OGM, l’infestation de punaises

Le temps est révolu où l’Eglise dictait sa loi à la société. Or le temps est advenu où la Techno-science dicte sa loi à la société ; même en Chine, où 96 % du coton est déjà transgénique ! Ce coton Bt est efficace pour détruire une noctuelle, permettant ainsi à une niche écologique de se libérer. Comme la nature à horreur du vide, les miridés (ou punaises) deviennent une infection. On ne sait pas encore si les bénéfices sur l’exploitation du coton n’ont pas été effacés par les dégâts occasionnés sur les autres cultures (LeMonde du 15 mai). L’évaluation d’une technologie de masse ne peut donc relever que d’un contrat social, au terme d’un large débat. Pourtant, ce sont les firmes semencières qui font la loi.

Lorsqu’en 1990 l’Union Européenne adopte une directive encadrant les essais de plantes transgéniques, les experts font tout pour limiter les effets de cette directive en France. Alors que la Directive 90/220 (Art. 7) prévoyait une information et une consultation du public avant un essai en plein champ et que l’assemblée nationale avait adopté en première lecture une transposition de la directive comprenant une telle consultation du public, Axel Kahn, alors président de la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB) écrit dans LeMonde 27 mai 1992 : « Certaines des procédures envisagées dans les amendements semblent assimiler la construction d’un laboratoire de recherche à celle d’une centrale nucléaire. La conséquence inéluctable d’une telle crispation maniaque serait (…) le départ de notre pays des entreprises déterminées à relever un défi économique » Quelques semaines plus tard, le 13 juillet 1992, l’Assemblée Nationale adopte en seconde lecture une loi sur la dissémination des OGM qui est expurgée de toute consultation du public pour les essais au champ…

Loin d’être un simple problème de stratégie technico-économique entre les agricultures intensives européennes, américaines et chinoises, les plantes transgéniques posent toute une série de questions, qui sont d’ordre agronomique (gestion de filières séparées pour éviter le totalitarisme d’une technologie, etc.), environnemental (effets sur les écosystèmes et la biodiversité, etc.), sanitaire (bien que très incertains, les effets sur la santé ne sont pas sérieusement évalués) et surtout socio-économique (mise en dépendance des paysans, etc.). Les sciences sont citoyennes, ou bien elles ne sont qu’appendices de la société libérale capitaliste. Pour de plus amples informations, http://sciencescitoyennes.org/spip.php?article1442

3 réflexions sur “OGM, l’infestation de punaises”

  1. @ courbou
    Les systèmes productifs modernes des pays industrialisés s’appuient sur un nombre très réduit de variétés. Cette homogénéisation génétique tend à exposer aux maladies, puisque celles-ci ont beaucoup plus de facilité de s’étendre rapidement à une population uniforme.

    Par exemple, une grande épidémie de rouille de la feuille de maïs s’est propagée à travers les Etats-Unis en 1969-1970. C’est en ayant recours à des croisements avec des variétés traditionnelles mexicaines que cette épidémie à pu être enrayée l’année suivante.

    Or le maïs mexicain, patrimoine national et mondial, est directement menacé par l’industrialisation de la production et de la commercialisation au Mexique.

  2. @ courbou
    Les systèmes productifs modernes des pays industrialisés s’appuient sur un nombre très réduit de variétés. Cette homogénéisation génétique tend à exposer aux maladies, puisque celles-ci ont beaucoup plus de facilité de s’étendre rapidement à une population uniforme.

    Par exemple, une grande épidémie de rouille de la feuille de maïs s’est propagée à travers les Etats-Unis en 1969-1970. C’est en ayant recours à des croisements avec des variétés traditionnelles mexicaines que cette épidémie à pu être enrayée l’année suivante.

    Or le maïs mexicain, patrimoine national et mondial, est directement menacé par l’industrialisation de la production et de la commercialisation au Mexique.

  3. Franchement, tout bon jardinier sait que les maladies (viroses, champignons) sont autrement plus dangereuses que les insectes. Certaines se propagent d’une manière foudroyante et contaminent un continent en quelques années. C’est pourquoi sont conservées des variétés naturellement résistantes dont les semences peuvent être obtenues très rapidement.
    Mais dans le cas de semences OGM, il y a des essais (fort heureusement) qui doivent se dérouler sur plusieurs saisons.
    On imagine aisément la situation quand une de ces épidémies va toucher le soja ou le maïs OGM…

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