Nicolas Hulot, amertume et impuissance

Nicolas Hulot : « J’étais censé être ministre d’État et numéro trois du gouvernement mais c’était juste pour la façade ! Quand j’ai pris cette décision difficile de partir du gouvernement, j’avais demandé douze points de clarification au premier ministre et au président, dont ma volonté de copiloter la révision de la politique agricole commune, parce que pour moi il n’était pas pensable qu’on loupe cette fenêtre. Évidemment, ça ne m’a pas été accordé. Le fait d’être en conflit permanent avec Stéphane Travert, mon collègue à l’agriculture, au bout d’un moment, à part alimenter les couacs médiatiques, ça ne sert à rien et c’est absolument épuisant. J’ai parfois trouvé plus de conservatisme au ministère de l’agriculture qu’à la FNSEA. »*

Les anti-écolos de service se déchaînent sur le monde.fr : «  Typique de l’écolo : il ne veut pas faire quelque chose, il veut se sentir moralement supérieur… Hulot, l’erreur de casting exemplaire… il a une attitude de gamin qui refuse de prendre en compte la réalité et préfère continuer à militer dans l’imaginaire…. Ecoeurant de voir cet écologiste hypocrite, qui a trois maisons et possède une demi-douzaine de voitures électriques, coloporter des rumeurs diffamatoires sur Bayer-Monsanto… N. Hulot, depuis sa naissance, a le bilan carbone d’une ville entière et la moralité d’un curé libidineux… Saint Hulot se comporte comme un enfant gâté. Il se plaint, geint, découvre que la politique n’est pas un chemin verdoyant bordé de fleurs et de jolis ruisseaux… Il aime le pouvoir, le buzz et la lumière et s´est brûlé les ailes…Et puis quand on a un grand talent pour se faire l’avocat médiatique de l’environnement, on n’a pas forcément du talent pour assurer la fonction de ministre… Hulot, lobbyiste en chef des écolos, ayant traîné dans les couloirs du pouvoir depuis 20 ans, ayant conseillé les élites voire rédigé leurs discours, ayant été à la tête d’un ministère (écologie) qui est la caisse de résonance des attentes des lobbies écolos (en symétrie de celui de l’agriculture ou des finances), Hulot donc se plaint que l’État fonctionne comme il fonctionne… »

Heureusement d’autres ont l’avis inverse : « Tout cela est édifiant, l’état des lieux est bien décrit. Macron s’est foutu de lui, il n’a rien à faire de l’exigence écologique, ses priorités sont ailleurs : alors pourquoi Macron a-t-il choisi Hulot ? Caution électoraliste juste avant les législatives… Le souci, c’est qu’être ministre est un véritable métier de chien (les intéressés le confirment à peu près tous) où il faut se battre continuellement pour remporter les arbitrages auprès du Premier ministre et du Président… Quand Macron et Philippe refusent que Hulot copilote la révision de la politique agricole commune alors que son ministère est directement concerné, on se pose des questions sur les méthodes de gouvernance de la France… Le livre que Michel SOURROUILLE avait écrit dès que Hulot a été nommé ministre de l’écologie en prévoyant sa démission, « Nicolas Hulot, le brûlure du pouvoir », est paru en librairie le 1er octobre 2018. Faire de l’écologie avec un gouvernement dont ce n’est pas du tout la préoccupation principale, est tâche impossible. « Business as usual » était le mot d’ordre du gouvernement Macron et ça le reste encore aujourd’hui… Eh oui, c’est comme ça, un Premier ministre et un ministre N° 3 au gouvernement s’écrasent devant les menaces des entreprises. Les affaires des grosses entreprises mondiales, c’est la domination de clans mafieux. La machine capitaliste tourne, aveugle, réclamant les chiffres de rentrées d’argent prévues chaque mois, chaque trimestre, chaque année, il faut réaliser les objectifs, en dollars, en euros, en xxx, il faut que ça rentre..!! Nicolas Hulot le dit « Tous les coups sont permis ». Il va falloir lutter, citoyens… En conclusion, Hulot a eu raison de démissionner. On ne fait changer un Premier Ministre qui se ravit des belles commandes de bateaux qui vont promener les imbéciles s’esbaudir devant les derniers ours polaires. On ne fait pas changer une société qui se ravit devant le dernier SUV à la mode, que les conducteurs viennent montrer qu’ils sont beaux, qu’ils sont grands. Une société qui se ravit devant les derniers véhicules électriques pour lesquels on ne saura pas produire les batteries et l’électricité pour tous sur terre. Une société qui critique les avions mais se ravit du doublement futur du trafic aérien et de la construction d’une nouvelle aérogare à Roissy. Que cela va faire des emplois pour tous. Conclusion, attendons que les faits s’imposent, touts seuls, mais cela sera dur puisque nous ne le voulons pas… Merci à toi Nicolas d’avoir quand même tenté l’impossible… »

* LE MONDE du 6 février 2020, Amertume et impuissance : Nicolas Hulot revient sur sa démission dans un documentaire

6 réflexions sur “Nicolas Hulot, amertume et impuissance”

  1. Mais à quoi bon en rajouter à l’amertume et à l’impuissance de notre pauvre Nicolas ? Je lui fais juste un petit coucou amical en passant, et puis basta !
    Ce n’est un secret pour personne, surtout pas pour lui, Nicolas est un grand enfant. De mon côté j’ai toujours pensé qu’il était un enfant gâté, ce n’est donc pas de sa faute s’il est comme il est, en tous cas moi je le trouve sympa. Notre cher petit Nicolas a essayé tous les jouets qui puissent exister, tout le monde sait combien il adore tout ce qui vole, du parapente aux avions de chasse. Comme tous les enfants Nicolas aime l’aventure et les aventuriers, Bob Morane, Indiana Jones, Théodore Monod et tant d’autres. De nos jours l’aventure se doit d’être médiatique, il faut la partager, autrement dit la montrer, l’étaler. Dans le cadre de ses exploits, l’aventurier moderne se doit évidemment d’être bien assuré et super bien assisté, Europe ou Mondial Assistance, hélicos d’assistance, parachutes et tout le toutim. Comme on sait de nos jours nous avons des outils qui permettent de mesurer tout et n’importe quoi, ainsi l’intérêt d’une «aventure» se mesure avec l’Audimat, le nombre de vues, de like. Nicolas se souviendra toute sa vie du succès de ses émissions, rien que ça ce n’est pas rien. Durant trop longtemps, Nicolas a joué et bravé les dangers dans toutes les cours de récré de la planète, il a eu des tas de fans et de fanettes, on peut déjà comprendre qu’à la longue ça puisse lasser.
    Que font les enfants gâtés quand ils en ont marre de jouer à quelque chose, quand ils ont fait le tour de quelque chose ? Tout simplement, ils passent à autre chose. Ainsi Nicolas a écrit et vendu des bouquins, des shampoings, et aussi un pacte célèbre, il est allé au Vatican, il a même failli parler au Pape, il a lui-même été baptisé «Pape», s’est fait médaillé de tous les côtés, il a fait X fois le tour de la Terre et s’est fait connaître de la planète entière, bref il a toujours combattu l’ennui. Nicolas est un brave. Et un jour, même le plus brave des braves en arrive à avoir assez de faire le tour. Et là ça recommence, l’ennui. Et c’est là que les enfants peuvent faire des conneries. C’est ainsi qu’un jour Nicolas a voulu joué à un autre jeu, un jeu pour les grands, du moins ceux qui s’en croient, ce jeu qu’on appelle la politique. Les règles sont relativement simples à comprendre, en tous cas pas plus compliquées que celles du foot, et quand on voit les lumières qui jouent à ce genre de jeux on a vite fait de penser et de se dire «après tout, pourquoi pas moi ?».
    Nicolas a donc voulu jouer dans la cour des «grands», et encore une fois il a eu ce qu’il voulait, encore une fois il a joué, avec derrière lui tout un public de fans et de fanettes pour le soutenir et l’encourager, et là encore il a connu son heure de gloire, il a dû être encore là le plus heureux des hom… euh pardon… des enfants.
    Hélas tout a une fin, comme cette petite histoire que je raconte là, la gloire ne dure qu’un temps, et là encore il faut passer à autre chose, c’est l’éternel retour, mon dieu que c’est dur d’être un héros. 🙂

    1. Un excellent résumé du « héros Hulot » : je me suis bien marré 😁.
      Encore un écolozozo charlot rigolo , un de plus !

      1. Bonjour Dumaret
        Serait-ce Marcel mon « fanette » ? Parce que si c’est ça, je le savais depuis longtemps. Maintenant si vous me dites que j’en ai deux, alors là je vais enfin pouvoir me prendre pour un grand 🙂

  2. La catastrophe climatique ne m’atteindra pas car j’ai 93 ans et je serai tranquille sous la terre. Mais au cours des guerres les vieux généraux, à l’abri loin du front, envoient les jeunes au sacrifice.
    Voilà pourquoi si peu de dirigeants se préoccupent du CO2. Méfiance!

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