boycottez les chiffres 2 et 3

Concernant les oeufs « coquille », il est simple au niveau individuel de boycotter les oeufs de batterie grâce à l’étiquetage et au code apposé sur chaque oeuf :

code 3 : élevage en cages

code 2 : élevage au sol sans accès à l’extérieur

code 1 : élevage plein air (au sol avec accès à l’extérieur)

code 0 : élevage biologique (au sol avec accès à l’extérieur).

A compter du 1er janvier 2012*, de nouvelles normes européennes, adoptées en 1999, entreront en vigueur pour tous les Etats membres. Les poules pondeuses de l’Union européenne devraient théoriquement disposer d’un peu plus de place dans les cages collectives des élevages en batterie : de 550 cm2 pour chaque poule, soit la surface d’une feuille A4, à 750 cm2, dont 600 cm2 de surface utilisable. La nouvelle législation prévoit également une mangeoire d’au moins 12 cm de long par poule et l’accès à un abreuvoir. D’autres aménagements sont également rendus obligatoires comme le nid et la litière permettant le picotage et le grattage, un perchoir et un dispositif de raccourcissement des griffes. Mais les gallinacés resteront pour la plupart parquées dans des batteries, qui hébergent actuellement 80 % des poules produisant les œufs consommés en France. Selon une enquête menée par L214 dans quelques élevages ayant déjà adopté les nouvelles normes en France, le « nid » se limite à quelques lamelles de plastique sur un sol grillagé, et un bout de papier de verre collé dans un coin de la cage fait office de raccourcisseur de griffes.

Sommes-nous là pour réaliser les rêves des poules pondeuses ? Pour l’instant nous avons fait en sorte de réaliser leurs pires cauchemars.

* LEMONDE.FR avec AFP | 29.12.11 | Les poules pondeuses rêvent toujours de grands espaces

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Homemakers, élevage de poules en ville

Pendant la crise de la grippe aviaire, on avait moqué les banlieues asiatiques où hommes et poules vivaient ensemble, signe d’un pays arriéré. Pendant la dernière guerre, certains en France élevaient des poules en ville. Pénurie oblige. Nous allons aujourd’hui revenir aux fondamentaux de la survie.

Jusqu’à dix poules par foyer. Pas de coq. Autorisation administrative requise. Vente des œufs interdite : Durham, en Caroline du Nord, vient de rejoindre le club très fermé des villes américaines qui autorisent leurs riverains à élever des  gallinacés. Dans les années 1930, les gens survivaient tant bien que mal en cultivant des potagers et en récoltant leurs œufs. Ce modèle va redevenir de rigueur. La culture américaine conventionnelle voyait le foyer domestique comme une unité de consommation. Les homemakers préfèrent que leur foyer soit une unité de production : « on produit nos aliments, on prend soin nous-mêmes de notre santé, on compte sur nos familles, nos voisins et notre communauté pour s’entraider. Le choix de devenir un(e) homemaker est un acte de transformation sociale. Qui est le mieux armé pour faire face aux coups durs de l’économie aujourd’hui ? Une femme avec un gros salaire qui perd son boulot du jour au lendemain, ou celle qui produit elle-même et peut compter sur ses poules pour manger ?*

Les poules débarquent aussi dans LE MONDE**. Claire a une poule naine, « J’avais envie d’un retour à la nature. » L’élevage de gallinacés en plein Paris gagne du terrain. Crainte de la malbouffe, rejet des élevages industriels, souci pédagogique ou simple compagnie. La tendance est née aux Etats-Unis. A Montréal, un Collectif en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable a lancé en 2010 une pétition pour lever l’interdiction de l’élevage citadin… En France, les poules en petit nombre sont considérées comme des animaux domestiques. Pas d’interdiction sauf problèmes de copropriété. Mais la journaliste Christine Taconnet insiste sur l’effet de mode, pas sur la recherche de la simplicité volontaire : « LLLLLLllles fabricants d’abris rivalisent d’idées, les créatifs s’y mettent. Ainsi, Eco-poules vante ses structures en bois local et renouvelable, Pousse Créative parie sur le design… »

* AMERICAN ECOLO d’Hélène Crié-Wiesner (delachaux et niestlé, 2011)

** LE MONDE du 29 décembre 2011, Les poules débarquent en ville

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nos voeux écolos pour 2012

Un député PS, Jean-Claude Viollet, a envoyé ses vœux: « 2012, retrouver le chemin d’une croissance durable ». Une autre députée, Martine Pinville, confirme les intentions : « 2012, partager les fruits d’une croissance retrouvée ». A croire que les députés PS se sont donnés le mot ! Mais notre ministre de l’écologie nous offre aussi Trois clés pour une croissance durable (lemonde.fr | 27.12.11 | ). A croire que la droite et la gauche poursuivent en France le même objectif, l’impossible croissance dans un monde fini. Nous préférerions une autre analyse.

John Beddington, premier conseiller scientifique du gouvernement du Royaume Uni, a déclaré début 2009 que le monde ferait face d’ici 2030 à une « crise absolue » de pénuries d’eau et de nourriture et à une explosion des prix du pétrole. Une semaine plus tard, l’ancien président de la Commission du développement durable britannique Jonathan Porritt exprimait son accord ; mais il écrivait que la crise frapperait à une date plus proche de 2020 que de 2030. Il parle de « récession ultime », celle dont il pourrait être impossible de se relever.

Une solution principale pour éviter le choc, la sobriété des comportements en 2012. Ce que nous souhaitons. Ce qui est incompatible avec la poursuite de la croissance économique.

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Inventer l’avenir sans Nathalie Kosciusko-Morizet

La ministre française de l’écologie NKM* s’imagine avoir du recul pour envisager le long terme : « La raréfaction des ressources naturelles et les pollutions menaçant les équilibres vitaux de notre planète… Importations de matières premières aux prix voués inexorablement à la hausse… La consommation à outrance a vécu. » Elle propose donc la sobriété, basée sur « le simple bon sens » et les économies d’énergie ! Mais dans le même temps, elle fait toujours confiance aux technologies de pointe : « Airbus, fusée Ariane, TGV, aciers spéciaux… » !! Car elle rêve encore d’une « nouvelle croissance » !!!

Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas encore compris que la sobriété assumée est incompatible avec la recherche de la croissance. Son diagnostic est bon (équilibres vitaux menacés), ses perspectives déplorables. Car aucune civilisation n’a survécu à la destruction continue de son écosystème. NKM fait comme tous ces prétendus experts qui ne voient dans la récession de 2088-2009 qu’un simple incident de parcours avant le retour à une croissance « nouvelle ». La pensée dominante ignore le seuil de reproduction durable des écosystèmes. Cette vision est aux antipodes de la réalité écologique.

Début 2009, John Beddington, premier conseiller scientifique du gouvernement du Royaume Uni, a déclaré que le monde ferait face d’ici 2030 à une « crise absolue » de pénuries d’eau et de nourriture et à une explosion des prix du pétrole. Une semaine plus tard, l’ancien président de la Commission du développement durable britannique Jonathan Porritt exprimait son accord ; mais il écrivait que la crise frapperait à une date plus proche de 2020 que de 2030. Il parle de « récession ultime », celle dont il pourrait être impossible de se relever. NKM ferait mieux de lire le livre de Lester Brown, Basculement, pour savoir comment éviter l’effondrement économique et environnemental.

* | LEMONDE.FR | 27.12.11 | Trois clés pour une croissance durable

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le luxe conjure les tsunamis selon LE MONDE

LE MONDE comme chacun sait est devenu un relais de l’industrie du luxe. Nicole Vulser, sa spécialiste maison, est du genre « Chaussettes haut de gamme » ou « Très chics costumes de James Bond » ! Le 31 décembre 2010, elle nous avait pondu un article fabuleux, « L’engouement planétaire pour la laine de Cachemire ». Cette fois, c’est la totale : « Au Japon, une envie de luxe pour conjurer le tsunami »*. Comme si les bijoux pouvaient détourner un raz-de-marée !

En fait cet article se contente de passer en revue tous les produits de luxe made in France dont les Japonais(es) soi-disant raffolent. Un paragraphe pour Cartier, un autre pour Vuitton et LVMH, sans oublier PPR (Gucci, Yves Saint Laurent), Chanel, Hermès, et encore Vuitton et LVMH. Il paraît que le luxe est, selon Nicole Vulser, un « investissement à long terme ». Comme si une montre en or ou un diamant pouvait nous servir pendant la crise systémique qui s’annonce !

C’est en page 2 du MONDE, monopolisant l’espace. Nicole Vulser ferait mieux de lire le livre d’un autre journaliste du MONDE , Hervé Kempf : « Comment les riches détruisent la planète ». Nicole apprendrait que la seule façon que vous et moi acceptions de consommer moins de matière et d’énergie, c’est que la consommation matérielle, donc le revenu, de l’oligarchie soit sévèrement réduite. En soi pour des raisons d’équité, et plus encore, en suivant la leçon de Veblen, pour changer les standards culturels de la consommation ostentatoire. Puisque la classe de loisir établit le modèle de consommation de la société, si son niveau est abaissé, le niveau général de consommation diminuera.

LE MONDE du 27 décembre 2011, Après la catastrophe du 11 mars, les Japonais ont retrouvé le chemin des boutiques de luxe…

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Mon testament écolo

Je soussigné désire un enterrement sans aucune cérémonie religieuse, sans fleurs ni couronnes ni aucune marque matérielle de condoléances.  Je veux être enterré de façon à minimiser mon empreinte écologique au maximum. Pas de crémation qui utilise une énergie extracorporelle devenue trop rare. Pas de cercueil qui mobilise des ressources naturelles. Pas de vêtements car nu je suis né, nu je veux mourir. Mon idéal est de participer sans rechigner au grand recyclage que la nature nous propose gratuitement. Pour faciliter la chose, Paris nous offre paraît-il un modèle que je recommande : la commune fournit aux personnes décédées (sans ressources ni famille) des caissons en béton étanche équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible. Nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la biosphère qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

Je suis émerveillé par toutes les générations précédentes d’hominidés qui depuis des millions d’années n’ont laissé pratiquement aucune trace sur terre. Ils ont permis aux décomposeurs le soin de disperser leurs molécules pour profiter aux autres formes de vie. Je suis révolté par tous ces puissants et autres saccageurs de la nature qui font construire des pyramides et des mausolées dédiés à leur ego, des statues ou des monuments grandioses à la hauteur de leur suffisance. Ils n’ont aucun sens de l’écologie, ils n’ont pas le sens des limites, ils sont néfastes. Notre trace sur terre importe dans le souvenir que nous laissons aux vivants, pas dans l’empreinte écologique qui défigure notre planète. Je suis abasourdi de voir que les gens qui vivent à l’occidentale se croient à l’égal des puissants, construisant buildings immenses et autoroutes un peu partout. Je suis ulcéré par cette pub de Renault qui prétendait « laisser moins de traces sur la planète ». L’européen moyen émettra au cours de sa vie 752 tonnes d’équivalent CO2 de gaz à effet de serre*. Nous devrions avoir peur de la trace laissée après notre mort : entre un et deux millions de fois notre propre poids, c’est plus qu’une trace ! Mais je sais aussi comme Alan Weisman** que les canalisations d’eau exploseront un jour avec le gel, que les métros souterrains seront envahis par les eaux, que les barrages et canaux engorgés de vase déborderont, que la végétation recouvrira le bitume et le béton, que tout ce qui fait les routes et les villes, les maisons et les usines disparaîtra du regard.

Je ne suis que fragment de la Terre, nous ne valons certainement pas plus que le lombric qui fertilise le sol. Mais j’aspire à un monde meilleur pour mes descendants, une société humaine en harmonie avec notre merveilleuse oasis de vie perdue dans l’immensité d’un univers apparemment sans vie. Ce n’est donc pas une planète vide d’hommes que je souhaite, mais une planète où l’espèce humaine parcourt son existence d’un pas léger qui ne laisse presque aucune empreinte. Mon héritage pourrait se résumer à ces dix préceptes que j’ai mis en évidence sur un réseau de documentation des écologistes*** :

Tu as autant de devoirs que droits ;

Tu pratiqueras la simplicité volontaire ;

Tu aimeras ta planète comme toi-même ;

Tu réagiras toujours de façon proportionnée ;

Tu protégeras l’avenir des générations futures ;

Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ;

Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ;

Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ;

Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ;

Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.

Il n’y a pas d’ordre de préférence entre ces dix préceptes, ils sont complémentaires. Dans les Dix commandements du Décalogue, il y avait beaucoup trop de choses pour Dieu et bien peu pour encadrer une organisation socio-économique qui détériore la Biosphère. Quant aux cinq piliers de l’existence des musulmans, ils sont simplistes. Toute religion, en mettant Dieu et non la Biosphère au centre de ses directives, définit des règles de comportement centrées sur les intérêts de sa propre secte, non sur l’intérêt de l’espèce humaine, encore moins sur les rapports entre les humains et la nature qui nous permet de vivre. Dieu ne nous attend pas dans l’au-delà. Si nous n’avons pas fait ce que nous devons pendant notre existence, nous n’avons servi à rien. Puisse ce testament servir à quelque chose…

* Sur quelle planète vont grandir mes enfants ? de Jean-Guillaume Péladan (Ovadia, 2009)

** Homo disparitus d’Alan Weisman (Flammarion, 2007)

*** Les Dix Commandements de la Biosphère

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Berléand, un joly con

Ce n’est pas l’écologie qui étouffe l’acteur Berléand. Il attaque la candidate aux présidentielles Eva Joly non sur son message, mais sur le fait qu’elle n’est pas née en France et qu’elle ne parle pas le français sans accent. Donc pour Berléant, Eva Joly « ne devrait pas être candidate ».

Selon Berléand pour être bien intégré à la société française, ce n’est vraiment pas important qu’on ait travaillé en France comme Eva Joly depuis 1961, qu’on ait un DEA de sciences politiques, qu’on réussisse son entrée dans la magistrature en 1980, qu’on ait été juge d’instruction au pôle financier à Paris depuis l’an 2000, qu’on soit élue députée européenne (circonscription Ile de France) depuis 2009, et candidate aux présidentielles après des primaires écolo franco-françaises. Pour être Français, il suffit de parler l’idiome national sans accent. Attention à tous ceux qui auront l’accent berrichon ou corse trop prononcé… direct le charter ! Berléand a même un esprit européen étriqué : il reconnaît qu’Eva Joly est norvégienne, mais « la Norvège n’est pas dans l’Europe ». Berléand ne sait pas que l’UE est vouée à s’ouvrir aux autres. Le père de Berléand est né en Russie, mais ça c’est pas grave, lui est un vrai français puisqu’il « parle le français sans accent » !

Berléand est un joly con, franco-centré et politiquement inculte. Il est vrai que l’acteur Berléand soutient et votera pour un candidat qui, selon ses propres dires, a le « charisme d’une huître » : François Bayrou, l’éternel perdant, celui pour qui l’écologie se résume à « acheter français » parce que c’est à la mode aujourd’hui. Berléand est un joly con, politiquement anti-écolo pour 2012. Pourtant, dans une interview du 15 mars 2010, il se présentait comme un ayatollah de l’écologie : « Mes parents avaient une démarche écolo avant l’heure, ils étaient contre la société de consommation et veillaient à économiser l’énergie. Je suis aussi comme ça et j’ai envie de laisser une planète plus propre à mes enfants. » Quand le sage désigne la planète, l’idiot regarde son doigt.

Le joly con Berléand ferait mieux de se contenter de faire seulement ce qu’il est capable de faire, réciter les textes des autres sur une scène…

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« Vivre Noël autrement »

De la part d’un correspondant :

« Noël est un don, la Terre est un don. Dieu nous la confie, afin que nous la cultivions, en prenions soin et qu’elle permette à tous les hommes d’y vivre de manière digne. Un don n’est pas à vendre ! Quel est notre rapport au don et notre rapport à la Terre qui nous est confiée ? N’avons-nous pas perdu le sens et la valeur d’un certain nombre de biens, à commencer par les produits de la Terre ? Donnons-nous du prix à ce qui est gratuit ?

On assiste à une marchandisation de ce qui est offert, c’est la loi du toujours plus. Certains revendent leurs cadeaux, sur Internet ou ailleurs. Et il en va de même pour la Création : des terres agricoles sont accaparées, des brevets sur les plantes sont déposés… Des millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable ou vivent dans un environnement pollué. Les dons de la Terre sont dilapidés, gaspillés, abîmés.

Comme l’amour, l’amitié, le vivre ensemble, le respect de l’autre, les dons de la Terre sont des dons de Dieu dont nous avons à prendre soin et que nous sommes appelés à partager.

Le collectif « Vivre Autrement »

SEPTIEME CAMPAGNE « NOEL-AUTREMENT »

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L’incapacité des politiques à Fukushima et ailleurs

Le problème essentiel des centrales nucléaires, c’est que leur gestion (construction, fonctionnement, démantèlement, gestion des déchets) dure des dizaines et des dizaines d’années, si ce n’est des siècles. Or nous ne pouvons même pas déterminer l’état de nos sociétés dans deux ans. L’instabilité économique, socio-politique et écologique est trop grande pour s’aventurer à des pronostics. Nous avons vu la surprise de tous les  « spécialistes » face aux premiers chocs pétroliers des années 1970 ou face aux multiples crises financières actuellement. Guerre ou effondrement, tout est possible, sans prévenir. Qui va pouvoir assurer que le site de Fukushima pourra être réhabilité d’ici 40 ou 50 ans ? Avec quel financement ? Déjà l’action de Tepco a perdu 10 %. Comment cette compagnie peut-elle assurer le coût du démantèlement après avoir indemnisé toutes les victimes de l’accident nucléaire ? S’il y a nationalisation de Tecpco, donc prise en charge publique des coûts, qui peut assurer que l’Etat japonais sera solvable quand il faudra ? Regardons plus précisément l’étendue des dégâts :

– Le 16 décembre 2011, la température au fond des cuves est inférieure à 100 degrés dans les trois réacteurs endommagés de la centrale nucléaire de Fukushima. Or un véritable « arrêt à froid » n’a de sens que si le réacteur est en bon état, avec son combustible en place, prêt à être retiré. Mais le combustible des trois réacteurs a fondu, percé la cuve et pénétré la couche de béton de l’enceinte de confinement. Comme l’état réel du combustible reste inconnu, un refroidissement n’exclut pas le risque d’une nouvelle réaction en chaîne. Sans compter un nouveau séisme, dont la probabilité est élevée. Sans compter la décontamination des zones polluées qui concerne une superficie de 2 400 km².

– Le 21 décembre, le gouvernement japonais prévoit un démantèlement s’étalant sur une durée de 40 ans. Il faudra d’abord enlever le combustible usé des piscines, puis extraire le combustible fondu dans les réacteurs 1 à 3. Mais le ministre japonais de l’environnement ne sait pas encore comment on fera, les techniques actuelles ne sont pas adaptées à de tes problèmes. Nos techniques créent plus de problèmes qu’elles n’en peuvent résoudre, nous montrons une incapacité chronique à faire face aux risques. Rien n’a changé, voici ce que déclarait en 1972 le ministre français de l’environnement Robert Poujade :

Question* : Le développement des centrales nucléaires accroît la production de déchets radioactifs. Le problème de leur stockage n’est pas résolu…

Robert Poujade. – Je ne le crois pas, en effet. C’est une impression personnelle, je m’empresse de le dire. Le problème est difficile. Je n’entrerais pas dans le détail des techniques de stockage des déchets. Y en a-t-il une qui soit souveraine ? Je n’en suis pas sûr.

Q : Le directeur de la Commission de l’Energie atomique américaine a conclu que la seule solution était de lancer les déchets dans l’espace.

R.P. – C’est une solution d’une technologie tellement avancée que je ne me sens pas qualifié pour vous répondre !

* La dernière chance de la terre (hors série du Nouvel observateur, juin juillet 1972)

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Achetez local plutôt que national !

Sur Le Monde ou son appendice Internet, les articles s’enchaînent. « Achetez français », le slogan communiste aux lendemains du second choc pétrolier de 1979 :

– Le « made in France », nouveau cheval de bataille des politiques ;

– Un nouveau label « origine France garantie » pour l’artisanat et l’industrie ;

– Sarkozy vante le « produire français » dans une usine de skis Rossignol ;

– « Produire français » un refrain entonné par tous les candidats à la présidentielle.

Pourtant, pendant des années, les gouvernements de gauche comme de droite n’ont rien fait pour empêcher les délocalisations. Ils n’avaient d’yeux que pour le libre-échange et la mondialisation. Rappelons que lors des primaires socialistes il y a peu, le concept de démondialisation a été brocardé par tout l’éventail politique. D’ailleurs, on ne peut sérieusement « acheter français » que si on change les règles du jeu international, que si l’OMC (organisation mondiale du commerce) est remise en cause, que si nos militaires s’habillent français sans succomber aux pièges des appels d’offre, etc. Si nos politiques étaient sincères, il s’agirait là d’une révolution, d’un virage à 180°, du passage du libéralisme échevelé à un protectionnisme non tempéré.

Mais les politiques n’irons pas à l’encontre de nos comportements de consommateurs insatiables. Nous avons été habitués par le matraquage publicitaire à acheter moins cher, donc des produits importés de pays à bas salaires. Nous avons été habitués au choix sans limite entre produits identiques. Nous avons été habitués aux gigantesques étalages des grandes surfaces scintillants de tous leurs feux. Nous sommes aliénés, nos achetons n’importe quoi pourvu que ce soit à la mode. C’est toute une éducation qu’il faut reprendre à 180° ! Donc nos candidats à la présidentielle nous mentent, ils ont toujours été au service de la mondialisation libérale et de nos envies, rien ne changera s’ils sont élus.

De toute façon « acheter français » est un mauvais slogan. Il nous faut « acheter local », acheter les produits fabriqués à proximité, soutenir les maraîchers locaux avec les AMAP par exemple, faire réparer auprès de l’artisanat local plutôt que jeter, mettre en place un système d’échange local, pourquoi pas fabriquer soi-même… La relocalisation ne consiste pas à obéir aux slogans d’extrême droite vantant la préférence nationale, il s’agit de mettre en place des communautés de transition à l’échelle de la ville ou de la commune pour faire face à la descente énergétique qui s’annonce. Car n’oublions pas qu’il n’y a pas que l’emploi comme contrainte, il y a aussi le pic pétrolier et le réchauffement climatique. Bientôt les yaourts ne pourront plus faire des centaines de kilomètres pour arriver jusqu’à nous. Mais cela, nos politiques ne nous l’expliquent pas…

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rendement maximal durable… des pêcheries ?

Les pouvoirs politiques sont trop libéraux en matière d’autorisation de captures, trop laxistes quant à la répression des infractions et trop tardifs dans leur prise de conscience de la gravité de la situation. Le marchandage politique à Bruxelles l’emporte donc sur l’analyse écologique. Après une discussion de marchands de tapis entre ministres européens de l’agriculture, les amis des pêcheurs sont contents. Les pêcheurs français pourront donc pêcher autant, voire plus en 2012 qu’en 2011*. Le ministre Bruno Lemaire exulte : « Il s’agit d’un résultat extrêmement positif, car il permet de maintenir les capacités de capture des pêches françaises ». Les pêcheurs espagnols ont obtenu des hausses de 110 % de leurs quotas de lotte et de 500 % du merlan bleu du nord.

La commission européenne souhaitait se référer au « rendement maximal durable »** dès 2012, le ministère français trois ans plus tard (« La France est prête pour 2015, lorsque ce sera possible et sans casse de bateau »), c’est-à-dire en 2020, c’est-à-dire jamais. En repoussant aux calendes grecques l’optimisation de l’exploitation des stocks, on pêche plus de poissons que les capacités de renouvellement des ressources halieutiques. Les ministres à Bruxelles votent ainsi contre les générations futures, mais cela reste l’objet d’un article confidentiel dans LE MONDE, article qui cite en passant les opposants comme Stephan Beaucher*** sans reprendre leurs arguments. La surexploitation des principaux stocks oblige à augmenter constamment l’effort de pêche pour maintenir artificiellement des volumes de prises et érode en permanence la rentabilité de l’activité. Les captures ont déjà atteint leur apogée autour des années 1970 ; pour pêcher la même quantité de poissons, il faut aller plus loin, pêcher plus profond, avec des bateaux toujours plus puissants.

En France, la politique publique de la pêche n’a jamais été pensée sur le long terme, n’a jamais répondu à une stratégie autre que le maintien de la paix sociale dans les ports. Un certain nombre de bateaux, quand ils quittent le port, ne partent plus pêcher des poissons mais des subventions. On consomme en moyenne 1 litre de gazole pour pêcher un kilo de poisson. Alors que l’approvisionnement mondial (quantité disponible par habitant) a culminé à 17,2 kilos en 1988, il est passé à 16 kg en 2003 et devrait être à 10 kg en 2050 sous la double pression de la diminution des stocks et de la croissance de la population. Par analogie au peak oil que nous redoutons, le peak fish a été atteint lors de la décennie 1990. Le rendement maximal durable est derrière nous.

* LE MONDE du 20 décembre 2011, Les pêcheurs ont obtenu le maintien de leurs quotas pour 2012

** rendement maximal durable : encore appelé Rendement Soutenable  Durable, c’est la plus grande quantité de biomasse que l’on peut extraire en moyenne et à long terme d’un stock halieutique dans les conditions environnementales existantes sans affecter le processus de reproduction. Mais ce rendement est une notion imparfaite. Ce n’est pas le seuil biologique au-delà duquel le stock n’est plus capable de se reproduire et disparaît brutalement. Les exemples récents d’effondrement sont malheureusement de plus en plus nombreux, particulièrement chez les petits pélagiques côtiers (harengs, sardines). Le niveau exact du seuil biologique critique est le plus souvent inconnu a priori. Pour observer le principe de précaution, il ne faut donc pas exploiter la totalité du stock.

*** Plus un poisson d’ici 30 ans ? de Stephan Beaucher (Les petits matins, 2011)

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N’offrez pas de cadeaux à Noël

Fuyez les dépenses superflues qui épuisent les ressources naturelles et se transforment en déchets plus ou moins recyclables : n’offrez  pas de cadeaux à Noël. Nos enfants sont les petites victimes du marketing qui transforme le père Noël en fournisseur d’un bon de commande validé par l’industrie du jouet. Crise ou pas, l’infantilisation des masses jeunes et adultes se poursuit à chaque Noël. Les petits français ne savent même pas que le Christ dont Noël est la fête est né dans la plus pauvre des conditions. Le véritable message de Noël est celui du partage, certainement pas cette outrance des marchands du Temple qui nous proposent leurs gadgets plus ou moins chinois. Réagissez ! Ecoutez le message délivré en janvier 1973 par le mensuel La Gueule ouverte :

« Le Père Noël est le camelot immonde des marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets. Les jeux sollicitent de plus en plus de consommation électrique. Allez, tenez, on va fantasmer un peu : bientôt pour construire des centrales nucléaires, l’EDF s’adressera à nos gosses et leur proclamera la nécessité de l’atome pour fournir de l’électricité à leurs jouets !

Quelles sont les tendances d’enfants ouverts vers un milieu naturel ? Ils courent, ils jouent dans les flaques, se roulent dans la boue, ou tentent de percer les mystères de « papa-maman ». Ils vivent, pensent, créent, se contentent de quelques bouts de bois. Recouvrir ces apprentissages fondamentaux par une montagne de plastique animé par des piles électriques est le but criminel de notre société : n’offrez  pas de cadeaux à Noël.

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vivre Noël autrement, une urgence écologique

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement » : « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Des tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Quelques rares familles ont donc essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’était la sixième campagne. L’idée de fond reste parfaite, avec ou sans Dieu : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs. En 2012, le mouvement continue et se radicalise : « On assiste à une marchandisation de ce qui est offert, c’est la loi du toujours plus. Certains revendent leurs cadeaux, sur Internet ou ailleurs. Et il en va de même pour la Création : des terres agricoles sont accaparées, des brevets sur les plantes sont déposés… Des millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable ou vivent dans un environnement pollué. Les dons de la Terre sont dilapidés, gaspillés, abîmés. » Si vous voulez en savoir plus,

SEPTIEME CAMPAGNE « NOEL-AUTREMENT »

Alors que le budget consacré en 2011 par les Français à l’achat des cadeaux de Noël est de 270 euros, en augmentation de 22 % sur l’an dernier, il nous semble nécessaire de penser autrement ! Sur LE MONDE*, on nous parle d’un « Noël alternatif » et on nous dirige vers le site http://www.mescoursespourlaplanete.com/  

« Il est bon de ne pas perdre de vue que dans la plupart des pays du monde, en tout cas tant qu’il n’a pas été complètement conditionné par les publicités, un enfant sait s’amuser avec presque n’importe quoi… Une brindille, un caillou, ou une simple boîte en carton – et son imagination prend le pouvoir… »

* LE MONDE du 17 décembre 2011, rubrique « C’est tout net ! »

vivre Noël autrement, une urgence écologique Lire la suite »

écologie politique : un parcours de militant depuis 1974

Toutes les formes de réflexion et d’organisation, que ce soit le social, l’économique ou le politique, sont surdéterminées par l’état de la biosphère qui assure notre survie à tous. C’est pourquoi tous les citoyens de la planète sont concernés au même titre par l’écologie. Mais pour faire entrer l’écologisme en politique, il faut faire des choix. Ce n’est pas facile. Voici mon expérience, voyage d’un écolo en politique de 1974 à 2011. Si cela peut aider à l’analyse commune…

1/6) Voyage d’un écolo en politique, de René Dumont aux Verts

Assigné par ma naissance à la génération 1968, j’ai été lecteur assidu d’Hara-Kiri, formaté par le réalisme du slogan « élections, piège à cons »…, j’ai donc déchiré ma carte d’électeur. La politique, un jeu de marionnettes dans les mains du marché et des lobbies, ce n’était pas pour moi. Mais en 1972, j’ai lu le rapport du MIT sur les limites de la planète et les vertus de la croissance zéro. C’était prévu, c’était prouvé, l’amour de notre société marchande pour les exponentielles dans un monde fini faisait que nous allions droit dans le mur ; je suis devenu écolo. Lorsque René Dumont, poussé par des associations environnementalistes, s’est présenté à la présidentielle française de 1974 au nom de l’écologie, j’ai compris qu’un vote significatif pouvait enfin avoir lieu pour préparer un avenir moins perverti : nous allions manquer d’eau, les voitures allaient s’arrêter faute de pétrole, le nucléaire militaire et civil était le mal absolu. René parlait vrai. Il me fallait réagir, j’ai voté pour la première fois, j’avais 27 ans.

Depuis, j’ai toujours voté écolo au premier tour pour le ou la présidentiable écolo. Il n’est pas encore venu le temps où nous aurons un ou une président(e) écologiste, mais cela viendra. J’ai aussi voté chaque fois qu’il y avait une liste écolo, je ne pouvais voter que s’il y avait un candidat écolo. L’indifférence totale des partis politiques à l’égard de l’enjeu écologique continuait de me rebuter. J’avais gardé une méfiance viscérale envers des organismes « de pouvoir » qui ne voulaient toujours rien savoir du message de René Dumont : l’écologie scientifique est le rempart principal contre nos erreurs industrielles, agricoles, financières, et même contre la bêtise humaine. Reste à écologiser les politiques ! Mais, l’inertie sociale étant ce qu’elle est, l’écologie politique est restée minoritaire jusqu’à la fin du XXe siècle, en France et ailleurs. L’état de la planète a empiré, les prédictions de René se sont installés dans les faits, et même dans les journaux télévisés. Les sommets de Terre se sont succédés depuis 1972, rien n’a changé. Personne n’a entendu parler du sommet de 1982, et même la grande kermesse de Rio en 1992 n’a été que des mots. Il me fallait faire quelque chose… je me devais de m’engager personnellement en politique ! Alors va pour les Verts, qui disaient porter le message de l’écologie.

Ma première réunion entre écolos m’a laissé un souvenir impérissable. Je n’y comprenais rien. Une vingtaine de personnes seulement, et je me perdais complètement entre les sous-tendances des différents courants. Un participant bien charitable et d’autant plus perspicace m’a expliqué en aparté. « Simplifions. Il y a les Verts rouges, les Verts noirs et les Verts verts. A partir de cette trame, chacun brode à sa façon. » Comme j’enseignais professionnellement la sociologie politique, j’ai tout compris. Il y avait les marxistes derrière le drapeau rouge, mais qui avaient senti tourner le vent de l’histoire : la victoire du prolétariat ne pourrait pas se faire sur les décombres de la planète. Mais ils n’avaient aucun repère doctrinal en matière environnementale, Marx considérait l’accumulation infinie du capital dans une biosphère aux ressources inépuisables : il vivait au XIXe siècle. Et puis il y avait les pseudo-anarchistes derrière leur drapeau noir. Pour les votes, les Verts noirs sont très forts : faut toujours s’exprimer contre le consensus qui se dessine. Et moi, et moi, et moi, vous m’avez oublié ? Dès qu’une tête dépasse, faut la couper. A désespérer du genre humain ! Pour ma part, je me sentais Verts vert, écologiste avant tout, fondamentaliste diraient certains.

Je n’ai pas mis très longtemps pour me rendre compte que mon orientation était et devait rester minoritaire. Dans un parti politique, et les Verts ne faisaient pas exception, ce qui compte c’est le pouvoir, la recherche du pouvoir, la contestation du pouvoir ou même le pouvoir pour le pouvoir. Humain, trop humain ! M’enfin, comme me l’avait enseigné René Dumont, notre tâche était bien là : écologiser les politiques et politiser les écologistes. Fallait que je m’accroche.

2/6) Voyage d’un écolo chez les Verts, jusqu’en 2002

Assidu aux réunions, je me rendais utile chez les Verts, j’ai progressé dans la hiérarchie des responsabilités, j’ai été admis au bureau en Charente. Je garde en souvenir inoubliable une histoire de covoiturage avorté qui marque les difficultés de l’écologie politique. Pour ma première réunion « au sommet », un camarade-écolo devait me prendre. J’ai attendu mon conducteur-voiture, beaucoup attendu, il n’est jamais venu ! J’ai téléphoné. Il m’avait complètement oublié, il était presque arrivé au lieu de rendez-vous à quelques dizaines de kilomètres… j’ai du prendre une autre voiture. C’est à des détails comme celui-là qu’on ressent dans sa chair pourquoi l’écologie appliquée patine : personne ne veut vraiment appliquer pour lui-même les principes à la base des économies d’énergie. Cela n’a pas empêché mon étourdi de devenir conseiller régional Vert…

Au niveau du groupe local des Verts, notre principal fait d’arme à Angoulême depuis 1997 était le prix Tournesol. Lors du festival international de la bande dessinée, un prix récompense l’album sensible aux problématiques écologiques… ou porteur de valeurs comme la justice sociale ou la défense des minorités. L’écologie n’attire pas encore les foules sur son seul nom, il faut introduire d’autres critères. Après moult discussion et création d’une association spécifique, une fête de l’écologie s’est installée dans le petit village de Nanclars le dernier week-end du mois de septembre. Première édition en 2002, au moment même où j’allais quitter les Verts Tous ceux que l’écologie intéresse se retrouvaient : des ateliers pratiques, un, un espace débats, un marché de produits écolos, expos et coin mômes, etc. Personnellement je n’étais pas pour, cela accroissait les déplacements en voiture.  L’idéal a du mal à se concilier avec les pratiques… régulièrement, j’y vais faire un tour.

Aux journées d’été des Verts, dont je ne loupais aucun exemplaire, c’était la grande kermesse. Cela allait des groupes d’échange les plus sérieux, autour de l’espéranto, jusqu’aux plus farfelus comme celui qui rassemblait les transsexuels et autres divers genres, en passant par le groupe femme qui parle des femmes : chacun dans sa chapelle. Sans oublier les fumeurs de pétards qui utilisaient la moindre occasion pour faire parler de la dépénalisation du cannabis. Il est bien vrai que l’étiquette écolo regroupait surtout tous les survivants de la deuxième gauche, celle pour qui la libéralisation des mœurs, féminisme, IVG, homosexualité, autogestion… restait l’alpha et l’oméga de la vie publique. Je n’étais pas contre, loin de là, je peux même ajouter entre autres à la liste naturisme et nudisme, pacifisme et non-violence. Mais je pensais à juste raison que ces messages issus de mai 1968 étouffaient complètement ce que nous voulions faire passer : une planète sauvegardée pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes. Dominique Voynet concluait lors de ma dernière journée d’été en 2002 que ce n’était pas la peine de parler entre nous d’écologie puisque tout le monde était d’accord sur la question !? Elle faisait l’impasse sur nos manques.

J’étais accablé par les contradictions internes des Verts, par des statuts inefficaces, souvent dénoncés mais jamais modifiés. J’étais aussi accablé par l’amateurisme de nos procédures et candidats. Aux primaires pour les présidentielles 2002, nous avions voté Lipietz contre Mamère, qui s’était révélé non médiatique, avait été désisté par un autre vote, et Mamère, malgré sa décision irrévocable de ne pas se présenter, avait quand même obtenu plus de 5 % des voix au présidentielles 2002. Mais avant, j’avais voté pour voter, plusieurs fois, pour rien. J’étouffais, les Verts ne portaient pas vraiment l’idéal écologiste, mais un système embryonnaire de parti, un ramassis d’ambitions et beaucoup de gens qui ne faisaient que passer.

Aux journées d’été d’août 2002, à Saint-Jean-de-Monts, j’ai craqué à mon tour. Chaque nuit ou presque une insomnie, pour ces questions lancinantes qui me taraudaient. A quoi servaient les Verts ? Qu’est ce que je faisais dans ce parti ? Qu’est-ce que faire de la politique ? Je suis parti… pour le parti socialiste. Mais auparavant, j’ai fait une réunion de formation pour le groupe local sur le concept de décroissance. Même chez les Verts, ce mot était alors inconnu, ou tabou. Il n’y avait pas de formation chez les Verts et en 2011, c’est toujours la même situation. J’y reviendrais.

J’ai donc décidé de rentrer dans un parti dit de gouvernement en octobre 2002. L’auto-blocage des Verts devenait irrécupérable et l’enjeu écologique devenait si brûlant que je pensais que le PS allait faire son grand tournant idéologique vers un parti social-écologiste. Naïf que j’étais !

3/6) Voyage d’un écolo dans une fédération socialiste

Déçu au plus haut point par l’immobilisme des Verts, j’ai basculé en octobre 2002 dans l’illusion d’un parti dit de gouvernement, le Parti socialiste.

J’ai été accueilli à bras ouvert au niveau de la fédération départementale du PS. Pour cause, personne ne voulait s’occuper d’écologie dans ce parti… Je suis donc, faute de concurrent, devenu presque aussitôt fédéral à l’environnement, membre assidu de la commission nationale environnement, chargé très vite à ma demande d’un suivi mensuel de la politique de la droite en matière d’environnement. Ce suivi était envoyé à tous les députés du groupe socialiste et républicain, laissé sans suite pendant plusieurs années, sauf pour une brochure en avril 2005 « Notre maison brûle, la droite regarde ailleurs ». En fait je m’agitais, j’étais content de travailler pour la cause écologique, mais rien ne bougeait ou presque. Comme un squelette agité par le vent, le Parti socialiste.

Que ce soit une section locale, une fédération ou un bureau national, ne nous leurrons pas, l’enjeu dans un parti électoraliste est la répartition des postes, pas l’analyse écologique. On court d’une élection à l’autre, le nez dans le guidon. Les débats sont interminables… pour savoir qui on va désigner comme candidat. Les affrontements interpersonnels entre camarades socialistes sont omniprésents, entre courants, à l’intérieur des courants, entre habitants d’un même lieu. Comment alors prendre le temps de penser écologie ? J’ai quand même réussi à intervenir dans presque toutes les sections de Charente sur le prix de l’énergie. A la question préalable « pensez-vous normal que le prix de l’essence augmente, soit stable ou baisse », tout le monde ou presque voulait d’une diminution du prix, social exige. A la fin de la session de formation, tout le monde avait compris que le pétrole étant une ressource limitée en voie de disparition, le prix du baril devait augmenter et donc le litre d’essence. Mais cette connaissance nouvelle n’avait entraîné aucune conscience nouvelle… au Parti socialiste.

De toute façon la formation n’existe pas au PS. Le nouvel arrivant doit se contenter généralement d’une présentation devant la section, nom-prénom, un peu plus s’il est bavard, point final. Il y a bien entendu une « formation des cadres », appelée «Université permanente ». J’ai suivi cette formation : il n’y a aucun débat d’idées, aucun point de repères enseigné ; on apprend à prendre la parole, on suit les bavardages pontifiants de nos leaders lors de l’université d’été à La Rochelle, point final. On réalise à la fin un mémoire qui n’est même pas archivé. A Paris rue Solferino, siège du PS, on s’en fout de la production des militants. C’est ça la démocratie, dans un parti de cadres ! Pourtant j’avais réalisé une somme sur « marxisme et écologisme », mais ça n’intéressait personne. De toute façon le PS n’a aucune idéologie à enseigner, il ne se rappelle même plus qu’il a été SFIO (section française de l’internationale ouvrière), il ne sait plus le langage marxiste de la plus-value, il a la cohérence doctrinale de la droite, marché, libre-échange, concurrence et compétitivité. Pour les socio-démocrates, c’est la croissance économique qui doit permettre les avancées sociales, l’enjeu écologique reste ignoré. Aubry, Hollande et Strauss-Kahn ne peuvent me contredire, ils tiennent le même discours.

La seule fois où j’ai abandonné ma tâche d’écologiste, ce fut à mon détriment en 2006-2007, pour soutenir un candidat « parachuté » en Charente. Malek Boutih, désigné par le national au titre des minorités visibles, me paraissait une personnalité valable. Mal m’en a pris, le conseil fédéral unanime était contre un socialiste venu d’ailleurs, donc contre moi. Le député sortant, comme un prince en son fief, voulait en effet que soit désignée sa propre candidate à sa succession. Le secrétaire fédéral était aussi l’attaché parlementaire de ce député sortant : conflit d’intérêts, ça facilite l’abus de pouvoir ! Le bureau fédéral était devenu une annexe du Front national, on m’a même demandé si j’étais bien issu de Charente. J’ai été destitué de ma responsabilité de fédéral à l’environnement, on ne me convoquait plus (en toute illégalité) aux réunions du bureau fédéral… Dans ce parti, la lutte pour le pouvoir est beaucoup plus importante que la lutte pour les idées. Et on préfère exclure plutôt que discuter avec les dissidents !

Cela ne m’a pas empêché de continuer ma tâche d’écolo « socialiste » au niveau national.

4/6) Voyage d’un écolo dans les instances nationales du PS

Encarté au PS, écarté par les instances socialistes locales, j’ai continué à militer dans les instances nationales dédiées à l’écologie.

La commission nationale environnement a cela de particulier qu’on est bien obligé d’y parler environnement même si on est au PS. Mais ce n’est pas rare d’avoir un membre du CEA ou un délégué d’Areva ou un militant pro-OGM à côté de soi. On ne doit pas dire du mal du nucléaire. Ni des OGM. Ni du progrès technique. De toute façon cette instance n’est même pas consultative, on s’y réunit pour se réunir. Nous faisions un tour de table, on papotait sur l’actualité, on recevait de moins en moins souvent le compte-rendu. Nous avions reçu des associatifs comme les représentants de Greenpeace ou de WWF. On pouvait faire un lien durable avec les associations environnementalistes. J’ai demandé, on n’a rien fait. Nous parlions à une époque malthusianisme. Rien n’en est ressorti. C’est pourquoi au fil des années l’assistance s’est faite de plus en plus clairsemée, jusqu’à ce que cette commission se résume en 2011 à sa secrétaire nationale, Laurence Rossignol. L’essentiel du travail veut se faire au niveau des apparatchiks, qui se réunissent pour discuter de leurs désaccords. Le culte des ego, dira la presse. Heureusement, le pôle écologique du PS a servi de substitut à la CNE pour satisfaire ma soif d’avancée environnementaliste.

Car le PS a maintenant son pôle écologique ! Lors du Congrès de 2005 au Mans, j’avais fait remarquer à quelques personnages bien placés de la commission nationale environnement qu’il faudrait que l’écologie soit représentée au prochain Congrès socialiste. Miracle, le pôle se crée début 2008, élabore une contribution générale qui se transforme avec ma présence constante et mes pressions sous-jacentes en motion soumise au vote lors du Congrès de Reims. Nous avons l’appui de quelques députés socialistes qui ne veulent plus se contenter d’être le porte-flingue de tel ou tel. Ils croient vraiment que le réchauffement climatique existe et qu’il faut faire quelque chose ; il n’y a pas que des écolo-sceptiques parmi les socialistes. Mais au Congrès de Reims, c’est la lutte à couteaux tirés pour savoir qui va être premier secrétaire du parti… chacun choisit son camp, Ségolène ou Bertrand, Martine ou Benoît. De plus la crise financière fait pencher plus à gauche, l’économie chasse l’écologie, bien au loin, dans la fumée des mots. D’ailleurs de la contribution générale à sa transformation en motion, j’ai noté le verdissage des programmes des différents leaders : il fallait faire comme si le pôle écologique du PS ne servait à rien !

J’ai représenté le pôle écologique au niveau de la Charente et je suis intervenu devant presque toutes les sections. Mais même les plus écologistes de mes proches amis dans ma propre fédé ne voteront pas la motion B, « pour un parti socialiste résolument écologique ». Résultat national, 1.58 % des voix, aucune représentativité officielle, un désastre. L’écologie reste aux abonnés absents chez les socialistes. Ce ne sont pas, juste avant la messe de La Rochelle, quelques journées d’été réussies (mais non médiatisées) à Saint Ciers qui vont changer la donne. Depuis, en charge de l’animation de la liste des correspondants du pôle, je désespère de voir émerger un nouveau dynamisme écolo à l’intérieur du parti socialiste. Ce parti reste ce qu’il est, un vieux parti de vieux cadres dont les fondamentaux ne diffèrent pas tellement de la droite libérale. De toute façon, le pôle écologique du PS n’arrivait pas à avoir de position commune sur le nucléaire, le tout voiture, le tourisme en avion, la démondialisation… J’ai juste réussi à faire passer par consensus une motion du pôle sur la simplicité volontaire (réunion à Paris le 29 mai 2010) : « Le Pôle écologique du PS invite ses membres et l’ensemble des citoyens à faire preuve le plus possible dans leur vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire ensemble une société plus conviviale et plus égalitaire. »

Mais le pôle, comme l’ensemble des instances du Parti, ne travaille pas. Le PS se contente de temps en temps d’écouter quelques intervenants et il appelle cela « Laboratoire des idées ». Les idées sont compilées dans quelques « conventions », fourre-tout indigeste et sans saveur. De toute façon le candidat socialiste à la présidentielle reste libre de n’en faire qu’à sa tête, avec son propre programme, élaboré dans un coin par quelques conseillers occultes. Et l’écologie sera encore une fois complètement marginalisée. Je rêvais d’un parti social-écologiste, avec fusion avec les Verts, ce n’est encore qu’un rêve. Il n’y a rien à attendre pour le moment des socialistes en matière écologiste, je suis dégoûté : neuf ans d’aller-retour à Paris, des échanges Internet innombrables, mes tentatives de structuration du pôle… rien n’a abouti !

5/6) Bilan du voyage d’un écolo au PS

Après un passage chez les Verts, j’avais opté pour l’entrisme dans le Parti Socialiste : neuf ans d’efforts, bilan globalement négatif.  Pourquoi ?

D’abord parce que le social étouffe complètement l’écologique. Le pouvoir d’achat est sacralisé, le niveau de vie encensé. Quel socialiste dans son imaginaire partisan pourrait se passer de sa voiture et de sa télé, du nucléaire et de la nourriture importée, de la pub et des inégalités ? Le maintien des inégalités est pourtant une explication centrale de la destruction de la planète par notre consumérisme ; la différence entre riches et pauvres crée un processus d’imitation/ostentation qui est utilisé à fond par la publicité : regarde la belle voiture que j’ai, regarde la belle voiture qu’il te faut acheter ! Le pôle écologique du PS a bien tenté de proposer un Revenu maximum autorisé (RMA) lors d’une convention. Cet amendement a fait long feu, même dans ma section : « Les inégalités motivent », me dit-on ! « Le politique ne peut rien faire contre l’économique », on ajoute ! Désespérant !! Suis-je encore parmi des socialos ? Où est l’esprit d’égalité ?

La seule avancée globale a été l’adoption d’une nouvelle Déclaration de principes, adopté en juin 2008. Ainsi dans son article 3 : « Les finalités du socialisme démocratique portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée particulièrement par les risques de changement climatique et la perte de la biodiversité, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement… Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès et la satisfaction équitable des besoins. » Mais ce texte fondamental n’est pas connu des militants et l’application qui devrait en résulter dans les programmes socialistes est inexistante.

J’ai quand même réussi une avancée ponctuelle en organisant avec l’aide logistique du pôle un colloque à l’Assemblée nationale le 25 janvier 2011: « Pic pétrolier, quelles conséquences politiques pour 2012 ». Dans la salle du groupe parlementaire socialiste, le pétrole est vraiment entré en politique : deux députés à la tribune, 7 ou 8 présents dans la salle. Le géologue Bernard Durand a montré ses inquiétudes : « Le Pic Pétrolier (Peak Oil) mondial, c’est-à-dire le moment où les quantités de pétrole disponibles à la consommation à l’échelle mondiale vont atteindre leur maximum possible, va avoir lieu incessamment. L’offre globale de pétrole va ensuite diminuer, et les quantités de pétrole disponibles par habitant de la planète diminueront plus vite encore. » L’expert Jean-Marc Jancovici a été incisif : « Les parlementaires n’ont pas conscience de l’urgence du problème pétrolier, donc ils ne viennent pas s’informer, donc ils n’ont pas conscience du problème ! » Le député Yves Cochet a confirmé : « Le gap, le fossé entre ceux qui voient le pic pétrolier et les autres est immense. Mais quand demain nous ne saurons pas si nous aurons ou non de l’eau potable et si nous aurons à manger pour nos enfants, alors nous ne pourrons que prendre conscience de la réalité. » Bien entendu, et contrairement à ma demande réitérée, ce colloque n’a eu aucune conséquence politique…

Car du point de vue des socialistes, pour tout résoudre, il suffit d’un peu plus de croissance… verte à la rigueur. De Strauss-Kahn à Hollande, ils sont tous d’accord ! Mais c’est le même discours que la droite. Le PS n’a pas encore compris que la croissance a historiquement augmenté les inégalités et en corollaire détérioré la planète. De plus en plus désespérant, d’autant plus que l’approche des primaires socialistes (dite « citoyennes ») d’octobre 2011 élimine tout débat de fond : chacun son candidat, comme d’habitude. Car qui se dit membre du parti socialiste pense comme son clan. Les personnalités passent avant les idées. Les militants pensent PS d’abord. S’ils veulent arrêter de sous-traiter l’écologie aux Verts, c’est en croyant que le PS est capable de prendre à bras-le-corps l’urgence écologique par lui-même. Illusion ! Certains rêvent personnellement d’une place officielle qu’on ne leur donnera jamais en tant qu’écolo. Car mon parcours pendant neuf ans au sein du PS m’a montré un appareil partisan qui court après le pouvoir, sans aucune autre ambition. La lutte de classes s’est dissoute dans les lendemains qui déchantent. La crise de la dette étouffe l’urgence écologique. La social-démocratie n’a plus de doctrine lisible ni de projet viable.

En bref, une partie du pôle écologique, la plus consciente, est déjà partie rejoindre Europe-Ecologie au moment des Européennes de 2009. Il n’est que temps pour moi de faire de même en 2011.

6/6) Voyage d’un écolo en politique… ça continue !

Je suis rentré en politique grâce à la candidature écolo de René Dumont en 1974. Encarté chez les Verts jusqu’en 2002, je fais un détour improductif par le PS pendant neuf ans pour en revenir aujourd’hui aux fondamentaux : l’écologie avant tout, avec EELV !

Je m’aperçois que pour 10 ou 20 euros, je peux participer aux primaires de l’écologie. Le statut de coopérateur permet en effet de voter en juin 2011 pour cette élection préalable même si on appartient à un autre parti. C’est un des apports d’Europe-Ecologie aux Verts, le sens de l’ouverture. Je me lance à fond dans un soutien à Nicolas Hulot par Internet interposé. Car Eva Joly n’est pas écolo, Stéphane Lhomme est seulement anti-nucléaire et surtout anti-Hulot, Henri Stoll est trop fondamentaliste pour percer médiatiquement. J’ai étudié la vie et l’œuvre de Nicolas Hulot, rien à redire : ses émissions en faveur de la nature, ses conseils avisés auprès du président Chirac, sa fondation, ses livres, son avertissement solennel et répété : nous voguons sur le Titanic, l’iceberg c’est pour bientôt. Mon ami José Bové est sur la même longueur d’onde : « C’est Nicolas Hulot qui porte le mieux le projet global de la transformation écologique. Aux yeux de la société, il possède cette légitimité qu’il a su bâtir à sa façon. »

Mais la vie politique étant ce qu’elle est, et les votants méritant les candidats qu’ils désignent, ce sera Eva Joly la présidentiable écolo. Comme je suis un habitué des combats perdus d’avance, je me trouve aussitôt un autre combat. Je pose ma candidature pour animer un atelier aux journées d’été d’EELV à Clermont Ferrand. A ma grande surprise, nouveau venu, simple coopérateur, je suis choisi comme co-animateur (avec Frédéric Benhaim) pour l’atelier « accueil et formation à EELV » le 19 août 2011. Il s’agissait de s’occuper de la formation à la base, et non de la formation des élus Verts déjà réalisée par le Cédis, le seul organisme qui fait des bénéfices !

J’ai été agréablement surpris par le sérieux des différents groupes de travail à Clermont. Cela me changeait du folklore des Verts dans les années 1990. Mais je me suis aperçu qu’en matière d’accueil et de formation institutionnalisée, rien n’avait changé depuis mon départ des Verts en 2002 : aucune organisation, sauf initiatives ponctuelles. Le secrétaire national à la formation, présent lors de cette séance, a conclu qu’il fallait faire quelque chose… dans six mois. Mais ma proposition d’instaurer une liste d’échange entre formateurs au niveau national a été reprise très vite par un habitué des listes (innombrables) de diffusion EELV. Depuis, peu à peu, le secteur s’organise. Lentement, trop lentement.

C’est vraiment dommageable que la formation soit restée au point mort, et significatif d’une dérive électoraliste. En effet, plus EELV se développe, plus la logique de l’organisation prime la logique des idées. Confondue avec le parti, l’organisation permanente de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement ce processus de bureaucratisation : le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. Les dirigeants du parti risquent alors d’adopter un comportement de plus en plus autocratique. Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique est donc une nécessité absolue : le contre-pouvoir par la formation à la base !

D’ailleurs la formation chez les écologistes est plus facile que dans les autres partis. La gauche comme la droite sont marquées au fer rouge du productivisme ; le mouvement écolo porte donc le seul projet politique valable pour le XXIe siècle, le sens des limites de la planète ! C’est l’écologie scientifique qui nous démontre que nous avons dépassé les capacités de régénération de la Terre. C’est l’écologie politique qui doit déterminer les décisions qui en découlent. Mais l’imaginaire social ne change pas d’un coup de baguette magique. Pourtant il y a urgence écologique, ça chauffe !

Mon projet ? Construire un parti social-écologiste. Nous avions accepté que le pôle écologique du PS garde les transfuges vers EELV (dont je fais désormais partie) sur sa liste de correspondants. C’est une passerelle entre socialisme et écologisme. Il y en a d’autres. Par exemple le partage des circonscriptions entre EELV et PS. Qu’un parti social-écologiste devienne majoritaire en France et ailleurs n’est pas simplement souhaitable, c’est inéluctable. Car au fond, qu’est-ce que l’écologie ? C’est un discours commun (« logos, logie ») qui transcende toutes les étiquettes partisanes. Il s’agit de considérer, avec les données de l’écologie scientifique et le débat démocratique, la meilleure façon de nous occuper de notre maison commune (« oikos, eco ») la Terre.

Mon voyage d’écologiste en politique est loin d’être terminé…

 

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tous les coups ne sont pas permis… en écologie

La politique contemporaine est devenue un art de la violence, une jungle où tous les coups sont permis*, où le succès passe par le meurtre symbolique de son partenaire/adversaire, du plus haut niveau (Giscard/Chirac, Mitterrand/ Rocard, Sarkozy/Villepin) à la bataille sordide pour un siège de conseiller régional ou de maire. Ces trahisons et ces haines découlent principalement de l’absence d’enjeu idéologique, les idées de droite ressemblent à celles de la gauche et réciproquement. Comment distinguer Hollande de Sarkozy, Sarkozy de Strauss-Kahn, Aubry de Copé, Bayrou de Villepin et Ségolène d’Hollande ? Ce n’est plus autour des idées, mais autour d’un clan ou d’un homme qu’on part au combat.

Dans ce contexte de personnages à contours flous, la logique de l’organisation prime la logique des idées. Le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. On devient un professionnel de la politique et les dirigeants du parti adoptent un comportement de plus en plus autocratiques. Même chez les Verts, parti autrefois bouillonnant d’idée mais en panne de leader, on laisse aujourd’hui les rênes à des personnes comme Jean-Vincent Placé, un carriériste, pur professionnel de la politique qui n’a jamais travaillé. C’est lui qui a négocié avec le PS un groupe parlementaire au sénat (où il s’est « placé » en pôle position) comme au prochain parlement. Mais Jean-Vincent Placé ne parle jamais d’écologie, même quand il est interrogé pendant deux heures par LE MONDE**.

Jean-Vincent Placé est significatif du développement d’un parti. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement un processus de bureaucratisation. L’organisation permanente, de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique et militant est donc une nécessité absolue. Le débat d’idées permet de ne pas être étouffé par les impératifs de l’organisation. Alors que la gauche est marquée comme la droite au fer rouge du productivisme, EELV (Europe Ecologie-Les Verts) a la chance de pouvoir bénéficier d’un axe idéologique précis scientifiquement fondé : nous avons dépassé les limites de la planète (empreinte écologique…). Le rôle de l’écologie politique, du parti et de ses militants est de déterminer les décisions à prendre qui découlent de ce fait. Les dirigeants doivent être au service de ce débat d’idées, pas de leur ambition personnelle.

* LE MONDE du 15 décembre 2011, Livre du jour : Tous les coups sont permis de Renaud Lévy et Henri Vernet

** LE MONDE du 8 décembre 2011, Jean-Vincent Placé, un requin chez les écologistes

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effondrement de l’euro et système d’échange local

Script de la mini BD du MONDE*, les indégivrables :

« L’argent, c’est pourri ! Faut revenir à l’échange de services, genre je répare ta machine et tu repeins mon garage »

« Ou : tu m’échanges ta voiture contre mon robot de cuisine »

« Attends : ça ne vaut pas, ça ! Faut une grille de valeurs »

« Oui : ça s’appelle l’argent »

Cette BD est dans l’air du temps. De nouvelles monnaies créent une nouveau type d’échange communautaire. Ce phénomène se développe particulièrement en temps de crise finanicère, il a déjà donné naissance aux Lets (Local Exchange Tip System) canadien et au SEL français (Système d’échange local). Plusieurs sites comme SEL’idaire ou CyberSel propagent cette expérimentation. LE MONDE** a déjà réalisé un article sur la question : « Conjunto Palmeiras était un bidonville misérable du Brésil, sans eau ni électricité ni transports. Nous avons découvert un jour une chose importante : nous restions pauvres non seulement parce que nous avions peu d’argent, mais surtout parce que nous le dépensions en dehors de la favela. Il fallait dont autant que possible produire et consommer sur place. Et créer un instrument sur mesure, une banque communautaire. C’est ainsi que nous avons fondé en 1998 la banque Palmas, avec pour objectif de relocaliser l’économie, de générer de la richesse sur place, au moyen d’une monnaie sociale, le palmas, qui n’est utilisable que dans le quartier : 93 % des achats des ménages sont aujourd’hui effectués à l’intérieur du quartier. En dix ans, directement ou non, 1800 emplois ont été créés grâce à la banque locale. »

Cette BD se centre sur l’argent alors que ce n’est pas l’essentiel. Une banque éthique n’est pas faite pour gagner de l’argent, uniquement pour faciliter les transactions. Par principe, une monnaie alternative ne rapporte par d’intérêts : le temps ne rapporte rien. Reste le problème de la « grille de valeurs ». Or un service correspond à une durée de travail ; le temps est la seule référence concrète. Nous avons donc besoin de banques de temps : les services ou savoirs sont exprimés en unités de temps (Time Dollar aux USA, Banca del Tempo en Italie). L’unité de compte peut alors être libellée en heures et minutes. Se pose le problème de l’équivalence entre heures de travail : une heure pour tailler un haie est-elle l’équivalent d’une heure pour une leçon de piano ? Si nous étions logique, le temps d’une personne est bien toujours l’équivalent du temps d’une autre personne, quel que soit le service qu’il propose. Il suffit pour être équitable de décompter le temps passé à repeindre ton garage pendant que tu répares ma machine. Quant aux biens, comme ils incorporent aussi un certain nombre d’heures de travail, la référence reste la même que pour les services : money is time.

* LE MONDE du 14 décembre 2011, dessins de Zavier Gorce

** LE MONDE du 26 mai 2010, analyse de Joaquim Melo

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survivre à l’apocalypse, les survivalistes

Le problème de l’article d’Isabelle Talès* sur l’apocalypse « prévue pour le 21 décembre 2012 », c’est qu’il lorgne du côté de Pascal Bruckner, « Le fanatisme de l’apocalypse » : le chaos sur Terre ne peut arriver, c’est la position de la science, il faut être  dingo pour croire à l’apocalypse ! Or l’échec de Durban sur le réchauffement climatique et l’insouciance totale des politiques autant que des consommateurs  (qui ne savent même pas que nous avons dépassé le pic pétrolier) nous préparent de jolis feux d’artifice qui ressembleront à si méprendre à des catastrophes… pour ne pas dire apocalypse !

Par contre Isabelle Talès envisage en passant les « survivalistes qui se préparent chaque jour au pire ». Mais elle ne sait pas par rapport à quoi, où est le pire ! Elle se contente de dénigrer leurs boîtes de conserves en stock et leurs arbalètes. Nous conseillons à  Isabelle Talès de lire le dossier «  Survivre aux survivalistes » (mensuel La Décroissance – septembre 2008) : « Aux Etats-Unis, les survivalistes se donnent comme père fondateur Kurt Saxon, qui édite depuis 1974 une revue « le survivant ». Il s’agit de présenter des techniques de survie, mais aussi de combat dans la perspective de l’après-pétrole. Il ne s’agit pas tant de se préparer à survivre dans un monde devenu hostile que face à des humains devenus hostiles. Le survivaliste s’inquiète des futures pulsions de ses congénères plus que des possibilités de garder la terre fertile. Ce mouvement compte des milliers de membres, surtout aux Etats-Unis, qui réapprennent les techniques de la terre, la ferronnerie, l’artisanat d’antan. Selon eux, l’entrée dans l’ère du pétrole rare et cher va se concrétiser par une grande famine, par une relocalisation très brutale et par le retour à un âge de fer où seuls les plus organisés survivront. »

Rappelons que la méthode des Towns Transition, initiée pour la première fois à Totnes en Angleterre, réfute l’attitude individualiste des survivalistes. Lisez Rob Hopkins et son manuel de transition… et agissez pour éviter l’apocalypse !

* LE MONDE du 13 décembre 2011, « En attendant l’apocalypse » |Chronique télé |

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nous allons crever de chaleur, c’est la faute aux médias…

Pour l’éditorial du MONDE* hier, « Le consensus obtenu à Durban » mérite d’être salué. Pour un scientifique du climat dans l’édition d’aujourd’hui***, « Limiter le réchauffement à 2 °C est visiblement inatteignable ». Un média de référence ne peut plus se contenter de « Durban… peut mieux faire », il faut que les lecteurs se rendent compte de la catastrophe en marche. J’ai de moins en moins confiance à la ligne éditoriale du MONDE ! Car ça chauffe déjà, et demain sera bien pire.

LE MONDE comme les négociateurs semblent parfaitement conscients de la crise de la dette, de l’emploi et du pouvoir d’achat d’aujourd’hui, pas du tout des conséquences du réchauffement pour demain. De désaccord en désaccords, on repousse toujours les échéances des négociations au lendemain : à Durban, c’est pour 2015, ou pour après 2020 ! Après Durban, le cadre juridique des engagements à venir reste à préciser… car le texte rédigé en Afrique du sud ouvre le champ à toutes les interprétations !! Pourtant les faits sont têtus. En 2010, indique le Carbone Budget 2010, l’Humanité s’est délestée de quelques 33 milliards de tonnes équivalent CO2 : + 5,9 % en un an ! Du jamais vu ! Pour mémoire, le taux de croissance d’émissions tournait autour de 1 %, dans les années 1990 et de 3,1 % la décennie suivante… Il faudrait dorénavant baisser les émissions mondiales de 5 % par an au moins. Mission impossible.

Le protocole de Kyoto engageait 39 pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % en 2012 par rapport au niveau de 1990. Ce protocole expirait en 2012, il n’a jamais été respecté. Mieux, le Canada*** est devenu, lundi 12 décembre 2011, le premier Etat à se retirer du protocole de Kyoto. Même son ministre de l’environnement, Peter Kent, se met à prendre des positions contraires à la sauvegarde de l’environnement : « Le Canada court le risque de verser des pénalités de quatorze milliards de dollar, s’il reste signataire du protocole… Nous croyons qu’un nouvel accord(après Durban) avec des contraintes juridiques nous permet, en tant que pays grand émetteur, de créer des emplois et d’avoir une croissance économique …» Aux termes de Kyoto, le Canada s’engageait à réduire en 2012 ses émissions de GES de 6 % par rapport au niveau de 1990, mais ces émissions ont au contraire fortement augmenté. Selon Peter Kent, le Canada aurait dû soit bannir tous les véhicules à moteur de ses routes, soit « fermer » tout son secteur agricole et « couper le chauffage dans toutes les habitations, bureaux, hôpitaux et usines » du pays. On ne veut pas le faire aujourd’hui, on le fera demain à plus grande échelle, contraints et forcés : plus de voitures, plus de chauffage, presque plus d’usines, une agriculture de survie…

Nous allons crever de chaleur, c’est la faute aux médias, c’est la faute aux politiques, c’est la faute aux entreprises, c’est la faute à nous tous… Ding, Ding, la fin du monde approche… Dans les années 90, le Canada enseignait aux élèves les bases de l’écologie : « Reject, Re-use, Recycle ». C’était il y a très longtemps…

* LE MONDE du 13 décembre 2011, Accord de Durban : bien… mais peut mieux faire

** LE MONDE du 14 décembre 2011, Après Durban, limiter à 2 °C le réchauffement est utopique

*** LEMONDE.FR avec AFP | 13.12.11 | Le Canada quitte le protocole de Kyoto

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l’électricité en France, 13 décembre 2026

Les capacités d’EDF, fonctionnelles jusqu’à la catastrophe de la centrale nucléaire de Blaye (décembre 2018), n’ont jamais été rétablies par le Réseau intermittent d’électricité (RIE). L’arrêt de la fourniture d’électricité allemande et espagnole en 2023, a aggravé la situation. Même Paris, qui était encore correctement alimenté il y a peu, est touché. La capitale est exaspérée par les coupures sauvages d’électricité. Les rationnements provoquent une frustration toujours plus grande parmi les Français. Les inégalités dans l’accès à l’électricité augmentent l’amertume des plus défavorisés. Plus de 90 % des habitants de la Bretagne vivent avec au moins douze heures de coupures quotidiennes. Les délestages signifient, pour ceux qui n’ont pas d’alimentation en électricité privée (plus de 42 % de la population), des maisons plongées dans l’obscurité dès la tombée de la nuit ou des heures de paralysie sans pouvoir utiliser d’appareils électriques.

Pour une couverture minimale durant les heures de délestage, les abonnés aux générateurs (bruyants, très polluants et illégaux) font face à des frais toujours plus difficiles à soutenir. Parmi les industriels, les coûts en énergie sont si élevés qu’ils mènent parfois à la faillite. Chez tous, les coupures nourrissent le sentiment d’une incurie totale de l’Etat. Les dirigeants sont perçus comme corrompus et opportunistes, à incapables de résoudre les problèmes. Ah, voir un politicien chercher une bougie pour s’éclairer, le rêve ! L’électricité reste l’un des rares thèmes sociaux capable de mobiliser.

Ce scénario est déjà décrit dans LE MONDE du 11-12 décembre 2011, « Au Liban, l’électricité de la colère ». Il nous a suffi de remplacer Liban par France, Beyrouth par Paris et de substituer à la guerre du Liban une catastrophe dans une centrale nucléaire. Les humains sont des animaux parmi les autres qui vivent normalement sans voiture électrique ni éclairage en pleine nuit. Il nous faudra considérer un jour que seule la lumière du soleil nous procure une énergie durable, il nous faudra accéder à d’autres valeurs que le tout électrique. Parions que d’ici 2026 tous les besoins faussement essentiels basés sur une électricité à flux continu tomberont dans les oubliettes de l’histoire ; avec une énergie intermittente, il faudra beaucoup travailler simplement pour obtenir un peu d’eau potable et l’alimentation de base.

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Achetez français, achetez local

Il y a à peine dix ans, la Chine a accédé au statut de membre à part entière de l’OMC, le 11 décembre 2001*. Comme le nombre fait la force, la Chine est devenu l’atelier du monde. Tout bénéf pour nous, leurs produits sont moins chers. Catastrophique pour notre économie, la France connaît la désindustrialisation et le chômage. Le slogan nationaliste fait donc un retour en force : « Achetez français »**. Car chacun peut se rendre compte que nous avons délocalisé nos industries, nos chercheurs, nos emplois et provoqué pollution et exploitation dans les pays à bas salaires. Ce retour du protectionnisme est déjà utilisé par les firmes multinationales, ainsi cette pub de Coca-Cola***. LE MONDE parle même de tentation cocardière**** et fait un lien avec les slogans de l’extrême droite et le rêve du retour au franc. Le libre-échange est condamné, la démondialisation est en marche.

En fait la relocalisation ne doit pas être simplement conçue dans une optique franco-française ou même européo-centrique. Nous devons tendre le plus possible à l’achat local dans sa communauté proche. La hausse du pétrole et de l’énergie dans les années à venir va s’accompagner nécessairement d’une fragilité grandissante de la grande distribution, ce qui va donner plus de poids à la relocalisation de l’économie. La sécurité des approvisionnements poussera davantage les autorités à encourager l’autonomie en matière de nourriture et de consommation. Le retour au franc n’est qu’un aspect de cette problématique.

De nombreux instruments peuvent en effet inciter les consommateurs à l’achat local : bons d’achat avec réduction, cartes de crédit et de fidélité locales, systèmes de troc et systèmes monétaires locaux… L’argent public ne devrait être attribué qu’aux entreprises locales. Chaque euro et chaque heure utilisée pour attirer et retenir une entreprise extérieure sont perdus pour la cause locale et les avantages qu’elle présente en matière de prospérité. Comme les entreprises locales ont tendance à donner la priorité à la main-d’œuvre, au foncier et aux capitaux locaux ainsi qu’à fournir biens et services pour les marchés eux aussi locaux, c’est décisif pour la stabilité sociale. Un entrepreneur local y réfléchira à deux fois avant de continuer à polluer, ces concitoyens pouvant dénoncer très rapidement ses « externalités négatives ». De plus, du fait que les entreprises locales sont plus enclines à utiliser des matériaux locaux et à vendre sur des marchés locaux, leur activité nécessite moins de transport, consomme moins d’énergie et rejette moins de gaz à effet de serre. Enfin une entreprise locale induit un facteur multiplicateur plus élevé sur le plan économique qu’une entreprise similaire mais délocalisée : les revenus d’une entreprise locale sont distribué sur place, puis une grande partie de cet argent est redistribuée à nouveau au niveau local, etc.

De cette économie relocalisée naîtront des associations entre entreprises vertes et écolo-sceptiques, entre partisans du libéralisme et adversaires de la mondialisation. Là réside la caractéristique la plus séduisante de l’économie locale et sa contribution la plus pérenne : ancrer la culture de l’autonomie territoriale dans un fonctionnement profondément démocratique. C’est l’enjeu de la transition vers des communautés de résilience. Lisez le livre de Rob Hopkins sur la question.

* LE MONDE du 10 décembre 2011, Pékin a bien profité de son adhésion à l’OMC

** LE MONDE du 10 décembre 2011, Acheter français est devenu un geste citoyen

Cet article mélange achat français et « french touch hors des frontières ». C’est incompatible, on ne peut vouloir consommer local et exporter des produits inutiles comme une  tablette tactile, produire local et équiper de chaises françaises les parcs new-yorkais !

*** LE MONDE du 10 décembre 2011, Chez Coca-Cola, nous fabriquons plus de 90 % de nos boissons en France

**** LE MONDE du 10 décembre 2011, La tentation cocardière

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