Miss France mise à nu

Les foires à bestiaux déterminent les plus gros cochons, Miss France désignent la plus belle truie. Car de toute façon, il s’agit dans les deux cas de faire défiler des morceaux de  viande fraîche. Les féministes réagissent. Entre vingt et trente personnes, c’est à dire 12, avaient décidé de se réunir à Caen pour protester contre l’élection de Miss France. Les non-féministes sont partout. LeMonde* consacre un page entière au gala. Endemol produit Miss France comme il produit la télé-réalité poubelle (Loft Story…). Geneviève de Fontenay, 78 ans, s’accroche à sa seule joie de vivre et finance Miss nationale. Les commentaires sur lemonde.fr restent au ras des pâquerettes : « Les Ivoiriens ont bien deux présidents, pourquoi pas deux Miss France… Ca nous fait vraiment une belle jambe… ou plutôt 4. » Les internautes veulent maintenant savoir si on peut trouver des photos dénudées de la lauréate, Laury Thillemann. Toujours plus !

Ce monde de midinettes qui fait défiler les nymphettes est le signe le plus évident de la confusion des sens. Car rien ne change. Les hommes sortent encore vainqueurs : ils ont les défilés de Miss pour le fun et les match de foot pour le mental. La société du spectacle joue son rôle dans tous les domaines, nous divertir, c’est-à-dire détourner notre attention des choses qui comptent. Car notre nature humaine n’est pas régie par les lois de la Nature. Les anthropologues ont renouvelé l’approche du rapport homme/femme en montrant l’importance, dans le processus même de l’hominisation, de la perte de l’œstrus. La relation entre les sexes est soumise chez les mammifères, y compris les grands singes, à une horloge biologique et hormonale qui détermine les périodes de rut ; pour les humains au contraire, l’absence de cette détermination naturelle met la sexualité sous le signe de la disponibilité permanente. Il est par exemple possible chez la femme de favoriser un orgasme par des stimulations psychologiques portant sur les zones érogènes secondaires.

Toute société doit donc déterminer une certaine image de la femme. Elle peut valoriser la soumission de la femme, militer pour l’égalité des sexes (féminisme), cultiver le sex-appeal ou l’androgynie. Cette liberté totale de détermination des rôles sociaux est la condition nécessaire de l’apparition des Miss France : exciter (un peu) la libido tout en multipliant les interdits (dont Mme Fontenay raffolait). Mais le vrai succès des Miss France remonte à 1986, première retransmission télé du concours, un soir de réveillon chez Guy Lux. L’audimat grimpe en flèche, notre société n’est pas réellement pour l’égalité des sexes… Les canons de la beauté ne remplacent pas les canons de la guerre mais continuent d’accompagner les guerres.

* du 5-6 décembre 2010, Sœur Geneviève (- de Fontenay, née  Mulmann)

4 réflexions sur “Miss France mise à nu”

  1. Miss France pratique le greenwashing
    Laury Thilleman, Miss France 2011, est en effet responsable du projet « Surf écolo » au sein de son école de commerce (ESC Brest). Le surf est le sport favori de Laury Thilleman, qui aspire à le pratiquer « dans des zones propres et non souillées par les sacs plastiques et déchets en tous genres qui sont malheureusement trop souvent abandonnés sur les plages ». Alors une trentaine d’étudiants, pleins d’admiration pour la Miss, nettoient quasi quotidiennement les plages des environs de Brest « afin de profiter de ce cadre somptueux qu’offre les côtes bretonnes ».

    Laury Thilleman, écolo ? Elle a lu Arne Naess ? Le surf, écolo ? Faut-y pas un 4×4 pour le pratiquer ?

  2. @ sanglier
    La distinction (ou l’indifférenciation) entre la Nature et la Personne est une construction sociale, comme tout le reste. Le péché originel des Pères de l’Eglise représente l’éloignement de la nature. L’expulsion du jardin d’Eden, c’est l’abandon par Homo sapiens de la place écologique qui avait été prévue pour lui dans la nature.
    Quelle que soit l’énergie que nous y mettrons, nous ne pourrons jamais revenir en Eden, au statut de chasseur-cueilleur. Par contre nous pouvons espérer transcender, individuellement et collectivement, notre égocentrisme et parvenir à une réalisation de Soi profondément écologique.

    Lisez pour cela Arne Naess ou John Baird Callicott…

  3. @ sanglier
    La distinction (ou l’indifférenciation) entre la Nature et la Personne est une construction sociale, comme tout le reste. Le péché originel des Pères de l’Eglise représente l’éloignement de la nature. L’expulsion du jardin d’Eden, c’est l’abandon par Homo sapiens de la place écologique qui avait été prévue pour lui dans la nature.
    Quelle que soit l’énergie que nous y mettrons, nous ne pourrons jamais revenir en Eden, au statut de chasseur-cueilleur. Par contre nous pouvons espérer transcender, individuellement et collectivement, notre égocentrisme et parvenir à une réalisation de Soi profondément écologique.

    Lisez pour cela Arne Naess ou John Baird Callicott…

  4. Voila qui est surprenant ! Un point de convergence !
    « Notre nature humaine n’est pas régie par les lois de la Nature ».
    Exact. Toutefois, ce ne sont pas les anthropologues, récents, qui l’ont montré, mais bien les Pères de l’Eglise, affirmant cette distinction entre la Nature et la Personne.
    « La conscience doit avoir autorité sur les mouvements de la Nature » (Saint Jean Climaque, VIème siècle).
    Peut-être y-a-t’il quelque chose à creuser, par là ?

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