Pourquoi l’écoloscepticisme triomphe actuellement

Il est toujours étonnant de constater la force de l’écoloscepticisme alors que tous les indicateurs de santé de la biosphère ont viré au rouge. Stéphane Foucart se penche encore une fois sur les dessous du lobby climatosceptique* : rémunération par les entreprises, expertises bidon, désinformation virale. On retrouve parfois chez les vendus au capital les mêmes irresponsables qui ont contesté la dangerosité de l’amiante ou les effets du tabac. La routine. Mais cela ne peut expliquer entièrement la notoriété d’Allègre en France et le fait qu’un américain sur deux est aujourd’hui en désaccord sur le consensus scientifique au niveau du climat. Allons plus loin.

D’abord il est plus facile de croire qu’une réalité scientifique est controversée et incertaine plutôt que de lire les rapports officiels. Il y a en chacun de nous un paresseux qui sommeille. Ensuite les gens sont sensibles aux avantages acquis et attachés à leur confort, ils se foutent de la perte de biodiversité ou du pic pétrolier : une espèce en voie de disparition reste un concept abstrait quand on aime bien toucher le volant de sa bagnole. Il y a donc une masse de personnes qui sont prêtes à défendre bec et ongle le système actuel sans se soucier du plus long terme. Par voie de conséquence la mobilisation sur Internet des écologistes est une fraction négligeable de l’Internet global. Le peuple écolo n’existe pas encore.

En fait l’écoloscepticisme est en phase avec un système moribond. Quant tout fout le camp, les gens sont prêts à soutenir ceux qui les rassurent, l’extrême droite en France et ailleurs, le Tea Party aux USA, les marchands d’illusions. On ne veut pas imaginer le pire, on veut continuer à croire au progrès technique qui sauve, à la hausse infinie du pouvoir d’achat, au maintien de ses privilèges. Nous trouvons significatif que Josh Brecheen**, élu républicain de l’Oklahoma présente un projet de loi dans son Etat qui vise à « promouvoir une  réflexion critique dans les école sur les théories scientifiques incluant, mais sans s’y limiter, l’évolution, l’origine de la vie, le réchauffement climatique et le clonage humain. » Qu‘un candidat aux présidentielles américaines, Rick Santorum, puisse affirmer sans rire que le réchauffement climatique est « un canular » montre aussi l’ampleur de l’écoloscepticisme. Santorum, qui est un farouche partisan des énergies fossiles, a expliqué ainsi ses errements : « En tant que créatures de Dieu, nous avons été mis sur cette Terre pour exercer notre domination sur elle, pour l’utiliser et la gérer avec sagesse, mais à notre bénéfice, pas à celui de la Terre. » Où est la sagesse de quelqu’un qui vise à faire vivre nos générations futures dans un écosystème complètement déséquilibré ? Tenter d’ignorer notre dépendance, établir avec la nature un rôle de maître à esclave, a contribué à l’aliénation de l’homme lui-même.

Nous espérons qu’un jour la complicité de crimes contre l’environnement entrera dans la jurisprudence.

* LE MONDE du 18 février 2012, Le Heartland Institute, un think tank qui conteste la science climatique, est fragilisé par une fuite de documents.

NB : Le « heartland » est une idéologie selon laquelle les USA doivent dominer le monde en agissant sur ses diverses « zones ». Il est significatif qu’un institut se réclamant de cette vision impérialiste diffuse de la propagande climatosceptique.

** http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/02/14/offensive-anti-science-aux-etats-unis/

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Hollande, Sarkozy, et les boucles de rétroaction positive

Nous savons très bien décrire la catastrophe en marche, nous ne savons pas prévenir les crises. La campagne présidentielle française, qui a mis aux oubliettes la question écologique, en témoigne abondamment. Notons que LE MONDE*, qui relate la bombe à retardement que constitue le pergélisol pour le climat, se contente aussi de décrire et ne nous incite nullement à agir. Il est vrai que pour le moment, la recherche scientifique en est seulement au niveau du projet d’évaluation, MAGE21**. Notons enfin que les scientifiques du GIEC, en charge officiellement du modèle climatique, n’ont pas encore pris en compte la fonte du pergélisol !

De plus l’article de Stéphane Foucart n’aborde pas le problème sous-jacent du pergélisol, les boucles de rétroaction « positive ». Un mécanisme de rétroaction positive se produit lorsqu’un écosystème réagit à l’augmentation des températures en aggravant le phénomène perturbateur. Par exemple, comme l’eau absorbe beaucoup plus le rayonnement solaire qu’un glacier qui réfléchit la lumière, la fonte des banquises va réchauffer l’atmosphère. L’activisme de la société thermo-industrielle risque de n’être que le facteur déclenchant de l’emballement des températures, la Nature  va accélérer en retour le processus. Il existe deux exemples essentiels de rétroaction positive sur le climat :

–          Le permafrost, ce sol perpétuellement gelé des régions arctiques. Nous parlions déjà sur notre blog de bombe à retardement en août 2008.

–          L’acidification des océans conduit à la réduction de la capacité océanique à absorber le CO2 d’origine anthropique. Or cet effet tampon est loin d’être négligeable car les eaux de surface absorbent plus du tiers des rejets de gaz carbonique engendrés par la combustion des ressources fossiles. Plus l’océan est acide à cause de l’activité humaine, moins il est capable d’éponger les excès de cette activité. Un raisonnement similaire peut se faire sur les sols*** qui auront tendance, sous l’effet de l’assèchement, à relâcher du carbone au lieu d’en absorber.

Comme l’exprime un commentateur sur lemonde.fr, « Nos dirigeants prennent toutes les dispositions pour qu’une telle catastrophe arrive. La France construit une dizaine de centrales à gaz : Bouchain (510 MW), Blenod (430 MW), Martigues (930 MW) etc… de façon à obtenir une puissance de 200 GW en 2020 de thermique à flamme pour pallier à l’intermittence du renouvelable. L’Allemagne fait mieux elle construit 10 centrales au charbon et un certain nombre de centrales au gaz. L’avenir du permafrost est radieux. »

* LE MONDE du 17 février 2012, L’UE finance un projet de recherche pour mieux anticiper les effets du dégel des sols arctiques

** MAGE21, Permafrost in the Arctic and its Global Effects en the 21st Century

*** LE MONDE du 15 février 2012, Le réchauffement va empirer avec les pratiques agricoles intensives : selon un rapport du PNUE, les sols contiennent d’énormes quantités de carbone sous forme organique qui apportent des nutriments aux plantes. Cette substance décroît rapidement à cause de la déforestation et de l’agriculture intensive. Une fois convertie en dioxyde de carbone, elle contribue au réchauffement climatique. Près de 60 % du carbone emprisonné dans les sols et la végétation aurait été déjà perdu depuis le XIXe siècle.

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2020, en finir avec les Jeux Olympiques

La crise économique et la crise écologique soumettent la société du spectacle à dure épreuve. Rome retire sa candidature pour l’organisation des Jeux olympiques de 2020* pour cause de marasme économique italien. Pour l’heure, Tokyo, Madrid, Istanbul, Doha et Bakou sont les dernières villes restant en lice pour l’organisation des JO. L’Espagne est aussi en crise que l’Italie, Tokyo doit assumé les conséquences de Fukushima, reste Bakou, fief historique du pétrole russe et Doha, riche de son pétrole. C’est maintenant le pouvoir des ressources fossiles qui irrigue le sport de masse, pas les anciens pays développés.

Yves Cochet estimait en 2008, à l’époque où le baril approchait des 150 dollars, que les jeux olympiques de Londres n’auront pas lieu en 2012, crise écologique oblige. Il s’est trompé, la crise financière a occulté la crise écologique. Mais la ministre britannique chargée des Jeux déclarait en novembre 2008 : « Personne ne se doutait que la Grande-Bretagne allait  connaître l’une des pires récessions de son histoire … Si nous avions su, il est quasiment certain que nous n’aurions pas postulé. » Les JO sont d’abord et surtout une histoire de fric.

En 2016, les JO auront lieu au Brésil. Ce pays émergent croit qu’il a encore les moyens de se payer les JO pour recevoir Coca Cola, cela se fera. Mais nous estimons qu’en 2020, on considérera que pétrole et gaz doivent rester sous terre, crise écologique oblige. Les JO, fruit de la révolution industrielle et de sa société du spectacle, seront supprimés. On estimera que le monde a d’autres préoccupations que la grande messe des sponsors et des sportifs dopés. On valorisera l’activité physique de proximité si tout se passe bien, les mouvements de tanks si ça se passe mal.

* LEMONDE.FR avec AFP | 14.02.12 | JO 2020 : Rome retire sa candidature

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les experts HCB, on ne peut pas leur faire confiance

Le CCES* est composé majoritairement de porteurs d’intérêt, c’est à dire de personnes qui défendent des intérêts particuliers. Il ne peut donc exister de débat de fond sur les OGM. Les industriels et les syndicats inféodés à l’industrie agroalimentaire viennent de quitter le CCES, ne supportant pas le dialogue et le compromis. Ils n’acceptent pas qu’on « réserve une large place à la société civile et instaure un certain équilibre entre partisans et adversaires des OGM »**.  Ils ne sont pas habitués à la prise de décision commune et trouvent insupportable l’obligation de négocier. Ils sont « irrités » par la contestation et les faucheurs volontaires. Ils veulent faire directement pression sur la sphère politique. Ils veulent une gouvernance à l’ancienne, où la FNSEA copinait avec le ministère de l’agriculture dans les couloirs. Pour eux, rendre l’avis le plus éclairé possible consiste seulement à se rallier aux intérêts économiques et financiers des entreprises. Pourtant, ils sont de bonne foi !

La spécialisation à outrance de notre société fait que l’individu n’a plus une vue d’ensemble des réalités et contraintes, il ne discerne que les intérêts de sa propre chapelle. Un vrai expert, membre de la FNSEA ou de l’ANIA (Association nationale des industries agroalimentaires) devrait avoir une connaissance sociologique et pouvoir comprendre les revendications de la petite paysannerie. Il devrait intérioriser les intérêts de l’ensemble des acteurs dans et hors de la filière sans s’arc-bouter sur l’idée de « progrès technique ». Surtout il devrait comprendre que la technique simplificatrice de la manipulation génétique ne peut durablement batailler avec la complexité de la vie végétale : les prédateurs s’adaptent plus vite que nos pesticides. Faisons alliance avec les mécanismes du vivant sans vouloir imposer notre volonté de façon unilatérale.

Pour en savoir plus, dialogue avec un partisan des OGM

* CCES, Comité éthique, économique et social du Haut Conseil des biotechnologies (HCB)

** LE MONDE du 14 février 2012, Crise ouverte au Haut Conseil des biotechnologies

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déconstruction urbaine, Auchan au pilori

Depuis l’émergence des premiers centres urbains, il y a 9000 ans, l’expansion des villes prospère paradoxalement en détruisant l’environnement dont dépend sa survie. Le groupe tentaculaire Auchan veut par exemple anéantir un des derniers espaces agricoles proches de Paris, le Triangle de Gonesse* : un megacentre culturel et de loisirs sur 80 hectares, un terrain de golf de 90 ha et une zone d’activité de près de 200 ha. Auchan a succombé à la tentation du bitume. Or la terre ne se fabrique pas en usine ! On va manger quoi, venant d’où, sachant que la société du spectacle ne vit que des surplus agricoles ?

La consommation des terres agricoles s’accélère, à Gonesse ou ailleurs. Entre 1992 et 2001, alors que la population française progressait de 4 % au niveau français, la surface consacré à l’habitat individuel a augmenté de 23 %**. Une étude de l’IFEN (Institut français de l’environnement) de 2005 dénonçait le grignotage des espaces naturels du fait de l’urbanisation, des routes et autres infrastructures. Les sols à usage non agricole des humains représentaient 6,1 % du territoire en 2003 et cette emprise a augmenté de 16 % en 10 ans. C’était l’équivalent des surfaces cultivées d’un département qui disparaît tous les six ans. C’est aussi ce qui se passe dans d’autres pays.  En Egypte, les Anciens vivaient à l’orée du désert pour ne pas empiéter sur leurs terres agricoles, maintenant les masses populaires bâtissent en pleins champs cultivés malgré les interdictions : une maison démolie par les autorités sera reconstruite dans la nuit.

Les optimistes diront que les OGM vont faire fleurir les déserts, que les pauvres iront vivre sous terre, que la vie sur Mars sera bien agréable… Halte à la folie humaine ! Il n’est que temps de promouvoir la déconstruction urbaine et la disparition de ses mégastructures. Auchan est apparu, a grandi, va disparaître. L’avenir est aux magasins de proximité… comme autrefois.

* LE MONDE du 12-13 février 2012, Bataille pour les terres agricoles

** LE MONDE du 12-13 février 2012, L’étalement urbain continue de progresser

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plaisir écolo contre plaisir consumériste

Le site Citegreen.fr surfe sur le plaisir*. On donne des points pour obtenir des récompenses  à ceux qui covoiturent, troquent plutôt qu’achètent, consomment de l’énergie renouvelable…: film en vidéo à la demande, magazine téléchargé sur Mac, PC ou tablette… Ainsi va notre monde, sauver la planète en croyant se faire plaisir. Mais la société des écrans ne fait en rien avancer la cause écologique. Encore moins quand Citegreen.fr propose la « pose de vernis offerte pour l’achat d’un soin des mains » ! Il s’agit d’un effet rebond : économiser l’énergie pour consommer encore plus n’a en fait rien résolu.

Il nous faut au contraire débondir, limiter notre consommation matérielle pour agrandir notre horizon spirituel. Par exemple un « débond temporel » alloue plus de temps à la rencontre humaine, à la relation avec la nature. Des activités telles que le jardinage, la randonnée, les repas qui s’étirent en longueur, l’usage de la bicyclette réduisent le temps disponible pour d’autres activités polluantes. On ne gagne pas des points bonus, on gagne de la sérénité. Là est le véritable plaisir écolo, loin des désirs frelatés formatés par la société des marchands.

NB : C’est François Schneider qui a introduit le concept d’effet débond qui consiste à profiter des gains de productivité (performance, vitesse, etc.) en limitant voire en réduisant les besoins. La conjonction de ces deux facteurs (efficacité et limitation des besoins) amène alors un gain en termes de confort, de temps gagné pour les loisirs ou de prélèvement de ressources naturelles non-renouvelables.

Voir sur ce blog http://biosphere.blog.lemonde.fr/2010/08/15/leffet-debond-antidote-a-leffet-rebond/

* LE MONDE du 14 février 2012, Les écoresponsables récompensés

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dur pour un écolo de refuser de trinquer ?

Hervé Kempf s’interroge : « Ah ! qu’il est dur d’être écologiste ! ». Il imagine les qualificatifs donnés aux écolos qui parlent du vin, graduant les transformations de l’état mental selon la sobriété, l’ébriété, l’euphorie ou l’ivresse. Mais il réconcilie tout le monde, « célébrons l’Europe, et buvons bio » ! Le Comité européen de l’agriculture biologique vient en effet de se mettre d’accord sur les règles concernant le vin biologique : on baisse la quantité admissible de sulfites. Dans cette chronique*, Hervé Kempf n’est à notre goût pas assez écolo. Pas de vin, buvons bio, buvons de l’eau. Pourquoi ?
Une seule goutte d’alcool n’apporte rien à l’organisme : l’abstinence totale n’est donc pas un vice, tout au contraire. Rappelons que l’absence d’alcool est absolument nécessaire pendant la période de grossesse pour éviter un retard mental de l’enfant. Rappelons que l’alcoolisme entraîne 45 000 décès annuels en France et expose 5 millions de personnes à des difficultés médicales, psychologiques et médico-sociales. Et puis la monoculture de la vigne ne prend pas soin du sol, le rendement de la vigne baisse dans certains endroits en France de 2,5 % chaque année. Il s’est formé une croûte calcaire de 20 à 40 centimètres. Tout se passe comme si le processus classique de formation de la terre s’inversait ; au lieu que la roche se transforme sous l’effet de la faune et de la flore, le sol a évolué de façon régressive, s’est durci, est devenu roche. Dernier problème, et pas le moindre, les vignes empiètent tant sur les autres cultures que sur l’espace nécessaire pour assurer la biodiversité.
Oui, il est dur d’être écolo car il nous faut aller à contre-courant en France, pays du vin ! C’est dur, il s’agit de refuser le bio qui ne correspond pas à un réel besoin . C’est dur, il s’agit souvent de renoncer à ses propres habitudes culturelles, inscrites dans son milieu familial : ni vin vieux, ni digestif. C’est dur, il s’agit de refuser l’apéritif offert quand on est invité par des amis. C’est dur, il s’agit d’avoir une pensée élargie, refuser l’alcool dans notre verre et aussi l’alcool dans les moteurs. C’est dur, il s’agit de combattre les lobbies de l’alcool, tellement influents auprès des parlementaires. Mais si c’est dur d’être écolo, c’est d’autant plus palpitant.
* LE MONDE du 11-12 février 2012, chronique écologie, Splendeur et félicité

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le programme d’Eva Joly et l’état d’urgence

La candidate de l’écologie Eva Joly a présenté samedi 11 février son projet pour l’élection présidentielle. Tout de suite un commentateur s’exclame : « Tout cela n’est pas crédible parce que les réalités économiques et financières sont niées. » Un peu léger quand on sait que notre société thermo-industrielle nie complètement la réalité écologique, épuisement des ressources fossiles, réchauffement climatique, stress hydrique, etc. Comme l’analyse Jean-Marc Jancovici, « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. » Soyons plus précis. Si Eva Joly reprend l’idée d’une transition écologique*, on ne peut pas dire que les remèdes préconisés sont à la mesure de l’urgence : « 160 000 logements sociaux, moratoire sur les augmentations de loyer, économie verte créatrice d’un million d’emplois, retraite à 60 ans sans décote, augmentation de 50 % de tous les minima sociaux… » Eva Joly fait surtout du social, pas tellement de l’écologie. Quel devrait être son programme ?

Ce programme serait conforme à ce qu’on peut attendre d’un état de guerre. Il y a un exemple historique. Après Pearl Harbour, le président Roosevelt annonce le 6 janvier 1942 un arrêt de la production de voitures qui durera jusqu’à la fin 1944. La vente de véhicules à usage privé a été interdite, ainsi que la conduite de loisir. La construction de maisons et d’autoroutes a été stoppée. Les gens se sont rapidement mis à recycler tout ce qui pouvait l’être, avant de se lancer dans l’autoproduction alimentaire dans les « jardins de la victoire ». Aujourd’hui ce n’est pas la guerre entre humains, mais entre les humains et la planète. Voici une version moderne du plan Roosevelt adaptée à l’état d’urgence écologique :

1) sur l’alimentation : inutile de parler  de souveraineté alimentaire tant que la nourriture sera issue de l’agroalimentaire mondialisé. Au-delà des objectifs nationaux d’une agriculture bio, le gouvernement soutiendra toutes les tentatives décentralisées d’autonomie agricole, circuits courts, AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), jardins partagés, reconstitution des ceintures maraîchères… Le régime excessivement carné sera modifié. Le lundi végétarien sera imposé dans la restauration collective. La taxe carbone, une des principales mesures mises en place dans le premier budget de notre quinquennat, portera aussi sur les émissions de gaz à effet de serre de l’élevage.

Nous allons promouvoir dans chaque commune et dans chaque territoire la constitution de communautés de résilience. Il s’agit de constituer au niveau local un plan de descente énergétique qui permette de résister aux chocs provoqués par les jumeaux de l’hydrocarbure, le pic pétrolier et le réchauffement climatique. Il s’agit de promouvoir la transition entre une époque d’énergie non renouvelable gaspillée en moins de deux siècles seulement et une période durable où les seules énergies utilisées seront renouvelables.

2) sur les déplacements : inutile de parler de transports en commun tant que la voiture individuelle est généralisée. Notre objectif est d’éradiquer la voiture dans les dix ans qui viennent. Nous promulguerons des mesures progressives qui incitera homo mobilis à changer rapidement de comportement. Dans un premier temps, obligation de ne fabriquer et vendre que des voitures de petite cylindrée. La vitesse de circulation baissera de 10 km/h fin 2012, puis par tranche similaire les années suivantes. La circulation « seul au volant » sera interdite, le covoiturage devenant une pratique généralisée.

Il est bien évident que les quads, bateaux de plaisance à moteurs et autres gadgets motorisés seront interdits de circulation avant 2015. Le moyen idéal de déplacements est la marche et le vélo, la rame et la voile.

3) sur l’habitat : inutile de parler de logements sociaux tant que l’emploi n’est pas fourni en même temps. La population doit apprendre à partager l’espace et l’emploi. Dès le débat du quinquennat, aucun étalement urbain ne sera toléré. Nous devrons nous habituer à des logements moins grands et plus faciles à chauffer. Les grands appartements seront divisés, les résidences secondaires réquisitionnées.

Notre crise économique est structurelle, cachée à l’heure actuelle par le surendettement qui a permis une surconsommation. Une politique de vérité doit dire qu’une grande partie des emplois sont inutiles, parasitaires, voués à disparaître dès l’apparition d’une récession durable. Le nombre d’heures de travail sera revu à la baisse entreprises par entreprises. Il faudra accepter de gagner moins, le niveau de vie moyen en France est largement au-dessus des possibilités de la planète. Les métiers de proximité, la paysannerie et l’artisanat seront les piliers de la société de demain. Etc., etc.

Les Khmers verts au pouvoir ? Non, notre programme est conforme à l’état d’urgence que les écolosceptiques en général et les climatosceptiques en particulier ont préparé par leurs agissements, niant la réalité de la crise écologique. Notre programme explicite clairement une réalité incontournable : nous avons dépassé les limites de la planète et nous avons formaté la population à oublier le sens des limites. La taxe carbone généralisée sera un moyen de retrouver la vérité des prix. La suppression immédiate de toute publicité permettra de redéfinir la réalité de nos besoins. Nous voulons la sécurité, pas le chaos. Nous voulons une société de citoyens heureux de prendre leur responsabilité. Nos mots d’ordre sont conviviaux, « moins de biens, plus de liens », « moins vite mais plus ludique », « moins loin car le bonheur est dans le près »… Nous n’avons besoin que d’une chose, votre enthousiasme pour notre programme, pour un programme qui sera le vôtre…

* http://election-presidentielle-2012/article/2012/02/11/la-liste-des-propositions-d-eva-joly_1642142_1471069.html#ens_id=1318702

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la nullité des propos de Gérard Mestrallet

Le problème de nos sociétés à la spécialisation professionnelle trop avancée, c’est que chacun défend son métier ou son entreprise sans pouvoir prendre de distance. D’où des propos limités, si ce n’est mensongers. Ainsi de Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, un financier à 3,3 millions d’euros de revenus en 2010. Que c’est bon la fusion du groupe privé Suez de Mestrallet et un service public comme Gaz de France. Miam, miam. Mestrallet* met en garde au sujet de l’éolien et du solaire, qu’il juge plus coûteux que son salaire. Analysons :

«  Le nucléaire a toujours sa place dans le mix énergétique. »

Notons que la filiale électrique de Suez (Electrabel) est un partenaire d’EDF de longue date, que Suez a des participations croisées dans des centrales nucléaires en France et en Belgique, que Suez souhaitait aussi participer au programme de réacteur nucléaire EPR. Voici pourquoi celui qui était PDG de la banque d’investissement Suez soutient le nucléaire : par intérêt d’entreprise !

« On a trop tendance en Europe à croire que les énergies renouvelables vont se substituer au nucléaire. »

Le nucléaire est une source d’énergie non renouvelable, Mestrallet raisonne sur le court terme. Car il est obligatoire dans le long terme de calquer nos besoins uniquement sur les énergies renouvelables. Notons d’ailleurs que la France n’a ni charbon, ni pétrole, ni gaz… ni uranium. La France est contrainte, elle a déjà utilisé toutes les ressources du sol français,.

« Dans de nombreux pays, le gaz va prendre la place occupée par le nucléaire. »

Mondialement les ressources d’uranium ne dépassent pas 60 ans, le gaz conventionnel pas beaucoup plus de cinquante ans.

« Le gaz est une énergie propre et sûre en termes d’approvisionnement grâce à la diversité des sources. »

Le gaz n’est pas une énergie propre, elle émet moins de gaz à effet de serre que le pétrole, mais elle en émet pas mal. Le gaz n’est pas une énergie sûre, la Russie peut couper du jour au lendemain le robinet des gazoducs, elle l’a déjà fait.

«  Il faudra rouvrir le  dossier des gaz de schistes et l’extraire… La France dispose des plus grandes réserves de gaz non-conventionnel d’Europe. »

Mestrallet est l’exemple type du prédateur absolu. Il veut sucer le sang de la terre jusqu’à la dernière goutte. Il s’en fout des conséquences lointaines, il vit au jour le jour pour son objectif immédiat, fournir du gaz.

« Les énergies renouvelables sont plus coûteuses que les autres formes de production d’électricité. »

Mestrallet ne doit pas avoir  lu le dernier rapport montrant que le coût du nucléaire est largement minimisé. De toute façon l’électricité produite par le charbon, le gaz ou le pétrole ne tient pas compte que ces sources d’énergie non renouvelables ont été mises à disposition « gratuitement » par la nature. Or rien n’est véritablement gratuit dans la nature, nous payons le prix de la combustion des ressources fossiles par le réchauffement climatique.

« Privilégier les énergies renouvelables pénaliserait notre compétitivité… L’énergie [bon marché] est nécessaire pour la croissance et pour l’emploi. »

Comme chacun sait, Mestrallet ne pense qu’aux « trois milliards d’êtres humains qui vivent avec moins de 2 euros par jour »** et qui ont donc énormément besoin de croissance économique. Comme tous ces prêcheurs pour leur propre paroisse, Mestrallet veut nous faire croire que la croissance infinie sur une planète dont on a  déjà dépassé la capacité de charge est encore possible ! Comme chacun sait, Mestrallet pense qu’« Il y a urgence écologique pour la sauvegarde de notre planète et le futur de nos enfants. La croissance économique fondée sur l’utilisation massive de ressources n’est plus possible. »***  Très bien, très bien, Gérard Mestrallet, tu as tout compris. Malheureusement ce PDG ajoutait tout de suite : « Pourtant, renoncer à la croissance économique est impossible. » Les contradictions n’étouffent pas Mestrallet, ses propos sont d’une nullité affligeante.

* LE MONDE du 7 février 2012, « Privilégier les énergies renouvelables pénaliserait notre compétitivité »

** LE MONDE « Argent ! » du 1er avril 2007

*** LE MONDE du 21 décembre 2007

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en Grèce, vivre avec moins, le bonheur !

Techniquement, il n’y a aucune différence entre une récession économique et la décroissance voulue. Mais la première est mal vécue tandis que la seconde constitue une voie d’avenir qui s’inscrit déjà dans la réalité. En Grèce par exemple, la décroissance a rencontré la crise. Elle a beaucoup d’adeptes contraints, dont les revenus se sont effondrés, et qui n’ont pas d’autre choix, et quelques partisans, qui y voient un moyen de vivre différemment. Les Grecs ne sont pas devenus par miracle des adeptes de la décroissance, mais ils doivent désormais faire avec 50 % de moins !

Avant la crise, les Grecs avaient vraiment trop de choses, la crise commence à changer les façons de penser et d’acheter. Nous n’avons pas besoin d’avoir dix pulls et dix paires de chaussures. Il n’y a pas besoin de posséder beaucoup pour être heureux. Kostas et Fotini apprennent à un public de plus en plus nombreux à utiliser l’énergie du soleil et du vent et à cultiver son jardin dans la cité. D’autres proposent des cours pour apprendre à consommer moins d’énergie ou à cultiver bio. Chacun est amené à utiliser les ressources qui sont directement à sa disposition, en Grèce on n’attend plus rien de l’Etat.

Le troc se fait au grand jour, on habille le jeune enfant dans un magasin en apportant les vêtements devenus trop petits. On peut créer des banques sans argent, des banques de temps. Le principe est simple. Tu indiques en ligne les services que tu veux rendre et ceux dont tu as besoin. Si quelqu’un utilise une heure de service, elle est débitée de son compte-temps, tandis que celui qui a rendu un service ou a transmis un savoir bénéficie d’une heure de crédit. Le système doit garder son équilibre pour chaque personne. Contre ceux qui veulent prendre et prendre sans rien donner en échange, il est impossible d’avoir plus de trente heures de débit. La banque de temps évite ainsi le surendettement qui a plombé la Grèce. L’heure d’un médecin ne vaut pas plus que celle d’une femme au foyer : le principe, c’est que toutes les heures sont égales. Cela permet de créer de la solidarité. Quand quelqu’un que vous ne connaissez pas vous propose le service dont vous avez besoin, ça vous rend heureux…

NB : tous les éléments du discours ci-dessus sont extraits du MONDE du 10 février 2012, Vivre en décroissance… Nous avons sur ce blog fait plusieurs fois la distinction entre décroissance subie et voulue. La récession en Grèce donne raison aux objecteurs de croissance. Et comme la récession est vouée à se généraliser…

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un seul ver de terre vaut autant que le tigre

WWF (le spécialiste du panda) ou l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) privilégient des espèces emblématiques. On abandonne à leur sort ce qui n’est pas jugé gros et mignon : l’ours polaire attire plus l’attention que le ver de terre. Les grands prédateurs sont à l’image de l’homme, ils focalisent la sensibilité, donc les financements. Encore une dizaine de millions d’euros* qui viennent s’ajouter aux autres depuis des dizaines d’années pour des résultats insignifiants. Or l’équilibre de la biosphère tient non seulement à la richesse en espèces animales d’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire, mais aussi au nombre de ver de terre et aux microbes. Charles Darwin a fait un récit fascinant sur le ver de terre qui participe activement à la vie complexe du sol. L’humus, qui résulte du processus croissance et décomposition, peut aussi être considéré comme un être vivant. Sans humus et ver de terre, il n’y a plus d’agriculture productive, il y a la famine. Or nous détruisons l’humus et les vers de terre aussi bien que les tigres. Chaque fois que vous mettez un grain de potasse sur un ver de terre, il est mort. Il faut prendre le point de vue des défenseurs de la nature pour qui toutes les espèces même les plus humbles sont essentielles.

Le problème de fond, c’est que les ONG comme WWF ou l’UICN veulent inciter les entreprises privées à contribuer à un fonds mondial pour la conservation des espèces. Autant dire au bourreau de ne pas faire son œuvre ! Nous devrions tous savoir que la perte de biodiversité est le fait de l’expansionnisme humain. Il faut donc limiter les activités humaines, donc limiter l’emprise des entreprises, mais pas seulement. La croissance de l’urbanisation, la multiplication des voitures et de leurs autoroutes, tout contribue à réduire l’habitat des autres espèces. La croissance de l’espèce humaine (1 milliard d’êtres humains ces 12 dernières années) a aussi pour conséquence l’élimination programmée de la biodiversité.

Il faut que WWF et UICN disent haut et fort que les humains sont responsables et coupables et qu’ils doivent changer, retrouver l’humilité, retrouver l’humus de la Terre. La simple défense des espèces emblématiques ne peut nous faire prendre conscience de la chose.

* L’UICN) s’apprête à lancer son programme SOS (Save Our Species, Sauvons nos espèces). Une initiative lancée en collaboration avec la Banque mondiale, le Fonds pour l’environnement mondial qui réunit déjà la somme de 13 millions de dollars (9,9 millions d’euros)

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la civilisation selon Guéant, nous n’en voulons pas !

Contrairement aux propos* du ministre de l’intérieur Claude Guéant, toutes les civilisations se valent au regard de leurs propres critères dont il est impossible de juger de l’extérieur. Guéant n’a rien compris au message de l’autre Claude, Lévi-Strauss, « L’ethnographie cherche à connaître et à juger l’homme d’un point de vue suffisamment élevé et éloigné pour l’abstraire des contingences particulières de telle société ou telle civilisation… Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités ouvertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent. »**

Quant à l’exemple fourni par Guéant, l’interdiction du voile intégral, c’est une atteinte au principe de laïcité qui veut que l’Etat n’interfère pas avec les pratiques religieuses que ne porte pas atteinte à l’espace public. La burqa, c’est rigolo vu de l’extérieur. Vu de l’intérieur, cela regarde la femme qui le porte. Il en est du choc des civilisations comme des pratiques individuelles, à force de vouloir stigmatiser l’autre, on ne fait  que préparer une société totalitaire. Il est d’ailleurs troublant que Guéant utilise pour d’autres les qualificatifs qui s’appliquent à lui-même : « bafoue les libertés individuelles et politiques, permet la tyrannie, acceptent la haine sociale. » Guéant ne défend pas l’humanité, il défend un système, le système Sarkozy.

De son côté, Lévi-Strauss porte une condamnation sans faille de la civilisation des principes républicains : « Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Aujourd’hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions, où l’Asie tout entière prend le visage d’une zone maladive, où les bidonvilles rongent l’Afrique, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette civilisation occidentale n’a pas réussi à créer des merveilles sans contre-parties négatives. Ce que d’abord vous nous montrez, voyages, c’est notre ordure lancée au visage de l’humanité. »

Au regard des principes de respect des autres, la civilisation policière et raciste de Guéant n’est même pas républicaine. Au regard des limites de la biosphère que la civilisation occidentale a allègrement piétiné, nous pouvons ajouter que cette pustule historique, capitaliste et thermo-industrielle, est vouée à l’effondrement prochain.

* lors d’un colloque organisé par l’association étudiante de droite UNI

** Tristes tropiques de Lévi-Strauss (édition Plon, 1955)

LEMONDE.FR avec AFP | 05.02.12 | Claude Guéant persiste et réaffirme que « toutes les cultures ne se valent pas »

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pic pétrolier, pic de la mondialisation, pic de notre civilisation

Le pic pétrolier ne signifie pas que le monde soit à court de pétrole. Cette expression décrit le moment où la production pétrolière ne peut plus augmenter. A ce moment, il reste encore beaucoup de pétrole. Mais il est tout simplement beaucoup plus difficile à découvrir et à extraire, ce qui signifie qu’il devient très ardu, voire impossible, d’accroître la production mondiale. L’offre reste stable pendant un temps (en plateau), puis finit par entrer en phase de déclin terminal. La perspective du pic pétrolier n’est plus une théorie marginale soutenue par quelques alarmistes. C’est une réalité géologique. Compte tenu du rôle fondamental du pétrole dans nos économies, cela signifie le début d’une nouvelle ère dans l’histoire humaine.

Face à une production pétrolière stagnante, la demande continue de croître considérablement : La Chine, l’Inde, la Russie… , ce qui implique une concurrence croissante pour accéder à une offre limitée. Les principes économiques de base indiquent qu’avec une offre qui stagne et une demande qui augmente, le pétrole va devenir beaucoup plus cher – une configuration qui est déjà à l’œuvre. Le problème du pic pétrolier, par conséquent, n’est pas que nous soyons à court de pétrole, mais que nous soyons déjà à court de pétrole bon marché. Actuellement, le monde consomme environ 89 millions de barils par jour, soit 32 milliards de barils par an. Ces chiffres stupéfiants expliquent pourquoi le pétrole est comparé à un élément vital de la civilisation industrielle. Comme pratiquement tous les produits d’aujourd’hui sont dépendants du pétrole, l’âge du pétrole cher renchérira les prix des marchés du commerce mondial. Le pic pétrolier se traduira donc probablement par un « pic de la mondialisation ». Certains spécialistes de l’énergie estiment même que le pic pétrolier pourrait signifier la « fin de la croissance économique », car les économies ont besoin d’énergie bon marché pour se développer. Ce qui pourrait bien provoquer une relocalisation des économies – non pas en raison de décisions de responsables politiques, ni d’une revendication citoyenne – mais simplement comme la conséquence de marchés réagissant à la hausse des cours du pétrole.

L’avenir ne ressemblera en rien au passé, et nous devrions nous préparer à cela – psychologiquement, socialement, économiquement et politiquement. La montée des sociétés de consommation depuis la révolution industrielle n’a été possible qu’en raison de l’abondance des combustibles fossiles bon marché. A titre d’exemple, en l’absence de pétrole, l’australien moyen devrait mobiliser environ 130 « esclaves énergétiques », travaillant huit heures par jour, pour maintenir son style de vie. Les consommateurs du monde entier devraient commencer à se préparer à une forte révision à la baisse de ces styles de vie si intensifs en énergie et ressources qui sont largement prisés aujourd’hui. Bien que l’exigence de consommer moins de choses provoquera un grand – et désagréable – choc culturel pour tous ceux qui ne l’ont pas anticipé, on pourrait bénéficier de cette transition en adoptant volontairement un mode de vie plus simple. Consommer moins, vivre plus. Cela vaut la peine d’y réfléchir.

Nous devons réinventer une « bonne vie », au-delà de la culture du consumérisme. Si nous attendons que le consumérisme soit abandonné sous la contrainte des circonstances, la transition vers l’après ne sera pas une bénédiction mais une malédiction.

Samuel Alexander, Sydney Morning Herald, 11 janvier 2012

Le Dr Samuel Alexander est co-directeur du Simplicity Institute (www.simplicityinstitute.org), un institut de recherche qui traite des questions liées à la consommation durable, au pic pétrolier et à l’économie post-croissance.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3163

 

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mieux vaudrait vivre au paléolithique

Un Bochiman, chasseur-cueilleur du Kalahari, a une espérance de vie en bonne santé meilleure que la nôtre. Les caries dentaires, presque inconnues chez les populations de chasseurs-cueilleurs du paléolithique supérieur, commencent à apparaître au début de l’holocène, il y a quelque 11 000 ans, avec la révolution néolithique. Marqué par la sédentarisation, l’augmentation de la démographie et l’apparition des strates sociales, la transition nutritionnelle du néolithique a également des effets sanitaires. Marquée par la maîtrise de l’élevage et de l’agriculture, cette « révolution » a vu l’augmentation rapide et inédite de la quantité de sucres dits « lents » dans l’alimentation, offerts par les céréales nouvellement domestiquées. Jamais en tout cas, depuis l’émergence de notre espèce, il y a 200 000 ans environ, Homo sapiens n’avait globalement été soumis à un régime alimentaire aussi riche en glucides. Outre l’apparition des caries, il y a un déclin général de la stature et de la taille de la dentition. Le tout associé à un déclin général de l’état de santé des individus, comme cela est suggéré par les restes humains.

L’alimentation n’est pas seule en cause. Le néolithique est aussi la période qui voit apparaître des troubles musculo-squelettiques. L’agriculture ne change pas seulement l’alimentation des hommes : elle les contraint aussi aux servitudes nouvelles de tâches répétitives et pénibles. Les temps modernes ne font qu’amplifier ces problèmes. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Stéphane Foucart dans LE MONDE* !

Pour une fois, le journaliste fait son travail, aujourd’hui ce n’est pas beaucoup mieux qu’à l’âge de pierre ! Si ce n’est bien plus mal : « Les troubles métaboliques liés à la sédentarité et à une alimentation trop riche en graisses et en sucres ont un énorme impact sanitaire et favorisent les maladies non transmissibles, qui provoquent plus de 35 millions de morts par an dans le monde, soit davantage que les maladies infectieuses. »** Vivement l’effondrement de la société thermo-industrielle et le retour au paléolithique !

* LE MONDE du 3 février 2012, L’apparition des premières  caries, il y a quelque 11 000 ans…

** LE MONDE du 3 février 2012, Trop de sucre nuit gravement à la santé

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vente en Rafale, célébrée par Stéphane Lauer

Stéphane Lauer* est dithyrambique : « Faute de commandes à l’exportation, le Rafale plombait la loi de programmation militaire. Ne boudons pas la bonne nouvelle, la perspective de cette commande indienne (de 126 avions Rafale) permettrait de décaler l’achat par l’armée française de 18 chasseurs, l’équivalent de 1,8 milliards d’euros. » Sachant au total que la France serait équipée de 286 appareils pour une facture de 43,6 milliards d’euros, une vraie bénédiction !

Ainsi va notre monde qui se glorifie de la multiplication d’engins de destruction, même dans un pays comme l’Inde qui se disait à une autre époque adepte de la non-violence. La France ne change pas, toujours aussi dénuée de scrupules. Le 10 avril 1970, Michel Debré écrivait déjà dans Sud-Ouest : « Si la France a une grande industrie aéronautique, atomique, électronique, c’est uniquement – je dis bien uniquement – du à l’importance des dépenses dans le domaine de l’armement… Le coût des équipements militaires est tel qu’il n’y a rentabilité que dans la mesure où on vend des armes à l’extérieur. » Je trouve cela absurde, une France « humaniste » qui vend des armes à l’Inde qui, un jour ou l’autre, peut s’étriper avec le Pakistan ou même la Chine  ! Je trouve abominable qu’un budget puisse programmer plus de 43 milliards d’euros de dépenses inutiles au lieu d’aider à combattre la pauvreté en Inde ou au Pakistan.

Je rappelle ces deux évidences : « La guerre, c’est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas » ; «  La guerre, c’est tuer les uns avec ce qui pourrait faire vivre les autres. » Seul le refus de l’usage collectif des armes mériterait les louanges de la part d’un journaliste responsable…

* LE MONDE du 2 février 2012, chronique La victoire sans chanter

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les coûts cachés du nucléaire, l’oubli des générations futures

Le rapport de la Cour des comptes sur les coûts passés, présents et futurs de la production d’électricité nucléaire en France a ceci de particulier qu’il ne vient qu’après des décennies de production. C’est significatif d’une absence totale de prévision, on produit d’abord, on se préoccupe ensuite des conséquences… quand on y est obligé. Ce phénomène n’est pas propre à l’industrie nucléaire, mais le problème supplémentaire est l’échelle de temps. Berkeley*, la première centrale britannique ouverte en 1962, a été fermée en 1989 et il faut attendre fin 2010, après moult péripéties, pour la mise sous scellés des deux réacteurs. Reste, à partir de 2074, à transférer les déchets radioactifs dans un lieu de stockage géologique profond… qui n’existe pas encore. Cent vingt-deux ans se seront écoulés entre le début de la construction et une conclusion qui n’est même pas finale.

Le nucléaire présuppose une société riche et stable sur le long terme, ce qui n’est pas le cas. Nul ne sait si la Grande-Bretagne ne sera pas à feu et à sang dans dix ou trente ans, après une crise socio-économique et écologique qui balayerait la planète. Qui voudra alors se charger des déchets radioactifs ? Car la planète est déjà à bout de souffle. Un rapport indique que nos modèles de développement ne sont tout simplement pas compatibles avec les limites de la planète**. Et la prépondérance du court terme dans les négociations internationales laisse déjà prévoir que Rio + 20 parlera de tout et n’aboutira à rien. Notre société thermo-industrielle au sommet de sa puissance financière et technologique n’est pas capable de traiter à l’heure actuelle les problèmes qu’elle crée, à plus forte raison demain : 85 % des stocks de poissons sont surexploités, 75 % des services rendus par la nature sont en déclin, limiter le réchauffement climatique à 2°C est de plus en plus hors de portée, etc.

La gestion du nucléaire est en liaison étroite avec ce constat d’alerte et d’impuissance. L’évaluation des coûts du nucléaire devient secondaire quand on sait que demain on aura à peine de quoi se payer l’essentiel. Une seule solution, bâtir localement des communautés de résilience

* LE MONDE du 1er février 2012, Berkeley, symbole de la complexité du démantèlement

** LE MONDE du 1er février 2012, Le rapport de l’ONU avant le sommet de Rio + 20

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NON au téléchargement de musique, pour notre bien à tous

Quand on vit apparaître les pianos mécaniques mus par des rouleaux perforés, nous pouvions entendre à domicile les meilleurs interprètes exécutant les grandes œuvres mieux que des amateurs attachés à leur piano. Ce fut un gain apparent et une perte cruelle, « désormais le bourgeois achète plus volontiers une chaîne hi-fi qu’un piano ». LE MONDE* ajoute : « La technologie a détrôné la pratique musicale ». Aujourd’hui on rencontre un peu partout des zombies, jeunes pour la plupart, des écouteurs dans les oreilles, bercés par des sons dont ils sont esclaves. Le PS dit vouloir supprimer les courriels d’avertissement envoyés aux internautes qui téléchargent illégalement, première étape de la procédure mise en œuvre par la loi Hadopi (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet). Pure démagogie ! Un socialisme digne de ce nom ferait en sorte que les jeunes s’épanouissent dans des chorales et/ou dans la maîtrise individuelle et collective d’un instrument de musique. La pratique musicale doit remplacer la musique électronique.

Un socialisme responsable devrait être à l’écoute d’Ivan Illich** : « Je plaide pour une renaissance des pratiques acétiques, pour maintenir vivants nos sens, dans les terres dévastées par le « show » J’ai écrit ces essais au cours d’une décennie consacrée à cultiver le jardin de l’amitié au sein de cet Absurdistan et avancer dans la pratique de l’askêsis. Par askêsis, j’entends la fuite délibérée de la consommation quand elle prend la place de l’action conviviale. C’est l’askêsis, non pas le souci que j’ai de ma santé, qui me fait prendre les escaliers malgré la porte de l’ascenseur ouverte, me fait envoyer un billet manuscrit plutôt qu’un e-mail, ou me conduit à essayer de trouver la réponse à une question sérieuse avant de consulter une base de données pour voir ce qu’en ont dit les autorités.

De plus, toute activité humaine médiatisée demande de l’énergie. Comme l’écrivait James Howard Kunstler*** : « Tous les conforts, luxes et miracles de notre temps doivent leur origine ou leur existence durable aux carburants fossiles. Or nous sommes confrontés à la fin de l’ère de l’énergie fossile bon marché. La radio, le téléphone et le cinéma que nous connaissons ne sont peut-être que des fantaisies fugitives, qui disparaîtront un jour… J’aime me souvenir de mon père qui allait s’asseoir au piano pour chanter Our Love Is Here to Stay. » Un socialisme au pouvoir ferait en sorte de nous faire économiser l’énergie.

* LE MONDE TELEVISIONS (semaine du 30 janvier au 5 février 2012), Le Rossignol et autres fables

** La perte des sens – recueil de textes d’Ivan ILLICH, (Fayard, 2004)

***  La fin du pétrole – le vrai défi du XXIe siècle de James Howard Kunstler (Plon, 2005)

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FNE, des présidentiables qui se disent écolos (2/2)

Des présidentiables se sont exprimés le 28 janvier à Montreuil devant les 2300 représentants de 3000 associations environnementalistes (fédérées dans FNE). Après avoir passé hier en revue les nuls de l’écologie, voici les présidentiables qui se disent écolos :

Jean-Luc Mélenchon a improvisé un brillant discours. Il a changé, il vilipende maintenant le « productivisme qui a été la pensée de la gauche traditionnelle ». Jean-Luc reconnaît que « nous sommes tous semblables puisque nous dépendons du même écosystème ». Il estime à juste titre que l’échec de la conférence de Durban est une « tragédie ». Jean-Luc a ses solutions avec la planification écologique, qui introduit le cycle long dans la politique. Il précise même que la souveraineté alimentaire postule le retour à une agriculture paysanne contre l’appropriation des semences par le capitalisme. Jean-Luc ne croit pas au capitalisme « vert », il veut protéger les lanceurs d’alerte comme les faucheurs volontaires, etc., etc. Jean-Luc est devenu écolo, c’est super.

Mais pouvons-nous croire Jean-Luc Mélenchon ? Il s’est allié avec un parti qui reste fondamentalement productiviste, le Parti communiste. Mélenchon se déclare « personnellement » en faveur de la sortie du nucléaire, mais comme le PC veut l’inverse, il se contente de promettre un referendum : « Nous devrions avoir un seul maître, le peuple. » Populisme ? Rappelons que Mélenchon a été socialiste et ardent partisan du productivisme. Lors du Congrès socialiste du Mans en 2005, sa contribution générale sur le problème de l’énergie était absolument vide. C’est à cela qu’on reconnaît un populiste, enfourcher le thème porteur même si par ailleurs on s’assoit dessus. En fait le livre de Mélenchon, « Qu’ils s’en aillent tous » était très clair : seul Mélenchon doit rester. L’écologie n’est qu’un prétexte.

Corinne Lepage rappelle son « expérience de 35 ans » sur les questions environnementales. Les combats de France-Nature-Environnement sont aussi les siens, c’est indéniable. Corinne a l’expérience de la lutte contre le nucléaire, contre les OGM, contre les gaz de schiste, elle a été ministre de l’environnement, elle a écrit des livres pertinents, son cabinet d’avocat est un expert dans la défense contre les pollutions… Corinne sait que l’écologie n’est pas le problème, c’est la solution, elle l’affirme explicitement, elle souligne que « la plupart de vos propositions [de FNE] figurent dans mon programme de 2012 ». Corinne veut revoir la totalité de notre mode de production et de consommation, veut mettre en place un Conseil des générations futures à la place du CESE. Corinne veut un contrôleur du développement soutenable dans chaque ministère avec droit de veto, etc., etc. Corinne est écolo, Corinne est activiste, c’est super.

Mais la compétence de Corinne Lepage masque son principal défaut. Elle connaît bien ses dossiers, mais hélas elle est aussi la présidente auto-proclamée d’un groupuscule qui n’a aucune visibilité médiatique. Aux présidentielles 2002, Lepage faisait déjà bande à part, obtenant presque 2 % des voix sans pouvoir empêcher Noël Mamère au nom des Verts d’obtenir plus de 5 %, assurant ainsi le financement de l’écologie politique. Cette fois, la division qu’elle crée au sein de l’écologie politique risque fort d’empêcher Eva Joly d’obtenir les 5 %. Pourtant rien ne pouvait l’empêcher de participer aux primaires de l’écologie, ouvertes à tous ; il lui suffisait de 10 euros pour devenir coopérateur comme Nicolas Hulot et peut-être même de l’emporter ! Lepage est en fait le parfait symbole de l’éclatement des écolos en différentes chapelles, permettant aux puissants de continuer de régner. Quel jeu joue-t-elle si ce n’est celui de la droite et donc de Sarkozy ?

Eva Joly est une bonne élève, elle a bien lu le texte qu’on avait écrit pour elle. Eva a dit ce qu’un parterre d’environnementaliste attendait. Elle a donc été très applaudie. Eva représente l’écologie politique institutionnalisée, elle a été le vainqueur de primaires, elle pense que « tous les électeurs auront les yeux rivés sur son résultat au premier tour ».

Eva Joly oublie que pour les électeurs, elle représente l’écologie en parole, non en acte. Eva Joly oublie qu’à l’époque de la politique-spectacle, les électeurs votent pour une image caricaturée. Eva Joly oublie aussi que l’électeur se croit un bon tacticien politique. Heureusement que le groupe de députés écologistes ne sera pas négocié entre les deux tours !

François Hollande est passé en dernier et n’a guère fait de concessions. Il n’a pas la fibre écolo. La salle a applaudit poliment à la fin. Il bénéficiera du vote utile, il a bien de la chance…

Nous pensons qu’au premier tour des présidentielles, un électeur conscient de l’urgence socio-économique ET écologique se doit de voter pour le plus écologiste des candidats le 22 avril 2012. Mais le vote de chacun appartient à l’isoloir…

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1/2) écologie, des présidentiables nuls

Des présidentiables se sont exprimés le 28 janvier à Montreuil devant les 2300 représentants de 3000 associations environnementalistes (fédérées dans FNE).

Le plus nul, Hervé Morin. Il n’a rien à dire, comme d’habitude. Il ne représente rien, ou si peu. Il ne peut que constater qu’il y a un absent lors de cette campagne présidentielle, l’environnement. Mais il devrait d’abord s’en prendre à lui-même ! Il avoue qu’il n’ira pas au second tour. Peut-être même qu’il n’ira pas au premier, comme le figurant qu’il est : un petit tour et puis s’en va… Il m’a fait perdre quinze minutes de mon temps.

Le plus ignorant, Dominique de Villepin. Il déclare d’emblée qu’il n’est pas écologiste de formation et qu’il n’a aucune connaissance en la matière. Encore un qui n’a pas compris que le XXIe siècle sera écologiste, forcément, et que nous n’avons pas besoin d’un phraseur à l’ancienne. Car rétro il est, il nous assène encore une fois qu’il est « gaulliste », comme si cela le dispensait de réfléchir. Pour Monsieur de, la crise financière est essentielle. Monsieur de ne sait pas que sans ressources fossiles, il n’y aura même plus de finances. Il s’exclame : « Ne faisons pas l’erreur de couper l’écologie du reste… » Or c’est lui qui coupe le reste de ses fondements matériels, l’écologie ! Un seul point positif, quand il déclare : « Il faut éprouver l’émotion de la beauté (de la nature) ». Mais il ne nous a rien fait ressentir. Monsieur de n’a rien compris, il n’avait rien à faire devant une assemblée d’associatifs de terrain qui, eux, savent de quoi ils parlent.

Le plus infatué de lui-même François Bayrou. « Moi, ce que je crois… Moi, j’ai des ruches… Moi, je vais sauver les abeilles… Mais je ne sais pas si on dit décarbonisation ou décarbonation… Mais moi, je propose d’inventer la gouvernance… Mais moi je conserve le nucléaire comme énergie de transition… » C’est comme si Bayrou n’avait pas lu le contrat environnemental de FNE. Dire que ce mec a réussi à attacher à son ambition personnelle des transfuges des Verts comme Bennhamias et Wehrling !

Il faut noter que la droite officielle a brillé par son absence, n’ayant pas de candidat déclaré. Comme tout laisse à penser que Sarkozy va se représenter, rappelons son récent message sur l’écologie : « J’ai conscience que l’aspect tatillon de certains règlements administratifs vous insupporte. Je prends l’exemple des règles environnementales, la question de l’eau, la protection de l’eau »… « La préservation de l’environnement, ça n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit »… « N’importe quelle association qui veut empêcher une initiative d’un maire, d’un élu, peut le faire ; il faut absolument lever le pied de ce point de vue. »… « Il y a des décisions récentes qui ont été prises par le Conseil d’Etat [sur la date de clôture de la chasse] qui sont vécues par une partie de nos compatriotes comme vraiment un souci non pas de résoudre un problème, mais de les empêcher de profiter de ce qu’on pourrait appeler un petit bonheur [ le fait de chasser]. »

Nous savons que nous ne pouvons pas faire confiance à la parole des politiques, encore moins à des politiques sans parole.

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Agrocarburants, pas assez pour la voiture

Nous ne pouvons faire face à la crise de l’énergie que si notre consommation arrive tendanciellement à correspondre aux énergies renouvelables. Il faut donc nous préparer à nous passer de pétrole, de gaz, d’uranium, de charbon. Cela veut dire obligatoirement descente énergétique pour que nos besoins, démesurés à l’heure actuelle, correspondent à nos ressources, de plus en plus limitées. L’avenir serait donc aux agrocarburants, le biodiesel à la place du gazole, le bioéthanol à la place de l’essence. Or au niveau mondial les agrocarburants ne procurent que 2,5 % environ du total des carburants utilisés pour le transport routier. Sachant en plus que le bioéthanol ne permet de parcourir que 68 km contre 100 pour l’essence, et le biodiesel 92 km contre 100 avec du gazole, il faudrait que le transport mondial diminue au moins de 98 %.

De plus les agrocarburants contribuent déjà à la déforestation. Au Brésil, en Indonésie ou en Malaisie, les cultures nécessaires se développent souvent au détriment de la forêt vierge : le bilan écologique est alors clairement négatif, la forêt ne sert plus à lutter contre le réchauffement climatique. Si nous ajoutons le fait que les changements d’affectation des sols entraînent la perte d’écosystèmes captant le CO2, la situation devient encore plus tendue. Enfin la compétition actuelle entre les terres agricoles qui sont consacrées aux agrocarburants et celles dédiées à l’alimentation est un facteur important de la hausse des prix des denrées alimentaires depuis 2008, donc source de famine et de troubles sociaux.

La conclusion est donc nette, nous ne pourrons pas utiliser que très peu d’agrocarburants quand il faudra se passer de ressources fossiles non renouvelables. La solution est simple, supprimons le plus rapidement possible la voiture et le camion.

source des données utilisées :

LE MONDE | 24.01.12 | Un bilan très modéré pour les biocarburants français

LEMONDE.FR | 25.01.12 | Agrocarburants : un cocktail qui coûte très cher à la pompe

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