Maison passive, la maison qu’on ne chauffe pas

Plus besoin de conférences mondiales sur le climat, les médias nous présentent de plus en plus les gestes qui sauvent la planète. Ainsi chaque premier lundi du mois dans LE MONDE*, cette fois pour le chauffage : le bâtiment, en France, c’est 45 % de la consommation d’énergie et un quart des émissions de gaz à effet de serre. Comment s’y prendre pour passer l’hiver au chaud de façon écolo ? Niveau débutant : lutter contre l’humidité, se calfeutrer et réguler son chauffage… Niveau intermédiaire : fermer les volets, baisser le chauffage, mettre un pull… Niveau confirmé : entreprendre des travaux de rénovation thermique, convaincre les copropriétaires, passer aux énergies renouvelables.

Rien n’est dit sur le niveau de température acceptable. Si vous augmentez la température de votre logement de 1°C, vous augmentez mécaniquement votre facture de chauffage de 7 %. Mais jusqu’où aller à la baisse ? L’émission pour la Terre » sur France 2 le 15 octobre 2019 avait l’avantage de médiatiser un tout petit peu l’idée de sobriété dans nos comportements : « se chauffer à 19 degrés. » C’est la température dite « de confort » selon le code de la constrution et de l’habitat avec 16 à 17 ° dans les chambres. En 1979 la « chasse au gaspi » prônait de chauffer son domicile à 18 degrés. Mais les Inuits passent l’hiver boréal dans un igloo, à zéro degré Celsius au ras du sol. Dans la France des années 1960 et dans la plupart des foyers, on ne chauffait pas le logement, on vivait couvert en hiver, dehors et au dedans, la nuit on se blottissait sous les duvets en plume d’oie. Aujourd’hui on parle de précarité énergétique, il y a même un Observatoire pour cela (l’ONPE), on offre même des chèques énergie. Demain avec la descente énergétique il faudra principalement compter sur l’énergie endosomatique, celle de notre propre corps ; c’est tellement plus écolo d’isoler des corps qui fonctionnent naturellement à 37 degrés plutôt que de se chauffer au bois, au gaz ou au nucléaire. Aujourd’hui on parle de « maison passive », qui consomme autant d’énergie qu’elle en produit. Demain la maison passive sera une maison qu’on ne chauffe pas.

La résistance au froid est une habitude à prendre. Mais faire entendre à des gens habitués à vivre avec 23 ou 24 °C qu’ils doivent se chauffer à moins, c’est déjà compliqué, alors quand on leur dira qu’il ne faut plus du tout chauffer son appartement, ce sera une révolution !

* LE MONDE du 7 janvier 2020, Des gestes pour passer l’hiver au chaud sans monter le thermostat

7 réflexions sur “Maison passive, la maison qu’on ne chauffe pas”

  1. L’Homme est un animal tropical, à avoir voulu coloniser l’ensemble de la planète, nous sommes d’une façon ou d’une autre contraints de recréer de manière plus ou moins étendue les micro-climats qui conviennent à notre physiologie. Et plus nous avons les moyens de le faire…. plus nous le faisons bien entendu.

    1. Didier, les Inuits dans leurs étendues glacées n’avaient pas le chauffage central !

      1. Mes grands parents, qui pourtant ne vivaient pas sous les tropiques, n’avaient pas non plus le chauffage central. Et ils n’avaient pas non plus « besoin » de 24° dans la maison en hiver. Aujourd’hui c’est différent, nous avons évolué, nous sommes devenus frileux.

  2. Et oui le chauffage est un ogre énergétique ! D’autant que chaque individu est chauffé plusieurs fois simultanément ! Pendant qu’un individu va sur son lieu de travail chauffé, le chauffage de son logement continue lui aussi de chauffer… Pareil pour les enfants et adolescents qui sont chauffés simultanément à l’école et à la chambre de leur domicile…. Enfin, il y a même des effets démultiplicateurs liés au divorce, 2 chambres pour 1 couple, quant aux enfants et adolescents ils sont chauffés à leurs 2 domiciles en plus de l’école…. Puis, je ne parlerais pas des magasins de plus en plus grands en nous chauffant en tant que clients afin de nous offrir toujours plus de choix en gadgets made in China….

    1. Déjà tout le monde ne bosse pas dans un bureau chauffé, ensuite pendant que la maison est inoccupée, normalement on baisse le chauffage. Quant aux enfants de divorcés, là encore le papa n’a pas besoin de chauffer la chambre du bambin alors qu’il dort chez la maman. Mais bon, tout ça ne sont que des détails.
      Si nous gaspillons l’énergie, c’est qu’elle n’est pas chère, tout simplement. Comme pour tout le reste il suffit de regarder ce dont nous (qui sommes nés du bon côté) avons «besoin» pour nous chauffer en hiver, nous réfrigérer en été, nous éclairer, nous déplacer, nous distraire et nous amuser, etc. etc. Et puis de comparer tout ça avec les autres. Et/ou avec nos parents et grands-parents il y a 50 ou 60 ans.
      Quant aux «maisons passives», là encore c’est le genre de truc qui sert avant tout à amuser (abuser) les gogos. Bien entendu je ne suis pas là en train de vendre ce qu’on appelle des «passoires énergétiques», mais il faut quand même faire la part des choses. Comme le dit Biosphère nous n’avons pas besoin de 24° dans la maison en hiver. Nous n’avons pas besoin non plus de 50m2 par têtes de pipes, ni de 4 télés, etc. etc. Ni d’une montagne de gadgets en tous genres pour réguler automatiquement et «intelligemment» la température, baisser et ouvrir les volets etc. etc. En règle générale la «maison passive» de l’écotartufe n’a rien à voir avec la petite maison de celui qui vit dans la simplicité volontaire. Monsieur et madame les écotartufes seront aussi fiers de leur «maison passive» que de leur SUV hybride. Et de leur dernier voyage aux Seychelles, qu’ils se seront payé avec les économies faites sur leur facture énergétique. On ne parle pas assez de l’effet rebond (paradoxe de Jevons). Toutes les économies d’énergies faites en matière d’efficacité énergétique sont automatiquement annulées par de nouvelles consommations supplémentaires. Et c’est ça qu’on appelle le Progrès.

      1. Bah parce que tu crois que tout le monde baisse le chauffage ?
        Déjà que c’est impossible avec du chauffage au sol de beaucoup d’immeubles…
        Mais dans tous les cas, même baisser, ça n’empêche pas moins que le chauffage tourne pour rien en l’absence des personnes, et passer de 25 à 19 en l’absence des personnes sur des millions de personnes au quotidien, et au fil des années, ça commence à peser lourd le gaspillage énergétique !

        1. Mais oui je suis d’accord avec vous, mais en attendant il n’y a pas que le chauffage qui «tourne» pour rien. Il y a aussi tous ces éclairages, toutes ces clims, tous ces moteurs, toutes ces coureurs qui tournent autour de pistes et de circuits à la con, tous ces organismes qui brassent du vent, toutes ces entreprises qui produisent toutes sortes de saloperies aussi inutiles que néfastes etc. etc. Et puis il y a NOUS qui ne faisons au mieux que râler, rabâcher et tourner en rond, pour rien finalement.

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