Minimares, en route vers un avenir radieux

Quand on lit le Canard enchaîné*, on est désespéré par l’état désastreux de la démocratie qui y est dénoncé, mais encore plus sûrement effondré par ce qu’on y apprend, la multiplication des activités anti-écologiques.

Azote, alors ! La taxation des engrais azotés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre faisait partie des 149 propositions listées par la Convention citoyenne pour le climat. Ni une ni deux, Emmanuel Macron retient la réduction mais biffe la taxation. La FNSEA et les producteurs d’engrais se sont démenés pour tuer dans l’œuf ladite redevance. Un lobbying relayé avec zèle par le ministre de l’agriculture. Il est vrai aussi que le dircab du ministre s’y connaît en fertilisants, pour avoir été quatre ans durant le directeur stratégique du groupe Roullier, l’un des plus gros fabricants d’engrais azoté. Et tant pis pour le climat si le protoxyde d’azote relargué par ces engrais est un gaz à effet de serre 310 fois plus puissant que le CO2. La loi climat est en marche !

La poubelle veut qu’on l’aime : Pas loin de Bure, là où on est en train de creuser ce qui sera la plus grande poubelle nucléaire du monde, les procès contre les antinucléaires relèvent de la routine. Il y en a déjà eu plus de 60. Du 1er au 3 juin se tiendra au palais de justice de Bar-le-Duc un nouveau procès, sept antinucléaires sont mis en examen pour carrément « associations de malfaiteurs ». Pendant les deux années qu’a duré l’enquête, dix personnes ont été placées sous contrôle judiciaire. Elles n’ont pas eu le droit ni de se rencontrer ni de se rendre dans les départements de la Meuse et de la Haute-Marne. Un observateur international note : « En trente ans de métier, je n’ai jamais vu un telle oppression, mis à part dans le cas d’affaires terroristes ou de grand banditisme. » Le chantier à Bure devrait durer cent cinquante ans… (Jean-Luc Porquet)

Vive les salades électriques ! Tapage médiatique, les « fermes verticales » vont nous sauver. Celle de Gilles Dreyfus fait 11 mètres de hauteur pour 55 00 m² de surface cultivée sur plusieurs étages. Confinés sur leurs rayonnages dans cet entrepôt robotisé, les aromates et les laitues vont pousser en toute saison. Mais ne nous racontons pas des salades. On estime à 274 kWh la quantité d’énergie nécessaire à la production de 1 kg de salade dans de telles conditions. Même une serre chauffée en consomme trois fois moins. Cela représente la consommation électrique d’un ménage français moyen pendant 19 jours !

Rubrique minimares. Yannick Jadot l’assène (Le Figaro, 24/05) : « Si nous voulons diriger le pays, nous n’avons pas d’autre choix que de nous confronter à la réalité. » Et à la complexité complexe et à vif des Verts.

* Le Canard enchaîné du 26 mai 2021