moraliser le capitalisme ?

« Moraliser le capitalisme », titre Pierre-Antoine Delhommais dans LeMonde du 8-9 février, pour conclure : « Ce n’est pas gagné ». Les Français ne sont pas choqués que le footballeur Thierry Henry puisse obtenir en 2006 1183 années de SMIC avec un salaire de 14 millions d’euros : ils aiment le foot. Google ne s’y trompe pas, dans les pages France du moteur de recherche, « thierry henry » fait 454 000 entrées alors que le mot générique « biosphere » n’en fait que 213 000. Les Français ne sont pas choqués que Dany Boon ait empoché 15 millions d’euros avec ses Ch’tis, ils ont bien rigolé.

L’inégalité des revenus n’a aucun justification. Selon Adam Smith, « Dans une profession où vingt personnes échouent pour une qui réussit, celle-ci doit gagner tout ce qui aurait pu être gagné par les vingt qui échouent ». Or les vingt qui ont échoué n’ont rien gagné, le gain potentiel des perdants n’est pas un gain réel. Par contre la réduction des inégalités a un fondement objectif, très bien analysé par Hervé Kempf dans son livre, Comment les riches détruisent la planète : « Nous limiterions notre gaspillage, nous chercherions à changer notre mode de vie, tandis que les gros, là-haut, continueraient à se goberger dans leurs 4×4 climatisés et leurs villas avec piscine ? Non. La seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera. Nous consommerons moins, la planète ira mieux, et nous serons moins frustrés par le manque de ce que nous n’avons pas. »

Comme le disait un jour le spécialiste du réchauffement climatique, Pierre Radanne : Les mesures à prendre peuvent se décliner en cinq phases : « Prendre conscience des menaces, mesurer nos émissions de GES, détailler les solutions techniques, organisationnelles et comportementales, les inscrire dans un calendrier effectif, et enfin préserver l’équité »  La Biosphère approuve, bien qu’au mot équité je préfère celui d’égalité : Thierry Henry n’aurait jamais du gagner plus que moi…