on ne voit plus les fondements biophysiques de notre survie

« Suite au réchauffement climatique, les populations voient chuter leurs rendements agricoles et sont tentées de quitter leur village pour gagner les villes. Pourtant beaucoup d’experts ès sciences humaines acceptent mal l’idée que la destinée de sociétés puisse être déterminée par des variables géophysiques non immédiatement accessibles à notre perception (…) On cherche plus volontiers les déterminants des crises sociales ou politiques dans les paramètres intrinsèques aux sociétés plutôt que dans les métamorphoses des socles matériels sur lesquels elles prospèrent… La probabilité est donc forte que nous persistions à ignorer les causes ultimes des crises que nous traversons. »* En d’autres termes, nous n’agissons pas car nous ne percevons pas les fondements écologiques de l’activité économique et les conséquences néfastes de  cette ignorance voulue.

Un chapitre** d’un livre qui vient de sortir nous montre la profondeur du désarroi qui va toucher une bonne partie de l’humanité. « Avec le réchauffement, les migrations transnationales se multiplieront, tout comme le nombre de réfugiés intérieurs, entraînant des violences au plan local comme régional. (…) Sauf exceptions assez rares, l’intelligence humaine ne semble plus admettre l’existence de limites, limites à notre reproduction, limites à nos migrations. La volonté de puissance semble avoir comme corollaire l’impuissance à regarder en face les conséquences de nos actes. On cherche à s’adapter au réchauffement climatique plutôt que de limiter nos émissions de gaz à effet de serre. C’est la marque de la société humaine actuelle de ne pas lutter sérieusement aujourd’hui contre les dérèglements environnementaux en prétextant de nos capacités d’adaptation demain. Il s’agit d’une fuite en avant ; on a adapté le milieu à nos besoins au point de le détruire, on veut maintenant s’adapter à la destruction de ce milieu. Cela ne peut mener qu’à une impasse. »**

* LE MONDE du 2-3 janvier 2014, Des variables cachées, chronique de Stéphane Foucart

** La problématique des migrations sur une planète close et saturée

in « Moins nombreux, plus heureux » (l’urgence écologique de repenser la démographie)

1 réflexion sur “on ne voit plus les fondements biophysiques de notre survie”

  1. Il est en effet étonnant de voir que dans les débats sur l’immigration est si peu souvent abordé le fait que les phénomènes migratoires sont de nature complètement différentes dès lors qu’ils se situent dans un monde saturé. Ce qui était une solution logique en un temps devient pour tous (et pour la biosphère aussi) une source de problèmes et hélas peut-être demain une source de graves conflits.

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