ministre anti-écolo

Rappelons que Julien Denormandie avait en juillet 2021 signé une lettre, avec dix autres ministres croissancistes, de l’UE appelant la Commission à reporter la publication d’un texte qui doit permettre de mieux protéger la biodiversité : « Cette stratégie se réduit à des considérations environnementales en ne tenant pas compte des aspects socio-économiques…  Nous nous opposons fermement à toute proposition législative sur la planification et la surveillance des forêts… Un tel instrument créerait un fardeau administratif sans précédent… »

Comme son patron Macron, c’est l’homme des lobbys pour lesquels il a travaillé dur dès son entrée en fonction. On en arrive à se demander si tous les tenants fanatiques du productivisme effréné ne seraient pas, au fond, plus bêtes que cupides. Quand ils auront tout désintégré (les sols, l’air, la faune sauvage, etc.) pour gagner un dernier petit sou, que vont-ils faire ?

Les ministres de l’agriculture se succèdent, et ils restent les mêmes. Voici ce que disait en 2017 Nicolas Hulot, ministre de l’écologie, lors de la préparation des États généraux de l’alimentation (EGA) : « J’ai très mal vécu ce moment, la façon dont Stéphane Travert ministre de l’agriculture a pris les commandes de ce chantier m’a profondément énervé. J’ai une telle dissension avec Travert que je n’arrive plus à communiquer avec lui.… Les producteur(rice)s bio de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) dénoncent fin juillet 2017 un renoncement politique historique. Par décision du ministre de l’Agriculture, aucun budget pour les aides à l’agriculture biologique ne sera engagé dans les 3 prochaines années. Aucune nouvelle conversion biologique ne sera donc possible.

4 réflexions sur “L’union torride entre FNSEA et Denormandie”

  1. et bien dansez maintenant

    Où faites-vous vos courses alimentaires? FNSEA, biotruc ou marché?
    Si l’on veut changer de système – peu importe le produit ou service- lutter contre est une dépense d’énergie totalement inefficace. Il faut « simplement » arrêter de l’alimenter.
    Tant qu’une marque, un politicien, un système économique, une idéologie perdurent c’est que des clients, citoyens les ont élus, inconsciemment ou pas…

    1. Oui mais comment arrêter de l’alimenter ? S’il est encore possible à certains de vivre «hors-réseau», comment vivre hors-Système ? Biotruc c’est aussi le Système, et tout le monde n’a pas la possibilité d’aller faires ses courses au marché, ou d’acheter directement au petit producteur. De toutes façons il n’y a pas que la bouffe. En payant un distributeur d’électricité, un opérateur de téléphonie, en faisant le plein de la Bagnole, en prenant une assurance etc. etc. tout le monde alimente le Système. Le problème c’est que le Système est totalement verrouillé.

  2. En attendant, ils seraient bien bêtes de ne pas en profiter. Parce qu’en considérant qu’un jour elle l’ait été… l’écologie n’est plus la priorité N°1. Selon le dernier sondage Ifop, plus de la moitié des 18-30 ans envisagent de s’abstenir (au printemps prochain) et ceux qui se rendront aux urnes préfèrent Macron et Le Pen. Jadot ne pèse que 8% chez ces jeunes. Même si les jeunes en sont là, nous voilà donc bien avancés. Misère misère !
    En attendant l’écologie aujourd’hui se résume au Climat. Toujours plus de nucléaire, d’éoliennes, de panneaux, de gadgets etc. pour «sauver» le Climat. Les innovations seront vertes et décarbonnées, abondantes comme il se doit, n’en doutons pas. Les pesticides n’en parlons pas, toujours plus d’agriculture intensive pour nourrir les 9 milliards que nous devrions être en 2050, voilà ce qu’on nous dira. Et en même temps toujours plus de rappels pour sauver les vieux et blablabla.

    1. Mais n’allez surtout pas dire que tout ça ne sont que des foutaises !
      Et que la chanson et le but du Jeu restent toujours les mêmes : c’est la sacro-sainte Croissance (décarbonnée pour l’occasion) qui assure les investissements, le remboursement de la Dette, les emplois, le Pouvoir d’Achat et patati et patata.
      Produire et vendre toujours plus de conneries, pour faire toujours plus de Pognon, de milliardaires etc. Business as usual !

Les commentaires sont fermés.