« MSC World of America » et mégalomanie

Mégabateaux, mégabassines, mégamachines, mégalopoles, mégastructures, nous sommes devenus mégalomaniaques. Or la tour de Babel s’est effondrée, les monuments en Égypte avaient disparus dans le sable, les pyramides étaient enfouis dans la jungle au Mexique ou au Cambodge et aujourd’hui nos tours se veulent plus haute que le ciel, Elon Musk veut terraformer la planète Mars et tous les dictateurs se construisent des palais grandioses.

Plus les difficulté socio-économiques et/ou écologiques sont délétères, plus les dirigeants font dans la démesure … c’est la perte du sens des limites qui signera notre perte…

Jessica Gourdon : Le MSC World of America peut accueillir jusqu’à 6 700 passager et 2 000 salariés, il a largué les amarres le 27 mars 2025 à Saint-Nazaire. C’est un immeuble des mers de 22 étages avec machines à sous, expériences en réalité virtuelle, spectacles et concerts, boîte de nuit, toboggan pour passer d’un pont à un autre… Et surtout, une profusion de restaurants et de bars. On passe d’une piscine à une autre (il y en a six au total), on a la liberté du choix ! C’est « la magie de la croisière moderne », s’enthousiasme le directeur général de MSC. Le côté tout compris et tu n’as rien à faire, c’est assez attirant. » Les enfants sont les premiers prescripteurs, les parents suivent.

Et ce n’est pas fini : deux autres paquebots, de la même taille que le World-America, seront livrés en 2026 et 2027 à MSC, le World-Asia et le World-Atlantic. Chacun de ces bateaux MSC coûte 1,1 milliard d’euros, ce sont les temples du divertissement.

Le point de vue des écologistes pied à terre

– Une boite de 8000 sardines gavées et hypnotisées par de culture du divertissement

– Des hordes de touristes bas de gamme dans des villes transformées en magasins de bibelots chinois

– Démesure du capitalisme qui exploite les êtres humains et les ressources au nom de la rentabilité

– Furoncle flottant, cauchemar concentrationnaire et aberration écologique

– Trajectoire de +4°C, 6ème extinction de la biodiversité, ressources fossiles en déclin

– S’évader au milieu des océans pour consommer toujours plus

– La grande majorité des gens qui font une croisière n’ont qu’une envie, c’est recommencer

– Ça en dit long sur le niveau de conscience des masses

– Qui est le malade ? Le promoteur ou ceux qui vont sur ces bateaux ?

– Plus de 300 000 ans d’évolution pour finir badigeonné d’huile solaire sur un monumental fer à repasser

– Évitons la petite escapade de ski à La Plagne ou aux Menuires, vers ces autres paquebots de béton

– N’oublions pas tous ces bateaux de loisirs encombrants les marinas

– Comme dit Bolloré et Cgnies, c’est quand même mieux d’avoir son petit bateau à soi

– Il est là ce monde d’après, pire que le monde d’avant.

– Pour soutenir la bonne cause, il y aurait prise d’assaut du machin, les passagers seraient débarqués sur un petite île déserte, et le machin disparaîtrait dans la lueur de l’incendie final….

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

l’effondrement programmé de la méga-machine

extraits : Dans nos sociétés complexes, toute notre vie quotidienne repose sur un système mondial de réseaux techniques interconnectés. Derrière une automobile, un grille-pain, un portable, il y a des centrales nucléaires, des lignes à haute tension, des oléoducs et gazoducs, des guerres menées pour assure l’approvisionnement en énergie… A partir du moment où cette méga-machine n’est plus alimentée par une énergie abondant et bon marché, doit-on s’attendre à un effondrement de civilisation ? Voici quelques réponses…

Méga-yachts, à couler d’urgence

extraits : Insupportable luxe ostentatoire. Le port d’Antibes abrite des méga-yachts où les magnats de la finance ou du pétrole créent leur propre univers. Le même pavillon de complaisance, celui des îles Caïmans, flotte à la poupe de presque tous les méga-yachts positionnés à la perpendiculaire du« quai des milliardaires ». La zone, surveillée par vingt caméras vidéo, est interdite au public et aucun drone n’a l’autorisation de la survoler. Quelques spécimens amarrés : le Barbara (88,50 mètres), propriétaire de l’oligarque russe Vladimir Potanin.. Deux fleurons de famille royale saoudienne jouxtent le Barbara, le Montkaj (78 m) et le Sarafsa (82 m). Le magnat russe Alicher Ousmanov est propriétaire du Dilbar ; coût ? Entre 500 et 700 millions de dollars….

6 réflexions sur “« MSC World of America » et mégalomanie”

  1. Didier BARTHES

    Quel est l’intérêt d’aller sur la mer, si c’est pour s’enfermer dans une boîte qui propose les même choses que sur Terre ?
    Ces navires (on ose à peine leur donner ce nom) sont des sortes de mix HLM-supermarchés en forme de boîte à chaussure géante sans élégance.
    Rendez-nous les Michelangelo ou les Raffaello qui faisaient les beaux jours des traversées transatlantiques au début des années 1970. Ils avaient une autre classe.

    1. Esprit critique

      Encore plus gros :
      – Le plus gros navire de croisière au monde lève l’ancre (reporterre.net 27 janvier 2024)
      – Le nouveau plus grand porte-conteneurs du Monde dans le Détroit (lavoixdunord.fr 4 Janvier 2024)
      – Géants des mers : voici les plus grands supertankers du monde (science-et-vie.com 16 Jan 2025)

      Et ça ce n’est que pour ce qui va sur l’eau. Conseils de lectures, et de réflexions :
      – Infra, méga, méta : les figures de la démesure (ensa Nantes 18 avr. 2017)
      – Architecture et mégastructures (Michel Ragon 1985 – persee.fr)
      – Against Enormity: Mega-Structures and Mega-Hub [Contre l’énormité : mégastructures et mégahubris] (Ed Holland 13 nov 2023 – medium.com)

    2. En réponse à votre question, je pense que l’intérêt est du même genre que quand ON va voir les coureurs dans le Tourmalet, alors qu’ON les voit bien mieux à la télé.
      Sauf qu’à la télé il n’y a pas la même ambiance, et donc le Spectacle n’est pas du tout le même. La foule, le froid, la chaleur, l’odeur des pots d’échappements, de la caravane… à la télé ON n’a pas tout ça. Ce qui me laisse penser que le virtuel (casque vision 3D etc.) ne remplacera jamais une vraie visite, une vraie partie de tennis ou autre, une vraie croisière, une vraie expérience. Le virtuel c’est juste bon pour faire rêver les pauvres, c’est comme les méga-yachts qu’ils ne pourront jamais s’offrir, alors qu’une croisière sur un méga-rafiot leur reste plus abordable, et donc plus réaliste.
      Quant à l’élégance, elle reste subjective. Untel trouvera telle bagnole élégante, dira que le bruit de son moteur est une musique divine… et que répondre à ça ?

  2. – « Appareil photo ou téléphone portable en main, smartphone au bout d’une perche…
    Des milliers de personnes ont assisté au départ du « MSC World America ». […] C’était une occasion unique de voir le géant des mers de près […] Des centaines de curieux se sont pressées du côté du vieux Môle, niché dans le quartier du Petit-Maroc. D’autres ont préféré être plus près et ont choisi la rue de la forme Joubert : un point de vue imprenable sur le travail des remorqueurs Boluda et du navire reculant dans l’estuaire avant de mettre cap au large. »
    (VIDÉO. La foule pour le départ du « MSC World America » à Saint-Nazaire – ouest-france.fr)

    Et là encore j’imagine qu’ON n’hésite pas à venir de loin. Comme pour voir le départ ou l’arrivée du Vendée Globe, comme pour baver devant les méga-yachts des milliardaires à Antibes ou Saint-Tropez, admirer la dernière de chez Pijot au Salon de l’Auto, voir passer les camés dans les cols des Pyrénées, et j’en passe.

    1. Pour la Démesure et le Spectacle, au diable le CO2 !
      Et là oh putain j’ai raté l’occasion, unique ! Faut dire que je n’étais même pas au courant.
      Pas comme pour l’éclipse totale en 1999, où là je m’étais offert le voyage.
      Quel rapport ? me dira-t-ON …
      Faire 2000 bornes (aller-retour je précise) pour aller voir ça… certains diront que c’est tout aussi con. Peut-être… D’ailleurs certains prennent l’avion pour aller voir ça à l’autre bout du monde. Pour info la prochaine éclipse totale visible en France métropolitaine n’aura lieu que le 3 septembre 2081, dans le sud-ouest du pays. Et là c’est sûr, je n’y serais pas. (à suivre)

      1. Storytelling

        Ce 11 août 1999 je ne voulais donc pas rater l’occasion, unique.
        Et tant qu’à bien faire… être aux premières loges. Sur cette bande d’une centaine de kilomètres de large, et donc ce voyage dans le nord, que je ne regrette pas.
        La pluie sur la route, la météo incertaine… La nuit sous la tente, en haut d’une petite colline dominant un village et une plaine à l’ouest… un point de vue imprenable ! La matinée dans les nuages… à écouter la météo et croiser les doigts. Et puis, à peine quelques minutes avant l’Heure, comme par miracle… enfin le ciel bleu et le soleil ! Et la lune ! Un spectacle unique ! Qui certes n’a pas duré bien longtemps mais qui restera gravé dans ma mémoire, et celle de mes enfants.
        Et là aussi, nom de dieu tout ce monde ! 🙂

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