Devenir activiste avec Greenpeace

Greenpeace reste profondément discrète sur son fonctionnement. Les  » activistes  » font parler d’eux mais ne parlent jamais d’eux. Pourtant six d’entre eux ont accepté de raconter* leur engagement, à visage découvert. Ils se félicitent d’avoir démontré la vulnérabilité de la centrale de Nogent-sur-Seine. Ils racontent : « Quand on t’appelle pour te demander si tu peux te libérer quatre ou cinq jours, tu ne sais pas où se passera l’action et même quelle en sera la durée exacte ». A l’origine de l’engagement, il y a un sens très développé de la désobéissance civile et beaucoup de courage. Les activistes sont formés pour participer à des opérations de confrontation non violente. La priorité pour Greenpeace est de pouvoir poser une image sur ce qu’elle veut dénoncer. L’exploit physique des grimpeurs, capables de s’accrocher en quelques minutes sur une façade de ministère, à un pont ou à une grue de chantier, impressionne toujours. Protester n’intéresse pas Greenpeace, l’organisation a une culture du résultat.

Résister à la pression, rester zen, c’est ce qu’apprennent les futurs activistes. 80 % de cette formation porte sur la non-violence lors du stage de base, le Basic Action Training, le  » BAT « . Les personnes doivent être prêtes à endurer des situations de stress, physique et psychologique. Les militantes ont vite fait de se faire cracher dessus, traiter de « pétasse », de « salope », tu es formée pour sourire, ne pas répondre. Pas toujours facile, mais c’est la condition pour devenir activiste. Alice Daguzé, activiste parisienne, a sa méthode.  » Quand tu as un policier en face de toi, si tu t’adresses à son uniforme, c’est l’uniforme qui te répondra, explique-t-elle. Il faut parler à l’homme.

Les têtes brûlées ne sont pas les bienvenues. Chaque initiative est minutieusement préparée avec des repérages, des briefings durant lesquels sont présentés le contexte politique de la campagne, l’action elle-même et ses conséquences judiciaires éventuelles. Se taire pendant la garde à vue, connaître le numéro de l’avocat, n’est pas le propre des militants de Greenpeace. Tout militant confronté actif sait cela. Quand les militants partent pour participer à une action, les voyages sont payés en espèces, les puces des téléphones sont retirées, ils ne doivent pas être tracés. L’adrénaline et l’intensité de chaque action créent de la complicité. Les activistes forment une grande famille, une communauté contente de se retrouver et de se mobiliser. Océan, déforestation, nucléaire, transition énergétique, pollution, chacun puise dans l’une des nombreuses campagnes de Greenpeace sa motivation. Et tous se souviennent de moments forts, se félicitant et s’étonnant parfois de leur réussite.

Aujourd’hui, le problème pour Greenpeace est de renouveler le vivier de ceux engagés dans les opérations. La multinationale militante compte quelque 2 500 salariés dans le monde, 70 en France. Le nombre de cotisants, supporteurs ou adhérents atteint quelque 3 millions, dont 170 000 en France. Les militants réguliers sont quelque 25 000 à 50 000 dans le monde, dont 1 000 à 1 500 activistes. En France, ils ne sont que 500 militants répartis dans 25 groupes locaux. Et les activistes français seraient moins de 100. Ce nombre limité explique aussi le recours fréquent aux groupes étrangers, grimpeurs ou plongeurs… Greenpeace a besoin de toi !

* MONDE Magazine, 21 janvier 2012

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beaucoup de « R » contre les « SUR »

Dans Petit traité de la décroissance sereine, Serge Latouche présentait un programme en 5R pour les pays du Sud (Rompre, Renouer, Retrouver, Réintroduire, Récupérer) comme remède à la destruction de l’identité, des savoirs et des savoir-faire des sociétés vernaculaires. Pour le Nord, il en arrivait à un changement de cap basé sur les 8R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants sont susceptibles d’enclencher un vertueux de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Mais on pourrait allonger la liste des R avec radicaliser, reconvertir, redéfinir, redimensionner, remodeler, repenser, etc. Tous ces R participent tout autant de la révolution que du retour en arrière, du changement radical de direction que de la répétition.

En fait ces R sont une saine réaction face à la démesure de la société thermo-industrielle, basée sur les SUR : surabondance, suractivité, surcommunication, surconsommation, surdéveloppement, suremballage, surendettement, suréquipement, surmédicalisation, surpâturage, surpêche, surproduction … (cf. Jean Paul Besset, Comment ne plus être progressiste…sans devenir réactionnaire). Vive les R… A bas les « SUR » !

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beaucoup de « DE » contre les « SUR »

Qu’on le veille ou non, il faudra bien un jour sortir du sarkozysme : culte de la croissance, toujours plus de bagnoles, toujours plus d’avions, toujours plus de yachts, travailler toujours plus pour gagner toujours moins. Mais l’utopie socialiste d’une promesse de prospérité partagée est aussi derrière nous car il existe une contradiction fondamentale entre le sens des limites inhérent à l’écologie et le goût du « progrès » sans limites de François Hollande et de la gauche en général. La démesure de l’économie à la mode libérale ou socialiste n’entraîne que surconsommation, surgaspillage, surpollution, surpopulation, surproduction, etc. Dans un contexte de pénurie globale des ressources naturelles, l’avenir n’est plus dans l’expansion, mais dans son inverse. A la croissance économique doit donc succéder la DEcroissance conviviale, à l’effet rebond l’effet DEbond, à la mondialisation la DEmondialisation, à la pollution des sols et des esprits la DEpollution, au populationnisme la DEpopulation, à l’urbanisation la DEsurbanisation, à la voiture pour tous le DEvoiturage. N’oublions pas la DEmilitarisation !

Le discours de la classe politique est comme à son habitude en complet décalage avec ce qu’il faudrait vraiment. Un programme politique pour 2012 devrait combattre âprement les inégalités intra- et internationales tout en prêchant ardemment la sobriété et le rationnement, particulièrement dans les sociétés riches. Beaucoup de « DE » contre les « SUR »…

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je ne voterai pas Nicolas Sarkozy

Je ne voterai pas Nicolas Sarkozy aux présidentielles françaises. Pourquoi ? Parce que nous avons trop envie de dire « casse-toi, pov’con ». Parce que ses vœux au monde rural ont atteint le summum de la versatilité. Parce qu’il n’est pas écolo :

« J’ai conscience que l’aspect tatillon de certains règlements administratifs vous insupporte. Je prends l’exemple des règles environnementales, la question de l’eau, la protection de l’eau »

– « La préservation de l’environnement, ça n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit »… « N’importe quelle association qui veut empêcher une initiative d’un maire, d’un élu, peut le faire ; il faut absolument lever le pied de ce point de vue. »

– « Ce que je dis sur l’environnement, je le dis également pour la chasse. Les chasseurs ne sont pas les ennemis, ce ne sont pas les adversaires de l’environnement »

« Il y a des décisions récentes qui ont été prises par le Conseil d’Etat [sur la date de clôture de la chasse] qui sont vécues par une partie de nos compatriotes comme vraiment un souci non pas de résoudre un problème, mais de les empêcher de profiter de ce qu’on pourrait appeler un petit bonheur [ le fait de chasser]. »

Comment le chef de l’Etat peut-il critiquer le Conseil d’état ? Comment croire que l’agriculture intensive et la chasse au gibier de lâchers permettent une protection de l’environnement ? Il y a tellement « rupture » avec le Grenelle de l’environnement que ce digne président des riches est bien capable d’autoriser la chasse à l’ours brun… Pour tenter de gagner quelques centaines de milliers de voix, notre bien aimé Président serait même capable de faire des lois anti-écolo. Avec ce genre de racolage, on ne peut même plus parler de campagne électorale, c’est de la prostitution.

LEMONDE.FR avec AFP | 17.01.12 | Sarkozy au monde rural : « Les chasseurs ne sont pas les ennemis de l’environnement »

LE MONDE du 19 janvier 2012, Nicolas Sarkzoy a flatté son électorat agricole et rendu hommage aux chasseurs

LE MONDE du 20 janvier 2012, Nicolas Sarkozy tourne le dos à l’environnement

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Je ne voterai pas François Hollande au premier tour

Je ne voterai pas François Hollande au premier tour. Pourquoi ? Parce qu’Hollande n’est pas écolo ; il propose un blocage « temporaire » du prix de l’essence. Hollande prend pitié des consommateurs « qui n’ont pas d’autres moyens que d’utiliser leur voiture pour aller au travail. » … « Il n’est pas possible d’avoir une montée du prix telle qu’elle est aujourd’hui. » *

Mais que ferait Hollande élu président si le prix du baril explose ? Il n’aurait aucun moyen d’agir car la France est un pays entièrement dépendant d’un marché mondial du pétrole brut. Si l’État bloque le prix de l’essence et que le prix du baril continue à progresser, il devra payer la différence qui se chiffrera en dizaines de milliards d’euros ! Regardons au Nigeria ce qu’a entraîné la fin des subventions à l’essence, la révolte ! Cette promesse d’Hollande est un mensonge pur et simple, un véritable déni de la raréfaction tendancielle du pétrole. C’est la distribution de bonbons sauce socialiste.

Il faut au contraire utiliser le signal prix pour que les ménages recherchent sérieusement des alternatives au véhicule individuel. Un blocage « temporaire » du prix de l’essence nie la réalité d’une demande de pétrole qui commence à dépasser l’offre de pétrole. Un candidat écologiquement responsable aux présidentielles françaises programmerait une hausse continue et durable du prix de l’essence pour que les citoyens se préparent aux chocs pétroliers à venir. Nous avons vécu trop longtemps à crédit, au détriment des ressources fossiles. Il n’est plus temps de faire rêver au monde tel qu’il est, il faut nous préparer à affronter un avenir difficile. Nous ne sommes pas des enfants…

* LeMonde.fr avec AFP | 19 janvier 2012, François Hollande propose un blocage du prix de l’essence

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Le prix de l’essence n’a jamais été aussi bas !?

Le prix moyen du litre de super sans plomb 95 n’a jamais été aussi haut. Il a atteint 1,5563 euro vendredi 13 janvier 2012 en France. Il n’était qu’à 1 euro en janvier 2005. LE MONDE* ne voit que deux raisons à cette envolée, les tensions géopolitiques (Nigeria, Iran) et la faiblesse de l’euro pour payer en pétrodollars. En réalité, le prix de l’essence n’a jamais été aussi bas ! En effet, il ne reflète pas du tout le fait que nous ayons franchi le pic pétrolier depuis 2008 ; le baril, pour refléter la rareté croissante, devrait être déjà dix ou cent fois plus cher qu’il n’est actuellement. J’estime que le prix du SP95 devrait être aujourd’hui de 100 euros au moins si nous avions progressivement augmenté son prix depuis le premier choc pétrolier en 1974.

Dans sa campagne présidentielle de 1974, René Dumont était bien plus écolo qu’Eva Joly en 2012 : « Sait-on que si tous les habitants du globe consommaient autant de pétrole que les Américains, les réserves prouvées ne tiendraient guère plus d’un an ? Chaque fois que vous prenez votre voiture pour le week-end, la France doit vendre un revolver à un pays pétrolier du Tiers-Monde. Pour faire 10 000 km, on consacre 150 heures à sa voiture (gain de l’argent nécessaire à l’achat et à l’entretien, conduite, embouteillage, hôpital). Cela revient à faire 6 kilomètres à l’heure, la vitesse d’un piéton. Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… On peut penser dès à présent à réorienter l’industrie automobile vers la production des composantes de logements ou des systèmes d’énergie solaire ou éolienne… Nous consommons 2 fois plus d’énergie qu’en 1963 ; sommes-nous 2 fois plus heureux ? Le Français consomme 2,85 fois moins d’énergie que l’Américain ; est-il trois fois moins heureux ? En surexploitant les combustibles fossiles, on vole les ressources des générations futures. Quel monde laisserons-nous à nos enfants ? »

LE MONDE et Eva Joly devraient relire le programme écolo de 1974, ils auraient des discours plus pertinents…

* LE MONDE du 18 janvier 2012, Le prix de l’essence atteint des sommets en France

** à vous de choisir, les objectifs de l’écologie politique (Pauvert, 1974)

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Tribunal pour les générations futures : la surpopulation

Procureur et accusés s’affrontaient mardi 17 janvier à la Gaité Lyrique, à Paris, lors d’une conférence spectacle en forme de procès. Au cœur du débat : la surpopulation. Sommes nous trop nombreux pour les ressources de la planète ?

– L’expert Gilles Pison, nommé par le “Tribunal pour les générations futures”, passe la population humaine dans le simulateur de l’ONU et expose les différents scénarios imaginés par les Nations Unies. A niveau de fécondité constant, la population atteindrait 134 000 milliards en 2300 !

– La parole est à Didier Barthès, de l’association écologiste Démographie Responsable. Face à « l’explosion démographique, la question écologique sera au cœur des préoccupations futures, ou alors le monde deviendra invivable, sans forêt, sans animaux… En fait, nous n’avons pas le choix ! » A Démographie Responsable, on milite pour un contrôle des naissances. Didier Barthès s’insurge contre la croisade faite contre les malthusiens : « On nous traite de tous les noms, fascistes, eugénistes, antihumains, même. Jamais nous n’avons prôné une quelconque sélection, et on ne propose pas de tuer les gens ! Mais“Croissez et multipliez”, c’est une belle phrase qui a été écrite il y a 2000 ans, dans un monde où il n’y avait que 200 millions d’habitants. »Comment éviter le cataclysme ? Pour Didier Barthès, « on peut changer notre consommation d’énergie, recycler, ça ne changera rien au fait que nous grignotons la planète en consommant de l’espace ! » Une consommation qui se traduit par une élimination du reste du vivant ! En guise de conclusion, Didier Barthès propose de limiter les naissances à deux enfants par femme dans les pays occidentaux.

– Théophile de Giraud, écrivain et inventeur de la Fête des Non-Parents, fait une entrée fracassante. L’accusé, auteur d’un manifeste antinataliste, s’avance, pose sur le pupitre un biberon rempli de bière. Il commence lentement à se déshabiller : « Il faut regarder les choses en face, la vérité est nue ! » Au-delà du show, l’accusé n’oublie pas son discours. Et se met à citer Marguerite Yourcenar, qui répondait dans Les Yeux ouverts : L’explosion démographique transforme l’homme en habitant d’une termitière et prépare toutes les guerres futures, la destruction de la planète causée par la pollution de l’air et de l’eau. Théophile de Giraud est accusé par Thierry Keller de “haïr l’humain”. Non, répond l’accusé, dans sa nudité originelle : « On ne questionne pas le désir d’enfant, avons-nous le droit de mettre un enfant au monde, et si oui, sous quelles conditions ? Vive le dénatalisme ! Laissons les femmes choisir, elles préfèrent la qualité à la quantité, La planète est plus que trop surpollupeuplée ! Nous agonisons sous le poids du nombre ! » Théophile de Giraud conclut : « La natalité est un crime contre l’humanité, vos enfants connaîtront les guerres pour l’accès aux dernières ressources disponibles… Si vous aimez vos enfants, ne les mettez pas au monde ! »

Pour avoir le contenu complet de ce procès :

http://owni.fr/2012/01/18/lextinction-de-lespece-humaine-apres-2050/

 

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Une société contre-productive

LE MONDE économie* estime qu’il y a contre-productivité dans les supermarchés. En fait notre société tout entière est contre-productive, quelques exemples :

– Nous avons plus de diplômes mais moins de bon sens ; plus de connaissances mais moins de jugement; plus d’experts, mais de plus en plus de problèmes ; plus de médicaments mais moins de santé. Nous multiplions les appareils de communication, mais nous avons moins de communication réelle. C’est une époque où il y a beaucoup en vitrine, mais rien à l’intérieur.

– L’éducation est totalement inadéquate en regard de la Transition qui s’annonce. Les jeunes sortent de l’école sans être préparés à faire face aux besoins pratiques d’un monde beaucoup moins abondant en énergie. Ils ne savent rien en construction, en cuisine, en jardinage ou en réparation.

– Les systèmes de production locaux ont été systématiquement et inflexiblement dénigrés et sapés au cours des soixante dernières années. Pourtant tout au long de l’histoire, il  a été plus sensé de produire localement tout ce qu’on pouvait et d’importer les biens de luxe et les quelques choses que l’on était incapable de produire soi-même.

– Les économies indigènes durables n’expédient pas leurs fruits et légumes par fret aérien. Quand une région se met à faire ça, il y a belle lurette que les fermiers indigènes sont partis, expulsés de la terre aux fins de l’agriculture intensive orientée vers l’exportation.

– Des substituts au pétrole conventionnel ? Les sables bitumineux, c’est un peu comme arriver au pub et s’apercevoir qu’il n’y a plus de bière ; seulement votre désir de prendre un verre est tellement impérieux que vous vous mettez à imaginer qu’au cours des trente ans que ce pub a été en affaires, l’équivalent de 5000 pintes ont été reversées sur le tapis ; aussi inventez-vous un procédé pour bouillir le tapis afin d’en extraire la bière. C’est là l’acte futile et désespéré d’un alcoolique incapable d’imaginer la vie sans l’objet de sa dépendance.

(Rob Hopkins, manuel de transition)

* LE MONDE du 17 janvier 2012, à la source de la contre-productivité

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Croissance économique, décroissance ou état stable ?

Superbe, cette chronique d’Hervé Kempf*: « La croissance économique implique un fort dégât environnemental… Or l’idéologie dominante reste obsédée par l’objectif de maximisation de cette croissance… Mais la réduction du chômage par l’augmentation du produit intérieur brut est donc vouée à l’échec, d’autant que la hausse de la productivité réduit mécaniquement le besoin de travail… Du point de vue écologiste, l’enjeu prioritaire actuel de l’activité économique est de modérer son impact sur la biosphère, en raison de la gravité des conséquences de la crise écologique sur la société humaine… Un levier essentiel d’une économie écologique (c’est-à-dire visant la prospérité dans le respect de l’environnement) est le partage du travail… la recherche de « l’état stable » de l’économie (conceptualisé par Herman Daly) est souhaitable… » Quelques précisions avec cette préface d’un livre** écrite par Daly :

« Lorsque l’économie croît, elle devient plus grande. Et donc, cher économiste, à quel point ce quelque chose pourrait-il être grand à l’avenir ? Cette question n’est pas du tout posée. Le mérite de Prospérité sans croissance est de contribuer à combler cette lacune. Car qu’est-ce qui grandit exactement. Il y a certes le flux de biens et de services (le PIB), mais il y a également le flux métabolique des matières et d’énergie qui part de sources environnementales, traverse le sous-système économique de la production et de la consommation et qui revient dans l’environnement sous forme de déchets. Les économistes se sont focalisés sur le ¨PIB, ils ont négligé ce « throughput ». Le sous-système économique a donc acquis une taille réellement grande quand on le réfère à l’écosystème sur lequel il s’appuie.

Au vu de la longue tradition de léthargie intellectuelle des économistes universitaires, il n’est sans doute pas étonnant que le rapport qui a inspiré cet ouvrage soit le fruit d’une initiative gouvernementale. Si nous étions de vrais économistes, nous mettrions un terme à la croissance du « throughput » avant que les coûts sociaux et environnementaux qu’elle provoque ne dépasse les bénéfices qu’elle génère. Il y a fort à parier que certains pays sont désormais entrés dans une ère de croissance non économique qui accumule plus rapidement ses impacts négatifs qu’elle n’accumule de la richesse. C’est la raison pour laquelle on ne peut faire appel à la croissance pour combattre la pauvreté. Bien au contraire, elle rend plus difficile la lutte contre la pauvreté ! »

* LE MONDE du 15-16 janvier 2012, Emploi, les solutions par Hervé Kempf

** Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) de Tim Jackson

(de boeck, 2010) ; 1ère édition 2009, Economics for a finite planet)

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Plantez un arbre dans votre trottoir

Dieu a dit : « Aimez la nature comme vous-même. » Mais le message est resté 2 secondes sur l’écran de mon ordinateur. L’actualité du jour, pleine de faits divers, a aussitôt retenu toute mon attention. Oh ! Un bateau de croisière a chaviré. Ah, il y a un mort ou beaucoup de mort, Paris sans nouvelles de 21 Français… J’avais déjà oublié ce que Dieu m’avait dit. J’y pense et puis j’oublie.

Lisez Philippe J. Dubois*, et puis plantez immédiatement un arbre dans votre trottoir, avant d’avoir oublié ce qu’il nous écrit : « Il devient difficile de se mobiliser au-delà de son écran d’ordinateur. La continuité dans l’action, nécessaire pour faire aboutir les grandes causes (et donc celle de notre biodiversité malmenée), se heurte au zapping immédiat et à la perte de mémoire. Le grand risque aujourd’hui, c’est l’emprise du virtuel sur nos consciences la désertification du monde au plus proche de la biodiversité. Rien n’est plus tangible, palpable, que la nature. Et rien ne se prête aussi mal à une appréhension virtuelle comme le propose Internet. Tout concourt à nous éloigner de ce qui nous fait vivre et à oublier que, sans la biodiversité, nous ne pouvons exister. Il faut que nous soyons embarqués dans une action pour sortir de chez nous. »

Plantez un arbre dans votre trottoir. N’oubliez pas de faire un grand trou pour lui donner de l’air, n’oubliez pas d’y mettre du compost…

* Philippe J. Dubois, La grande amnésie écologique (Delachaux et niestlé, janvier 2012)

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présidentielle 2012 : Eva Joly ou Marine Le Pen ?

Le Front National n’est pas dangereux, c’est notre époque qui est dangereuse pour la démocratie. Il ne faut pas confondre la cause (endettement, épuisement des ressources naturelles…) et l’épiphénomène, l’effet second, le FN. C’est pourquoi l’éditorial du MONDE*, qui considère que Marine Le Pen est une menace « pour la France », montre son parti-pris. Le repli nationaliste n’est pas « rétrograde », il s’agit d’un réflexe collectif normal quand on traverse une tempête (aujourd’hui financière). Rechercher la solidarité de groupe contre une mondialisation incompréhensible paraît à beaucoup comme une solution. D’ailleurs le Front National est un mouvement populaire, l’opinion publique française adhère à ses idées à 31 %.  Marine Le Pen offre une alternative à Sarkozy, elle porte un projet d’avenir qui a eu précédemment avec le national-socialisme beaucoup de succès dans les pays en crise.

Face au programme de Marine Le Pen, il n’y a qu’un autre projet alternatif, l’écologisme. L’enjeu écologique fait certainement plus de 31 % de vote favorable dans la population. C’est l’écologie politique qui montre la nécessité d’une troisième voie, au-delà de la droite et de la gauche, rassemblant tous les citoyens conscients des limites de notre planète. C’est un projet d’avenir qui valorise le respect de la diversité biologique et culturelle ; l’inverse des choix de l’extrême droite. C’est un projet qui prône la décentralisation de l’économie et du pouvoir ; l’inverse des choix de l’extrême droite. C’est un projet de changement en profondeur de notre système économique et social qui passe par une rupture dans nos modes de production et de consommation ; l’inverse des vieilles recettes de l’extrême droite. C’est un projet qui veut réconcilier les activités humaines et les possibilités de notre planète.

Que le parti qui se dit « écologique et vert » ne porte pas très bien ce message est un fait. Que la porte-parole de l’écologie politique Eva Joly fasse preuve de grande maladresse, c’est un fait. Mais au premier tour de la présidentielle 2012, il n’y a que deux choix possible : soit Marine le Pen, soit Eva Joly.

* LE MONDE du14 janvier 2012, Front national, chiffres réels et réelle menace

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pour garder le AAA, ni portable ni carte bancaire !

Je n’ai ni téléphone portable ni carte bancaire. Ce n’est pas un retour à la bougie, c’est l’expression de mon sens des limites. Le portable et la carte bancaire sont une source de dégoût pour l’écolo que je suis. Le portable est signe d’épuisement des ressources naturelles, de pollution des ondes, des sols et des esprits, de notre incapacité individuelle et collective à déterminer le moment où notre consommation excède les possibilités de la planète. La carte bancaire est signe de notre faculté à utiliser de l’argent quasiment à volonté et de nous faire vivre à crédit. Le fait que tout le monde ou presque possède un téléphone portable et une carte bancaire est le signe de notre aliénation à un système qui veut nous faire croire que nous sommes libres alors que nous sommes suivis à la trace par toute l’informatique qu’on nous fait porter. Vivre sans portable et sans carte bancaire, c’est possible. Nul besoin de faire un retour dans notre passé lointain.

Nous n’avons pas besoin de téléphone portable. La téléphonie fixe était parvenue en France à son degré de maturité ; on pouvait téléphoner partout et de n’importe quel endroit. Toutes les familles ou presque étaient équipées, des  cabines téléphoniques étaient facilement accessibles, l’égalité devant le service de la communication à distance était une réalité. Jetons nos téléphones portables en 2012. Ce n’est pas revenir au courrier à cheval, c’est revaloriser la téléphonie fixe.

Nous n’avons pas besoin de carte bancaire. Comme le portable, c’est signe de l’informatisation de notre société. Déjà avec le chèque, la dématérialisation de la monnaie était arrivée à un point tel qu’elle permettait toutes les dérives financières. Les échanges étaient simplement indiqués dans des lignes de compte au niveau bancaire : il s’agit de monnaie scripturale, écrites. Les banques sont alors capables de créer de la monnaie ex nihilo, à partir de rien, de faire crédit à des entreprises insensées comme les placements pourris dont on a vu le résultat. Les pièces et billets était un système qui avait atteint son degré de maturité. Les échanges étaient plus limités, le capital et le travail ne pouvaient que difficilement s’exporter dans les pays étrangers, cela suffisait. Jetons nos cartes bancaires en 2012 et gardons nos billets. Ce n’est pas revenir au troc, à l’or ou à l’argent, c’est revaloriser une monnaie fiduciaire en laquelle il fallait faire confiance, mais qui ne profitait pas aux marchés financiers !

Revenir aux années 1960, sans portable ni carte bancaire, c’est revenir à une époque où les Etats et les ménages ne croulaient pas sous les endettements… Nous n’avions pas besoin de AAA, nos budgets étaient équilibrés !

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L’inéluctable réchauffement climatique, l’angoisse de l’impuissance

Nous avons un coup de blues. Nous ne pensons pas que l’économie verte viendra au secours du développement durable*. Nous ne pensons pas qu’un cimetière nucléaire en Espagne va résoudre le problème des déchets radioactifs de haute activité**. Nous ne pensons pas que des mesures simples permettront de limiter le réchauffement climatique***.

Il suffit en effet de compiler les commentaires du monde.fr sur ce dernier point pour avoir un coup de blues :

– Tiens un article sur le réchauffement. On va encore avoir droit à des dizaines de réactions absurdes des apprentis professeur Maboul se sentant soudain des velléités de contredire toutes les données scientifiques.

– Quelle catastrophe humanitaire serait-ce si le climat venait à se refroidir comme au 16-17° siècle: chauffage intensif, grandes migrations, famines, guerres. Il vaut mieux avoir un peu plus chaud : nous consommerons moins de combustible pour nous chauffer, et nous émettrons moins de CO2

– Ah! Délices incorruptibles des « études », même estampillées scientifiques. Le monde vivant est emprisonné dans une phrase: « Quelques mesures simples permettraient de limiter le réchauffement climatique ». Un monde virtuel couché sur papier tellement simple, lumineux. Mais comment se fait-il que le monde vivant ne se plie pas avec entrain aux injonctions savantes qui lui sont adressées ? Corollaire imprescriptible mais toujours ignoré. Alors la pensée tourne en rond autour de son siège: le nombril.

– Mais enfin ! Pourquoi se casser la tête à propos du prétendu « réchauffement climatique » puisque Claude Allègre et Laurent Cabrol (un climatologue célèbre) expliquent à l’opinion publique qu’il ne s’agit en fait que d’élucubrations de prétendus scientifiques (tels les milliers d’experts scientifiques du GIEC).

– Mouais, cette annonce pue quand même un peu le lobby pétrolier ou charbonnier : Continuez à vous gaver bonnes gens, le CO2 on s’en fiche… Tout en mélangeant allègrement, si j’ose dire, changement climatique et pollution, tout comme la « traditionnelle » photo de pollution balancée avec l’article.

– Nuancer fortement les changements climatiques est une chose… Mais pensons aussi à diminuer les innombrables maladies induites par les émissions de polluants liés à la civilisation du pétrole, avec tous les bienfaits corollaires sur une meilleure qualité de vie : cancers, maladies pulmonaires et respiratoires, cardiovasculaires, stérilité. .. Les véhicules électriques permettraient aussi de nuancer cette pollution..

– Il existe au moins une mesure simple mais qui gênerait beaucoup l’égoïsme des citadins : supprimer les véhicules non collectifs dans les villes de plus de 500 000 habitants…Mais ce serait probablement trop dur de prendre les transports en commun…

– Le CO2 est bien évidemment un vrai problème, mais rappelons quand même au passage que le véritable défi de notre époque (et pour lequel les mesures se rapprochent la plupart du temps) est le fait que nous sommes – maintenant – au pic (maximum) de production de pétrole.

– J’avoue ne pas comprendre l’opposition des écologistes au nucléaire. Les énergies fossile polluent et causent des centaines de milliers de morts tous les ans à travers le monde, sont la cause du réchauffement qui aura à terme des conséquences catastrophiques, et malgré ça ils demandent l’arrêt du nucléaire et son remplacement, par des énergies renouvelables dont on sait qu’elles seront insuffisantes pendant encore longtemps … et par des énergies fossiles qu’ils rejettent par ailleurs !!

– L’Histoire nous jugera comme nous jugeons les esclavagistes du XVIIè siècle : des barbares focalisés sur leur petit bien-être personnel, quoi qu’il en coûte. La bouffonnerie peut se résumer à Sarkozy courtisant Claude Allègre, tandis qu’on vient de vivre l’année la plus chaude jamais enregistrée (avec pour finir un réveillon à 14°…)

* LE MONDE du 13 janvier 2012, L’économie verte viendra au secours du développement durable

** LE MONDE du 11 janvier 2012, Un nouveau cimetière nucléaire en Espagne

*** LEMONDE.FR | 12.01.12 | Quelques mesures simples permettraient de limiter le réchauffement climatique

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à la place du quotient familial, un permis de procréer

François Hollande souhaiterait remplacer le quotient familial* – qui offre un avantage fiscal croissant en fonction du nombre d’enfants et du niveau de revenu – par un crédit d’impôt. « Abroger le quotient familial aurait des conséquences absolument dramatiques pour la politique familiale de la France », a osé Sarkozy. Mais le candidat socialiste avait pourtant assuré que s’il était élu à l’Elysée, il « n’enlèverait pas un euro à la politique familiale ». La mesure reviendrait simplement à ce que les 50 % les plus riches reversent 3,5 milliards d’euros aux 50 % les plus pauvres. Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, défend un système « qui a permis à la France d’avoir le meilleur taux de natalité en Europe ». Cette réforme était même évoquée par le Haut conseil à la famille. Donc tout le monde est d’avis de conserver l’aide aux naissances nombreuses ! La politique gouvernementale de droite comme de gauche est nataliste, antimalthusienne.

Dans mon programme politique pour 2012, je dirai au contraire que l’empreinte écologique des français est telle que nous ne pouvons pas généraliser notre mode de vie et multiplier nos enfants. Que nos citoyens comprennent enfin que n’avons pas trois ou quatre planètes à notre disposition ! Il faut donc construire à la fois une décroissance économique par la limitation de nos besoins et une décroissance démographique grâce à la neutralité de l’Etat en matière d’allocations familiales et de quotient familial (qui seraient donc supprimés) : pas de prime à des enfants surnuméraires. Dans l’éducation nationale, il sera mis en place une éducation à être ou non futurs parents. L’éducation sexuelle ne sera pas limitée à la présentation des moyens de contraception, mais à la responsabilité des couples par rapport aux limites de la planète. Face à une crise systémique, écologique et financière, il nous faut une éducation  systémique.

J’instaure un permis de procréer. Est-il un secteur de la vie humaine où il importe davantage d’avoir affaire à des personnes irréprochables que dans celui de la mise en existence d’une nouvelle créature ? Il n’est pas acceptable que des individus deviennent parents sans posséder un bagage équivalent à celui d’un spécialiste de la psychologie infantile. Notons qu’il existe déjà pour les candidats à l’adoption une très officielle Procédure d’Agrément. Le législateur exige en France de « s’assurer que ceux et celles qui désirent adopter offrent les capacités familiales, éducatives et psychologiques nécessaires à l’accueil d’un enfant déjà né ». Pourquoi pas la même chose pour le désir d’enfanter ?

* LEMONDE.FR avec AFP | 10.01.12 | Quotient familial : Hollande ne veut pas le supprimer mais « le rendre juste »

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Pétrole nigérian, sang de jésus ou merde du diable ?

Demandons à un Français s’il accepterait que du jour au lendemain on double le prix de l’essence. Ce serait la révolution. Doublons le prix de l’essence au Nigeria, c’est la guerre civile. Pas seulement pour des raisons pétrolières. Mais essentiellement pour cela à l’heure actuelle. Le 1er janvier, le gouvernement a supprimé les subventions au secteur pétrolier qui coûtait 5 % du PNB. Le litre à la pompe est ainsi passé du jour au lendemain de 0,30 à 0,66 euros. LE MONDE trouve cette mesure « excellente »* car la subvention profitait d’abord aux classes urbaines fortunées. Les églises chrétiennes ont qualifié d’« immorale » cette décision du gouvernement qui pèse de façon disproportionnée sur les plus pauvres. Qui a raison ?

Les subventions au pétrole représentaient quatre fois le budget de la santé. N’y avait-il pas là une anomalie ? Le FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population) dit que l’usage des contraceptifs s’améliore. Fait-on suffisamment dans un pays de 160 millions d’habitants ? Le Nigeria compte autant de chrétiens que de musulmans ? Quelle partie de la rente pétrolière a été consacrée à la diminution des tensions ethniques ? La majorité des Nigérians vivent avec moins de deux dollars par jour. A-t-on besoin de pétrole à ce niveau de revenu ? Ils percent les pipelines pour se le procurer. Dès fois ça explose. Est-ce une société durable ?

Les Africains nomment l’essence le « sang de jésus ». Pour un des pères-fondateurs de l’O.P.E.P., Perez Alfonso, le pétrole c’est plutôt la mierda del diablo, la merde du diable ! En termes moins imagés, on parle de la rente pétrolière comme d’une malédiction pour un pays producteur de pétrole. Le Nigeria a donc la malchance de sa chance : les recettes pétrolières peuvent atteindre 50 milliards de dollars. Où va donc cet argent ? Dans une croissance économique factice, dans la corruption, dans les détournements de fonds, dans les dépenses somptuaires, etc. Il n’est donc pas étonnant que 70 % de Nigérians vivent en dessous du seuil de pauvreté. De toute façon, admettons que le Nigeria bâtisse, comme le souhaite l’éditorial du MONDE**,  un secteur public. Quand il n’y aura plus de pétrole, à quoi servira un secteur public qu’on ne pourra plus financer ?

* LE MONDE du 10 janvier 2011, grève générale au Nigeria contre le doublement du prix des carburants

** Editorial : Le Nigeria et la menace d’une guerre civile

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le syndicalisme est-il écolo ?

Il n’y a pas convergence entre les revendications syndicales et les urgences écologiques. Car le syndicalisme est le plus sûr allié du productivisme. Le « développement des forces productives » fut central dans le programme du mouvement ouvrier. Les rapports de production restent à la fois le problème et la solution. Le conflit entre travail et capital, entre travailleurs et capitalistes, fait oublier le facteur nature (l’écologie). C’est pourquoi le vieux dogme de la croissance pour la croissance comme seul horizon à la lutte du mouvement social est en crise. La perspective écologique se place au contraire à une échelle plus systémique. Le rapport fondamental n’est plus celui des rapports de production, mais celui du rapport à l’environnement ; la question écologique devient un impératif collectif. La biosphère surplombe l’humanité, réduite à une  espèce parmi d’autres se partageant un même écosystème. Pour reprendre la phraséologie marxiste, les infrastructures (conditions et rapports de production) sont englobées par la nature. Les « responsabilités environnementales » de l’entreprise doivent être placées sur le même plan que la liberté syndicale.

Le syndicalisme ne peut plus seulement  privilégier la défense des intérêts immédiats des salariés en faisant l’impasse sur les conséquences de la fin programmée des ressources naturelles et des biens communs. D’ailleurs la CGT revendique d’avoir « investi » le terrain du « Développement Durable ». La CFDT milite notamment pour un développement durable « socialement équitable ». La prise de conscience de la nécessité de la convergence entre l’écologie et le monde du travail a commencé :Via campesina, représentée par la Confédération paysanne en France, réunit des millions de paysans à travers le monde qui se mobilisent contre les OGM, pour une agriculture durable et non polluante. Plusieurs confédérations comme la CUT Brésilienne, la Cosatu d’Afrique du Sud, les Commissions ouvrières espagnoles ou la CGT ont constitué la Fondation internationale du Travail pour le Développement durable. Une alliance Blue-Green, cols verts/cols bleus a vu le jour aux Etats Unis et au Canada, regroupant les associations environnementales et les organisations syndicales pour une nouvelle politique énergétique et pour lutter contre le réchauffement climatique.

Face à l’urgence de la crise climatique et énergétique et à la brutalité de la crise économique et sociale, les écosyndicalistes appellent leurs organisations et le monde du travail à relever le défi écologique. Seule la transformation écologique de l’économie et de la société permettra d’avancer de combattre efficacement le chômage et d’améliorer les conditions de vie et de travail. Nous ne protègerons pas les travailleurs si l’économie tout entière n’est pas réorientée vers un autre mode de production, un autre système de transport, un autre aménagement du territoire, une autre agriculture. La pollution industrielle ne s’arrête pas à la sortie de l’usine… Nous subissons tous les jours dans nos quartiers les conséquences de cette irresponsabilité sociale et environnementale : gestion des déchets, eaux usées, air pollué, bruit, urbanisme, transport… Les organisations de salariés et de paysans doivent au côté des organisations environnementales. Pour les militants écosyndicalistes, les combats pour la justice sociale et la justice environnementale sont indissociables. Il est fondamental qu’il y ait convergence entre les revendications syndicales et les urgences écologiques.

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L’effondrement social avant 2030 ? Parions !

Pour Yves Cochet*, c’est certain : « L’époque actuelle est marquée par les symptômes d’un début d’effondrement, qui se sont manifestés autour de 2008 par la crise financière et le pic pétrolier. C’est la victoire inéluctable de l’entropie**. On appelle effondrement de la société mondialisée contemporaine le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi.

Au regard des bénéfices sociaux, la  complexification d’une société se déroule en trois phases. La première se caractérise par une forte augmentation des bénéfices. C’est le « progrès ». Puis la hausse de la complexité produit encore des bénéfices, mais à des coûts supérieurs aux bénéfices. La population se sent moins solidaire. Enfin il arrive que l’accroissement de la complexité entraîne une diminution des bénéfices sociaux. L’effondrement socio-économique est alors probable. Ce déclin catabolique est qualifié d’oscillant. L’économie oscille par paliers vers un niveau d’activité de plus en plus bas. Par exemple : croissance économique => hausse des prix de l’énergie => récession => chute des prix de l’énergie => reprise économique, mais à un niveau inférieur à cause de la déplétion des ressources.

A la suite des travaux de Joseph Tainter, Jared Diamond, John Michael Greer et François Roddier, il est possible de dessiner les contours de cet effondrement :

–          Déspécialisation : le nombre d’empois spécialisés diminuent. Les individus, les groupes et les territoires deviennent plus multifonctionnels ;

–          Décomplexification : Les quantités et la diversité des échanges d’information, de services et de marchandises se réduisent ;

–          Déstructuration : Les instituions centrales deviennent plus faibles ou impuissantes, les modes de vie locaux plus autonomes ;

–          Dépeuplement : les densités de population baissent.

La vitesse de l’effondrement est une fonction de l’intégration, de la connectivité. L’effondrement de l’Empire romain a duré plusieurs siècles. Celui de notre société mondialisée est probable avant 2020, certain avant 2030. »

* La civilisation thermo-industrielle va s’effondrer avant 2030, LaRevueDurable n° 44 (décembre à février 2012)

** entropie = mesure de la disparition irréversible de l’énergie d’un système.

Joseph Tainter, The collapse of Complex Societies (Cambridge University, 1988)

Jared Diamond, Effondrement (Gallimard, 2006)

John Michael Greer, The Long Descent (New Society Publishers, 2008)

François Roddier, du Big Bang à l’homme (à paraître en 2012)

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EELV et le mouvement associatif

D’un côté un parti écolo qui ne compte que 18 000 adhérents1. De l’autre des ONG puissantes, comme Greenpeace France (165 000 adhérents) ou WWF France (160 000 adhérents) qui n’ont guère de rapports avec la direction du mouvement, et vice versa2. Il semblerait pourtant logique que les membres d’EELV soient dans une symbiose avec les associations environnementalistes. Ce genre d’obligation est inscrite dans les statuts du PS3. Pourquoi pas le même type d’obligation à EELV ?

Il nous faut créer un sentiment d’appartenance au peuple écolo4. L’écologie est pour l’instant un sentiment diffus dans la population, elle est très peu représentée institutionnellement.  Ce n’est pas le cas des mouvements qui ont accompagné la lutte de classes, les mutuelles, les coopératives ouvrières, les caisses de grève, le mouvement d’éducation populaire… Or l’histoire du XXIe siècle ne va plus être centrée sur le travail (le prolétariat) et le capital technique (les capitalistes), mais sur le facteur nature. L’écologie politique ou art de bien gérer notre maison commune (la planète) va rassembler normalement au-delà des sensibilités partisanes. Car tout le monde est concerné par la pérennité des rapport entre l’homme et la nature. Encore faut-il en prendre conscience5. Si les militants EELV montraient leur affinité avec les associations environnementales, nous serions sur la voie de la constitution du peuple écolo.

Certains pourraient penser qu’une adhésion du militant écolo à n’importe quelle association ferait l’affaire (Syndicats, Parents d’élèves, Aide à la personne…). Cela serait valable si nous étions militant socialo. Nous, nous devons montrer que l’écologie est au fondement de toute chose, sociales ou économiques6. Nos associations de référence sont aussi bien les AMAP que les MAB, FNE ou WWF, Greenpeace ou les faucheurs d’OGM, les SELS ou même le mouvement NIMBY, etc.

Nous sommes bien un parti politique généraliste. Mais nous ne sommes pas un parti socialiste. Le socialisme s’est historiquement appuyé sur les syndicats et réciproquement, C’était dans leur objectif de changement du rapport de force économique.  Mais le socialisme connaît le même échec que le  capitalisme7. EELV doit s’appuyer sur ce qui dans la société civile permet d’instaurer un autre rapport entre l’homme et la nature : les associations environnementalistes.

N’oublions pas que si ces association découlent des inquiétudes de l’écologie scientifique, l’écologie politique découle de l’action associative8. Ce sont des associations9 qui ont motivé et soutenu la candidature de René Dumont aux présidentielles de 1974. Savoir aujourd’hui à quelle association adhérer pour soutenir notre combat politique relève d’une analyse des statuts de cette association10.

Précisions :

1. En 2008 on dénombrait environ 2000 élus pour quelque 6000 adhérents. Après le succès d’Europe Ecologie  aux élections européennes de 2009, leur nombre est évalués à 20 000. Lors de la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts lundi 6 juin 2011, il y avait plus de 30 000 votants. EELV compterait 35 357 membres dont 16 452 adhérents au parti et 18 905 coopérateurs.

2. LE MONDE du 31 décembre 2011.

3. Les membres du Parti doivent appartenir à une organisation syndicale de leur profession et au moins à une association, notamment de défense des droits de l’homme, de solidarité, de consommateurs, d’éducation populaire, de parents d’élèves ou d’animateurs de la vie locale. (statuts du Parti socialiste – titre 2, les militants – Article 2.2 : obligations syndicales et associatives des adhérents)

4. « L’enjeu est dorénavant de construire un parti réseau, un parti social multiforme. Coopérative, ou mouvement, réseaux ou cercles, l’important est moins dans l’appellation que dans la capacité à créer une forme d’appartenance commune à ce qu’on pourrait appeler un « peuple écolo » : une identité sociale qui serait devenue légitime et revendiquée. » (Des écologistes en politique d’Erwan Lecoeur)

5. L’antagonisme entre patrons et travailleurs n’est pas une évidence. Un travailleur peut trouver tout à fait normal qu’il y ait des patrons tout puissants et très bien payés. Karl Marx faisait la distinction entre la classe en soi (existence de l’exploitation de l’homme par l’homme sans en avoir conscience) et la classe pour soi (qui entraîne un engagement politique).

6. « Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. Rappelons qu’il ne saurait y avoir d’humanité prospère et le moindre PIB bien gras et bien dodu sur une planète dévastée. Quiconque réalise ce que signifie, pour le mode de vie occidental, de limiter la hausse de la moyenne des températures à 2°C comprend que ça ne va pas être simple d’y arriver. Une grande partie des évolutions économiques et sociales vont s’inverser. Le prix de la biosphère est infini ; sans elle, l’espèce humaine deviendrait immédiatement un vestige du passé. » (Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici)

7. « (p.42) : Avec qui engager des partenariats ? (p.44) : Marqués comme la droite au fer rouge du productivisme, fasciné par ses fétiches et ses aditions, la social-démocratie et les courants marxistes restent éloignés de l’essentiel du paradigme écologiste. Les écologistes n’ont pas vocation à épouser une doctrine qui n’est pas la leur en y introduisant un peu de vitamine verte.» (Manifeste pour une société écologique  – 13 novembre 2010)

8. « Tout a commencé en France au début du mois de décembre 1973, au cours d’une réunion de l’Association des Journalistes et Ecrivains pour la protection de la nature et de l’environnement. Et si on présentait un candidat aux présidentielles de 1974 ?  Idée adoptée, puis oubliée. Après la mort de Pompidou, l’idée renaît au sein des « Amis de la Terre » qui choisit le 6 avril 1974 comme candidat, sans qu’il le sache, René Dumont. Tout le long de la campagne, Dumont sera le représentant des associations écologiques qui le soutiennent. » (La campagne de René Dumont et ses prolongements, Pauvert 1974)

9. Associations pour la candidature de René Dumont : Les Amis de la Terre ; Action zoophile ; Comité antinucléaire de Paris ; Combat pour l’homme ; Droits du piéton ; Ecologie et Survie ; Fédération des usagers des transports ; Association pour la protection contre les rayonnements ionisants ; Comité de sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin ; Nature et Vie ; Maisons paysannes de France ; Défense et protection des animaux ; La Gueule Ouverte ; Front occitan ; Etc.

10. Par exemple Attac a « pour objet de produire et communiquer de l’information, de promouvoir l’éducation populaire, ainsi que de mener des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l’ensemble du monde. Parmi ces moyens figure la taxation des transactions sur les marchés financiers. » Il n’y a nulle trace dans ces objectifs de préoccupation à propos des rapports entre l’homme et la nature.

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Pour une année 2012 sans portable

Qui a un téléphone portable ? Pratiquement tout le monde. Selon mon avis d’écolo, aucun d’entre nous pourtant ne devrait en posséder. La téléphonie fixe était parvenue en France à son degré de maturité ; on pouvait téléphoner partout et de n’importe quel endroit. Toutes les familles ou presque étaient équipées, des  cabines téléphoniques étaient facilement accessibles, l’égalité devant le service de la communication à distance était une réalité. Nous n’avions pas besoin de téléphones portables. Pourtant ceux qui n’ont pas de portable aujourd’hui sont considérés comme des marginaux. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu intoxication de masse de nos comportements par les marchands de gadgets. Quelques anecdotes pour illustrer mon propos :

La fille de ma fille, la petite Zoé, maîtrise déjà le téléphone portable à l’âge de 9 mois. Il ne s’agit encore que d’un morceau de caoutchouc qui symbolise touches et antenne, mais qui sert uniquement pour l’instant à se fortifier les gencives en attendant les dents : le ver technologique est déjà dans la tête du bambin. J’ai réalisé une enquête sur leur taux d’équipement auprès de mes élèves de seconde. Seule une élève de milieu très modeste ne possédait pas de portable, mais uniquement parce qu’il y en avait déjà trois dans la famille et qu’elle pouvait donc s’en servir sans difficulté. Il n’y avait que deux élèves pour n’en être qu’au premier portable, la majorité avait déjà changé jusqu’à quatre fois et plus de modèle, à la poursuite sans fin du modèle de la dernière génération. Mais l’expérience la plus traumatisante, je l’ai vécue lors du pot d’adieu de la stagiaire dans une association environnementaliste. Nous étions là, tout le conseil d’administration, le verre à la main, autour de la jeune fille. Notre président s’avance solennellement vers elle, le paquet cadeau à la main. Brusquement le portable de l’insouciante sonne, elle se précipite vers la sortie pour pouvoir mieux écouter la suite, laissant le président la mine déconfite et le paquet sur les bras. Bien entendu cette l’effrontée tenait pour comportement naturel le fait de laisser tomber son environnement proche pour écouter quelques étrangetés venues d’on ne sait où.

Ce modèle de société absurde qui gravite autour du portable, je n’en veux pas. Donc je n’ai jamais possédé de portable. C’est un choix individuel. Mais comme je suis écolo, et que l’écologie s’occupe de gérer notre maison commune la Terre, nous devrions tous avoir les mêmes objectifs : ne pas utiliser trop de matières premières rares, économiser l’énergie, ne pas rejeter des déchets toxiques dans l’environnement, ne pas polluer par des ondes électromagnétiques… Nous ne devrions pas posséder de téléphone portable…

Voir sur ce blog Le portable, technique douce ou dure ?

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EDF, CGT, ministres…, des menteurs au service du nucléaire

Dans un avis de novembre 2011, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) estimait qu’« il n’est pas possible d’évaluer avec un degré de confiance suffisant » la robustesse des réacteurs pour des niveaux d’aléas supérieurs à ceux pris en compte lors de leur conception. Pourtant, selon le ministre de l’industrie et de l’énergie Eric Besson, « l’équilibre de la filière nucléaire n’est pas menacé par le prix à payer de la robustesse supplémentaire ». Qui croire, un établissement public sous tutelle des ministres ou un ministre sous tutelle des lobbies énergétiques ? Nous dirions de l’EPIC-IRSN qu’il n’est pas complètement autonome, nous dirions d’un politique qu’il veut seulement rassurer les peureux que nous sommes : donc leurs fonctions sont complémentaires, le mensonge n’est pas exclu.

Pourquoi mentir ? Henri Proglio est le PDG d’EDF, sa fonction est donc de nous mentir pour assurer la pérennité de son entreprise. S’appuyant sur la conclusion du rapport de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), il juge qu’il n’y a aucune raison objective de fermer Fessenheim, ni aucune autre centrale. Ce n’est pas lui qui paiera les investissements exigés par l’ASN, ce sont les consommateurs ! La responsable d’un syndicat catégoriel en est encore à jouer l’argument usé de l’électricité « sans production de CO2 ». Tout et n’importe quoi pourvu qu’on préserve son gagne-pain. La ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet veut nous faire croire que la sûreté nucléaire se tiendra à distance de toute considération idéologique et économique, de tout débat partisan, de tout acte de foi. Mais NKM se retranche derrière l’avis de l’ASN, « pas de fermeture immédiate d’un réacteur ». NKM se retranche derrière la décision d’EDF, « un exploitant peut choisir de fermer une installation ». La ministre NKM ménage la chèvre et le chou, elle a simplement oublié qu’un gouvernement national est là pour trancher dans l’intérêt public !

Quel calcul avantage/coût ? François Brotte, le M.Energie de François Hollande, juge que « la sécurité n’a pas de prix ». Nathalie Kosciusko-Morizet  affirme qu’on prendra toute mesure nécessaire pour augmenter la sûreté, « quel qu’en soit le coût ». Droite-gauche, même combat. Mais une telle exigence de sécurité illimitée devrait entraîner ipso facto l’arrêt du nucléaire, car le coût de la sécurité serait incommensurable. La commande du gouvernement à l’ASN se limitait aux risques de séismes et d’inondations. Le débat sur le coût réel du maintien du choix nucléaire n’est pas ouvert et ne le sera pas : EDF a déjà minimisé la somme nécessaire pour les travaux demandés par l’ASN. Le passé ne plaide pas en faveur d’EDF. Jusqu’à présent le coût de retraitement des déchets n’a jamais été pris en compte. Un rapport de la Cour des Comptes sur le financement du cycle de vie de la filière nucléaire est attendu pour fin janvier 2012. Pas trop tôt ! C’est en 1973 qu’un Conseil des ministres avalisera la construction d’une première tranche de 13 réacteurs nucléaires sans savoir ce qu’on ferait des déchets nucléaires. Inconscience ! Il faut donc sortir du nucléaire.

Quel est le risque du nucléaire ? Les autorités chargées de contrôler le nucléaire ont jusqu’à présent adopté des raisonnements de type probabiliste. Quand un événement avait peu de chances de se produire, on ne le prenait pas en compte sur le plan des contraintes de sécurité. Pourtant quatre accidents majeurs de réacteurs se sont produits au cours des 30 dernières années sur un parc mondial de 450 réacteurs. Le calcul des probabilités officiel n’en imaginait que 0,014 sur la même période ! Même Henri Proglio (EDF) a décidé aujourd’hui d’écarter la notion de probabilité et d’intégrer l’improbable dans les scénarios. Mais alors  il n’y a pas de nucléaire sûr, il n’y a que des centrales moins vulnérables que d’autres. Et l’improbable, c’est aussi l’erreur humaine ou l’action de terroristes. Risque maximum ! Il faut donc sortir du nucléaire.

Quel avenir pour le nucléaire ? Rémy Prud’homme s’appuie sur une vague étude de 2010 de l’AIE (200 études de cas dans une vingtaine de pays) pour estimer le coût du MWh nucléaire à 42 euros. Selon Proglio, le prix du MWh passerait de 46 euros avant Fukushima à peut-être 50 euros après. Calcul approximatif. Il faut renforcer le radier (le socle de béton) de Fessenheim, mis en service en 1978. Proglio se garde bien d’en chiffrer le coût. Selon les écologistes, 600 à 800 millions d’euros sont nécessaires pour la remise à niveau de Fessenheim. Proglio se contente de dire que le surcoût global des mesures prises après Fukushima sera de 10 milliards d’euros. Il est impossible de débattre du coût du nucléaire car la « vérité » des prix relève de l’idéologie. Par contre on sait que la suppression d’une centrale nucléaire ne coûterait que 3000 emplois directs en moyenne. On peut donc sortir du nucléaire. Il suffit de consommer moins d’électricité…

Source d’information : LE MONDE du 5 janvier 2012

– éditorial du MONDE : du culte de l’atome au principe de réalité

– Henri Proglio : « La capacité d’investissement d’EDF sera au rendez-vous »

– Nathalie Kosciusko-Morizet : « Je ne veux pas entrer dans une logique de marchandage »

– Greenpeace déplore un travail incomplet de l’ASN

– En finir avec l’atome d’ici à 2030, c’est possible ! (Benjamin Dessus, Bernard Laponche)

– Les écologistes estiment que débattre du coût du nucléaire n’est plus « tabou » (Anne-Sophie Mercier)

La CGT soutient à fond la filière

– Une protection renforcée des fonctions vitale en cas d’accident (Pierre Le Hir)

– L’arrêt du nucléaire coûterait cher aux Français en emplois (Rémy Prud’homme)

– Moins de 2 % de hausse des factures, selon Eric Besson

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