Ne pas confondre hospitalité et accueil des migrants

« L’hospitalité face aux migrants n’est pas affaire de morale ni de philanthropie, c’est une évidence et une urgence… La célébration des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en décembre 2018, pourrait offrir l’occasion de consacrer l’hospitalité comme principe juridique régulateur des mobilités humaines.* »

Avec un tel point de vue de juriste, Mireille Delmas-Marty appartient au camp des bisounours. Elle commence par s’appuyer sur une contre-vérité kantienne : « Originairement un être humain n’a pas plus de droit que l’autre à une contrée ». Du temps des chasseurs-cueilleurs, chacun protégeait son territoire contre d’autres arrivants car on préservait ainsi ses ressources. Ce principe d’adéquation entre une population humaine est un territoire particulier reste toujours valable à l’heure de la démondialisation. L’énergie fossile abondante a amplifié les flux de marchandises et de personnes, sa raréfaction entraînera relocalisations et protectionnisme généralisé. Puis Mireille ne peut que constater l’explosion démographique, « la population mondiale progresse d’environ un milliard tous les quinze ans ». Elle en tire pourtant la conclusion contre-intuitive qu’il faut accepter en Europe les flux migratoires, il suffit de « simplifier un régime juridique devenu incompréhensible (neuf catégories et quelques sous-catégories de mesures d’éloignement, quatre types de titre de séjour…) ». Cette juriste appartient au pays des doux rêveurs, « l’urgent enfin, est de mettre en place une gouvernance mondiale robuste ». Comme si elle ignorait que l’idée d’une Organisation mondiale de l’environnement, proposée depuis des années par des personnes aussi haut placées que le président Chirac, n’avait pas abouti à un résultat concret. Comme si elle ignorait que les négociations internationales sur le climat n’ont jamais abouti à un résultat concret depuis 25 ans. Comme si cette juriste ignorait que ce qui règne aujourd’hui, c’est la protection des intérêts nationaux qui rend impossible tout accord global sur la régulation des migrations. Ses propositions virent même à l’absurde : « Pourquoi ne pas étendre la responsabilité sociale des entreprises à la régulation des migrations ? »

Soyons clair, « le principe d’hospitalité » pour accueillir des voyageurs isolés est un acte universellement pratiqué, même et surtout par des milieux modestes. Mais cette hospitalité est toujours temporaire et limitée à un très petit nombre de personnes. Il n’en est pas de même pour un processus d’installation permanente d’un grand nombre de migrants comme cela se pose en Europe aujourd’hui. Les déplacements massifs de population ne sont pas une constante historique et on peut même constater la fin des migrations sur une planète close et saturée d’humains comme l’écrit Michel Sourrouille dans un livre collectif**. Quand Michel Rocard disait que « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa juste part », encore faut-il savoir ce que signifie la « juste » part. La répartition de quotas acceptables, c’est d’ailleurs ce qu’essaye de déterminer les instance européennes et l’exercice relève de la haute voltige. Mireille Delmas-Marty dit aussi qu’une marée humaine pourrait nous submerger et que cette accélération démographique vertigineuse s’accompagne d’une urbanisation galopante. Elle constate, elle n’en a tiré aucun conclusion. C’est une humaniste qui raisonne hors-sol.

La solution aux migrations n’est pas normalement du ressort des pays d’accueil, mais des pays d’émigration. Aux habitants de ces pays de résoudre leurs problèmes internes de surpopulation et de conflits internes. Ce n’est pas d’une gouvernance mondiale des mouvements migratoires dont nous avons besoin, mais d’une gouvernance mondiale efficace pour éviter les guerres, promouvoir le planning familial et l’égalité hommes/femmes, lutter contre la corruption des élites et les inégalités de richesse, etc.

* LE MONDE idées du 13 avril 2018, Migrants : « Faire de l’hospitalité un principe »

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

4 réflexions sur “Ne pas confondre hospitalité et accueil des migrants”

  1. Mathieu Boeglin

    Marin,
    Expliquez-moi, s’il vous plaît, votre raisonnement grammatical, la règle sur laquelle vous fondez votre proposition ? Je suis curieux. Merci

  2. Didier Barthès

    L’Afrique qui comptait 200 millions d’habitants en 1950 va gagner environ 3 milliards d’habitants d’ici la fin du siècle (selon les prévisions de l’ONU).
    Tout est dit par cet ordre de grandeur, aucun pays, aucun continent ne pourra accueillir une fraction sensible de cette population. En étant 1,3 milliard aujourd’hui, déjà de nombreux africains fuient leur continent d’origine.
    Nous allons vers une catastrophe et une terrible opposition entre les peuples. La réduction très sensible du taux de fécondité constitue la seule solution pour éviter (ou hélas pour limiter) un drame futur.

  3. Beaucoup de bisounours bobos droitdelhommistes aux yeux énamourés pour le crasseux du 1/3 monde en Europe !
    Si cela n’ est pas un signe évident de décadence totale !
    Des folles dingues comme cette femelle avocate , ce pays en regorge (électeurs de LREM – EELV – Modem et une partie non négligeable de la droite hypermolle voire du FN façon MLP et ses frères de coeur muzz)
    Pour stopper cette immigration légale / illégale ( migrons = clandestins) , il faut abattre le gouvernement de la démocrassouille et le remplacer par un pouvoir patriote qui renégocierait en force tous les traités d’ immigration avec pays africains en vue d’ une remigration massive : de puissants moyens de rétorsion existent pour les y contraindre s’ ils refusent !
    Nous n’ avons de dette morale envers aucun pays et nous devons renvoyer sans hésiter les migrons dans leur pays .

  4. Méconnaissance de la langue !
     » Ce n’est pas d’une gouvernance mondiale des mouvements migratoires dont nous avons besoin  »
    En bon français on doit dire : ce n’est pas d’une gouvernance…QUE nous avons besoin ( dont = de que )
    Faute récurrente et horripilante tellement répandue qu’on finira par l’admettre !

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