CLIMAT, le syndrome de l’autruche

Nous ne voyons que ce que nous voulons voir. Nous sommes extraordinairement compétents pour distinguer nos alliés de nos ennemis, mais le réchauffement climatique n’est pas causé par un ennemi externe. Comme cette menace peut être interprétée de différentes façons, nous tendrons à la concevoir de la manière qui nous arrange le plus. D’un côté notre propre mode de vie et nos émissions de gaz à effet de serre sont associés dans notre esprit à notre confort et à la protection de notre famille. De l’autre les perturbations à venir du climat constituent une menace d’une ampleur qui n’a d’égale que la guerre nucléaire. Il est menaçant à tous les niveaux : pour notre habitat, notre identité, notre niveau de vie, nos attentes pour l’avenir. Il faudrait donc accepter des pertes à court terme dans notre réalité immédiate pour réduire le risque de pertes indéfinies à long terme. Le changement climatique ne porte donc aucun traits distinctifs qui mèneraient normalement notre cerveau à passer outre à nos intérêts à court terme, et nous mobilisons nos biais cognitifs pour le maintenir à l’arrière-plan.

D’abord nous sélectionnons les codes sociaux qui renforcent le plus le positionnement que nous avions préalablement choisie. C’est ce qu’on appelle la « chambre d’écho ». Nous limitons nos sources d’information à quelques médias, site, blogs ou publications qui viennent renforcer nos idées. Ce biais de confirmation est la tendance à privilégier les preuves qui étayent nos connaissances, idées et croyances préalables. Lorsque nous sommes confrontés à une nouvelle information, nous la modifions pour l’insérer au schéma pré-existant, selon une assimilation biaisée. Il n’y a même pas de rapport étroit entre l’opinion concernant le réchauffement climatique et le niveau d’intelligence. Les personnes au QI élevé utilisent leur capacité de réflexion pour créer davantage d’arguments justifiant leur conviction préexistante. Par exemple, quand le consensus scientifique de l’origine anthropique du changement climatique rassemble 97 % des scientifiques, cela ne fait que renforcer le statut des 3 % de scientifiques dissidents.

Et puis il y a « l’effet du témoin », ce qu’on appelle en France « interaction spéculaire » : plus le problème est connu par d’autres, plus nous faisons abstraction de notre bon sens et observons les comportements autour de nous pour savoir comment réagir. Ne pas être en phase avec le groupe est synonyme d’exclusion, parfois violente. Même une communauté en train de se remettre d’une catastrophe climatique fait le choix collectif de raconter des récits positifs sur l’entraide et la reconstruction, et réprime la délicate question du réchauffement climatique, qui implique de remettre en question valeurs et mode de vie. De 2005 à 2012, la région des Grandes Plaines a été, année après année, la plus touchée par des catastrophes climatiques. Pourtant, aux élections sénatoriales, tous les candidats républicains élus avaient publiquement contesté la climatologie ou rejeté des mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, de quoi sera fait l’avenir ? Le Future of Humanity Institute a réalisé un sondage auprès d’universitaires sur les risques mondiaux. Ils estiment à 19 % la probabilité que l’espèce humaine s’éteigne avant la fin de ce siècle. Selon les calculs figurant dans le rapport Stern, le risque d’extinction au cours des cent ans à venir s’élève à 9,5 %. Selon une enquête menée après de préadolescents américains, la moitié d’entre eux estiment que le monde est en chute libre et un tiers pensent qu’il n’existera plus lorsqu’ils seront adultes. L’extinction est un schéma émergent autour du changement climatique.

Synthèse de différentes pages du livre de George Marshall, Le syndrome de l’autruche (Actes sud/colibris 2017), traduit de Don’t Even Think About It, 2014

5 réflexions sur “CLIMAT, le syndrome de l’autruche”

  1. De toute façon on prêche dans le désert ! Imaginez vous une grosse manifestation place république accompagné de Mélenchon et Martine Aubry puis on scande  »On en a marre de gagner trop d’argent, de consommer trop ! Oui oui ras le bol du pognon et du pouvoir d’achat ! Le pognon ça pollue trop » ? Bon ça n’arrivera jamais ! Puis même, imaginons qu’on serait 50 millions de français dans la rue pour le faire, ça ne changera rien, ce sont les 0,01 % des individus au sommet de l’état et du Cac 40 qui décident de tout sur le modèle économique. Puis même en assassinant les 67 millions de français ça ne changerait rien sur la tendance des émissions de CO2 au niveau mondial, l’Allemagne continuera le charbon, la Chine continue d’ouvrir des centrales à charbon puis l’Inde aussi, quant aux USA il est hors de question de remettre en question leur niveau de vie.

    1. Bref les carottes seront cuites directement dans le jardin. Autrement dit, il n’y a plus d’autre choix que d’anticiper le futur climat dans les différentes régions de France puis de s’adapter en conséquence… En somme à défaut de pouvoir remédier au réchauffement climatique, il faudra en assumer les points négatifs et de trouver les points positifs du réchauffement climatique, tirer meilleur profit de la situation. Par exemple on n’aura plus besoin de chaudière pour chauffer nos logements on mettra des climatiseurs à la place.

    2. J’imagine que si… 50 millions de français étaient dans les rues, pour dire merde à tout ça… alors en rajoutant les petits gamins, les très vieux, séniles ou pas, les malades, les taulards etc. ça devrait nous en faire 67 millions. Cela voudrait dire que 99,99% des français auraient enfin compris, que le Peuple serait enfin devenu adulte. Et je ne vois pas pourquoi les autres, nos voisins pour commencer, seraient restés au stade d’andouilles. Et là, les 0.01% auraient vraiment du souci à se faire.
      Hélas je ne pense pas que je verrais ça de mon vivant. Toutefois, si on part du principe que 50 millions (ne serait-ce que 10 millions) de français dans les rues n’auraient aucun effet (ce que je ne crois pas), là aussi on fait l’autruche. Là encore on se conforte dans l’idée que ça ne sert à rien de défiler et de faire du spectacle.

      1. Oui on est 67 millions, mais je n’ai mis que 50 millions, à la louche l’ensemble des adultes… Je n’allais pas mettre des enfants/ adolescents de 0 à 15 ans et des personnes âgées de 70 + (avec azheimer /parkinson) pour risquer de perdre un œil en affrontant des Crs dans les comptes de manifestants valides !

      2. C’est toi qui nous a invité, à imaginer… non ?
        Encore faut-il avoir un peu d’imagination. 50 millions de Français dans les rues (sans compter les petits enfants et les aliénés) ça voudrait dire que quasiment TOUS les Français seraient subitement devenus adultes. Même les CRS et les fachos. Et bien sûr aussi nos voisins et les autres qui ne sont pas plus cons que la moyenne des Français. 99,99% de Sapiens enfin dignes de ce nom. Bonjour la Sagesse et adieu la Bêtise. Et la Compétition, le culte du Pognon, la Misère (misère), la haine, les violences policières, les flashballs, les borgnes, les autruches et les aveugles. Bonjour la Lucidité. Tu commences à voir, non ? Ben, tu te serais limité à 5 millions, tu restais crédible. Seulement tu as balancé cette absurdité (50) sans réfléchir. Comme d’habitude.

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