Macron : le débat écolo a avorté avant de commencer

La transition écologique, un des quatre thèmes du grand débat national, un débat déjà sans avenir. Les anti-écolos s’agitent : le syndicat agricole FNSEA a demandé que l’on revienne sur l’interdiction du glyphosate, tout comme la CGT voudrait un « moratoire » sur la fermeture des centrales à charbon. Dans sa lettre, Emmanuel Macron ne se montre guère précis, il ne parle même pas de la taxe carbone. Sur les problématiques de transport, de chauffage ou d’alimentation, le chef de l’État évoque des solutions locales sans autre précision. Sur la biodiversité, il livre une phrase cryptées car le débat est cadré dans son aspect le plus technocratique : « Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ? Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos agriculteurs et nos industriels ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ? » En creux, Macron admet que l’une des causes majeures de l’érosion de la biodiversité est l’utilisation des pesticides de synthèse en agriculture, mais il réduit la question à son aspect le plus insoluble : la difficulté à imposer aux autres États les choix de restreindre telle molécule de manière à ne pas desservir la compétitivité. Certains commentateurs sur le monde.fr* restent dubitatifs :

Parlons clair : Macron remet en cause la COP 21 et les suivantes….. mais pas surtout pas l’ISF ou la flat taxe !! La France a t-elle encore un Président ? !!!

SARAH PY : La question climatique et écologique est structurante, elle n’est pas un sujet parmi d’autres. Cela, M. Macron ne le pense pas, ne le dit pas dans sa lettre. C’est donc sans illusion sur sa capacité à être un homme d’Etat que s’engage ce débat sans vision, sans stratégie, indigne des défis qui nous attendent. La politique y perd ses lettres de noblesse pour être ravalée à son prurit démagogique.

Réaliste : notre système est basé sur la consommation sans limites donc c’est illusoire de croire que l’ont peut réduire notre consommation de carbone !! Idem pour tous les pays !! Surtout avec l’augmentation de la population dans certaines zones géographiques !! Après nous le déluge, mais avant l’étuve !!

Sur ce blog biosphere, nous pensons que l’écologie ne sortira pas grandie d’un débat national improvisé faisant intervenir des individualités (tout le monde a la parole) sans donner de cadre aux diverses discussions (les mairies?) ni d’assurances sur la prise en compte des résultats. Le Grenelle de l’environnement était organisé de façon beaucoup plus sérieuse, et pourtant il n’avait abouti au parlement qu’à concéder des miettes. Dans un entretien au MONDE**, Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique et solidaire et copilote du grand débat avec Sébastien Lecornu, montrait déjà que ce gouvernement était prêt à abandonner la taxe carbone : « La hausse de la taxe carbone ne peut pas reprendre en 2020 si elle ne fait pas l’objet d’un consensus… Faut-il une fiscalité sur les énergies fossiles ? Si oui, à quelles conditions sera-t-elle acceptable ? … Et s’il ressort que l’opinion ne veut définitivement pas de la taxe carbone, alors n’en faisons pas.» On sait déjà que le chaos imposé par le réchauffement climatique et la descente énergétique entraînera d’immenses régressions économiques et sociopolitiques. Pourtant Macron et les Gilets jaunes se contentent de blablater…

* LE MONDE du 15 janvier 2019, Lettre d’Emmanuel Macron : sur l’environnement, de grands principes mais peu de pistes

**LE MONDE du 11 janvier 2019, Emmanuelle Wargon : « Ouvrir le débat, c’est accepter d’aller en terrain inconnu »

7 réflexions sur “Macron : le débat écolo a avorté avant de commencer”

  1. Nous avions sur ce blog biosphere espéré que l’élection d’Emmanuel Macron permettrait un renouvellement de la pensée et une ouverture à l’écologie. Nous nous sommes trompés, Nicolas Hulot a été trompé, le Grand débat n’est là que pour affirmé l’anti-écologisme de Macron. Engagé, depuis le 15 janvier, dans un tour de France, il s’est rendu dans le parc naturel régional du Verdon où il a abordé le thème de la transition écologique. Le président n’a pas été ménagé. « Vous pensez qu’on pourra acheter une nouvelle planète avec de l’argent ? Quand est-ce que vous allez réagir, puisque vous en avez le pouvoir ? », lui a lancé un collégien.  La prise de conscience, je l’ai totalement. Celle de l’urgence aussi », a répondu le chef de l’Etat. « Notre défi, c’est de faire [la transition écologique] le plus vite possible. Je crois qu’on peut faire plus vite, plus fort, plus loin, en donnant plus de pouvoirs au local et en changeant de méthode ». Pour autant, pas question pour le chef de l’Etat de se renier. Concernant l’affectation de la taxe carbone à des dépenses uniquement liées à la transition écologique, le chef de l’Etat a fermé la porte. La fiscalité affectée « est une des grandes dynamiques qu’on voit sortir de ce débat et c’est à mes yeux un grand danger », a-t-il expliqué, craignant « la dilution progressive du consentement fiscal » et le risque qu’« on accepte de moins en moins un impôt qui finance les missions de service public ».
    Mieux, le chef de l’Etat s’est permis quelques piques à destination des écologistes. « Les chasseurs sont des acteurs importants de la biodiversité, les pêcheurs le sont tout autant », a-t-il lancé. Interpellé par des éleveurs de moutons, très présents dans la région, le président a également annoncé que le pourcentage de loups pouvant être abattus serait augmenté, le seuil de cinq cents individus ayant été atteint selon lui. M. Macron a même évoqué des « scènes absolument insoutenables » provoquées par les loups qui s’en prennent aux troupeaux. (LE MONDE du 9 mars 2019, Grand débat : Emmanuel Macron va jouer les prolongations)
    Nos pensons qu’il ne faut pas accorder de crédit à un candidat aux élections qui ne se revendique pas d’abord et avant tout comme écologiste. Ne votons que pour l’étiquette écolo, pour aucune autre mouvance partisane.

  2. Mais déjà, comment pourrait-il sortir quelque chose de concret de ce brouhaha ? Alors pensez-donc ce que l’écologie pourrait y gagner…
     » Macron et les Gilets jaunes se contentent de blablater… » Comme disait la mère Denis, ça c’est ben vrai ça !
    Macron s’applique tout simplement à rétablir l’Ordre Etabli. Au passage il redore son blason, qui en avait bien besoin. D’une certaine manière on peut dire qu’il est parfaitement cohérent. Précisons, il est cohérent dans le cadre de l’incohérence, l’absurdité, la folie, du système qu’il défend. Ce système qui nous mène à la Catastrophe.
    Côté populace (gilets jaunes, gilets verts, bonnets rouges, bonnets blancs et blancs bonnets, chemises brunes, noires etc.) c’est un plus compliqué mais ça ne vaut guère mieux.
    Certains trouvent un certain intérêt à ce petit jeu. Certains espèrent, d’autres croient encore au Grand Soir, ou bien à la mouche qui pète. Parmi eux, certains se plaisent à « débattre », à blablater, ils se font ainsi croire qu’ils sont importants. D’autres écoutent tout ça sagement.
    D’autres enfin ne veulent rien écouter. Soit ils s’en foutent, ce qui est probablement le mieux qu’il reste à faire… Soit ils ne font que brailler, aboyer ou bêler. Les uns veulent une chose, d’autres le contraire et d’autres encore veulent tout à la fois, et tant qu’à faire de suite.

  3. Chantal Jouanno, présidente de la CNDP (Commission nationale du débat public), a déclaré que « dès lors que le gouvernement a décidé de reprendre le pilotage du grand débat national, la CNDP, qui est une autorité neutre et indépendante, n’y a plus sa place ».

  4. à la veille de l’ouverture du débat, on ignore toujours selon quelles règles seront traitées les propositions et surtout quelle en sera l’issue décisionnelle : tout au plus sait-on que des assemblées citoyennes régionales seront chargées de la trier avant de la transmettre au président de la République et au premier ministre qui feront des annonces avant fin avril. Les acrobaties de dernière minute consistant à nommer des « garants », dont la légitimité ne pourra être que contestée, en lieu et place des instances légales (la CNDP, Commission nationale du débat public) ne seront pas de nature à rassurer les participants sur la neutralité du débat.
    Lorsqu’un appel à « plus de démocratie » émerge, lui répondre, dans l’improvisation, en concédant le plus petit espace de débat possible peut s’avérer désastreux.
    (LE MONDE papier du 17 janvier 2019, « Grand débat national, les pièges de l’improvisation »)

  5. La tactique gouvernementale est rodée et se résume en quatre temps : faire de la participation au débat la seule modalité légitime d’expression, permettre l’expression la plus large possible, flécher au maximum les propositions en cadrant les thèmes éligibles, annoncer une vague de réformes en affirmant qu’elle s’appuie sur un travail « d’écoute sélective »
    Cette tactique n’abuse personne. Compte tenu de l’expérience acquise en matière d’organisation et de garantie du débat public en France, la précipitation et l’amateurisme du gouvernement, son empressement à poser les limites d’un débat avant même d’en préciser les modalités, ne laisse aucun doute sur sa volonté de ne prendre aucune forme de risque. (LE MONDE du 17 janvier 2019, « Grand débat national, les pièges de l’improvisation »)

  6. Marrant josette

    Le Grenelle de l’environnement a été une vaste fumisterie . Il s’agissait de grandes messes où chacun venait aboyer ( j’ai le souvenir d’une intervention d’une passionaria anti corrida à Périgueux ! ) . Débattre ce n’est pas ça !

  7. Marrant josette

    Le Grenelle de l’environnement a été une vaste fumisterie . Il s’agissait de grandes messes où chacun venait aboyer ( j’ai le souvenir d’une intervention d’une passionaria anti corrida à Périgueux ! ) . Débattre ce n’est pas ça !

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