Nicolas Hulot poussé à la démission

Le quotidien LE MONDE du 8 mai 2018 reste dubitatif sur le bilan écologique du gouvernement Macron après un an au pouvoir : « Recul de la baisse du nucléaire dans le mix énergétique, affaiblissement de la définition des perturbateurs endocriniens, interdiction limitée du glyphosate, influence très limitée dans les états généraux de l’alimentation : Nicolas Hulot n’a pas réussi à gagner ces arbitrages gouvernementaux… Le président Macron n’a pas encore donné d’impulsion claire pour ériger notre pays en modèle unanime de transition bas carbone… Une loi très symbolique sur la fin de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures en France n’a pas empêché la prolongation de plusieurs permis d’exploration… Quant à la fermeture des quatre dernières centrales à charbon de l’Hexagone, annoncée pour la fin du quinquennat, elle n’est toujours pas amorcée… Aucune mesure d’ampleur pour faire face à la crise de la biodiversité n’a encore été prise.» Le rythme de sénateur adopté par le gouvernement sur le front de l’environnement tranche avec le volontarisme affiché dans de nombreux autre secteurs : droit du travail, SNCF, université… Mais soyons clair sur les responsabilités partagées : il n’y a pas que le gouvernement qui importe, un ministre de l’écologie sans appui massif de l’opinion publique ne peut arriver à un bon résultat.

Nicolas Hulot s’interroge : « Si demain je devais parvenir au constat que j’ai atteint mon seuil d’efficacité, j’aviserais. Je n’exclus aucun hypothèse. » Le 16 mai 2018, il fait enfin explicitement pression sur le gouvernement. Invité de BFM-TV et RMC un an après son intronisation comme ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas a annoncé qu’il aura cet été « un moment de vérité » avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Pour une éventuelle démission il laisse planer le doute : « On fera le point avec le président et le premier ministre, on tracera les perspectives et on prendra ensemble des décisions sur l’avenir et les prochaines étapes. Si je sens qu’on n’avance pas, que les conditions ne sont pas remplies, voire éventuellement qu’on régresse, à ce moment-là, j’en tirerai les leçons. » A la question de savoir s’il est « satisfait » de cette première année au gouvernement, Nicolas a reconnu que c’était « difficile ». « Je vois surtout ce qu’il reste à faire. Là je suis en pleine action avec le plan d’innovation thermique, la programmation pluriannuelle de l’énergie… Jusqu’à l’été, j’ai la tête sous l’eau. Cette évaluation-là, je la ferai cet été. J’aurai suffisamment d’éléments pour pouvoir regarder si effectivement je participe à cette transformation sociétale. » Son départ du gouvernement aurait, de facto, un coût politique élevé, il faut le ménager. Mais la réalité est plus brutale. Convoqué le jour même par le Premier ministre, Nicolas se fait remonter le bretelles, non seulement pour avoir évoqué une éventuelle démission, mais pour avoir apporté son soutien à un amendement du député LRM Matthieu Orphelin dans le cadre du projet de loi Agriculture et Alimentation. Cet amendement visait à interdire le glyphosate le 1er mai 2012, soit dans le délai de trois ans fixé par Macron lui-même alors que Bruxelles a repoussé l’interdiction au mois de décembre 2022. Selon Édouard Philippe, « quand un amendement est rejeté, il est rejeté ! » Le même jour, dans le cadre du projet de loi Elan destiné à accélérer les procédures d’urbanisme, la commission des affaires économiques a adopté, avec l’avis « tout à fait favorable » du gouvernement, des amendements qui ouvrent des brèches dans la loi Littoral. Par exemple on pourra bétonner des espaces restés à l’état naturel entre des constructions existantes. Or Nicolas était signataire en janvier 2017 d’une pétition « Ne touchez pas à la loi Littoral ». Aujourd’hui ministre d’État, il est réduit au silence. Le 6 juin 2018, Nicolas doit faire preuve publiquement de ce qu’on appelle la solidarité gouvernementale…

Le 28 août 2018, Nicolas Hulot démissionne avec fracas.

Extraits du livre de Michel Sourrouille, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir »

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1 réflexion sur “Nicolas Hulot poussé à la démission”

  1. Ce n’est évidemment pas seulement l’aventure de Nicolas Hulot qui est en cause, c’est le problème de tout pouvoir.
    Prendre des mesures réellement efficaces pour sauver la biosphère suppose de détruire tous les moteurs de nos sociétés Une croissance permanente ou même le maintien d’un niveau démographique et d’un niveau de production hors de proportion avec la taille de la planète est intenable dans la durée. On comprend qu’aucun dirigeant n’ose prendre cette orientation qui détruirait la société (et qui, bien sûr, ruinerait sa carrière politique).
    Évidemment, ne pas le faire conduira tout autant à la catastrophe, juste un peu plus tard, mais il est bien difficile de sauter le pas.
    « Notre civilisation se trouve dans la situation de celui que la drogue tuera qu’il continue ou qu’il cesse brusquement d’en consommer » ( James Lovelock, propos repris dans le chapitre « Un droit contre tous les autres » dans l’ouvrage « Moins Nombreux plus Heureux »)

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