Monique Barbut a joué un rôle clé pendant les négociations financières du Sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro. Elle a également occupé la fonction de secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, de 2013 à 2019. Elle a été aussi présidente du Fonds mondial pour la nature (WWF) en France jusqu’en 2023. Elle est donc rompue à des négociations internationales. Beaucoup moins aux arcanes de la politique franco-française.
Matthieu Goar : Le 12 octobre 2025, Monique Barbut, a été nommée ministre de la transition écologique. Cette femme de 69 ans, diplômée d’économie, arrive à un moment charnière des négociations internationales sur le climat, sa spécialité. La 30e conférence des parties (COP) s’ouvre à Belem au Brésil le 6 novembre. Cette COP montrera si les pays ambitieux sont capables de résister à l’offensive climato-sceptique du président américain, Donald Trump, et de rehausser leurs objectifs de décarbonation pour tenter de maintenir en vie l’accord de Paris pour l’année de son dixième anniversaire. Elle a une grande expérience de la diplomatie environnementale, secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, envoyée spéciale d’Emmanuel Macron sur le climat de 2013 à 2019… Mais Mme Barbut va devoir très vite se frotter à un monde qu’elle connaît beaucoup moins bien, celui des arbitrages ministériels et des discussions budgétaires. Notons qu’avec la nomination d’une ministre déléguée, Catherine Chabaud, l’énergie reste une nouvelle fois à Bercy.
Le point de vue des écologistes
Monique Barbut a tout pour plaire étant donné son curriculum vitae d’écologiste politiquement efficace. Mais son prédécesseur lui aussi issu de la société civile, Nicolas Hulot, a mesuré le fait que son ministère était celui de l’impossible, celui de l’impuissance. Nommé ministre de l’écologie en 2017 par Macron, il a démissionné le 28 août 2018. Ayrault, un premier ministre socialiste, a viré ses deux premières ministres de l’écologie (Nicole Brick et Delphine Batho) parce qu’elle voulaient faire leur travail d’écolo. Brice Lalonde, Corinne Lepage, Dominique Voynet, Yves Cochet, Barbara Pompili… tous et toutes ont largement échoué par manque de soutien politique. Quant à Macron, il a toujours préféré la chasse et le business as usual aux contraintes de l’environnement.
Rehausser des projets de décarbonation sans argent ne fait pas une politique efficace. L’Accord de Paris était mort-né sans engagement ferme des Etats signataires : limiter la hausse des températures à 2°C, c’était juste un objectif pas une obligation ! La COP30 ne changera rien aux chacun pour soi. La Chine a construit des centrales à charbon pour 76 GW en 2023 et 96 GW en 2024.
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écologie, le ministère de l’impossible
extraits : L’écologie à l’épreuve du pouvoir, c’était le titre de mon livre de 2016 aux éditions Sang de la Terre. C’est aussi le sous-titre du livre de Léo Cohen paru début 2024. Le constat est le même, la considération de l’écologie dans un gouvernement est faible, parfois même inexistante. Il est vrai aussi que le traitement médiatique de l’urgence écologique n’a émergé que tardivement. C’est seulement à partir de 1969 que LE MONDE ouvre un dossier « Environnement » au service de documentation, il n’y a pas encore de journaliste spécialisé. LE MONDE n’a commencé à traiter spécifiquement d’environnement qu’en 1971, lorsque le ministère de la protection de la nature et de l’environnement a été crée….
Écologie, le ministère de l’impossible
extraits : Robert Poujade (1928-2020), le premier titulaire du portefeuille de l’environnement en 1971, avait qualifié son poste de « ministère de l’impossible » ; la formule reste d’actualité. Michel Sourrouille avait publié un livre en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Dès la nomination de Nicolas comme ministre de l’écologie, il avait prévu qu’il démissionnerait, un écologiste sincère, même très motivé, ne peut pas grand-chose au gouvernement. Mais ce n’est pas seulement la faute des politiciens en place et d’un système économique croissanciste. Comme l’exprimait Nicolas Hulot, « il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace. » Un ministre de l’écologie a besoin de l’engagement de chacun d’entre nous, sinon il ne peut pas faire grand chose. Nous sommes tous co-responsables face à l’urgence écologique….
L’écologie à droite toute avec Pannier-Runacher ?
extraits : Septembre 2024, Michel Barnier vient d’annoncer le contenu de son tout nouveau gouvernement. A la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher arrive en terrain miné. Depuis le début de l’année, le manque d’allant d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal puis les campagnes électorales ont paralysé la planification. Après de premières restrictions en février, Bercy a encore prévu, dans le prochain budget, des coupes importantes dans le fonds vert, dans la protection de la biodiversité ou dans l’électrification des transports… Bon courage à Agnès pour son séjour au ministère de l’impossible….
Écologie : rendre possible l’impossible
extraits : Robert Poujade, dans son livre-témoignage de 1975, « Le ministère de l’impossible », explique : « Avec 300 fonctionnaires et un budget minuscule, il me fallait infléchir – essayer d’infléchir ! – la politique d’une douzaine de ministères, disposant d’administrations puissantes, et de très grands moyens…J’ai eu trop souvent le sentiment de lutter presque seul contre des entreprises que tout aurait dû condamner… On accepte de subventionner n’importe quelle activité sous la pression des intérêts privés, mais beaucoup plus difficilement de prélever une part très modeste de profits, faits au détriment de la collectivité, pour lui permettre de réparer des dommages… La civilisation industrielle a préféré le rendement immédiat à la protection des ressources naturelles. »….

La politique n’est pas mon monde… Je n’ai ni cette culture-là ni l’appétit d’en faire partie. Mais le premier ministre a été très clair en me disant de faire de la politique environnementale. Et il y a un certain nombre de sujets et de messages sur lesquels je veux me battre. Mais le “backlash” (réaction hostile) est une réalité, l’écologie ne doit devenir ni le réceptacle des colères ni une variable d’ajustement.Le grand risque pour l’écologie, c’est que des gens comme vous et moi, bien logés, qui peuvent se permettre de manger bio, disent à des Français qui gagnent 1 500 euros par mois que ce n’est pas bien de se chauffer au fioul ou au gaz, qu’il faut passer tout de suite à la voiture électrique. Nous devons mettre en place une réelle écologie du quotidien accessible à tout le monde.
– « En se dotant d’un ministère de l’environnement dès 1971 la France a pu paraître pionnière. Mais lorsqu’on se penche sur les moyens conférés à ce nouveau ministère et sur son incarnation, il y a de quoi relativiser. Que reste-t-il donc aujourd’hui des débuts du ministère de l’environnement ? Peut-être surtout une petite musique d’« écologie à la française » et une volonté de responsabiliser l’individu […] »
( « Ministère de l’impossible » ou « ministère du futur » ? Comment la France s’est dotée d’un ministère de l’environnement en 1971 – nouvelobs.com 18 juillet 2024 )
– « L’Accord de Paris était mort-né sans engagement ferme des Etats signataires : limiter la hausse des températures à 2°C, c’était juste un objectif pas une obligation ! »
Rappelons qu’en vertu de l’Accord de Paris (2015) la France s’était fixée l’objectif (et non pas l’obligation) d’une réduction de ses émissions de GES de 5% par an, sur la période 2022-2030.
Selon les dernières mesures… 2025 devrait enregistrer une baisse de 0,8% par rapport à 2024.
De deux choses l’une : 1) Soit cet objectif était impossible à atteindre… et alors ceux qui l’ont fixé étaient (et sont probablement encore) des ignorants, des fadas, doublés de marchands de salades, ou de shampoings peu importe, bref des incapables… doublés d’irresponsables.
2) Soit cette dernière mesure (- 0,8%) ne vaut rien. Et alors ceux qui l’ont faite sont, là encore, des incapables, etc.
Ceci dit je n’oblige personne à croire ce que je raconte. 🙂
– « Monique Barbut a tout pour plaire étant donné son curriculum vitae d’écologiste politiquement efficace. Mais son prédécesseur lui aussi issu de la société civile, Nicolas Hulot, a mesuré le fait que son ministère était celui de l’impossible, celui de l’impuissance. »
Hier nous avons un peu causé (blablaté) au sujet du discernement, qui se fait de plus en plus rare. Aujourd’hui rebelote au sujet de l’efficacité. L’énergie, la puissance, à ne pas con fondre avec l’impuissance, l’efficacité, à ne pas confondre avec l’efficience, tout ça bien sûr n’a aucun secret pour un écolo digne de ce nom. C’est ainsi que nous sommes ici toustes capables de mesurer l’efficacité d’une machine ou d’un machin quelconque, une usine à gaz, le Giec, une COP, le Congrès mondial de la nature et j’en passe. Et idem de l’efficacité d’une politique. Et bien sûr itou de celle d’un pékin lambda, mâle ou femelle, jeune ou vieux, marchand de tapis ou de shampoings, ministre, président ou prix Nobel peu importe. 🙂
Ceci dit évitons la grosse tête. Et admettons déjà que mesurer l’efficacité n’est pas une mince affaire. Et la puissance je vous dis pas, là ce n’est pas à la portée du premier con venu. Rappelons seulement, pour les nuls, que l’impuissance n’est qu’une puissance négative. Elle reste donc une puissance, disons une puissance qui s‘ignore. D’autant plus que l’impuissance c’est souvent dans la tête. Bref, heureusement que nous sommes là pour éclairer le monde, de nos lumières. Mais revenons à nos moutons, ou à nos chèvres peu importe, pour mesurer l’efficacité de Monique, et/ou de Nicolas, Manu et Jean Passe peu importe. Nous commencerons donc par mesurer leur curriculum vitae. Le CV c’est comme un coït, plus c’est long plus c’est bon. Sauf que parfois plus c’est long plus c’est con.