Quasiment muet sur les sujets climatiques et environnementaux lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier 2025, le premier ministre François Bayrou a en revanche lancé un acte d’accusation sévère à l’encontre de l’instance chargée de veiller à la préservation de la biodiversité et au respect du droit de l’environnement : « Quand les inspecteurs de la biodiversité viennent contrôler le fossé ou le point d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran, c’est une humiliation, et c’est donc une faute ».
Or la police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année. Bayrou ne fait que conforter les attaques contre l’OFB :
– Fin 2023 et début 2024, des personnels et des agences de l’OFB avaient été pris pour cibles lors de manifestations.
– Fin 2024, lors d’un nouveau mouvement de protestation agricole, une cinquantaine d’agressions et d’attaques ont été recensées.
– Le patron des LR à l’Assemblée, Laurent Wauquiez a réclamé que l’OFB soit « purement et simplement supprimé ».
– Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) : « halte à l’écologie punitive, halte à la tyrannie des ONG, halte au gouvernement des juges, halte aux normes restrictives adoptées en France et en Europe pour restaurer la biodiversité… »
Perrine Mouterde : Les syndicats de l’OFB appellent le 17 janvier à une grève partielle et à un vaste mouvement de contestation : « En réponse à la remise en cause incessante de nos missions et afin d’éviter de commettre des “fautes”, l’intersyndicale demande à l’ensemble des personnels de rester au bureau ». Le représentant CGT à l’OFB explique : « Le premier ministre, qui a outrepassé ses fonctions en se faisant le porte-parole de syndicats agricoles, doit se reprendre et réparer sa faute ». Un membre du Syndicat national des personnels de l’environnement (SNAPE)-FO : C »’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités ». La ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a rappelé que« si la loi doit évoluer, c’est aux parlementaires de la faire évoluer. Ce n’est pas aux agents de l’OFB de ne pas respecter la loi »
Le point de vue des écologistes biocentrés
Un premier ministre sous commandement d’un lobby agricole devenu violent, c’est du jamais vu. Ces agents contrôlent des chasseurs, des braconniers, et des agriculteurs chasseurs ; on comprend donc qu’ils soient armés. Mais Bayrou ne peut rien comprendre à la biodiversité, né dans une famille d’agriculteur, il a encore le logiciel du XXe siècle et il ne s’est intéressé qu’à sa carrière politique. La communauté scientifique qui travaille sur les enjeux environnementaux constate que, malgré l’accumulation de preuves issues de ses travaux, les récentes décisions de l’exécutif représentent des reculs majeurs dans la lutte contre la dégradation environnementale et pour la préservation de ses fonctions écologiques : pause des inventaires de zones humides, remise en cause de l’obligation d’allouer des surfaces aux haies ou les jachères, pause du plan Ecophyto, stigmatisation et désarmement envisagé de la police environnementale de l’Office français de la biodiversité, etc.
L’Agence française pour la biodiversité (AFB) n’ est entrée en fonction que depuis le 1er janvier 2017. L’Office français de la biodiversité lui succède, créé par la loi du 24 juillet 2019 ; il résulte de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
La police de la biodiversité mise en place sans moyens (janvier 2017)
extraits : L’Agence française pour la biodiversité (AFB) est entrée en fonction depuis le 1er janvier 2017. Cet établissement public devient le bras armé pour mobiliser la société civile dans la lutte contre l’érosion de la biodiversité du ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer. L’AFB, issue de la fusion de quatre organismes existants – l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux de France. Le budget est ridicule, 225 millions d’euros, soit la simple addition des crédits des organismes fusionnés. La pilule est d’autant plus amère que le gouvernement a ponctionné….
– « ON peut alors se me demander qui s’occupe finalement des plus gros pollueurs. Mais bon. »
(Esprit critique hier à 20:30)
Réponse, officielle : « la lutte contre les pollutions industrielles et le respect de la législation des installations classées sont assurés par la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) et plus précisément par le Service des risques technologiques (SRT). »
(Organisation des services d’inspection des IC – aida.ineris.fr)
Et un machin de plus. Comme quoi ce ne sont pas les défenseurs de l’environnement qui manquent. Ce qui devrait donc redonner le sourire à Monsieur Barthes (hier à 11:59). 🙂
Quoique …
– « Le service public DIRECTION GENERALE DE LA PREVENTION DES RISQUES (DGPR) a été créée le 11 janvier 1994 […] En 2022, elle était catégorisée Petite ou Moyenne Entreprise. Elle possédait 200 à 249 salariés. » (annuaire-entreprises.data.gouv.fr/)
( à suivre)
(suite et fin)
Pour comparer : L’inspection du travail compte 4 065 agents (petits veinards va !), dont 1867 agents de contrôle… pour contrôler 2 millions d’entreprises et 21,3 millions de salariés.
De son côté l’OFB compte 3 000 agents (sur l’ensemble du territoire, métropole et Outre-mer), dont environ la moitié sur le terrain (petits veinards va !) pour contrôler les chasseurs.
Ces flics en gris (dits «flics verts») représentent finalement une espèce assez récente dans nos campagnes, montagnes etc. L’OFB est toute jeune, elle est née en 2019. Peut-être faut-il alors laisser le temps au temps, pour que tout le monde s’habitue à cette grisaille.
En attendant, je me pose toutefois quelques questions. Pourquoi n’ont-ils pas la côte ?
Bien que tout le monde ne les aime pas (bien évidemment), leurs camarades en bleu, ou en noir, semblent l’avoir bien plus qu’eux. Ces gris manqueraient-ils alors de savoir faire, de pédagogie, de formation… va savoir. Autre question, et non des moindres, au sujet ce pétard à la ceinture. J’avoue que personnellement ça ne me plait pas. Tout autant que de voir ça sur certains policiers municipaux, qui se prennent alors pour des cow-boys.
En fait je pense que si ces gris passent mal, c’est seulement auprès d’une certaine population.
(à suivre)
(suite) Celle des gens qui les voient. Qui ont, ou qui peuvent, avoir affaire à eux.
C’est à dire les chasseurs, les pêcheurs, les ramasseurs de champignons, les randonneurs, et bien sûr les agriculteurs. Dit en passant, il n’y a pas que ceux-là, et notamment ces derniers, qui représentent des menaces pour la biodiversité.
Face à ces attaques… pas quand même à l’arme lourde… l’OFB précise qu’elle effectue «très peu de contrôles» du côté des agriculteurs, qu’elle s’occupe plutôt des chasseurs.
ON peut alors se me demander qui s’occupe finalement des plus gros pollueurs. Mais bon.
Quant à tous ceux qui ne les voient pas, ces gris… et dieu sait s’ils sont nombreux à vivre dans une autre grisaille, dans le béton… ceux-là en pensent juste ce qu’ils en voient à la Télé.
Ou alors rien du tout. 😉
– « Or la police de l’environnement est celle qui contrôle le plus de personnes armées chaque année. » (Biosphère)
Peut-être tout connement parce qu’une des missions de cette police est de contrôler les chasseurs. Faut voir les chiffres, comparer avec ceux de la BAC… Ceci dit cette phrase de Bayrou peut, en effet, être entendue comme une (énième) provocation. Cependant elle dit, aussi, une part de vérité.
L’OFB contrôle également les pêcheurs, pétard à la ceinture. Et même les randonneurs.
Or je n’ai jamais vu un garde d’un parc national avec un pétard à la ceinture.
Que ce soit du côté des chasseurs, des pêcheurs, des randonneurs (des agriculteurs je ne sais pas…),
du côté de «chez moi» ces flics en gris n’ont pas bonne presse. ON leur reproche notamment un certain… zèle. Que je peux personnellement con firmer. Quant aux gardes du Parc National, ils les voient d’abord marcher sur leurs plates bandes. ( à suivre)
(suite)
Quant aux (petites) phrases pour la paix des ménages… côté OFB c’est pas mal non plus :
– « Agriculteurs = dealers » : après les propos d’un de ses « flics verts », du fumier pour l’Office français de la biodiversité (centrepresseaveyron.fr/2025/01/16)
Moralité : Des cons il y en a partout ! Plus à certains endroits qu’à d’autres, certes.
Faudrait voir les chiffres… comparer avec ceux de la BAC… du RN, de la FNSEA… des chasseurs, des pêcheurs, randonneurs et j’en passe. 🙂
Les animaux sauvages ont bien peu de défenseurs et c’est la plus triste des choses
Du côté de «chez moi», pour défendre les animaux sauvages ON a les flics en gris, dits « flics verts » (l’OFB), les gardes du Parc National, l’ONF, les gendarmes, des gardes de pêche bénévoles, garde-chasses particuliers et j’en passe. Sans parler des élus ici ou là, notamment les maires, qui veillent eux aussi au respect des lois.
Et puis ON a tout un tas d’assoces labellisées « préservation de la faune sauvage ».
Et autant pour défendre la flore sauvage. Et même les champignons.
C’est y pas formidable ?
Chez moi c’est encore mieux, on a pas besoin de tout ça, sur le béton il n’y a plus de faune sauvage, personne ne l’attaque, c’est merveilleux, il y a du monde partout sur le béton à la place des arbres et des animaux.
Finalement comme ça tout le monde est con tant. J’ose toutefois espérer qu’il vous reste encore quelques pigeons, étourneaux et autres volatiles pour décorer les SUV. Et quelques assoces pour les protéger.
Les volatiles bien sûr, pas les SUV.