Ovidie, le courage du porno et il en faut

Eloïse Delsart s’est fait connaître en 1999 sous le nom d’Ovidie, alors qu’étudiante en philosophie elle venait de tourner son premier film pornographique.

Ovidie 2004 : La pornographie européenne ne sait plus quelle poudre jeter aux yeux du spectateur pour combler le récent appauvrissement de la dimension excitante des films. Disons-le clairement, le cinéma pornographique est devenu « chiant ». Pour pallier l’ennui du spectateur, les réalisateurs ont ressenti l’obligation de rajouter des artifices spectaculaires, histoire de retenir un minimum d’attention. La pénétration anale est devenue quasiment obligatoire dans chaque scène hard. ( Porno Manifesto d’Ovidie aux éditions Musardine, 2004)

Lire, Pornographie, une sexualité trop simplifiée ?

Ovidie 2023: l n’y a rien de moins sexuel, de moins érotique, qu’un tournage de film porno. Pas de séduction, pas d’envie, pas de plaisir. Juste deux personnes qui utilisent leurs corps comme des outils de travail, aussi propres et désinfectés qu’un peigne de coiffeur ou un coupe-chou de barbier. jJ’ai participé, en novembre 1999, à une émission de Mireille Dumas, « Vous avez dit porno ». Une jeune étudiante qui se dévergonde dans le X, c’était un bon sujet. Avant la diffusion, Mireille Dumas me montre le montage et, pressentant ce qui m’attend, me demande si je suis bien d’accord pour la diffusion. Je dis oui, et ma vie bascule. Tous les ennuis anticipés par Mireille Dumas arrivent. Je commence à être reconnue dans la rue, insultée. Je me brouille avec mes camarades militants antisexistes et d’extrême gauche, qui jugent que je me vends à la société du spectacle. A la fac de Tours, où je suis en deuxième année de philosophie, notre prof de grec trois jours après l’émission nous fait deux heures de cours sur la pudeur… En fait, j’ai dû arrêter mes études pendant quinze ans. Je n’imaginais pas la violence de la stigmatisation qui m’attendait. L’intime est politique, une fois de plus. #metoo a montré à quel point les agressions sexuelles étaient fréquentes. Ces hommes si nuls au lit. Maintenant, on reconstruit quoi ? Je ne sais plus. Depuis quatre ans, j’ai cessé de faire l’amour, à quelques coups de canif près. (« La chair est triste hélas », d’Ovidie, mars 2023).

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Peps72 : Eloïse Delsart partage avec Brigitte Vanmeerhaeghe (alias Brigitte Lahaie) le fait de parler librement dans l’espace médiatique de « ces choses-là » avec une grande acuité, malgré l’énorme pression sociale souvent malveillante qui pèse sur elles.

Fred et ric : C’est vraiment surprenant et pas tant que ça en même temps. On parle de sexualité , comme Maïa Mazaurette d’ailleurs, mais toujours sans parler d’Amour. Alors oui, c’est tout à fait concevable, et probablement très majoritaire tant les gens ne s’aiment pas ou peu. Car pour aimer, il faut d’abord s’aimer… Et le sexe sans cette dimension d’Amour n’a que très peu de saveur en fait.En attendant chère Eloïse ou Ovidie, soignez bien vos blessures, acceptez les, c’est une des clés.

Si Lex : Ovidie dit :« ma première relation a été marquée par un viol. J’avais 14 ans, il en avait 16. Il m’a fait boire et, parmi les gens présents ce soir-là, personne n’a levé le petit doigt. Je n’en suis sortie ni dégoûtée ni traumatisée. Mais cela m’a appris les règles du jeu avec les hommes ». En fait non. En fait « les hommes » n’agissent pas comme cela. Certains, quelques rares seulement le font, et c’est bien dommage. Votre vision de la gent masculine est faussée par cette triste expérience.

Jean-Luc S. : Visiblement, rien de neuf sous le soleil : Ovidie est très dissociée, réaction très fréquente après un viol et fréquente après le suicide de son jeune frère. Deux réactions connues : l’hyper-sexualité ou l’’hypo-sexualité. C’est exactement ça. Elle aurait simplement besoin d’une bonne thérapie. Comme beaucoup d’autres passées par là. Et il ne faut jamais projeter, c’est-à-dire faire de son cas une généralité. Certaines personnes font peu l’amour, mais d’autres le font avec joie et générosité !

Alazon : Que cette personne ait des difficultés dans sa vie personnelle et sexuelle, soit. On déplore les humiliations et violences qu’elle a subies et on lui souhaite de trouver un équilibre. Mais il ne faut pas occulter qu’elle porte des opinions potentiellement toxiques. Faire une référence de quelqu’un qui trouve les hommes nuls et le sexe sans intérêt c’est potentiellement destructeur pour les gens influençables. Et je parle en premier lieu des filles.

AuroreP : Ovidie n’est pas une féministe, elle surfe sur la vague, portée par le côté sulfureux de son passé dans le porno et cette soi-disant franchise qui ne raconte pas grand chose au final. Elle ne prend jamais position clairement contre la pornographie, la prostitution, le patriarcat, elle navigue entre deux eaux. Mais c’est plus vendeur de lui donner la parole à elle qu’aux vraies chercheuses, militantes, féministes.

Hein : Au risque de rappeler une évidence, la sexualité sexuée de nous autres mammifères a été « inventée » par la Nature, ou l’évolution si vous voulez, à une seule fin, la reproduction & la perpétuation des espèces. Au bas mot elle ne « sert » qu’à ça. Ensuite, les diverses sociétés ou religions ont statué sur la mise en pratique sociale des rapprochements entre sexes, le « codifié/encouragé » vs le « regrettable/scandaleux », & le puissant « permis/pas permis » de l’inceste… Tout cela pour dire que si toutes les cultures ont eu leurs poésies & leurs récits d’amour, même les plus puritaines, c’est en revanche une invention moderne que d’équivaloir sa sexualité privée à son « moi » – en oubliant un peu le fait que le terrain, reproductif & social, fait de nous l’inverse d’individus : juste des atomes biologico-sociaux, Schopenhauer + Durkheim – rien de personnel donc !

Lire, Le sexe/genre relève-t-il de la nature ou de la culture ?

12 réflexions sur “Ovidie, le courage du porno et il en faut”

    1. Pas mal Marcel. Seulement, comme je disais, ce n’est certainement pas dans ces métiers là qu’on trouve les plus grosses putes. Ni les pires salopes.
      En tous cas je préfère de loin cette petite blague sur les «kinesitheraputes» que toutes ces conneries débitées par notre misérable spécialiste du sujet. 🙂

  1. @ Bga80-14 mars 2023 à 1h30 du mat
    Décidément BK86 a plus que raison à ton sujet. (11 MARS 2023 À 14:25) Après les requins le porno. Encore un domaine qui n’a aucun secret pour Toi. Généralisation et déballage de clichés ridicules, pour nous «démontrer» que les prostituées sont toutes de grosses feignasses que seul le Pognon fait mouiller. Tu oublies juste que pour qu’il y ait des putes, il faut d’abord qu’il y ait des clients.
    Pour le porno c’est évidemment pareil. Il faut des cons-sots-mateurs et matrices. Là encore, qui de l’Offre et de la Demande ? Qui de la Poule et de l’Oeuf, qui de la pute et du misérable ?
    Et ne va surtout pas croire que les putes et les grosses salopes sont nécessairement des femmes. Disons plutôt des femelles. Oh que non ! À part peut-être Madame Thatcher.

    1. Ce que je veux dire étant qu’il faut arrêter de faire croire que ces prostituées ou actrices du porno sont des méga-grosses malheureuses victimes du système patriarcal, ce qui est complétement faux ! La plupart de ces filles n’arrêteront jamais la prostitution ou leur poste d’actrice porno, car primo elles l’ont choisi délibérément, personne ne les a poussées dans cette activité du sexe pour gagner de l’argent ! Deuxièmement, c’est bien le fait de gagner beaucoup d’argent rapidement (et donc fuir un travail non sexuel)qui est le moteur et la genèse de leur décision de se prostituer ou de tourner des films porno. Ce qui est donc de la paresse puisqu’il s’agit de capter beaucoup d’argent rapidement ! D’ailleurs il suffit de regarder attentivement leur train de vie ! Elles s’achètent des marques sur tous les produits (voiture, vêtements, parfum, etc) que moi même je ne pourrai jamais m’acheter en toute une vie !

    2. En attendant, des mâles en mal ou en panne de sexe ce n’est pas ça qui manque. Je vous laisse imaginer la souffrance de ces pauvres vieux garçons qui ont peur des femmes. Misère misère ! Cette fois sexuelle. Croyez-moi, le monde tournerait plus rond s’il y avait moins de frustrés. Et de frustrées, de mal baisées, de mauvaises langues etc.
      Et si à une heure et demie du matin les un(e)s et les autres dormaient ou baisaient plutôt que de raconter de conneries. Alors avant de con damner le BGA pourrait peut-être essayer d’approfondir le sujet. Oui je sais c’est certainement trop lui demander.

      1. Essayons quand même. Comme il doit probablement savoir… les mâles ont une bite à la place du cerveau. En tous cas le BGA devrait savoir que les deux sont liés. Par une sorte de boyau, comme chez les bécasses. Seulement là encore il a fallu dissocier les deux. Pour le Business. Les mâles ne consultent pas les gynécos, du moins pas encore, mais qui sait de quoi demain sera fait, misère misère. En attendant, pour régler son problème, le malheureux n’a donc plus que l’embarras du choix. D’un côté le Professeur Foldingue, spécialisé dans tout ce qui se passe sous la casquette, et de l’autre le Docteur Quéquette pour tout ce qui déconne dans le calbute.

    3. – « Donc à partir de là, il y a 2 types de prostituées/actrices » (À 11:40)
      Donc c’est comme chez les sportifs de haut niveau. D’un côté les bons, ceux qui ont su anticiper, et de l’autre les cons, qui ont tout claqué etc. C’est juste oublier que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, qu’elle nous réserve toujours de grosses surprises, aussi bien heureuses que malheureuses.

      – « Je ne serais pas arrivée là si… Si je n’avais pas participé, en novembre 1999, à une émission très regardée […] J’ai alors 19 ans […] » (Ovidie – pour Le MONDE )
      Et combien comme ça, dont la vie à basculée à cause des meRdias ? Et des réseaux. Cette pauvre Loana, à cause de cette foutue piscine, cette pauvre Mila, à cause de cette misérable «affaire d’État» etc. etc. Et dans l’autre sens tous et toutes ces misérables dont la notoriété et la fortune ne doivent absolument rien à un quelconque talent. Le hasard et le Business (le Show) vous dis-je !

  2. En Belgique, les prostitué(e)s (femmes dans une proportion de 95 %) ont les mêmes droits que les autres travailleurs indépendants, dont celui de bénéficier de la sécurité sociale, du chômage, de l’accès aux soins, d’un congé maternité, etc. On pourrait presque dire qu’elles ont une fonction de thérapeute sexuel, il suffit d’un peu de formation supplémentaire, allier le corps et l’esprit. Par contre le porno du X n’est qu’un spectacle qui peut certes exciter le voyeur mais qui ne comporte pas de versant concret, de corps à corps comme on dit.

    Quant à faire l’amour en public, autant que ce soit avec son amoureux(se) comme la philosophe Hipparchia de Maronée, car l’essentiel reste de faire l’amour par amour…

    1. C’est vrai, on accepte bien cette industrie du plaisir, pensons déjà à la restauration, à la musique etc. Mais plus proche de notre sujet aux massages etc. Alors pourquoi pas la prostitution ? Quel mal y a t-il à s’offrir du plaisir ? (Parce que je le veau bien). Et à donner du plaisir, même sans amour ? Voire à en vendre, et en faire un métier, le plus vieux du monde à ce qu’on raconte.
      Comme toujours le problème c’est l’exploitation.

  3. « Ovidie, le courage du porno et il en faut »
    C’est surtout qu’elle veut faire fructifier son minou et le rentabiliser ! C’est tout et rien d’autre ! C’est de l’argent facile accumulé et qui rapporte plus qu’une journée d’un vrai travail ! C’est comme un chien qui goûte au sang, il récidivera, ben la prostitution c’est pareil, une fois qu’elles y goûtent elles n’en sortent plus car l’argent coule à flot ! Leur motivation accumuler le plus d’argent possible en le moins de temps possible ! Une fois plongée dans la prostitution elles n’en sortent plus, car elles n’ont pas envie d’occuper un vrai travail par paresse, alors qu’elles peuvent optimiser leur pouvoir d’achat en rentabilisant le minou ! Associer le plaisir avec le pognon qui coule à flot…

    1. Même si vous leurs offrez un vrai travail, elles ne resteront pas longtemps, car elles vont faire la grimace à la fin du mois quand elles percevront leur maigre smic et même le double du smic n’y suffira pas, car elles savent qu’elles se font bien plus en une semaine de tapin. Elles ne voudront pas en sortir, car elles aiment l’argent facile en abondance tout simplement ! Alors elles retourneront sur le trottoir ou au porno ! Vous ne pourrez pas les en sortir à moins de leur offrir un boulot pas trop fatigant qui paye mieux que le trottoir ou le porno, autant dire que ça ne se présente pas souvent ce job gagné avec des statistiques dignes du loto !

    2. D’ailleurs je me souviens d’un prof de philo qui disait qu’un boulot d’ouvrier à offrir ses mains en force de travail était aussi de la prostitution, qu’il n’y avait aucune différence à offrir son sexe ou sa tête ou ses mains en force de travail pour gagner de l’argent. Enfin bref, le sens des valeurs s’est perdu depuis longtemps (mai 68 sans doute l’origine de ce prof…)

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