Le 2 septembre 2002 au sommet de la Terre, le président français Jacques Chirac avait lancé : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ! » ; puis il est rentré chez lui pour parler d’autre chose. Résultat en 2025 ?
Dans la revue Earth System Science Data et signée par 61 scientifiques de 17 pays différents, on indique : l ’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, fixé lors de l’accord de Paris sur le climat il y a dix ans, « n’est désormais plus atteignable ». Le budget carbone résiduel, c’est-à-dire les émissions à ne pas dépasser pour garder plus de 50 % de chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, est presque épuisé. Ce n’est pas une question de physique mais d’inertie des sociétés : les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas et la transition écologique est attaquée dans de nombreux pays.
Le point de vue des écologistes
Le passage le plus célèbre du discours de Jacques Chirac en 2002 est constitué par ces quelques phrases que tous les écologistes peuvent faire siennes : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer, et nous refusons de l’admettre…. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas pour les générations futures celui d’un crime de l’Humanité contre la vie.» Le président français concluait son discours en rappelant que l’apparition de l’être humain est bien récente au regard de la vie géologique de la planète Terre et il appelait de ses vœux une coopération renforcée entre les pays, pour mettre un frein « à la puissance et aux appétits de l’espèce humaine, sans quoi celle-ci pourrait bien disparaître par égoïsme ou par aveuglement ».
Malheureusement nous en sommes toujours là en 2025 et les commentateurs sur lemonde.fr confirment.
Rossignol des bois : Pourtant nos super génies Laurent Fabius et Ségolène Royal nous avaient dit en 2015 lors de la COP25, « qu’ils avaient sauvé la planète ! » Oubliant juste de préciser qu’il s’agissait d’un accord non prescriptif. Donc, que cela ne servait à rien. Ils nous ont menti !
Jacques_81 : L’Accord de Paris était une farce, car sans aucune sanction à la clé, il devenait purement indicatif. Or personne, ni les citoyens-consommateurs ni les entreprises ne veulent changer leurs modes de vie et de fonctionnement, réduire leur pouvoir d’achat et leur bénéfice, s’imposer des contraintes et respecter des normes. Chacun veut continuer à jouir sans entrave dans l’abondance et l’insouciance ! Donc ce sera de mal en pis.
Gazebo : On est 8 milliards et tous veulent vivre comme les nantis (nous).
ti Gilou : En même temps, la droite et l’extrême droite tirent à boulets rouges contre les ZFE et les contraintes écologiques. Ce sont des irresponsables.
D4dA : Drill baby, drill ! Tant que l’Humanité n’est pas dans le mur, le climat ne sera pas une question politique traitée avec sérieux. Quand les intérêts vitaux des entreprises et des Etats commenceront à être impactés, alors les gouvernants s’y intéresseront sérieusement, mais compte tenu de l’inertie du phénomène de réchauffement, il sera déjà bien trop tard. Et le coup de s’en remettre à une technologie innovante de captation qui n’existe pas encore, c’est bidon. Mais à 79 balais passés, c’est clair que ça n’a plus trop d’importance pour moi.
Artemis purple : Dans un article de ce jour, l’industrie du transport aérien se réjouit de féminiser son personnel afin de pouvoir répondre à sa croissance accélérée. Courte vue et sombre destin.
Antwan : N’oubliez pas qu’avant le réchauffement prévu d’ici quelques décennies, la fin du pétrole abondant, surtout en Europe, va créer des réjouissances tout aussi savoureuses.
Imaginez une société sans transports, sans fret de marchandise, sans services publics, sans retraite, sans secu, etc etc. Bien sûr tout ça ne va pas arriver d’un seul trait, mais la _contraction_ des disponibilités va créer de telles tensions que toute l’économie bien huilée basée sur une abondance mondialisée des ressources va s’effondrer.
MEKEDA : La seule vraie solution, une part de décroissance couplée à des techniques d’adaptation aurait due être amorcées depuis bien longtemps. Rien ou presque n’a été fait et la convention citoyenne a été un enfumage de grande taille de la population. Comme on fait son lit…..
testiflette : Pourquoi la transition énergétique et le développement soutenable ne sont-ils pas enseignés obligatoirement tout au long de la scolarité ??? Il y aurait de bien meilleures actions (et acceptations) si la société était éclairée sur toute la complexité du problème. Peut-être qu’avoir une grosse voiture ou prendre Ryanair tous les WE deviendraient alors has been pour la jeune génération.
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23 années à se contenter de regarder la planète brûler (novembre 2017)
extraits : Je suis désespéré, nous allons au désastre. 196 pays, près de 22 000 participants, la COP23 est terminée. Mais on savait avant même l’ouverture que l’objectif de limiter le réchauffement de la planète sous le seuil des 2 °C resterait un rideau de fumée. On échange des points de vue et les américains plombent encore une fois les débats. Les divisions entre pays développés et pays en développement ressurgissent, en particulier autour des promesses financières sans lendemain des nations industrialisées. Aucune perspective ne permet de couvrir les « pertes et dommages » des pays les plus vulnérables. Les dérèglements climatiques, l’agriculture industrielle et l’explosion démographique vont continuer à nourrir la faim dans le monde….
La planète brûle et nous regardons ailleurs (mai 2017)
extraits : Le premier trimestre de l’année 2017 est le deuxième plus chaud jamais enregistré. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM),lsa température moyenne en 2016 a excédé de 1,1 °C les niveaux de l’ère préindustrielle, battant ainsi le record de l’année 2015. Qui elle-même battait le record de l’année précédente.La concentration atmosphérique de CO2 est de plus de 410 parties par million (ppm) – un niveau jamais atteint depuis le pliocène, il y a quelque 2 millions d’années. Le taux atmosphérique de CO2 est demeuré sous 280 ppm tout au long du dernier million d’années. Chaque jour, la perspective s’éloigne un peu plus de pouvoir conserver le climat terrestre sous la barre des 2°C d’augmentation de la température moyenne, par rapport à l’ère préindustrielle….
Nos dirigeants déconnent pendant que la planète brûle (avril 2017)
extraits : Donald Trump engage une contre-révolution énergétique (LE MONDE du 30 mars 2017) : Donald Trump a donné une impulsion décisive à sa contre-révolution énergétique . Il a signé un décret remettant en cause l’essentiel de la réglementation mise en place par son prédécesseur pour lutter contre le réchauffement climatique. Il a annoncé « la fin de la guerre contre le charbon ». Les mesures prises s’ajoutent au renoncement à une meilleure efficacité énergétique pour l’industrie automobile et à la suppression de contraintes au niveau fédéral pour l’exploitation d’énergies fossiles….
Annexe : le discours de Chirac en 2002 à l’ONU lors du sommet de la Terre
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La terre et l’humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables. Il est temps, je crois, d’ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d’alerte s’allument. L’Europe est frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires. En Asie, la multiplication des pollutions, dont témoigne le nuage brun, s’étend et menace d’empoisonnement un continent tout entier. L’Afrique est accablée par les conflits, le SIDA, la désertification, la famine. Certains pays insulaires sont menacés de disparition par le réchauffement climatique. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le 21e siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie.
Notre responsabilité collective est engagée. Responsabilité première des pays développés. Première par l’histoire, première par la puissance, première par le niveau de leurs consommations. Si l’humanité entière se comportait comme les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face à nos besoins. Responsabilité des pays en développement aussi. Nier les contraintes à long terme au nom de l’urgence n’a pas de sens. Ces pays doivent admettre qu’il n’est d’autre solution pour eux que d’inventer un mode de croissance moins polluant.
Dix ans après Rio, nous n’avons pas de quoi être fiers. La conscience de notre défaillance doit nous conduire, ici, à Johannesburg, à conclure l’alliance mondiale pour le développement durable. Une alliance par laquelle les pays développés engageront la révolution écologique, la révolution de leurs modes de production et de consommation. Une alliance par laquelle ils consentiront l’effort de solidarité nécessaire en direction des pays pauvres. Une alliance par laquelle le monde en développement s’engagera sur la voie de la bonne gouvernance et du développement propre. Nous avons devant nous, je crois, cinq chantiers prioritaires.
Le changement climatique d’abord. Il est engagé du fait de l’activité humaine. Il nous menace d’une tragédie planétaire. Il n’est plus temps de jouer chacun pour soi. De Johannesburg, doit s’élever un appel solennel vers tous les pays du monde, et d’abord vers les grands pays industrialisés, pour qu’ils ratifient et appliquent le Protocole de Kyoto. Le réchauffement climatique est encore réversible. Lourde serait la responsabilité de ceux qui refuseraient de le combattre.
Deuxième chantier: l’éradication de la pauvreté. A l’heure de la mondialisation, la persistance de la pauvreté de masse est un scandale et une aberration. Appliquons les décisions de Doha et de Monterrey. Augmentons l’aide au développement pour atteindre dans les dix ans au maximum les 0,7 % du PIB. Trouvons de nouvelles sources de financement. Par exemple par un nécessaire prélèvement de solidarité sur les richesses considérables engendrées par la mondialisation.
Troisième chantier : la diversité. La diversité biologique et la diversité culturelle, toutes deux patrimoine commun de l’humanité, toutes deux sont menacées. La réponse, c’est l’affirmation du droit à la diversité et l’adoption d’engagements juridiques sur l’éthique.
Quatrième chantier: les modes de production et de consommation. Avec les entreprises, il faut mettre au point des systèmes économes en ressources naturelles, économes en déchets, économes en pollutions. L’invention du développement durable est un progrès fondamental au service duquel nous devons mettre les avancées des sciences et des technologies, dans le respect du principe de précaution. La France proposera à ses partenaires du G8 l’adoption, lors du Sommet d’Evian en juin prochain, d’une initiative pour stimuler la recherche scientifique et technologique au service du développement durable.
Cinquième chantier: la gouvernance mondiale, pour humaniser et pour maîtriser la mondialisation. Il est temps de reconnaître qu’existent des biens publics mondiaux et que nous devons les gérer ensemble. Il est temps d’affirmer et de faire prévaloir un intérêt supérieur de l’humanité, qui dépasse à l’évidence l’intérêt de chacun des pays qui la compose. Pour mieux gérer l’environnement, nous avons besoin d’une Organisation mondiale de l’environnement.
Au regard de l’histoire de la vie sur terre, celle de l’humanité commence à peine. Et pourtant, la voici déjà, par la faute de l’homme, menaçante pour la nature et donc elle-même menacée. L’Homme, pointe avancée de l’évolution, peut-il devenir l’ennemi de la Vie ? Il est apparu en Afrique voici plusieurs millions d’années. Fragile et désarmé, il a su, par son intelligence et ses capacités, essaimer sur la planète entière et lui imposer sa loi. Le moment est venu pour l’humanité, dans la diversité de ses cultures et de ses civilisations, le moment est venu de nouer avec la nature un lien nouveau, un lien de respect et d’harmonie, et donc d’apprendre à maîtriser la puissance et les appétits de l’homme. Aujourd’hui, à Johannesburg, l’humanité a rendez-vous avec son destin. »
Raisons de plus pour comprendre le véritable intérêt de continuer.
D’alerter, expliquer, démontrer, ressasser, militer, râler, pleurnicher etc.