non à l’ultralibéralisme sceptique

Qui a le droit de s’exprimer dans les colonnes du Monde ? Certainement pas Drieu Godefridi. Pourtant il y a trouvé une tribune le 1er février et, plus récemment, le 2 septembre (La démission du président du GIEC est souhaitable). C’est comme si LeMonde soutenait la thèse du climato-scepticisme en laissant instiller le doute sur la réalité du réchauffement climatique et l’action nécessaire : économiser l’énergie fossile.

Précisons que Godefridi ne connaît rien aux sciences exactes, il est docteur en philosophie, mais surtout spécialiste du droit fiscal. Son fonds de commerce, c’est la polémique pour essayer de se faire un nom et de vendre son livre. C’est donc un intervenant régulier dans les médias sur la thématique du climato-scepticisme. En fait c’est un jeune militant belge du libéralisme économique, cette déviance de la pensée qui veut nous faire croire que la liberté d’entreprendre sans contraintes constitue la meilleure chose au Monde possible. A force de cultiver le sensationnalisme, LeMonde introduit le doute et empêche la réflexion de fond. Quelques réponses aux « arguments » de Godefridi :

– La campagne des climato-sceptiques contre le GIEC cherche surtout à discréditer et éviter le débat sur le fond. Pour ébranler le scénario central du GIEC, il faudrait pouvoir démontrer qu’il a peu de chances de se réaliser. Personne aujourd’hui n’est capable de faire cette démonstration. Aucune étude ne nous donne la moindre raison de le penser. Absolument aucune. Si nous agissons comme si la science avait raison et que, in fine, les risques s’avèrent moins importants, ce sera de toute façon une bonne chose : nous aurons découvert de nombreuses technologies utiles, nous aurons sécurisé nos approvisionnements énergétiques. En revanche, si nous agissons comme si la science se trompait, nous nous serons mis dans une position dangereuse dont nous serons peut-être incapables de sortir. Les sceptiques ont le droit de s’exprimer et de débattre mais pas celui d’avoir des arguments mal fondés.

– Le président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri, est la cible d’attaques répétées de la part des négationnistes du climat. Pourtant Pachauri est non rémunéré par le GIEC. Ses activités de conseils à des entreprises entraînent des émoluments mensuels de 2960 euros qui lui sont versés par le centre de recherche TERI qu’il dirige.

– La découverte d’une erreur dans le rapport du GIEC a donné, fin décembre 2009, le coup d’envoi à une campagne médiatique sans précédent dirigée contre le panel d’experts sur l’évolution du climat. Faut-il se prêter à cette campagne de discrédit ? Ce serait ignorer la solidité du travail – accompli bénévolement par l’ensemble de la communauté scientifique – dans cette tâche titanesque qu’est la revue générale des connaissances dans le domaine des sciences du climat. Car le GIEC ne mène pas de travaux de recherche. Il synthétise les connaissances existantes pour en tirer un consensus le plus objectif possible.

5 réflexions sur “non à l’ultralibéralisme sceptique”

  1. @Joseph et @jean Gabriel. Je trouve qu’en pratique, la censure sur le blog Biosphere n’est « pas si pire » comme disent nos cousins du Quebec… Oui qqs messages disparaissent sans doute, mais bon les redacteurs du blog ouvrent quand meme volontier leurs pages aux opinions contraires (i.e., les notres souvent)

    En revanche en ce qui concerne la theorie, je suis d’accord avec vous. Ce post sur « Godefridi n’a qu’a la fermer » (pour simplifier) en est un bon exemple: la sacro-sainte « science citoyenne » si souvent invoquee ne devrait visiblement s’appliquer qu’a ceux qui sont de la bonne opinion. Quand aux autres, ils ne sont que « specialistes du droit fiscal », donc pas de science citoyenne pour eux…

  2. Les positions théoriques de ce blog sur la censure et la façon dont la censure est opérée sur ce même blog préfigurent le totalitarisme auquel nous serions soumis si ces olibrius et leurs amis arrivaient au pouvoir un jour. Dieu nous en préserve !

  3. Quelques commentaires clairvoyants du texte de Godefridi sur lemonde.fr :

    Renaud : Mr.Godefridi enterre donc en douceur (sans même le dire) le réchauffement climatique en suggérant adroitement que l’IAC en aurait dit bien plus si on l’avait mandaté pour … Résumons donc : premier temps, l’IAC valide les résultats mais condamne le management du GIEC , deuxième temps : les commentateurs insinuent habilement que l’IAC aurait pu aller beaucoup plus loin… Parlons clair (nous, au moins) : de quel lobby l' »Institut Hayek » est-il le faux nez ?

    Raymond Bodard : J’en conclu que ce monsieur Godefridi se pose en juge suprême des plus hautes instances de la planète qui n’ont pas eu le bon goût, disons même l’intelligence de suivre ses recommandations! un peu imbu de sa personne, n’est-il pas ?

    Coriolis : Quand on lit ce texte de Godefridi on se rend fois compte qu’une fois encore ce n’est pas le fond qui est attaqué (et pour cause) mais bien la forme (comme pour la fameuse « astuce »). Bref on touche le fond en terme de critique du GIEC, et nul doute que la prochaine étape sera de critiquer la couleur des cravates à défaut de mieux…

    Eric Etienne : Et un essayiste de plus, Godefridi, qui tartine quelques lignes dans Le Monde. Personne, jusqu’à maintenant, n’a pu réfuter, le résultat essentiel du GIEC, que la hausse du taux de CO2 due à l’homme provoquait la hausse des températures,on peut attendre longtemps. Ce que l’on ne sait pas c’est l’ampleur de cette hausse et les conséquences.

    Mara : Au fond, l’origine des difficultés du GIEC tient justement à l’option de départ : tenter une synthèse de toutes les informations scientifiques existantes. C’est le souci d’honnêteté et d’objectivité sur la présentation des études qui a donné naissance à cette usine à gaz (chaque réunion des experts provoque la compilation d’une documentation qui représente des tonnes de papier !). Qu’elle souffre de dysfonctionnements n’est pas étonnant. Qu’ils soient reconnus et qu’on y remédie est plutôt un bon point, que seuls les climatosceptiques irréductibles veulent interpréter comme un signe de malhonnêteté. Projection sans doute de leur propre attitude…

    Gaga 42 : Quelle déception de voir le Monde rechuter et ré-ouvrir ses colonnes à un climatosceptique polémiste (Godefridi) ne comprenant rien à la démarche scientifique et limite usurpateur. Pourtant vous aviez eu, le 10/7, le courage un peu tardif d’informer en édito du blanchiment total du GIEC par 2 organismes indépendant. Ce qui ne dispense bien sur pas le GIEC d’améliorer son mode de fonctionnement.

  4. « Si nous agissons comme si la science avait raison et que, in fine, les risques s’avèrent moins importants, ce sera de toute façon une bonne chose : »

    le pari de Pascal revisited par les uber-ecolos…Vos theses ne sont vraiment que des dogmes religieux les gars….Surtout en ne choisissant dans les opinions scientifiques que celles qui vont dans le sens de votre dogme.

  5. « Précisons que Godefridi ne connaît rien aux sciences exactes », ah bon, tous les auteurs des posts sur ce blog sont docteurs es sciences en sciences exactes?

    « Qui a le droit de s’exprimer dans les colonnes du Monde ? » Reponse: tous et toutes.


    Remarque de la modératrice du blog biosphere 
    :

    Il n’y a jamais de libre expression « totale », même quand la liberté de la presse est de mise. La rédaction du Monde papier fait une sélection entre tous les points de vue qui lui parviennent, il y a un tri, sinon un exemplaire quotidien pèserait très vite un tonne. Réfléchir, c’est d’ailleurs apprendre à séparer l’essentiel de l’accessoire.

    Les blogs du monde.fr subissent une double censure, celui des possesseurs d’un blog, libre d’accepter ou non un interlocuteur ou même de se fermer à toute discussion. De plus la rédaction du Monde peut censurer tout message afin de faire respecter la Charte des Bloggueurs et les lois en vigueur en France.

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