nous et les générations futures

Nous, nous nous intéressons au présent. LeMonde du 7-8.09.2008 consacre ainsi une page couleur de pub à Guerlain, ce parfum homme « pour l’animal qui dort en vous ». Je ne m’interroge pas davantage sur le fait que je ne vois aucune différence animale entre un parfum homme ou femme. Car ces vaines tromperies de notre odorat animal ne sont absolument rien comparées à l’article de fond « Se souvenir des déchets nucléaires ». 

   

Les déchets hautement radioactifs et à vie longue continueront d’émettre des radionucléides pendant des centaines de milliers d’années, voire un million d’années. Les mettre en sous-sol est une chose, garder la mémoire de ce lieu maudit en est une autre. L’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs)  parie sur un cadastre qui indiquerait pour l’éternité la dangerosité du site. Encore faudrait-il écrire ce cadastre sur un papier qui tiendrait indéfiniment ; pour l’instant le papier « permanent » durerait peut-être 600 à 1000 ans seulement. Les Américains envisagent d’installer au-dessus du site d’enfouissement des figurines taillées dans le marbre, mais la pérennité n’est sans doute assurée que pour 25 000 à 50 000 ans. Encore faudra-t-il que les générations futures sachent déchiffrer nos documents ou nos objets ! La conclusion de l’Andra est dans la même lignée, absolument irréaliste : « Notre mission est de faire en sorte que les générations futures puissent faire leurs choix en toute connaissance des nôtres. » 

   Je conseille à l’Andra de dire dans plusieurs centaines de milliers d’années toute la vérité aux générations futures : en l’an 2008 après Jésus-Christ, on s’intéressait d’abord aux parfums pour hommes, pendant un mois aux Jeux Olympiques, pour quelques dizaines d’années à l’énergie « propre » du nucléaire… En résumé nous nous centrions surtout sur la vanité de notre présent. Peu importait les générations futures, demain s’occupera de lui-même !