Notre sécurité alimentaire n’est pas très bien assurée

L’étude de Gilles-Éric Séralini a au moins servi à montrer la « nécessité de bouger » a estimé la ministre de l’Écologie Delphine Batho après que le Haut conseil des biotechnologies ait recommandé qu’une « étude de long terme, indépendante et contradictoire soit entreprise sous l’égide des pouvoirs publics quant à la sécurité sanitaire du maïs NK603 ». Emboîtant le pas au HCB, l’ Anses (agence de sécurité sanitaire) souligne « le nombre limité de publications traitant des effets potentiels à long terme d’une consommation d’OGM associés à des pesticides », « recommande d’engager des travaux sur ces questions » et « appelle à la mobilisation de financements publics nationaux ou européens dédiés à la réalisation d’études et de recherches d’envergure visant à consolider les connaissances sur les risques sanitaires insuffisamment documentés ».

Dans un chat*, Stéphane Foucart confirme : « Le but des travaux de Séralini était certainement de lancer un débat public sur la faiblesse des tests réglementaires aux termes desquels les OGM et les produits phytosanitaires sont mis sur le marché. De ce point de vue, M. Séralini a parfaitement réussi, puisque cette question est désormais à l’ordre du jour. » Voici quelques moments significatifs du chat :

Jean : Où sont les études qui ont permis d’autoriser les OGM ? Combien de rats ont été utilisés ? Sur quelle durée ? Par qui ?

La plupart de ces études ne sont pas publiées dans les revues scientifiques et ne sont soumises qu’aux agences de sécurité sanitaire chargées de les évaluer.

Eric : Pourquoi les tests réalisés par l’industrie sont-ils limités à trois mois ?

Les tests de toxicité subchronique réglementaires (90 jours) réalisés par l’industrie sont facultatifs, car les plantes OGM sont présumées être « équivalentes en substance » à leurs homologues non transgéniques. C’est un principe qui est contesté par certains scientifiques, qui demandent à ce que les tests réglementaires soient étendus et rendus obligatoires.

Charles : Le risque dans cette affaire n’est-il pas d’entraîner un renouveau de la défiance de la population dans les avis de nos commissions scientifiques?

Certes les agences de sécurité sanitaire ont une part de responsabilité du fait de leurs défaillances passées. Il faut rappeler que le Comité permanent amiante (le noyau dur du lobby industriel de l’amiante entre 1982 et 1994) était partiellement composé de toxicologues distingués membres de l’Académie de médecine… Différents scandales ont mis en lumière des situations de conflit d’intérêts au sein des agences de sécurité sanitaire, en particulier à l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments). L’EFSA a une position sur les perturbateurs endocriniens (bisphénol A, etc.) qui n’est pas conforme à la littérature scientifique, elle semble faire le jeu de l’industrie.

Visiteur : En quoi la démarche scientifique de Séralini est-elle contestable?

Cela tient à l’absence de mécanisme explicatif permettant de comprendre comment l’OGM seul pourrait avoir un effet délétère sur les animaux. La plupart des toxicologues et des biologistes ne voient pas comment l’adjonction d’un gène au patrimoine génétique d’une plante pourrait provoquer de telles pathologies (tumeurs mammaires, troubles hépatiques et rénaux, espérance de vie réduite).

Yann : S’il y a concordance d’avis sur le fait que les tests de toxicité sont réalisés sur des durées trop courtes, pourquoi ne retire-t-on pas les autorisations de mises sur le marché en attendant que soient réalisés des tests plus fiables, selon un sage principe de précaution ?

Les tenants des plantes OGM rétorquent que le bétail en Europe mange de ces végétaux depuis plus d’une décennie sans que des effets délétères aient été documentés.

* Le Monde.fr | 22.10.2012, OGM : « Les agences de sécurité sanitaire ont une responsabilité dans la défiance de la population« 

10 réflexions sur “Notre sécurité alimentaire n’est pas très bien assurée”

  1. actualisation :
    Devant l’incroyable levée de boucliers suscitée par la publication de Gilles-Eric Séralini et de son équipe dans le journal Food and Chemical Toxicology, nous, membres de la communauté scientifique, tenons à affirmer les points suivants.
    – D’une part, les scientifiques qui se sont exprimés sur ce sujet l’ont fait en leur nom propre et ne peuvent prétendre représenter la communauté scientifique dans son ensemble. Le fait qu’un groupe d’une douzaine de personnes prétendant représenter six académies ait décidé d’un communiqué commun sans débat est contraire au fonctionnement normal de ces institutions et interroge sur la vision de la science et de la technologie (et de leur utilité sociale) ayant présidé à une telle décision (au contraire, par exemple, du débat organisé par l’Académie des sciences dans le cadre de la polémique sur le changement climatique, à l’issue duquel la responsabilité de l’homme a été avérée).
    – D’autre part, le protocole suivi dans cette étude présente des défauts qui font débat au sein de la communauté scientifique. Mais en tout état de cause, disqualifier le protocole suivi dans le cadre de cette étude revient à disqualifier du même coup les données ayant fondé les décisions d’acceptation des OGM par les experts. Il est remarquable de voir ces mêmes experts accepter (même s’ils le critiquent parfois) un protocole expérimental quand il donne des résultats qui vont dans le sens de l’acceptation d’une technique et le démolir aussi ardemment quand les résultats vont dans le sens opposé. Ceci est à notre avis totalement contraire à toute déontologie scientifique. Nous affirmons donc que, si les observations en débat méritent d’être confirmées par des expériences de plus grande ampleur, cela s’applique également aux tests qui ont servi à autoriser toutes les plantes transgéniques actuellement sur le marché. Si toute cette histoire aboutit au moins à ce résultat, elle aura été utile.
    – Nous sommes profondément choqués de l’image de notre communauté que cette polémique donne aux citoyens. L’expertise des risques pour la santé humaine ou l’environnement est une activité difficile qui doit faire face à de nombreuses incertitudes. Beaucoup des menaces qui pèsent sur notre planète ont été révélées par des scientifiques isolés puis confirmées par des études nombreuses venues de la communauté scientifique. En l’occurrence, il serait bien plus efficace de mettre en œuvre des recherches sur les risques sanitaires et environnementaux des OGM et des pesticides, d’améliorer les protocoles toxicologiques utilisés pour leur mise sur le marché et de financer une diversité de chercheurs dans ce domaine que de créer des affrontements entre deux camps nourris de préjugés et d’idéologies. Nous pensons que notre communauté doit garder le souvenir d’erreurs passées, concernant l’amiante par exemple.
    – Enfin, nous tenons à assurer à nos concitoyens qu’il existe également, dans la communauté scientifique, un nombre important de chercheurs qui sont convaincus qu’il faut prendre au sérieux les risques associés aux technologies et qui estiment que, si les chercheurs d’une part, et les applications sociales de la science d’autre part, sont par construction liés à des idéologies, des croyances et/ou des intérêts, la démarche scientifique doit, elle, s’efforcer de rester aussi indépendante que possible pour jouer pleinement son rôle dans la société.
    (Science et conscience, Le Monde.fr | 14.11.2012)

  2. @a :

    En ce qui concerne votre @Tout lecteur, je pense que Foucart se trompe effet. En substance pour les raisons que vous dites. Foucart se trompe car il n’est pas necessaire de publier un mechanisme expliquant une observation empirique ou experimentalle, si cette observation est jugee (par les reviewers et l’editeur) d’une importance suffisante, ce qui aurait ete le cas de l’etude de Seralini si elle avait ete bien faite.

  3. @a :

    C’est bien l’ego, pas petit, dont je me moque dans la deuxieme phrase. La premiere est amusante, « voila un commentaire sur ce que je n’ai pas lu », il tire plus vite que son hombre.

  4. @Coq au vin.

    Je ne comprend pas pourquoi vous critiquez les deux phrases citées :
    – si un texte fait mine de donner l’avais des académies sans que ce soit le cas, on peut effectivement critiquer ce point sans le lire.
    – les stats sont des points importants de ce genre d’article scientifique, demander l’avis d’un statisticien n’est pas déraisonnable (tel que c’est tourné, on croit voir poindre un petit ego mais c’est une autre histoire).

    @Tout lecteur

    Je suis par contre très surpris par la réponse à cette question : « Visiteur : En quoi la démarche scientifique de Séralini est-elle contestable? ». Le fait que l’on n’ait pas d’explication n’est pas un problème dans le démarche scientifique ! Les connaissances scientifiques ne se limites pas à ce que l’on comprend, il y a aussi tout ce que l’on observe ! Confondre la science avec ce qu’elle comprend est une erreur gravissime. Au contraire, les chercheurs s’intéressent précisément à tout ce qu’ils ne connaissent pas et à tout ce qu’ils observent et qu’ils comprennent mal.

    Du coup j’ai une question : qui a formulé les réponses aux questions sur le blog cité ?

  5. Dans ce chat du Monde, Foucart, en ecrivant que le but de Seralini etait de lancer le debat, fait une rationalisation a posteriori (et se fait plaisir). Si Seralini ne voulait que lancer un debat, il aurait du le faire autrement qu’en publiant un article scientifique. Les journaux scientifiques ne sont pas des forums sociaux ou des blogs. Si son but n’etait pas de faire oeuvre scientifique, bonne ou mauvaise, il a fait du detournement de science et a abuse de la bonne volonte des editeurs et reviewers. Rien que ca devrait lui valoir une bonne volee de bois vert.

  6. « Sans même avoir lu leur déclaration, je me dois d’attirer l’attention du public .. »

    Ahahahahah 🙂 🙂

    « il aurait été normal que je sois consulté… »

    Hihihihi. Ah mais moi aussi maintenant que j’y pense !!! 🙂

    Sacre Deheuvels. Mais a part ces deux lignes absurdes je le respecte effectivement. Et pas seulement par solidarite climatosceptique. Saviez-vous chere Biosphere qu’en effet il est un de ces climatosceptiques dont vous dites pis-que-pendre a longeur de billet et dont vous doutez des vertues scientifiques (sauf aujourd’hui visiblement). Enfin qd meme bravo pour ce follow-up, c’est a votre honneur, meme si evidement un peu biaise.

  7. Par Paul Deheuvels, Membre de l’Académie des Sciences
    Je viens d’apprendre qu’un tout petit nombre de représentants des six Académies (Sciences, Médecine, Technologies,…) se sont réunis pour publier un communiqué commun concernant l’étude du professeur Séralini
    1. Les Académies ne sont pas engagées dans leur ensemble
    Sans même avoir lu leur déclaration, je me dois d’attirer l’attention du public sur le fait que le dit communiqué ne peut engager l’une ou l’autre de ces académies dans leur ensemble. En effet, un groupe d’experts a été convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment, dans une absence totale de transparence concernant le choix de ses membres, et sur la base de 2 représentants par académie. Ces personnes ont cru bon de rédiger dans un espace de temps très bref un avis très critique sur cette étude. Elles ne peuvent prétendre à elles seules incarner l’avis de l’ensemble du monde scientifique français, et ce serait une forfaiture que de le laisser croire.
    Étant le seul membre de l’Académie des sciences représentant la discipline des statistiques en tant que telle, il aurait été normal que je sois consulté, et tel n’a pas été véritablement le cas.
    Il ressort des conversations que j’ai eues a posteriori sur ce communiqué que les représentants des cinq académies mentionnés plus haut y aient critiqué la partie descriptive de l’étude du professeur Séralini, concernant les tumeurs, en lui reprochant de ne pas être significative sur le plan statistique. Ils auraient, par contre, ignoré la partie toxicologique de l’article, traitée avec sophistication par des méthodes modernes (dites de PLS). Notons que l’article de Gilles-Eric Séralini est, justement, publié dans une revue de toxicologie.
    2. Un mauvais procès fait à l’étude de Séralini
    Dans tout texte du genre, la partie descriptive se contente de décrire, sans pour autant en tirer de conclusion démontrée. C’est bien ce qui se passe ici, et je ne trouve rien à redire sur le plan professionnel à cette composante, quoi que puisse en dire le petit groupe de signataires de la motion.
    A l’inverse, la composante de toxicologie de l’article a l’immense mérite d’étudier la cohorte de données complète des analyses réalisée sur une durée d’environ 16 mois. Cette partie de l’article aboutit, quant à elle, à la mise en évidence de différences significatives sur le plan statistique, sous réserve, bien entendu, que leur traitement ait été correctement réalisé, et je ne vois aucune raison de penser que ce n’ait pas été le cas.
    On pourra m’objecter que ce sont précisément ces parties descriptives de l’article de Séralini qui ont attiré l’attention des médias, puisqu’elles parlent des tumeurs dont les animaux d’expérience ont été victimes. Ce n’est pas la question. Je pense qu’on fait à cette étude un mauvais procès, par de mauvais arguments, et avec un acharnement parfaitement suspect compte tenu des immenses intérêts financiers qui sont en jeu. Il ne s’agit pas de savoir ce qu’en pensent les médias, mais plutôt de juger la qualité technique de ce travail.
    Je tiens à dire, avec force, que l’article du professeur Séralini se situe à un niveau élevé de qualité parmi les articles de même catégorie. On ne peut lui reprocher sa valeur scientifique qui est indéniable. On ne peut l’attaquer sur sa partie descriptive qui ne cherche pas à établir des preuves, au sens statistique du terme, mais à donner une présentation lisible, purement factuelle, des résultats obtenus. Il est d’autant plus anormal que le communiqué des cinq académies ne s’intéresse guère (si mes renseignements sont corrects) à la composante toxicologique de l’analyse, qui, elle, fait usage de niveaux de confiance établis selon les règles habituelles de la statistique.
    3. Pour une saine confrontation des idées
    Je récuse donc par avance tout texte qui serait présenté au nom de cinq académies sur ce sujet, partant du fait évident que le comité qui l’a signé ne représente que lui-même, indépendamment de l’éminence de ses membres.
    C’est d’ailleurs un procédé à la limite du scandale de vouloir parler au nom de tous lorsqu’on est peu nombreux. Quelle que soit la qualité des signataires, ils expriment un avis qui ne peut prétendre constituer une vérité universelle, tant que le problème n’aura pas été véritablement discuté ouvertement, et sur le fond.
    L’article du professeur Séralini a l’immense mérite de mettre en évidence qu’il n’y a pas suffisamment d’études portant sur les effets à long terme des alimentations à base d’OGM. Au lieu de critiquer dans cette étude ce qui ne peut pas l’être, tout en omettant de l’apprécier pour sa composante authentiquement innovatrice, les organismes établis comme l’INRA ou l’ANSES, devraient entreprendre des études approfondies sur des échantillons plus nombreux. Celles-ci permettraient de sortir par le haut d’une querelle aux paramètres évidemment biaisés. Il faut que le débat d’idées ait lieu, dans le calme, et sans avoir à subir les pressions des lobbys qui s’expriment pour ou contre des opinions, sans même prendre le temps de les discuter.
    J’exprime un avis personnel, basée sur mon expérience professionnelle, et je n’insulte pas ceux qui ont une opinion contraire. L’intérêt de la science se situe, avant tout, dans une saine confrontation des idées et des arguments, qui soit, si possible, sans parti pris. On est, semble-t-il, très loin d’une telle situation, je le crains.

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/661194-l-etude-de-seralini-sur-les-ogm-pomme-de-discorde-a-l-academie-des-sciences.html

  8. Par Paul Deheuvels, Membre de l’Académie des Sciences
    Je viens d’apprendre qu’un tout petit nombre de représentants des six Académies (Sciences, Médecine, Technologies,…) se sont réunis pour publier un communiqué commun concernant l’étude du professeur Séralini
    1. Les Académies ne sont pas engagées dans leur ensemble
    Sans même avoir lu leur déclaration, je me dois d’attirer l’attention du public sur le fait que le dit communiqué ne peut engager l’une ou l’autre de ces académies dans leur ensemble. En effet, un groupe d’experts a été convoqué en urgence, on ne sait par qui, on ne sait comment, dans une absence totale de transparence concernant le choix de ses membres, et sur la base de 2 représentants par académie. Ces personnes ont cru bon de rédiger dans un espace de temps très bref un avis très critique sur cette étude. Elles ne peuvent prétendre à elles seules incarner l’avis de l’ensemble du monde scientifique français, et ce serait une forfaiture que de le laisser croire.
    Étant le seul membre de l’Académie des sciences représentant la discipline des statistiques en tant que telle, il aurait été normal que je sois consulté, et tel n’a pas été véritablement le cas.
    Il ressort des conversations que j’ai eues a posteriori sur ce communiqué que les représentants des cinq académies mentionnés plus haut y aient critiqué la partie descriptive de l’étude du professeur Séralini, concernant les tumeurs, en lui reprochant de ne pas être significative sur le plan statistique. Ils auraient, par contre, ignoré la partie toxicologique de l’article, traitée avec sophistication par des méthodes modernes (dites de PLS). Notons que l’article de Gilles-Eric Séralini est, justement, publié dans une revue de toxicologie.
    2. Un mauvais procès fait à l’étude de Séralini
    Dans tout texte du genre, la partie descriptive se contente de décrire, sans pour autant en tirer de conclusion démontrée. C’est bien ce qui se passe ici, et je ne trouve rien à redire sur le plan professionnel à cette composante, quoi que puisse en dire le petit groupe de signataires de la motion.
    A l’inverse, la composante de toxicologie de l’article a l’immense mérite d’étudier la cohorte de données complète des analyses réalisée sur une durée d’environ 16 mois. Cette partie de l’article aboutit, quant à elle, à la mise en évidence de différences significatives sur le plan statistique, sous réserve, bien entendu, que leur traitement ait été correctement réalisé, et je ne vois aucune raison de penser que ce n’ait pas été le cas.
    On pourra m’objecter que ce sont précisément ces parties descriptives de l’article de Séralini qui ont attiré l’attention des médias, puisqu’elles parlent des tumeurs dont les animaux d’expérience ont été victimes. Ce n’est pas la question. Je pense qu’on fait à cette étude un mauvais procès, par de mauvais arguments, et avec un acharnement parfaitement suspect compte tenu des immenses intérêts financiers qui sont en jeu. Il ne s’agit pas de savoir ce qu’en pensent les médias, mais plutôt de juger la qualité technique de ce travail.
    Je tiens à dire, avec force, que l’article du professeur Séralini se situe à un niveau élevé de qualité parmi les articles de même catégorie. On ne peut lui reprocher sa valeur scientifique qui est indéniable. On ne peut l’attaquer sur sa partie descriptive qui ne cherche pas à établir des preuves, au sens statistique du terme, mais à donner une présentation lisible, purement factuelle, des résultats obtenus. Il est d’autant plus anormal que le communiqué des cinq académies ne s’intéresse guère (si mes renseignements sont corrects) à la composante toxicologique de l’analyse, qui, elle, fait usage de niveaux de confiance établis selon les règles habituelles de la statistique.
    3. Pour une saine confrontation des idées
    Je récuse donc par avance tout texte qui serait présenté au nom de cinq académies sur ce sujet, partant du fait évident que le comité qui l’a signé ne représente que lui-même, indépendamment de l’éminence de ses membres.
    C’est d’ailleurs un procédé à la limite du scandale de vouloir parler au nom de tous lorsqu’on est peu nombreux. Quelle que soit la qualité des signataires, ils expriment un avis qui ne peut prétendre constituer une vérité universelle, tant que le problème n’aura pas été véritablement discuté ouvertement, et sur le fond.
    L’article du professeur Séralini a l’immense mérite de mettre en évidence qu’il n’y a pas suffisamment d’études portant sur les effets à long terme des alimentations à base d’OGM. Au lieu de critiquer dans cette étude ce qui ne peut pas l’être, tout en omettant de l’apprécier pour sa composante authentiquement innovatrice, les organismes établis comme l’INRA ou l’ANSES, devraient entreprendre des études approfondies sur des échantillons plus nombreux. Celles-ci permettraient de sortir par le haut d’une querelle aux paramètres évidemment biaisés. Il faut que le débat d’idées ait lieu, dans le calme, et sans avoir à subir les pressions des lobbys qui s’expriment pour ou contre des opinions, sans même prendre le temps de les discuter.
    J’exprime un avis personnel, basée sur mon expérience professionnelle, et je n’insulte pas ceux qui ont une opinion contraire. L’intérêt de la science se situe, avant tout, dans une saine confrontation des idées et des arguments, qui soit, si possible, sans parti pris. On est, semble-t-il, très loin d’une telle situation, je le crains.

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/661194-l-etude-de-seralini-sur-les-ogm-pomme-de-discorde-a-l-academie-des-sciences.html

  9. Nous ne sommes pas des rats !
    « Entre autres choses, l' »affaire Séralini » illustre les limites de l’évaluation des risques toxiques, telle que menée aujourd’hui sur les animaux de laboratoire. Il n’y a aucun modèle animal valable pour une autre espèce, nous ne sommes pas des rats de 70 kg ! Prenons l’exemple de l’aspirine : Avec les protocoles actuels, qui ont été développés entre les années 1920 et les années 1960 et qui ont très peu évolué depuis, l’aspirine n’aurait jamais pu être commercialisée. Cette molécule produit des malformations sur l’embryon chez le rat, la souris, le lapin, le hamster et le cochon d’Inde… et si vous exposez un rat aux doses d’aspirine couramment utilisées chez les patients humains, vous le tuez avec une probabilité de 50 %. A l’inverse, la thalidomide – prescrite comme antinauséeux aux femmes enceintes dans les années 1950 – avait été testée sur le rat sans montrer d’effets tératogènes, responsables de malformations de l’embryon. Son utilisation sur les humains s’est soldée par un scandale de grande ampleur : environ 15 000 bébés sont nés avec de graves malformations ».*
    Une autre question se pose : avons-nous le droit de disposer à notre guise d’un animal… dans un laboratoire ?
    LE MONDE | 22.10.2012, Comment le test sur les rats échoue à protéger les hommes

  10. Nous ne sommes pas des rats !
    « Entre autres choses, l' »affaire Séralini » illustre les limites de l’évaluation des risques toxiques, telle que menée aujourd’hui sur les animaux de laboratoire. Il n’y a aucun modèle animal valable pour une autre espèce, nous ne sommes pas des rats de 70 kg ! Prenons l’exemple de l’aspirine : Avec les protocoles actuels, qui ont été développés entre les années 1920 et les années 1960 et qui ont très peu évolué depuis, l’aspirine n’aurait jamais pu être commercialisée. Cette molécule produit des malformations sur l’embryon chez le rat, la souris, le lapin, le hamster et le cochon d’Inde… et si vous exposez un rat aux doses d’aspirine couramment utilisées chez les patients humains, vous le tuez avec une probabilité de 50 %. A l’inverse, la thalidomide – prescrite comme antinauséeux aux femmes enceintes dans les années 1950 – avait été testée sur le rat sans montrer d’effets tératogènes, responsables de malformations de l’embryon. Son utilisation sur les humains s’est soldée par un scandale de grande ampleur : environ 15 000 bébés sont nés avec de graves malformations ».*
    Une autre question se pose : avons-nous le droit de disposer à notre guise d’un animal… dans un laboratoire ?
    LE MONDE | 22.10.2012, Comment le test sur les rats échoue à protéger les hommes

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