Construire des galeries à 500 mètres sous terre, y stocker les déchets les plus dangereux produits par le parc nucléaire français et exploiter l’installation jusqu’à sa fermeture, au bout de cent cinquante ans, le pari des nucléocrates. Dans le centre d’enfouissement Cigéo doivent être entreposés, dans une couche d’argile épaisse de 150 mètres, les déchets nucléaires dits « de haute activité et de moyenne activité à vie longue », dont certains resteront radioactifs jusqu’à des centaines de milliers d’années.
lemonde.fr : Le 12 mai 2025, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) doit remettre au ministère chargé de l’industrie et de l’énergie l’évaluation actualisée du coût total du projet Cigéo, un centre industriel de stockage géologique, pour la période 2016-2170. Cela pourrait coûter entre 26,1 milliards et 37,5 milliards d’euros. Ce chiffrage ne prend pas en compte le coût associé aux déchets qui seraient produits par six, voire quatorze nouveaux réacteurs pressurisés européens (EPR), dont la construction a été annoncée par l’exécutif. Seul un laboratoire souterrain a, pour l’instant, été construit à Bure.
L’Andra a déposé, en janvier 2023, une demande d’autorisation de création du site, sur laquelle l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) devrait rendre un avis global, d’ici au début de 2026. Des consultations puis une enquête publique sont prévues. La phase d’exploitation devrait durer environ un siècle, de 2050 à 2145, la phase de démantèlement et de fermeture du site, qui sera entièrement scellé, devrait s’achever aux alentours de 2170.
Le point de vue des écologistes post-nucléaires
Krakatoe : Ça en fait des milliards. Plus les milliards pour les centrales à construire… Plus les milliards pour les centrales à démanteler, si un jour on y parvient. Eh bèh, elle est belle l’énergie nucléaire. Quand j’entends les arguments contre les renouvelables, c’est vraiment la paille dans l’œil du voisin.
Walter : Contrairement à la dette publique qu’il est toujours envisageable de réduire voire d’inverser, la production de déchets nucléaires s’accumule sans limites, alors que rien ne garantit la permanence de l’Etat et des grandes structures économiques.
HBM : Où en sont les projets de destruction des déchets transuraniens, les plus dangereux et ceux à plus grande longévité.
J-F KO : En France, on a plus de pétrole mais on aura des déchets, en veux tu, en voilà !
MakeOurPlanetGreatAgain : Des dettes et un problème à gérer pour des millénaires, voici ce qu’on laisse aux générations futures
Fouilla : « Des dettes et un problème à gérer pour des millénaires », c’est exactement ce que je pense au sujet des gaz à effet de serre disséminés pour des générations dans l’atmosphère , et aux effets néfastes pour le futur.
Géralde : et une plus grande sobriété énergétique, ça coûterait combien ?
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Des déchets nucléaires enfouis à Bure pour l’éternité… (article de 2013)
extraits : En 2013 commence le débat public sur l’enfouissement des déchets radioactifs à Bure. En 2015, ce sera une demande d’autorisation, soumise à enquête publique. Le chantier pourrait alors débuter en 2019 avec mise en service en 2025. Mais la saga a commencé bien plus tôt. Après la flambée des prix du carburant en octobre 1973, le gouvernement Messmer avait décidé unilatéralement la mise en route d’une filière électronucléaire. Mais on n’a commencé à s’intéresser aux déchets qu’en 1991 (loi Bataille). De 1991 à 2006, on devait tester trois axes, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. A l’échéance du nouveau vote au Parlement en 2006, rien n’était scientifiquement satisfaisant. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques, il n’existait ni sélection de site, ni plan d’entrepôt pour les déchets HAVL (haute activité et vie longue) et les recherches sur le site d’enfouissement à Bure dans la Meuse ne permettaient pas encore de conclure à la faisabilité du stockage géologique.Au début de l’année 2006, le président de l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) avait envoyé aux députés français le « dossier 2005 Argile » (qui traite du centre d’enfouissement à Bure) en reconnaissant qu’il n’a pas été produit de seconde version du « dossier 2005 Granite » (centre de stockage dans le granite, projet qui a été abandonné).
en savoir encore plus
février 2018, Les Zadistes à Bure, c’est un combat perdu d’avance
mars 2018, Bure et la considération du long terme
mars 2018, Pour une alternative à l’enfouissement à Bure
mars 2028, Bernard Laponche a vu le Saint Esprit au-dessus de Bure
novembre 2018, Déchets nucléaires : ça commence à cogner à Bure
Juin 2021, Le procès « Bure », politiquement manipulé
Novembre 2021, Nicolas Hulot et BURE
Octobre 2023, Les déchets nucléaires à Bure, validé ?

@ Didier BARTHES 13 mai 2025 à 21:25
Je pense que vous n’avez pas bien compris le problème. Si on n’envoie pas des hommes à 6000 mètres, on en est toutefois pas loin.
La mine (d’or) la plus profonde au monde atteint 4000 mètres. Celles de charbon dépassent largement les 1000 mètres, la mine à ciel ouvert de Bingham Canyon fait plus de 1200 mètres de profondeur. Rappelons que toute notre merde ne sera qu’à 500 mètres !
De plus vous raisonnez comme si nos futurs plus ou moins lointains descendants (espérons qu’il y en aura, des milliards et des milliards 😉 ) auront forcément, et au minimum, notre niveau de connaissances et de technologies.
Or, qui peut dire ce que sera celui des civilisations qui suivront ? ( à suivre )
(suite et fin) Les mineurs de l’Antiquité, comme ceux du Moyen-âge, faisaient-ils des études géologiques préalables ? Ceux du 18ème siècle qui creusaient à 300 mètres, ceux du 19ème à plus de 1000 mètres, avaient-ils entendu parler du plutonium ?
Quant à l‘ANDRA … cet établissement public à caractère industriel et commercial (ÉPIC) chargé de la gestion des déchets radioactifs en France … que voulez-vous qu’il nous vende de mieux, ou de plus, que des tranquillisants et des somnifères ?
La valeur 500 m a été la condition première pour rechercher une formation géologique convenant aux autres contraintes (loi Bataille). Plus profond ne permettrait pas à la roche d’évacuer la chaleur émise par les HAVL sans risquer un dommage à long terme. La comparaison avec les mines est totalement malvenue car Cigeo en est exactement le contraire, l’essentiel des techniques prévues consistant à ne laisser aucun vide après scellement des secteurs exploités. Viscéralement antinuke, j’ai pourtant participé pendant plus de 35 ans aux recherches à ce sujet, car je considère qu’il s’agit de la moins mauvaise des solutions pour sécuriser ces déchets, maintenant qu’ils sont là.
– Déchets nucléaires : le site de Bure devra tenir cent mille ans !
( futura-sciences.com )
– « Au début des années 1980, l’industrie du nucléaire et les gouvernements du monde ont commencé à se préoccuper de plus en plus de la problématique du stockage à long terme des déchets radioactifs. C’est alors qu’un nouveau domaine d’étude a vu le jour : la sémiotique nucléaire, l’étude très vaste, ésotérique et parfois surréaliste de la manière dont nous pourrons avertir les futures civilisations humaines, voire les espèces post-humaines, de la présence de notre héritage sous-terrain toxique. »
( Enfouissement des déchets nucléaires : comment prévenir les générations futures ?
.nationalgeographic.fr 4 sept. 2023 )
– Messages d’avertissement de longue durée sur les déchets nucléaires (Wikipédia)
De toutes les solutions envisagées, l’enfouissement est la moins mauvaise.
Ces couches géologiques sont extrêmement stables et leur éventuel surgissement dans cent millions d’années ne pose pas problème, les déchets seront quasi inactifs, l’humanité aura disparu et les animaux s’en sortiront très bien
Tout cela est moins dangereux que l’emprise générale de l’homme sur la planète, qui réduit tout à néant.
Désolé de n’être pas dans la bien pensance écologique, mais aujourd’hui les solutions alternatives pour produire de l’électricité sont globalement plus envahissantes et plus dangereuses que le nucléaire.
La bonne solution est l’économie d’énergie, mais difficile à faire si l’on veut à la fois assurer un confort aux gens et notamment aux plus pauvres d’entre eux.
Si l’on était beaucoup moins nombreux, on aurait pas besoin de l’électricité nucléaire..
Cette fois je ne suis pas trop d’accord avec vous. La solution la moins mauvaise… ça reste à démontrer. Pour ce qui est de la stabilité de cette couche d’argile, lire cet article :
– Stockage de déchets radioactifs dans la région de la Bure (storymaps.arcgis.com)
Espérons déjà qu’ON ne décide pas (là encore) de faire un de ces compromis à la con sur le choix de la zone. Notamment pour faire des économies de bouts de chandelles (quelques petits milliards d’euros).
Ensuite, si tout se passe bien d’ici là… à partir de 2050 et pendant environ 95 ans ON va donc stoker. Et «à l’horizon 2170» le site sera fermé. Bétonné bien comme il faut, je suppose. Espérons alors qu’ON ne sera pas en manque de béton. 🙂
(à suivre)
(suite) Bref, si tout se passe comme ON peut l’espérer… à l’horizon 2270 dans la région de Bure tout ça sera oublié. Et ailleurs ce n’est même pas la peine d’en parler. Or 2270 à l’échelle géologique, comme sur celle de la durée de vie de ces déchets, c’est demain. Espérons alors qu’ON n’aura pas la géniale idée de creuser des trous dans ce coin, pour aller y faire ou chercher je ne sais quoi.
En attendant, bien sûr qu’il faut (yaka) penser aux économies d’énergie. Et bien sûr qu’ON ferait mieux de chiffrer une plus grande sobriété énergétique (sic Géralde).
Quant au rapport entre le (Sur)Nombre et les besoins et «besoins» en électricité, je vous invite à observer l’évolution de cette consommation (en France) des années 60 à aujourd’hui. Si vous avez le temps regardez les consos pour tout le reste. (à suivre)
(et fin) Et enfin je vous rappelle que nous n’avons pas attendu d’être 8 milliards sur cette Terre pour idolâtrer ce put. de Progrès (qui progresse pour des siècles et des siècles amen), cette put. de Compétition, cette put. de Croissance etc.
L’électricité nucléaire, comme le désormais «tout électrique», Internet, l’IA, la conquête de Mars et tant d’autres aberrations (et même le Surnombre si ça peut vous faire plaisir 🙂 ) n’est que le résultat de ces croyances folles.
Bref, le Nombre de fous est une chose, celui de ceux qui arrivent encore à réfléchir en est une autre, bien plus problématique.
Pour aller creuser à cette profondeur là, il faudrait des moyens technologiques très importants et alors ceux-ci permettront inévitablement de détecter qu’il y quelque chose de particulier en cet endroit : de la radioactivité supérieure à la normale, des traces d’acier et de béton, des structures artificielles (les tunnels, même effondrés) dans la roche, il y aura aussi moult inscriptions qu’on devrait bien savoir déchiffrer, bref de quoi mettre en alerte, rassurez-vous aucun enfant n’ira, en jouant, toucher à ces lieux de stockage.
Et puis bien sûr on ne peut analyser les inconvénients du nucléaire sans les comparer à ceux des autres sources et c’est ça qui me rend plus tolérant envers cette énergie. Elle consomme moins d’espace et de ressources que les autres.
Des moyens technologiques très importants… dites-vous. Aujourd’hui ON creuse jusqu’à 6000 mètres pour pomper du pétrole. 500 mètres c’est rien.
– « Les premiers forages pétroliers connus aujourd’hui se situaient en Chine vers l’an 347. Les puits pouvaient atteindre une profondeur de 240 mètres et ont été forés à l’aide de trépans attachés à des poteaux de bambou dans l’objectif d’exploiter des puits de sel. » (Wikipédia)
Je vous laisse donc imaginer ce qui pourrait se passer dans 1000 ou 2000 ans, voire avant… si pour une raison ou une autre toutes les traces à la surface avaient disparues.
Ah non, creuser à 6 000 m ce n’est pas rien et puis remarquez qu’on envoie pas des hommes à 6 000 mètres oui mais juste des têtes de forage et qu’il faut justement des technologies très avancées pour le faire, des technologies qui seraient parfaitement à même de noter les irrégularités rencontrées (de plus les matériaux fortement radioactifs sont dans des bidons d’aciers qui ne seraient pas facile à percer.
On ne creuse pas sans avoir fait des études géologiques préalables, sauf bien sûr pour se faire une piscine personnelle mais elle a rarement 500 mètres de profondeur. J’ai rencontré les gens de l’Andra l’organisme qui s’en occupe, ce ne sont pas des plaisantins, ni des incompétents, ni des gens qui prennent la sécurité et les problèmes de long terme par dessus la jambe.