Manifester le 17 novembre, une hérésie anti-climat

Le blocage national du 17 novembre approche à grand pas. A moins de quelques jours des manifestations « spontanées », les « gilets jaunes » maintiennent plus que jamais leur colère face à l’augmentation du carburant. L’heure est désormais à l’organisation du ras-le-bol fiscal, opérations escargots et autres blocages routiers se tiendront partout en France. Le gouvernement s’affole, opération déminage, cadeau chèque-énergie, défiscalisation de l’aide aux transports, prime à la conversion… 400 à 500 millions d’aide contre 300 millions d’euros rapportés par la taxe carbone cette année! C’est un contre-sens total, anti-écolo : il faudrait limiter le recours aux déplacements motorisés, on les subventionne !

Des marches pour le climat, démarches pour presque rien. Mais quand l’écologie devient punitive, touche le porte-feuille, le « peuple » se soulève en masse. Le routier Eric Drouet, vu à la télé : « Moi qui suis en contact avec tous les groupes, je peux vous dire que ça va bouger de partout, du tunnel du Mont-Blanc au pont de Tancarville. Ça va être du jamais-vu… BFM a prévu de n’être que sur ça tout le week-end ». D’autant plus que la fiscalité écologique est utilisé pour baisser les charges pour les entreprises, pas pour favoriser la transition énergétique. Ne comptons pas sur le ministre de l’écologie F. de Rugy pour expliquer ce qu’il faudrait penser, il est aux abonnements absents. Pourtant c’est simple, il faut nous préparer à un pétrole hors de prix avec l’épuisement des ressources fossiles, un stock non renouvelable. Il est donc nécessaire de voir le prix du carburant et du fuel augmenter tout le temps pour l’économiser, réduire nos besoins, se rapprocher de son lieu de travail, se déplacer autrement, se chauffer à minima, modifier les infrastructures routières et le système de production. Cela ne peut se faire d’un coup de baguette magique. Manifester comme les « gilets jaunes » contre cette inéluctable évolution, c’est faire le malheur des générations futures qui se retrouveront un jour au pied du mur, en détresse à la fois climatique et énergétique. On se refuse encore à envisager la carte carbone, un système de rationnement égalitariste où les riches ne pourront plus se payer des vacances lointaines, où l’utilisation de l’avion deviendra rarissime, où il n’y aura plus de gadgets motorisés du type 4×4, SUV, quads, hydrojet. Alors c’est encore les plus pauvres qui seront les plus touchés par la pénurie énergétique à venir. Comme complément d’analyse, les commentateurs sur le monde.fr à un article* sur les « gilets jaunes » :

Fouilla : Les automobilistes bloquent… les automobilistes. C’est d’une rare imbécillité.

rire jaune : Allez les jaunes, vive le diesel, les cancers et les pesticides. On ne va quand même pas prendre le TER ou le vélo pour aller au supermarché acheter des cadeaux de noël Made in China à nos enfants et des produits alimentaires bourrés de glyphosate. On tient à nos libertés et à nos SUV !

Ha : Si le litre était à 3 €, on prendrait sa voiture au minimum (trajets indispensables) et on réfléchirait avant d’aller à 1km acheter le pain ou accompagner les enfants en voiture là où on marchait ou prenait son vélo au même âge. Et la prolifération des pavillons n’aide pas.

Rockrol : Rappel: une heure de SMIC achète 6 litres d’essence contre 3 en 1974 avec des voitures consommant moitié moins. L’essence est si peu chère qu’on utilise sa voiture polluante beaucoup trop et que le nombre de voitures en circulation a explosé. Ce modèle nous conduit à étouffer collectivement dans des embouteillages quasi-permanents avec une explosion des maladies respiratoires et allergiques. Le ras le bol fiscal ne justifie pas tout !

* LE MONDE du 13 novembre 2018, « Clairement, l’objectif des “gilets jaunes”, c’est de monter sur l’Elysée »

9 réflexions sur “Manifester le 17 novembre, une hérésie anti-climat”

  1. Bonjour Michel C.

    Appelez « culte du pouvoir d’achat » le fait d’exiger le maintien du pouvoir d’achat des travailleurs est une rhétorique immonde défendant les oppressions économiques!

    Le principe du capitalisme dans lequel nous vivons, c’est que les bourgeois sont une infime minorité de la population et que la très grande majorité est bien plus productrice que consommatrice.

    Nous citoyens lambda sommes collectivement responsables des problèmes en raison du fait que nous aidions les grands capitalistes milliardaires à surconsommer, mais absolument pas en raison de notre propre consommation.

    Il ne faut ni nier ni relativiser ni minimiser la précarité des prolétaires occidentaux!

  2. @Invite2018
    Sur quoi porte notre désaccord ?
    Relisez donc ce que je vous ai écrit ci-dessous (le 14 nov à 15h24)
    Je vois que vous avez un peu de mal à comprendre, alors je vous mets sur la voie. Réfléchissez à tous ces cultes auxquels nous devons tordre le cou, voyez comme ils sont liés. Le culte du sacro-saint d’Achat est étroitement lié à celui tout aussi sacré de la Consommation.
    Vous avez du mal à admettre que nous ne sommes avant tout que de pauvres cons-ommateurs, bien embourgeoisés pour la plupart.

  3. Bonsoir Michel C.

    Dans mon commentaire je n’ai fait que prôner que sans baisse de salaire le temps de travail fût très très fortement réduit.

    Donc puisque à cette réduction-là vous êtes vous aussi favorable, sur quoi êtes-vous en désaccord avec moi?

    Macron n’a aucune bonne raison d’augmenter les taxes. Il a des raisons, il a énormément de raisons, mais toutes sont de mauvaises raisons.

  4. Erreur : Je ne mets absolument pas la sortie du tout automobile et la réduction du temps de travail en concurrence. Tout est lié !

  5. Bonjour Invite2018
    Je ne mets absolument pas la sortie du tout-automobile et la réduction du temps de travail en concurrence. Tout est lié !
    La réduction du temps de travail est pour moi tellement évidente que notre désaccord ne portera pas là dessus. Biosphère il n’y a pas longtemps un débat sur les métiers inutiles, je vous invite à aller y jeter un coup d’œil. Si tous ces métiers inutiles et néfastes n’existaient pas, nous n’en serions pas aujourd’hui avec tous ces problèmes. Nous en aurions d’autres, certes. Mais Macron n’aurait eu aucune bonne raison d’augmenter les taxes, nous n’aurions pas eu aujourd’hui une telle marée jaune, etc. etc.

  6. Bonjour Michel C.

    Arrêter de mettre en concurrence le fait de sortir du tout-automobile et la réduction du temps de travail.

    Ces deux choses-là sont complémentaires : la réduction du temps de travail est nécessaire à la faisabilité de la sortie du tout-automobile.

  7. Bonjour Invite2018
    Pour la nécessaire réduction de l’usage de la voiture individuelle, il faut (y’aca et faucon) en finir avec la société du tout automobile.
    Pour ça, il faut (y’aca) en finir avec le culte de la sacro-sainte Bagnole. Pour ça il faut (y’aca) tordre le cou au culte du Pognon, et en même temps à celui de la Croissance, et celui de la Concurrence, de la Compétition, de la Vitesse, de la Consommation etc. Bref il faut en finir avec ce système qui nous aliène et nous rend toujours plus cons. En finir avec Le Système, le Capitalisme. Jusque là nous serons d’accord.

    Vaste chantier ! Pour ma part, je pense qu’il y a longtemps qu’il est déjà trop tard, je ne crois pas aux miracles, ni au Grand Soir. Je crois simplement qu’on peut encore limiter les dégâts, tant qu’il nous reste encore deux ou trois neurones en état de fonctionner. Je n’y crois pas trop, mais bon, il faut bien se rattacher à quelque chose, à ce qu’on peut.

    En finir avec le Capitalisme ne veut pas dire qu’il faille le remplacer par ce communisme que nous avons connu ci et là. Peu importe le nom qu’on lui donnera, ce nouveau système (soucieux des hommes et de l’environnement) reste à inventer, à imaginer. Vaste chantier, d’autant plus que les imaginaires sont totalement colonisés !

    La Solution n’est certainement pas comme vous le croyez, à réduire le temps de travail et en même temps à préserver (voire augmenter) le sacro-saint Pouvoir d’Achat. C’est juste un peu plus compliqué que ça.

  8. Pour la nécessaire réduction de l’usage de la voiture individuelle, il faut que sans baisse de salaires le temps de travail soit très très fortement réduit

  9. D’un côté on augmente, de l’autre on distribue, manière de faire passer la pilule. Je l’ai déjà dit, d’un côté comme de l’autre, c’est l’incohérence et l’hypocrisie qui règnent.
    Cette journée du 17, ces gilets jaunes, c’est là l’expression d’un ras le bol. L’augmentation du prix des carburants n’est que la goutte qui fait déborder le vase. On peut le déplorer ou pas, le ras le bol est là. Et d’une manière ou d’une autre il s’exprime. C’est toujours la goutte qui fait déborder le vase qui est à l’origine des révolutions et des guerres.

    Cette augmentation des (taxes) carburants ne passe pas pour 2 raisons. La première, très probablement la principale, c’est qu’elle vient rogner le sacro-saint Pouvoir d’Achat des cons-ommateurs, qui par définition n’en ont jamais assez et en veulent toujours plus. La faute à qui ? Qui donc les a dressés et habitués ainsi, et pourquoi ?
    La seconde c’est que ces cons-ommateurs, à juste raison, voient bien que l’argument « écologie oblige » n’est qu’une imposture. Les automobilistes savent depuis longtemps qu’ils sont la vache à lait. Certains se souviennent de cette vignette qui servait à financer un revenu minimum à toutes les personnes âgées.

    Opposer les gilets jaunes (qui n’auraient rien compris, qui se foutent de tout) ) aux écolos (les sages… qui se soucient des générations futures…) est d’une consternante imbécillité. Cela ne fait qu’en rajouter à la cassure, cela participe à diviser encore plus, toujours plus. Notamment ici avec d’un côté les ruraux qui n’ont pas d’alternative, de l’autre les citadins généralement équipés de transports en commun.

    Pour que l’écologie puisse avoir la moindre chance de prendre la place qui lui revient naturellement, c’est à dire pour qu’elle passe AVANT l’économie, il faut de la cohérence. On ne peut pas d’un côté tenir un discours larmoyant sur l’état de la planète et de l’autre se réjouir des JO à Paris, de la bonne santé ou de la reprise de tel ou tel secteur économique, on ne peut pas d’un côté taxer les carburants pour les bagnoles et de l’autre encourager la croissance des vols aériens, notamment à bas coût, etc. etc. On ne peut pas d’un côté pointer du doigt les automobilistes (les consommateurs) et de l’autre laisser perdurer la publicité pour les bagnoles (et le reste). La liste est interminable de toutes ces incohérences
    et autres hypocrisies.
    Tant que nous persisterons à chercher des solutions sans remettre profondément en question les règles de ce jeu pipé, nous serons condamnés à tourner en rond et à nous déchirer.

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