Nécessité pour la foule, partager un langage commun

« Comment se passent les interactions entre individus dans un groupe ? Prenons l’exemple de la construction d’un bâtiment. Un auto-constructeur prend toutes les décisions seul, en fonction de sa culture et de ses connaissances. Il n’a à se mettre d’accord avec personne… sauf peut être avec sa femme ! Il n’en est pas de même pour une équipe de bâtisseurs. Les regards portés sur la mise en œuvre seront aussi divers et nombreux que le nombre de personnes participant au groupe de travail. Or on ne peut être d’accord que sur ce que l’on partage clairement, sur les idées qui sont communes à tous. Schématiquement, l’entente se fait sur l’intersection des idées des protagonistes. Plus le nombre de personnes ayant à se mettre d’accord sur une décision à prendre est important, plus les points communs à leur réflexion sont réduits.

Exemple : Si 195 personnes sont nécessaires à la construction d’un bâtiment, on voit mal comment, en mettant ces 195 personnes à égalité dans la discussion menant à la prise de décision, on parviendrait à tomber d’accord sur un projet qui satisfasse suffisamment chacune des 195 personnes. Tiens !? Il me semble qu’à la COP 21 à Paris, il y avait 195 pays… quelle coïncidence ! On peut donc dire que les considérations de chaque individu (ou États) ne s’ajoutent pas, au contraire, elles s’annihilent ! Pourtant des immeubles construits par plus de 195 personnes, il y en a beaucoup. Mais ils ne sont jamais le fruit de la volonté d’un si grand nombre de personnes. C’est là qu’on retrouve la structure pyramidale habituelle de la société… avec un « chef » architecte qui décide en définitive tout seul, comme notre auto-constructeur. Souvenons-nous : L’homme est un animal de petit groupe, de clan, de tribu. Alors oui : lorsqu’il s’agit de réfléchir en petit groupe, au niveau de son clan, POUR SON CLAN, les hommes qui composent ce clan, sont capables d’aboutir à une réflexion commune, un consensus comme l’ont fait notre auto-constructeur et sa femme. Mais au niveau mondial, les compétences dans la réflexion s’annulent (accord COP 21 pudiquement appelé « a minima » ). En d’autres termes : 8 milliard de personnes, cela fait une capacité d’action qui tend vers l’infini. 8 milliard de personnes, cela fait une capacité de réflexion qui tend vers zéro. Ou encore : L’humanité a la capacité physique de se détruire. L’humanité est dans l’incapacité de maîtriser politiquement cette capacité physique. »

De cette démonstration menée par Lucie Forêt  (pourquoi ça ne marche pas, ou les 3 paradoxes), nous retenons l’idée qu’un consensus entre personnes multiples ne peut aboutir que s’il y a à la base un langage commun, « des idées qui sont communes à tous ». Sur notre blog biosphere, nous essayons justement de promouvoir le point de vue des écologistes comme éléments de langage commun aux protecteurs de la Terre-mère. Nous proposons par exemple de nous retrouver collectivement autour d’un certain nombre de thèmes bien analysés sur notre blog : Acteurs absents (démocratie), Conférences de consensus (décisionnel), écologie profonde (éthique), écocentrisme (et biocentrisme), Non-violence (relationnel), Fécondité raisonnée (démographie), Décroissance maîtrisée (économie), Sobriété partagée (consommation), Techniques douces (production). D’accord ?

2 réflexions sur “Nécessité pour la foule, partager un langage commun”

  1. Ajoutons « décroissance démographique mondiale  » (surtout dans le 1/3 monde) à fécondité raisonnée à la liste !

  2. Oui, d’accord (pour les thèmes) ; nous voilà bien avancés.
    Cette démonstration (avec ou sans guillemets) menée par Lucie Forêt, ressemble étrangement au mythe de la Tour de Babel … quelle coïncidence !
    La Bible raconte que quelque temps après le fameux Déluge, les hommes formaient un seul peuple et avaient un langage commun. Par orgueil ou autre chose, peu importe, ils avaient entrepris de construire une immense tour dont le sommet toucherait le ciel.

    «Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. »

    Abracadabra et voilà ! Du jour au lendemain les hommes ne se comprennent plus. Le mot « brique » ne veut plus dire la même chose pour tout le monde, on confond les vessies et les lanternes, le cercle et le carré, on finit par ne plus savoir où est la droite et la gauche, le haut et le bas etc. etc. Misère misère !
    Bien évidemment la construction cesse et la tour finit par tomber en ruine.

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