Mortalité des abeilles, une fatalité assumée

Mon indicateur personnel de l’hécatombe des insectes : nous en voyons de moins en moins, la preuve nous lavons beaucoup moins nos pare-brises qu’il y a 30 ans. Qui peut le contester objectivement ? Mais si les experts de l’industrie chimique faisaient une étude sur le sujet, ils trouveraient que c’est du à l’amélioration des routes et à la négligence des conducteurs de voitures ! Et les politicards les suivraient !? C’est ce que constate Stéphane Foucart dans une chronique désabusée :

«  En 1994, une nouvelle génération d’insecticides systémiques, utilisés en enrobage de semences, fait son apparition. Immédiatement, les apiculteurs riverains observent des mortalités anormales, des dépérissements, des effondrements de certaines colonies. De toutes parts, des rideaux de fumées se dressent. Le déclin des abeilles ? Des virus, des parasites, des prédateurs naturels, le changement climatique, les mauvaises pratiques apicoles !!!

Lorsqu’il n’est pas possible de mener une politique fondée sur la science, il est toujours envisageable de produire de la science fondée sur de la politique. Le 28 juin, l’UE a défini le taux de mortalité jugé acceptable, au sein d’une ruche, en conséquence d’une exposition à un pesticide : l0 %… Cet objectif de 10 % de mortalité acceptable par colonie est annonciateur d’une poursuite de la catastrophe. Les abeilles et les pollinisateurs apparaissent, au vu des forces économiques en présence, indéfendables… La Suisse a été le premier pays occidental à interroger directement sa population sur une fin progressive de la chimie de synthèse dans les pratiques agricoles. Des scientifiques se sont investis dans le débat et ont courageusement participé à l’information du public. Le résultat est qu’à une très forte majorité (environ 60 %), les Suisses ont préféré le statu quo. »

Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :

9 avril 2019, Et si tu étais une abeille ? Un livre de Cauwelaert

28 février 2019, L’exaspération des apiculteurs et des apicultrices

10 juin 2018, Pour sauver les abeilles, adoptez une ruche chez vous

7 juillet 2017, Les dégâts prouvés des néonicotinoïdes sur les abeilles

25 avril 2014, Les abeilles, qui ne peuvent pas se défendre en justice

11 janvier 2014, Les abeilles manquent à l’homme et à la nature

3 mai 2013, Les tueurs d’abeilles vus au prisme de la démocratie

12 février 2013, Gaucho, Regent, Cruiser, l’infernal trio anti-abeille

24 février 2009, les abeilles ne dansent plus

6 réflexions sur “Mortalité des abeilles, une fatalité assumée”

  1. Personnellement je n’ai pas constaté que mon pare-brise était plus clean qu’il y a 30 ans. Faut dire que j’ai la vue qui baisse et que je me fous pas mal du culte du Pare-brise et de celui de la Bagnole. Mais puisqu’on le dit c’est ce que ça doit être vrai. On raconte aussi qu’il y aurait de moins en moins d’oiseaux qui se feraient percuter pas les bagnoles. Une étude américaine racontait en 2013 que «les oiseaux pourraient avoir évolué pour éviter d’être percutés par des voitures, en modifiant certaines de leurs caractéristiques telles que la taille de leurs ailes». Comme quoi les études c’est comme l’évolution, c’est formidable. Si vous n’avez pas envie d’y croire, il vous suffit de vous trouver une autre théorie. Celle qui vous arrange, évidemment.
    En attendant et comme tout est lié, de récentes études ont montré en parallèle un déclin des oiseaux qui se nourrissent d’insectes. Comme toujours on connait les causes, mais bon.

    1. Didier BARTHES

      Ah c’est étrange que vous ne l’ayez pas constaté car le phénomène est hyper visible, il m’est arrivé récemment de faire un long voyage en voiture : 780 km. Nombre d’insectes sur le pare brise : 1 Oui, ça je peux l’affirmer, c’est tout à fait nouveau, il y a 30 ans c’était inconcevable. Je me souviens des avants de locomotives aussi littéralement couverts d’une couche d’insectes, aujourd’hui il y en a quelques-uns seulement.
      La cause, oui on la connait, les insecticides au service d’une agriculture destinée à nourrir toujours plus de personnes. Une agriculture qui devrait nourrir 10 fois moins de monde n’aurait pas besoin de ces substances.

      1. Non, sincèrement je ne l’ai pas constaté. Mais n’allez pas pour ça me mettre dans le même sac que ceux qui racontent que chez eux ça grouille de vie, de petits oiseaux, de papillons, de salamandres et j’en passe. Sous-entendu le déclin des insectes et la 6ème extinction de la biodiversité c’est du pipeau, une invention d’écolos etc. Je ne l’ai pas constaté mais ça ne m’empêche pas de le croire. Je voulais juste rappeler que nous devons toujours nous méfier de nos constats et autres impressions. Et que pour savoir, il faut juste se faire violence.
        Quant à l’agriculture, ou plus exactement les pesticides, leur fonction n’est pas de nourrir toujours plus de monde, mais d’engraisser toujours plus les Bayer-Monsanto et Compagnie.

  2. Et rappelons qu’il existe de nombreux autres insectes (et même d’autres types d’animaux) pollinisateurs que les abeilles domestiques que nous survalorisons justement parce qu’elles font partie de notre « économie ».
    Ces autres pollinisateurs sont tout autant victimes des insecticides que les abeilles et ont tout autant (et même plus, étant sauvages) leur place dans la nature.
    En fait, tous les produits qui se terminent par « cides » nous disent par leur étymologie même combien ils sont néfastes pour le monde vivant. Il faudra nous en passer, pour le respect du monde et aussi parce qu’à terme, ils constitueront aussi des homicides, directement ou indirectement.
    L’Humanité a perduré des dizaines de millénaires sans un seul de ses produits, il est loin d’être sûr qu’elle continue avec.

    1. Esprit critique

      Oui, sauf que la chimie ne se fait pas que dans des laboratoires et qu’il existe aussi bon nombre de poisons naturels. Et que ces produits sont utilisés par l’homme depuis des millénaires, notamment en agriculture. C’est pourquoi certains n’aiment pas employer le terme pesticide, ils préfèrent le phytosanitaire. Sauf, là encore, qu’il n’y a pas que les plantes qui peuvent être synonymes de poison. Toujours pareil, tout est dans la juste mesure.

      1. Didier BARTHES

        Non, on a jamais arrosé les champs de poisons, et les poisons naturels fabriqués par le vivant sont naturellement beaucoup plus facilement biodégradables et ne polluent pas l’environnement.

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