Martine Aubry, la retraite et l’écologie

Le départ à la retraite à 60 ans a vécu, ce sera bientôt 65 ans. Retour à la case départ, avant Mitterrand. Dans son premier septennat, celui-ci aurait du pourtant savoir que le baby boom des années d’après-guerre mettrait à mal le système des retraites au début du XXIe siècle. Les lycéens, « mitterrandiens », étaient dans la rue en octobre 2010… pour la retraite à 60 ans ! Les jeunes ne s’imaginent pas du tout que dans cinquante ans les chocs systémiques auront fait leur effet. Quand les lycéens arriveront à l’âge de la retraite, la désindustrialisation sera galopante, les caisses de l’Etat seront vides, les réfugiés climatiques nombreux, les chômeurs encore plus nombreux qu’après la crise de 1929. Beaucoup trop d’ayants droit pour les rares actifs occupés, le système de redistribution sur lequel reposent les retraites en France sera exsangue. Mais le réalisme du poids des retraités sur les actifs ou la charge actuelle de l’endettement de la France n’est qu’un aspect du problème. Il faut ajouter les raisonnements écologistes, fondés sur la raréfaction de l’énergie extracorporelle.

Comme l’exprime Jean-Marc Jancovici, « Retraites et études longues sont assises sur des consommations d’énergie importantes, et c’est bien ainsi que se lit la géographie actuellement : il n’y a beaucoup de retraités et d’étudiants que dans les pays qui consomment beaucoup d’énergie. Evidemment, ce lien de cause à effet est porteur d’une très mauvaise nouvelle pour tous ceux qui ont cru que le problème des retraites était en bonne voie d’être réglée après la réforme initiée en 2010. En effet, la contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur, qui va venir contrarier la productivité physique de manière forte, aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »

Les présidentielles de 2012 se joueront sur le courage politique de regarder les réalités écologiques en face. Or la gauche, c’est plutôt la politique du moindre effort. Dans l’annonce de candidature à la primaire socialiste de Martine Aubry, ce qui préoccupe Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes, c’est la phrase « Nous aurons des efforts à réaliser » : C’est inquiétant, parce que ce à quoi nous souhaitons nous attendre si la gauche gagne, c’est à une nouvelle répartition des richesses entre capital et travail et non pas à des efforts qui seraient demandés à tout le monde, même s’ils sont justement répartis. Les limites de la Planète et de nos finances publiques sont superbement ignorées. Les contradictions entre l’écologie et la conception dominante du progrès social (toujours plus…) sont trop frontales pour se résoudre dans un compromis.

* Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (2011)

NB : une version de cet article a été déjà publié dans « Chroniques d’abonnés » sur lemonde.fr

1 réflexion sur “Martine Aubry, la retraite et l’écologie”

  1. Jancovici devrait balayer devant sa porte. Il défend encore le nucléaire alors qu’il parle de faire des économies d’énergie. Ça commence par la sortie du nucléaire ça, bonhomme. 80% des immeubles construits avec l’électricité comme moyen, de chauffage, ça c’est de la belle connerie française.

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