Mondial, bienvenue dans l’ère de l’automobile

Dans l’attente du Mondial, enfin un « éco&entreprise » du MONDE* entièrement consacré à l’automobile. Dieu soit loué, le concept même de mobilité individuelle qui constitue le socle du mythe automobile n’est pas écorné. C’est par l’intelligence collective et environnementale que nous irons vers toujours plus d’autonomie et de motorisation. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, la classe moyenne a enfin le choix entre le low cost et le haut de gamme. Contre les grincheux, tous ces « écolo-tartuffes » qui n’ont rien compris au progrès mécanique, nous fournissons ci-dessous quelques arguments bien pensés :

Question absurde : La voiture n’est-elle pas une des principales sources du taux de mortalité en France ?

Réponse adaptée : On le dit, mais qui ne risque rien, n’a rien. On compte 16 000 morts par an et 300 000 blessés, un français sur deux mourra ou sera blessé dans un accident de circulation. Mais au regard de ces inconvénients, il faut porter en compte les 2 millions d’emplois qu’assure l’industrie automobile. Des chiffres à prendre en considération au moment où le spectre du chômage remet en cause les bienfaits de l’expansion.

Q : L’Etat n’aurait-il pas dû, au lieu de subventionner la voiture, porter son effort sur les transports en commun ?

R : Il convient de se garder des simplifications abusives. Le Français est individualiste. Il aura toujours du mal à s’habituer à la promiscuité des transports collectifs. La voiture reste un merveilleux moyen d’évasion même si tout le monde choisit de s’évader ensemble, au même moment.

Q : Les gauchistes prétendent qu’il vaut mieux adapter la voiture à la ville que la ville à la voiture…

R : Ceux-là même qui critiquent les projets circulatoires du gouvernement sont bien  contents d’emprunter les nouvelles rocades ou autoroutes pour se rendre de leur lieu de travail à leur lieu de villégiature. Là comme ailleurs le compromis est souhaitable : les couloirs réservés aux piétons sur les trottoirs devraient contenter tout le monde.

Q : Le renchérissement du prix du pétrole condamne-t-il l’automobile ?

R : N’oublions pas que l’automobile rapporte chaque année pour près de 40 milliards à l’Etat. Si nous voulons nous en passer, il faudra bien trouver des sources de financement correspondantes.

Q : Ivan Illich a calculé que l’automobiliste se déplaçait moins vite que le piéton ou le cycliste, si l’on tient compte du temps passé à acheter et entretenir une voiture.

R : Il s’agit d’un calcul « engagé » qui remet en cause la substance même de notre société, nie la valeur morale du travail, conteste l’utilité de l’objet (la « marchandise » comme ils disent). Sans doute Illich prend-il pour référence les sociétés archaïques où l’on s’éclaire à la bougie et où l’on se déplace en tandem !**

* supplément au MONDE du 25 septembre 2012

** Question-réponse tirée d’un article(ironique, faut-il le préciser ?) de la Gueule ouverte : 12/13) Des milliards pour les écraseurs

(la Gueule ouverte n° 31, 11 décembre 1974)

Une approche de la même époque montre bien que les fondamentaux anti-bagnole ont été oubliés quarante ans après :

La problématique automobile en 1973