Nous sommes tous par définition des écologistes

Que répondre à des amis qui te disent : « J’espère que tu es venu nous voir en vélo ? » D’abord il ne faut pas se culpabiliser d’avoir pris sa petite voiture pour faire une assez longue distance. C’est à chaque fois un choix à arbitrer. Aller voir ses amis même quand ça nécessite un déplacement avec émissions de gaz à effet de serre ? Ne pas aller les voir, leur téléphoner de temps en temps, puis finalement les perdre de vue ? Entre Charybde et Scylla, le positionnement dépend de chacun de nous, la vie est un arbitrage permanent entre l’utile et le nécessaire, ce qu’on croit utile et ce qu’on croit nécessaire. Mais l’essentiel, c’est de ne pas en rester à l’auto-justification. Il faut renvoyer la question à son interlocuteur : « Et toi, ami, que fais-tu pour l’écologie ? »

On ne naît pas écolo, on le devient. L’équivalent de cette expression apparaît dans le texte qui accompagnait la création d’EELV (Europe Ecologie Les Verts) le 13 novembre 2010 : « Il appartient aux écologistes de montrer, y compris par leur attitude, qu’ils ne sont ni des pères fouettards ni des donneurs de leçons. Et que la vie, avec l’écologie comme colonne vertébrale, n’est pas une addition de frustrations. En cela, les écologistes ne renonceront jamais à convaincre que, si l’on ne naît pas écologiste, on peut le devenir. [Manifeste pour une société écologique] » L’origine de cette expression remonte à la phrase de la féministe Simone de Beauvoir « on ne naît pas femme, on le devient ». En effet, il n’y a pas de prédisposition génétique à avoir un statut de femme ou d’homme. C’est la société qui conditionne notre comportement. De même on ne naît pas de droite ou de gauche, on ne naît pas religieux ou athée, on ne naît pas écologiste. Tout cela résulte d’une socialisation et d’un contexte social. Ce sont des choix de vie qui nous sont apportés de l’extérieur et que nous devrions être capable de formuler de façon personnelle. Pour cela il nous faut apprendre, comprendre, réfléchir et argumenter pour évoluer…

Mais dans les faits nous sommes tous des écolos par définition. Nous sommes des êtres vivants concernés par la sauvegarde du milieu en dehors duquel aucune poursuite de la vie n’est envisageable. On peut être chrétien ou musulman, français ou étranger, marxiste ou non. On ne peut pas ne pas être écologiste, parce que nous sommes tous usagers de la maison Terre, notre maison. Nous devons tous respirer. « Respirer nous relie à l’univers. Nous partageons le même air avec l’ensemble de l’humanité. Ce médium invisible nous relie au reste du monde chaque fois que nous respirons. Nous partageons l’air avec les animaux, les oiseaux, les plantes, le monde entier en somme. N’est-ce par merveilleux de penser que nous sommes tous liés les uns aux autres par notre respiration ? L’air ne connaît nulle barrière, nulle frontière, nulle distinction ou séparation. En te concentrant sur ta respiration, tu sentiras se dissoudre en toi ce qui te sépare et t’isole de l’univers (Satish Kumar, Tu es donc je suis (une déclaration de dépendance). » Nous sommes tous complètement dépendants de cette planète. Il n’y a pas de reproches à faire à une personne qui ne se croit pas écolo, qui se veut « plus à gauche » ou à droite, plus marié que militant, plus carnivore que bio. Nous sommes des écologiste à l’état imparfait, incomplet, en devenir. Nous sommes tous à des étapes différentes sur le chemin qui mène vers un comportement à 100 % écologique. Le principal c’est de suivre la voie, chacun à son rythme, sachant qu’il nous faut accélérer car la planète ne négocie pas…

3 réflexions sur “Nous sommes tous par définition des écologistes”

  1. Bof !
    Si on est pas écolo de plein gré, ne le sera-t-on pas de force tôt ou tard ?…
    … mais à quel prix !

  2. Environnementaliste / « biosphérophile » , oui , écologiste / écologue , non (scientifiques en charge de l’ étude des équilibres entre la biosphère et le monde du vivant)

  3. Bonsoir
    Je suis d’accord : « On ne naît pas écolo, on le devient … En effet, il n’y a pas de prédisposition génétique à être écolo ou pas … Tout cela résulte d’une socialisation et d’un contexte social … si l’on ne naît pas écologiste, on peut le devenir. » Oui on peut devenir écolo, même sur le tard … regardez Mélenchon. Blague à part, on peut très bien aussi ne jamais le devenir.
    Par contre je bute avec « Mais dans les faits nous sommes tous des écolos par définition ».
    – « Nous devons tous respirer »… évidemment, les animaux aussi.
    Les animaux sont-ils écolos ? Tout dépend alors de ce qu’on entend par « écolo ».
    – « Nous sommes tous complètement dépendants de cette planète »… évidemment.
    Mais encore faut-il en être parfaitement conscient. Ne pas être dans le déni.
    L’ homme dit moderne, coupé de la nature depuis longtemps, n’a qu’à ouvrir son frigo pour manger. Les stocks de poissons diminuent… peu importe la Science nous fabriquera demain du poisson synthétique. L’eau des rivières est polluée… peu importe il y a tout plein d’eau en bouteille au supermarché. Et puis et surtout, jusque là tout va bien !
    – « Nous sommes tous à des étapes différentes sur le chemin »… bof, il sont surtout nombreux ceux qui n’ont simplement pas envie d’aller sur ce chemin, et s’ils doivent y aller, ils n’auront pas envie d’aller bien loin, ils traineront les galoches.
    En tous cas, en attendant que tout ce « joli » monde se décide, la planète se dégrade. Et lorsqu’on se sera écrasé contre le mur, on dira : « En effet… on a fait fausse route ».

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