journée mondiale pour le climat

Le 10/10/10, c’était la journée mondiale pour le climat, durant laquelle des ONG voulaient mettre l’accent sur le volontarisme : particuliers et entreprises doivent réduire de 10 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici fin décembre 2010. Des actions étaient prévues sous le haut patronage du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Mais en France, on s’est contenté d’une balade à vélo au Carrousel du Louvre et d’un concert gratuit sur le parvis de l’Hôtel de ville… Le blog du Monde consacré à cet événement a même eu la mauvaise idée de présenter une vidéo britannique dans laquelle ceux qui refusent de réduire leurs émissions de CO2 sont déchiquetés par une explosion. L’ écoloscepticisme s’en trouve renforcé dans les  commentaires :

– Les écolo apparaissent en effet comme des despotes qu’il faut suivre si l’on ne veut pas finir mal!

– Des groupes de pression sont prêts à tuer pour faire avancer leurs idées.

– Pas le moindre message pédagogique dans ce clip. Aucun intérêt, sauf pour les anti-réchauffement qui trouveront de quoi discréditer les écolos une fois de plus…

                En résumé, le climat est mal parti !

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l’écologie est un anti-totalitarisme

La démocratie ne peut être par le peuple, vox populi peut vouloir et accepter le totalitarisme le plus stupide et le plus brutal. La démocratie ne peut être par la dictature de prolétariat, les travailleurs peuvent subir le totalitarisme d’une avant-garde bureaucratique et auto-désignée. La démocratie ne peut être par le libéralisme économique, le vote du consommateur peut se tourner vers les gadgets les plus improbables et les plus nocifs pour les équilibres de la biosphère. En fait, comme le souligne Claude Lefort*,  la démocratie n’est qu’un lieu vide qu’aucune force ne peut définitivement s’approprier. La démocratie est une dynamique résultant de la libre expression, pas de l’expression du peuple à un moment donné. La démocratie, c’est cette tension permanente entre légalité et légitimité, entre soumission aux traditions et ouverture vers un autre social.

                Le libéralisme d’Adam Smith et le communisme de Marx sont deux idéologies qui ont construit le changement sur une dialectique travail-capital financier. Capitalisme et socialisme ont ignoré le capital naturel, d’où cette accumulation de périls baptisés pic pétrolier, réchauffement climatique, extinction des espèces, désertification des sols, etc. Dans une démocratie véritable qui toujours encourage sa propre contestation, il existe cependant des déterminants qui sont biophysiques. Une société humaine ne peut survivre durablement que si elle accepte d’instaurer un équilibre durable avec les écosystèmes. Comme les matrices biophysiques de notre survie sont variables dans le temps et dans l’espace, la délibération humaine ne peut être que plurielle, toujours rattachée à des conditions écologiques particulières.

Il est urgent que le pouvoir politique devienne réaliste et prenne en considération la pérennité des ressources naturelles nécessaires aux générations présentes, aux générations futures et aux non- humains. Il est urgent que l’Etat, source potentielle de totalitarisme, laisse place à des communautés que puissent déterminer elles-mêmes leur autonomie énergétique et alimentaire. Il est urgent de comprendre que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes. Sinon, ce sera la barbarie d’un fascisme qui sera certainement pas écologiste.

* LeMonde du 9 octobre, Claude Lefort, ni socialisme ni barbarie

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toxicos de l’auto

Il n’est pas étonnant qu’Hervé Kempf consacre une chronique aux « autoxicomanes »*. Hervé Kempf est un des rares journalistes en France qui sache que le pic pétrolier est digne de considération, pas le Mondial de l’automobile. Ce qui est le plus étonnant, c’est que ce soit un journaliste du Monde qui l’écrive et qui en profite pour étriller le média qui le nourrit : «  Les médias ont laissé tout sens critique au garage, ils se sont transformés en démarcheurs publicitaires (…) Comme on ne peut pas penser que la publicité puisse avoir un quelconque effet sur le sens critique des médias, il faut croire que ceux-ci sont autoxicomanes, drogués à l’auto. »

                Nous en tirons la conclusion que les rédacteurs du Monde savent pertinemment qu’il faudrait consacrer plus de pages au pic pétrolier qu’au Mondial de l’automobile. Mais ils sont encore soumis aux recettes publicitaires provenant de l’industrie automobile, laissant à Hervé Kempf sa petite rubrique iconoclaste pour éclairer l’avenir : un jour les autoroutes auront le même destin que les pyramides d’Egypte, ne servir à rien. L’évolution des mentalités, le sevrage des toxicos de l’empire mécanique, passera par l’évolution des médias avant même de passer par le changement politique.

LeMonde du 6 octobre, Autoxicomanes.

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trop de touristes prennent l’avion

Aujourd’hui nous ne parlerons pas du tourisme par avion qui profite d’un kérosène détaxé pour abîmer des contrées lointaines et détériorer le climat. Aujourd’hui nous ne parlerons pas du tourisme du troisième âge qui multiplie les « long-séjouristes » puisqu’ils ont tout le temps. Nous parlerons de l’article du Monde « les retraités jouent les oiseaux migrateurs »* qui n’est en fait qu’une publicité déguisée pour les agences de tourisme.

Le journaliste François Bostnavaron cite « Sangho, Meditrad, Look Voyages, Marmara, Fram, Thomas Cook » pour n’oublier personne ou presque. Cela constitue les 4/5 de son article, sans aucune ombre au tableau idyllique qui est tracé : « On le voit, toutes les formules sont tentantes ». Pour conclure, François Bostnavaron nous conseille d’éviter les mauvaises surprises « en découvrant que les massages et le spa ne sont pas inclus ». Faut vraiment tout avoir quand on accède au troisième âge ! Heureusement un article même page mais bien moins long nous ramène sur Terre : Près d’une personne âgée sur deux ne part pas en vacances… Mais c’est surtout pour parler du soutien par le secrétariat d’Etat au tourisme permettant l’accès aux vacances pour le plus grand nombre :

par avion ?

* LeMonde du 7 octobre, page 27

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non à la fécondation in vitro

L’instinct maternel n’existe pas, avoir des enfants n’est pas un droit sans limites. En quoi par exemple la lutte contre la stérilité améliore-t-elle les  relations de l’humanité avec notre Terre-Mère ? La page Planète* consacre pourtant une page entière au britannique Robert Edwards, nouveau prix Nobel de médecine pour le développement de la fécondation in vitro. Que disent les scientifiques ?

René Frydman, « père » d’Amandine, premier bébé-éprouvette français en 1982, conçoit bien que la procréation médicalement assistée soulève une série de problèmes de nature éthique. Mais comme René Frydman est un scientifique au service de la technique, il n’a plus de repères si ce n’est les moyens de son financement ou l’ambition de sa notoriété. Tout devient alors possible dans le monde des riches : « Avec une dizaine d’embryons humains conçus in vitro, nous savons maintenant obtenir une lignée stable et immortelle de cellules souches. Imaginons que nous soyons capables de les faire se transformer in vitro en ovocytes ou en spermatozoïdes, pour un seul individu le nombre de descendants conçus in vitro n’aurait plus de limite. Il s’agit ainsi d’obtenir une forme d’immortalisation de la fertilité. » René Frydman n’envisage qu’une seule contrainte : il trouve impossible de remplacer la présence d’une mère pendant la durée de gestation et rejette ainsi le projet de créer un utérus artificiel ! Les présupposés des technolâtres se nichent dans les détails.

Jacques Testart a été le co-auteur avec René Frydman du bébé expérimental Amandine. Dans son livre de 2006, « Le vélo, le mur et le citoyen », Jacques Testart poussait un cri de colère : une recherche finalisée crée immédiatement le maquignon derrière tout chercheur qui trouve. Après avoir initié la stratégie des mères porteuses qui permet à une femelle remarquable de faire naître plusieurs veaux chaque année en transplantant dans les matrices de vaches ordinaires des embryons sélectionnés, il avait compris l’inanité de  sa tâche : en 1972, les excédents laitiers sont généralisés en Europe ! Il avait alors aidé à résoudre l’infécondité des couples humains. Avait-il enfin compris qu’on ne pouvait penser la recherche-développement en faisant l’impasse sur ses conséquences sociale-écologiques ? Non. Il a combattu les plantes génétiquement modifiées, pas les humains artificiellement créés. Quand Jacques Testart parle des couples séduits par la fivète (FIV, fécondation in vitro), il fait preuve d’une conception très limitée  de la démocratie : « Toutes les considérations du genre « Faut-il forcer la nature ? », « Il y a l’adoption ! », ne méritent d’être réfléchies que par les couples stériles eux-mêmes. L’important est de reconnaître la légitimité de la demande d’enfant formulée par un couple ». Jacques Testart fait du désir d’enfant une nécessité historique : «  Il n’y a ni caprice ni perversion, seulement l’expression ancestrale d’un désir obscur et partagé. On peut convenir que la fivète est une expérience, mais il n’y a aucune raison de la refuser aux demandeurs inféconds ».

Ces raisonnements non scientifiques révèlent des présupposés éthiques reposant sur la croyance que la stérilité, c’est le mal absolu. Mais le traitement de la stérilité n’est pas fait pour le bénéfice d’un enfant qui naîtra dans un monde déjà surpeuplé, mais pour le seul bénéfice de parents qui se refusent à assumer leur stérilité. Du point de vue écologique, il n’y a rien à gagner dans la manipulation du vivant quand cela touche les mécanismes de l’évolution (stérilité d’un couple, cohésion génétique des espèces…). Il faut savoir refuser de faire une partie de ce que la technique nous permet de faire, il faut retrouver le sens des limites.

* LeMonde du 6 octobre 2010, Le père de la fécondation in vitro Nobel de médecine

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pression du confort et salage des routes

Nos lendemains ne vont pas être tristes. Déjà pour une simple suspension de salage des routes l’hiver, le maire d’Annemasse se faisait insulter dans la rue et le maire de Thonon-les-Bains s’est fait agresser par ses administrés*. Le confort des automobilistes est si précieux que l’excès de sel pourtant nuisible pour la faune, la flore et les nappes phréatiques ne compte pas. Pour combattre la menace écologique, il faudrait modifier en profondeur notre mode de vie présent, ce qui est précisément, la pression de confort aidant, la solution la plus inadmissible pour le citoyen moyen. La pression du confort, c’est l’intégration dans un réseau sans lequel nous estimons ne pas pouvoir vivre : la bagnole individuelle, le TGV, l’ordinateur à la maison, le téléphone portable, toutes techniques en arrière desquelles se profile évidemment la silhouette des centrales nucléaires et l’épuisement des champs de pétrole. Il semble illusoire pour l’instant de demander à des gens vivants en symbiose avec le bien-être artificiel de ralentir à tous les sens du terme, matériellement et psychiquement, de se déconnecter ne serait-ce que quelques jours, laisser sa voiture au garage quand il neige trop, se contenter d’admirer la nature enneigée.

                Des « philosophes » comme Dominique Lecourt n’aident pas à la prise de conscience**. Pour Dominique Lecourt, la croissance ne peut rencontrer les limites de la planète. Pour Dominique Lecourt, il suffit de redécouvrir les valeurs de l’humanisme. Ce qui se résume en fait à cet acte de foi : « C’est par un effort massif dans la recherche et l’innovation que l’humanité aura chance de se tirer de la mauvaise passe où certains voudraient la voir se complaire. » Avec une telle hauteur d’esprit, il est clair que les interférences entre le salage des routes et les équilibres de la biosphère n’a sans doute aucune importance. Il est vrai aussi que pour Dominique Lecourt, le consensus autour de la question du réchauffement climatique n’a rien de scientifique. L’agrégation de philosophie ne mène pas nécessairement à la sagesse et à la clairvoyance.

* LeMonde du 5 octobre 2010, le salage des routes affecte les nappes phréatiques.

** Figaro du 3 octobre 2010, l’humanisme menacé par l’écologie.

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villes lentes, villes en transition

La révolution des « villes lentes » comme Ségonzac gagnent la France*, les villes en transition le reste du monde. Comme l’article du Monde est complet sur le mouvement Cittaslow initié par Pier Giogio Oliveti, allons voir du côté des villes en transition. Il ne s’agit pas simplement d’aménagements ponctuels, création de jardins partagés, structuration d’un marché de producteurs locaux,le cognac comme culture de la lenteur… il s’agit de promouvoir un nouveau modèle de société qui part du bas et qui tend à l’autonomie alimentaire et énergétique.

               Une stratégie de transition permettrait l’imbrication d’une multitude de plans locaux de limitation énergétique à l’image de celui de Totnes (9000 habitants)**. En effet, selon les travaux de nombreux spécialistes du réchauffement climatique et du pic pétrolier, nous ne disposons plus que d’une vingtaine d’années avant que les effets perceptibles de l’accumulation des crises ne nous fassent basculer dans une gestion permanente de l’urgence. Pour plus de résilience, l’autonomie et la relocalisation seront donc nécessaires. La publication au printemps 2010 du plan local de descente énergétique de Totnes, le premier à être réellement consistant, est un jalon important dans l’histoire du mouvement. Ouverts à tout habitant de Totnes désireux de s’y investir, des groupes thématiques ont été formés sur l’alimentation, les transports, l’énergie. Le plan de descente énergétique est donc le fruit d’un grand travail d’imagination collective, plutôt que le produit d’une expertise externe. Le résultat est pourtant bien plus ambitieux et visionnaire que ce que peuvent produire les démarches institutionnelles et vaguement coopératives telles que les Agenda 21 ou les plans climat territoriaux.

Il n’y a qu’au niveau local que nous avons une chance de pouvoir reprendre en mains notre futur.

* La révolution des villes lentes gagne la France (Le Monde du 3-4 septembre 2010)

** Transition in Action : Totnes and District 2030, an Energy Descent Action Plan de Jacqi Hodgson et Rob Hopkins (2008)

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Contador, t’as tort

Il y a la voix du peuple*, Contador est soutenu par tous les Espagnols, Contador est une personne propre, Contador nous explique le clenbutérol de façon convaincante, si la suspension pour dopage de Contador était confirmée, ce serait une injustice terrible… Et puis il y a la voix de la science**. Contador a affiché une puissance moyenne de 417 watts dans les cols, ce qui signe un dopage lourd avéré. Contador aurait besoin d’une VO2 (consommation maximale d’oxygène) de 99,5 ml/min/kg, un chiffre qui n’a jamais été atteint par aucun athlète dans aucun sport. Le clenbutérol*** trouvé dans les urines de Contador proviennent plus que probablement d’une transfusion sanguine avec son propre sang, extrait plusieurs mois avant alors qu’il utilisait du clenbutérol. La présence concomitante de résidus de plastique signerait la présence de la poche utilisée pour stocker le sang des transfusions. La voix du peuple contre la voix de la science, est-ce l’arrêt de mort d’une procédure démocratique sans consistance ?

                Notre époque est ainsi faite que la croyance religieuse s’effiloche alors que les croyances en n’importe quoi progressent. On croit que le cyclisme est la discipline reine et que ses champions sont au-dessus de tout soupçon. On croit que le réchauffement climatique est une pure invention. On croit que l’évidence n’a pas de raison d’être. Aujourd’hui l’irrationnel a changé de camp. Les thuriféraires de l’exploit sportif reflètent une société pervertie qui fabrique le consentement à l’inacceptable. On assiste au triomphe du sport spectacle, vivant sous la stimulation constante du culte des idoles. Le type d’être humain façonné par la société occidentale rend alors problématique tout engagement supposant une projection dans la durée.

                C’est pour cela, société du spectacle frelaté et société de consommation de tous produits, même les plus pervers, que le citoyen se retrouve dans l’incapacité de réfléchir vraiment aux enjeux écologiques du long terme. C’est pour cela que les procédures démocratiques ne reflètent que l’instant qui passe et non l’urgence écologique.

*L’Espagne fait bloc derrière son champion (LeMonde du 2 octobre)

**Les prouesses du coureur étonnaient les spécialistes (LeMonde du 1er octobre)

***Mauvais sang pour Alberto Contador (LeMonde du 2 octobre)

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l’Inde, entre Gandhi et l’absurde croissance

L’Inde est redevable à Gandhi des recettes qui auraient pu sauvegarder son autonomie. Le premier mouvement de résistance non violente conduit par Gandhi, de 1919 à 1922, avait pour thème la charkha (petit instrument ancestral de filage) et le khadi (toile artisanale), base d’une prospérité écrasée par la « machinerie de Manchester ». Gandhi voyait un grand danger dans toute innovation propre à élargir le fossé entre possédants et pauvres en induisant des besoins asservissants et impossibles à satisfaire. En 1930 en Inde, le mahatma avait entamé une campagne de désobéissance civile contre la taxe sur le sel imposée par la Couronne britannique. Ce modèle (philosophie du rouet) refusait techniques dures et intrusion des pays riches. Aujourd’hui, l’Inde bloque des projets miniers qui ne tiennent pas assez compte de l’environnement et des populations locales (LeMonde du 1er octobre). Gandhi, toujours ?

Malheureusement, il s’agit un blocage très partiel, l’Inde reste vouée à la croissance « durable ». Si les tendances se poursuivent, le nombre de voitures passera de 2 millions en 1971 à 537 millions en 2030. L’Inde fait de la surenchère par rapport à Renault (la Logan), le constructeur Tata commercialise une voiture à bas prix, la Tata Nano. L’Inde ne possède encore que 9 véhicules pour 1000 habitants. A quand le même taux d’équipement qu’en Allemagne, 450 pour 1000 habitants ? L’Inde deviendrait avant 2025 le troisième importateur net de brut, derrière les Etats-Unis et la Chine, et le troisième émetteur de CO2. Automobile et pétrole, produits de luxe et consommation de masse, l’Inde suit les traces des pays occidentaux et perd son âme.

Il n’y a qu’un domaine où l’Inde est vraiment à l’avant-garde de la souveraineté protégée. Elle n’a obtenu que trois médailles aux derniers Jeux Olympiques ; elle se fout complètement de la compétition dans le domaine sportif qui n’est pas le sien. Et puis, il n’est pas interdit d’espérer : Jairam Rasesh, ministre de l’environnement a interdit la culture commerciale de l’aubergine OGM. A quand le retour à Gandhi autour de l’idée du swadeshi (l’autosuffisance nationale) ?

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mourir écolo

Nu je suis né, nu je mourrai. Nous voulons être enterrés à même la terre, sans habits ni cercueil, offrant nos restes à dame Nature. De toute façon, tu es poussière et tu retourneras poussière. Notre temps est un cycle, se décomposer lentement, revivre autrement ; la gestion de ton cadavre doit participer au recyclage global. Si nous étions un peu plus sophistiqués, nous ferions comme à Paris ; la commune fournit une sépulture gratuite aux personnes décédées sans ressources ni famille. Des caissons en béton étanche sont équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin. L’oxygène accélère le dessèchement du corps et l’évacuation des gaz de décomposition est assurée. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini : tous les cinq ans, il est à nouveau disponible.

Voici un peu moins écolo. LeMonde du 30 septembre nous présente un cimetière « vert » made in Australia. A Kemps Creek, il faut un cercueil, des vêtements biodégradables et pas de pierre tombale ni plaque commémorative. Alors le GPS est recommandé pour suivre notre trace évanescente, c’est l’émetteur dans le cercueil qui guidera les survivants.

Même le temps de notre sépulture est récupéré par le greenwashing, c’est lamentable et anti-écolo. Le souvenir des morts est dans notre tête, pas au chevet d’un corps en décomposition.

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Le journal Le Monde et l’action directe

Il est si rare qu’un quotidien d’information générale incite à la désobéissance civile qu’on ne peut que le remarquer. Hervé Kempf, dans « le sable de Cancun », ne se contente pas de constater que Greenpeace et l’écologiste Bill McKibben ont lancé un appel à l’action directe non-violente : « Nous sommes face aux industries les plus puissantes du monde, nous ne les vaincrons pas en étant gentils. » Après l’échec de Copenhague, les négociations internationales sur le climat s’enlisent et Cancun en décembre ne fera sans doute pas exception. Hervé Kempf pense dorénavant que seul un mouvement civique dont les membres s’impliquent physiquement peut maintenant « faire pencher la balance dans le bon sens ». Hervé Kempf prend même l’exemple des faucheurs volontaires qui ont fait preuve d’une « lutte efficace ». Hervé Kempf de conclure : « Les citoyens du climat pourraient s’en inspirer. »

Contre Hervé Kempf, la réaction d’Ebolavir dans le monde.fr : « Entre la construction d’une légende (la libéralisation du commerce international arrêtée par les altermondialistes) et l’appel au terrorisme, on a l’impression que le réchauffisme dérive dangereusement. »

Notre commentaire : D’abord merci à Hervé. Il est trop rare qu’un journaliste prenne position face à l’inertie du monde politique officiel, incapable de prendre les mesures qui s’imposent contre les risques écologiques (tout en finançant le système spéculatif à coups de milliards). Protester en dehors des limites prescrites par la loi, ce n’est pas combattre la démocratie. Cela lui est au contraire absolument essentiel. Une sorte de correctif à la lenteur des canaux habituels, une manière de forcer le barrage de la tradition. Ensuite non à Ebolavir : faut pas pousser, l’action directe non-violente n’est pas du terrorisme. Le « terrorisme » est du côté des grandes entreprises qui utilisent tous les moyens pour perpétuer leur emprise. Le « terrorisme » est du côté des grands groupes qui ont manipulé l’opinion publique pour cultiver le climato-scepticisme. Le « terrorisme » n’est pas du côté de l’action non-violente des ONG et des citoyens du climat.

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mesure d’urgence au journal Le Monde

thèse : Ancien membre du conseil scientifique de l’Institut français du pétrole, Bernard Durand annonce la survenue du pic pétrolier dans cinq à dix ans. Il suggère des « mesures d’urgence » pour endiguer une crise économique sans précédent (LeMonde du 29 septembre).

antithèse : Supplément du Monde du 29 septembre sur le Mondial de l’automobile ; grande photo sur un monstre de 288 ch, vitesse de pointe à 240 km/h. Voitures électriques et greenwashing

synthèse : Première mesure d’urgence à prendre, supprimer les présentations de bagnoles dans LeMonde. Ce qui veut dire soutenir l’indépendance de la presse face au pouvoir publicitaire…  

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taxer les riches à 100 %

Pourquoi y-a-t-il des riches ? Parce que nous valorisons les riches. Ainsi LeMonde du 28 septembre consacre une page entière sur la vie de riche à Sao-Paulo, mais 1/6ème de page seulement à la fièvre néfaste du luxe (dans le supplément économique). Sur pleine page, nous apprenons beaucoup de choses qui n’ont aucun intérêt, sauf de donner envie de taxer le revenu ostentatoire des riches à 100 %. Que la bouteille de champagne puisse atteindre au Brésil 10 000 euros et la Bentley 450 000 affriole le badaud dans un quotidien de référence mais déshonore ceux qui peuvent se permettre ces folies. Que Sao Paulo soit la première ville au monde pour le trafic civil d’hélicoptères montre simplement qu’il ne fait pas bon marcher dans ses rues. Que la consommation Vuitton, Hermès ou Chanel cultive le dernier cri pour promouvoir la distinction montre que la France entretient le vice au Brésil. Car rien n’étanche la soif de luxe alors que l’achat compulsif pour paraître n’apporte pas le bonheur.

Le livre de Robert Frank, Luxury Fever, traduit de façon insipide par « la course au luxe », est sous-titré efficacement : l’économie de la cupidité et la psychologie du bonheur. Le luxe est relatif, il n’est qu’affaire d’écart par rapport à autrui. De même le bonheur quand on ne pratique pas la simplicité volontaire. Quand Onassis se faisait construire un yacht de 100 mètres, Niarchos commandait un bateau de 114 mètres. Ce bonheur-là n’a pas de limites. Quand le luxe pour les uns est de prendre l’avion pour les plages à l’autre bout du monde, le luxe pour d’autres est l’achat d’une machine à laver et pour la majorité d’avoir accès à l’eau potable. Qu’est-ce qui est le plus utile ? Non seulement le luxe des riches est immoral, donc taxable à merci sans bouclier fiscal, mais le mécanisme sans fin que le luxe induit par la course ostentation/imitation met à mal les ressources de la biosphère et entraîne un appauvrissement durable de tous. Fixer un revenu maximal admissible n’est pas un luxe, c’est une nécessité.

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des mineurs bientôt sans charbon

Il fut un temps où on envoyait les mineurs au charbon. Métier ingrat, dangereux pour la santé (silicose…), dangereux pour la vie (coup de grisou…). Pourtant les mineurs veulent continuer à creuser les flancs de notre mère la terre. Ils appartiennent à une espèce, complètement folle, qui brûle les combustibles officiels avec désinvolture. Les Espagnols* font mieux encore, ils subventionnent cette activité ingrate et sans lendemain : le  charbon n’est pas une ressource renouvelable. On explique aux mineurs que le charbon est très polluant, que leurs mines ne sont pas compétitives et qu’il n’y a pas d’avenir sous la terre, rien n’y fait, ils font grève pour être payé à continuer.

Pour Thomas More, « L’or et l’argent n’ont aucune vertu, aucun usage, aucune propriété dont la privation soit un inconvénient véritable. C’est la folie humaine qui a mis tant de prix à leur rareté. La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile (L’utopie, 1516). » Il en est de même du charbon, il aurait dû rester sous terre et nous aurions échappé au pic énergétique, au réchauffement climatique, à la dégradation des conditions de travail, à la dislocation des liens sociaux…

* LeMonde du 26-27 septembre, en Espagne, les mineurs de charbon etc.

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le livre que nous n’achèterons pas (le ciel ne va pas tomber…)

L’écoloscepticisme est un exemple de notre capacité infinie à perdre le sens des limites. Ainsi de la Société de Géographie qui avait organisé un colloque le 16 septembre dernier. Son objectif, en finir avec le catastrophisme ambiant véhiculé par les écologistes radicaux. Ces « scientifiques » géographes se mobilisaient contre l’obscurantisme ambiant, la décroissance, le déni de la science. Ce n’était qu’une réunion d’incompétents.

Jean Robert Pitte, président de la Société de Géographie, a fustigé le « bourrage de crâne médiatique sur le changement climatique » ; Jean Robert Pitte juge les Français « bien incapables de s’exprimer avec pertinence sur ce sujet ». Mais Jean Robert Pitte n’est pas connu pour ses compétences en matière de  climat, plutôt pour sa thèse « Terres de Castanide. Hommes et paysages du châtaignier de l’Antiquité à nos jours »

Yvette Veyret, Professeur de géographie à l’ Université, pourfend cette idée que nous vivons une crise écologique mondiale  (changements climatiques, déforestation, désertification, pollutions, insuffisance alimentaire…). Yvette Veyret nie tout sentiment anxiogène car cela s’appuie surtout sur le postulat que l’Homme est mauvais. Il est vrai que les photos de Yann Arthus-Bertrand sont « trop traumatisantes et sans aucun rapport avec la réalité » et la plus grande marée noire de l’histoire des Etats-Unis n’a eu que des conséquences « insignifiantes face à l’immensité de l’océan ».

Martine Tabeaud, professeur de géographie à l’Université et climatosceptique, s’attaque aux fondements même des statistiques du GIEC pour en finir avec ce « fétichisme du chiffre » qui mène au catastrophisme aveugle. Martine Tabeaud oublie les satellites qui viennent désormais appuyer les mesures de température et ne précise pas que les scientifiques s’accordent sur l’essentiel : la température moyenne de la Terre augmente. Martine Tabeaud s’enfonce donc dans l’optimisme béat : « Les conséquences d’un éventuel réchauffement climatique pourraient être bénéfiques à bien des égards (augmentation des rendements agricoles, tourisme, exploitation de nouvelles ressources… »

Le seul intervenant non-géographe de la matinée semblait finalement le plus lucide : Loïc Fauchon, président du conseil mondial de l’eau a fait un exposé bref mais dense des menaces sur l’eau, en décalage notable avec le fil conducteur du colloque « Non, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête ! ». Les géographes sont apparus très centrés sur l’Homme, n’évoquant presque jamais les dommages que nos activités infligent durablement à notre support de vie. La plupart des interventions semblaient anachroniques ou naïves. Bien regrettable de la part de personnalités dont l’ouverture sur la réalité du monde est censée être le plus bel atout. C’est pourquoi il ne faut pas acheter le livre qui prolonge le colloque, Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête (15 grands scientifiques géographes nous rassurent sur notre avenir).

 

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agir sans l’avis des scientifiques

Le principe de prévention est mis en oeuvre sur la base d’expériences théoriques ou pratiques. Le risque est avéré, il peut être démontré par la communauté scientifique. Avec le principe de précaution, le risque est non avéré. Les autorités publiques ont l’obligation d’agir sans que le risque redouté ne puisse être démontré. Le principe de précaution ne se réduit donc pas à une décision d’experts surplombant la population intéressée, mais appelle un processus de participation des personnes concernées. Mais qui est en position de savoir et d’agir ? Surtout quand il s’agit de risques cachés et d’enjeux globaux, organismes génétiquement modifiés, ondes électromagnétiques, nanomatériaux, gestion des déchets nucléaires ultimes… Il ne suffit pas d’écrire : « Le principe de précaution appelle une démarche d’évaluation complexe. »*

Quelle était donc la pratique des gouvernants avant que l’idée de précaution ne voie le jour ? Mettaient-ils en place des politiques de prévention ? Pas du tout, ils attendaient simplement que la catastrophe arrive avant d’agir. Alors que depuis vingt ans nous connaissons parfaitement le risque lié au réchauffement climatique, la vérité consiste à dire que nous n’avons strictement rien fait. Non seulement la peur de la catastrophe à venir n’a aucun effet dissuasif, non seulement la logique économique continue de progresser comme un rouleau compresseur, mais aucun apprentissage n’a eu lieu. Comme l’analyse Jean-Pierre Dupuy**, la première des menaces dépasse la sphère humaine car elle tient à la complexité des écosystèmes. Cette complexité leur donne une extraordinaire et remarquable résilience aux chocs. Mais cela ne vaut que jusqu’à un certain point seulement. Au-delà de certains seuils critiques, ils basculent brusquement vers autre chose, formant d’autres types de systèmes qui peuvent avoir des propriétés fortement indésirables pour l’homme. Les signaux d’alarme ne s’allument que lorsqu’il est trop tard.

En conséquence, le débat démocratique au sujet des nouvelles menaces doit porter sur les limites que les sociétés industrielles vont devoir s’imposer à elles-mêmes. Si nous étions sages puisque précautionneux, nous limiterions notre savoir-faire aux techniques conviviales qui ne risquent pas d’avoir d’effets en chaîne. Cela veut dire supprimer le moteur à combustion à énergie fossile, les OGM, les OEM, les nanotechnologies…

* Robert Delorme, Prévention ou principe de précaution ? Une question insoluble scientifiquement (LeMonde du 24 septembre)

** Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé (quand l’impossible est certain) (Seuil, 2002)

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anti-immigré ou xénophobe ?

Devant une atteinte à son identité, réelle ou ressentie comme telle, un groupe humain peut devenir très méchant. Ainsi la montée de l’extrême droite en Europe* dont le discours principal est le rejet des immigrés. Comme les problèmes économiques et écologiques structurels ne peuvent que rendre de plus en plus aiguë la question migratoire, une réflexion approfondie s’impose. Selon notre point de vue, il nous faut distinguer entre discours anti-immigré et discours xénophobes ou racistes. Il est anormal de tenir un discours stigmatisant les Roms, les islamistes ou n’importe quel autre groupe ethnique : Blancs et Noirs, athées ou confits en dévotion, ici ou ailleurs, nous sommes tous frères et sœurs, la  génétique nous l’a appris indiscutablement. Un parti d’extrême droite ou un président de la République qui ferait des distinctions entre les personnes est condamnable car nous sommes tous égaux.

Quant aux immigrés, Gordon Brown disait en 2007 : « British Jobs for British Workers. »  Aujourd’hui Merkel et Sarkozy cherchent chacun de son côté à faire partir des immigrés clandestins, l’Allemagne ferme ses frontières aux habitants du Kosovo**. La planète est devenue un monde dont nous avons historiquement transgressé toutes les frontières, nous sommes dorénavant enfermés dans un monde fini et appauvri au niveau de ses ressources naturelles. Les grandes migrations entre pays ou à l’intérieur d’un pays, c’est terminé, définitivement terminé. Le droit de se déplacer selon son choix empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter de façon apaisée avec des migrations de masse, y compris touristiques. Le partage de l’espace va devenir un problème crucial et malheureusement chaque groupe national ou local devra d’abord compter sur ses propres forces.

Un point de vue démographique s’ajoute à ce contexte, le phénomène de cocotte-minute. Dans le cadre de liberté des flux migratoires, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail dans le pays d’origine peut partir pour en trouver dans les pays d’accueil. En conséquence une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus démographique peut s’échapper. En revanche la fermeture des frontières empêche la cocotte-minute de jouer son rôle, ce qui pousse les autorités publiques à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où par exemple la politique de l’enfant unique en Chine.

*LeMonde du 23 septembre, l’extrême droite « faiseuse de rois » en Europe

**LeMonde du 23 septembre, l’Allemagne veut obtenir le départ de près de 13 000 réfugiés kosovars

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le vélo, plus rapide qu’une auto

Selon Grégoire Alix*, le vélo est plus rapide que la voiture en ville pour les trajets jusqu’à 5 km. Il aurait du ajouter que si on calcule sa vitesse généralisée, le vélo est pratiquement toujours plus rapide que la voiture.

L’automobiliste calcule superficiellement sa vitesse de déplacement en ne prenant en compte que la distance parcourue et le temps qu’il est resté au volant, soit un certain nombre de kilomètre par heure de conduite. Il pense donc que sa voiture est un mode de transport rapide et efficace. Mais pour avoir le droit de s’installer au volant, il lui a fallu consacrer un grand nombre d’heures de travail pour amortir l’achat de son véhicule et payer tous les frais inhérents à son fonctionnement (plein d’essence, réparations …). Si on divise le nombre moyen de kilomètre parcouru dans l’année par la durée réelle qui permet de couvrir le coût total (les heures de travail qui s’ajoutent au temps de déplacement), on obtient la vitesse généralisée, et non l’apparence de la performance. Un tel calcul qui met en relation le salaire horaire d’une personne et le modèle de véhicule qu’elle utilise permet de montrer que la voiture va moins vite qu’une bicyclette. Si l’absurdité de la condition d’automobiliste n’apparaît pas aux yeux de la classe globale, c’est qu’on valorise le sentiment de vitesse sans faire de lien avec le temps de travail nécessaire pour jouir de sa voiture.

De plus la possession d’une voiture entraîne l’éloignement croissant entre les lieux de travail et les lieux de vie, ce qui entraîne l’allongement des distances ; un cercle vicieux s’installe, on travaille en ville et on vit à la campagne, on fait ses courses au loin, les nécessités de la vie familiale et sociale multiplient les déplacements, il faut donc une (ou plusieurs) voiture. Bien plus, il faudrait ajouter à ces coûts personnellement assumés l’épuisement des ressources non renouvelables qui n’est pas encore comptabilisé dans le prix du pétrole et l’augmentation de l’effet de serre qui va pénaliser les générations futures. Que ce soit en argent, en énergie physique, en usure de matériaux, en risques et dégâts écologiques, le coût des incréments de vitesse croissent plus rapidement que la vitesse elle-même.

C’était « Nos commentaires biosphèriques » à propos du Monde

*article de Grégoire Alix, la mobilité sans voiture, une révolution au ralenti (22 septembre 2010)

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philosophie de la Nature selon Michel Onfray

La nature a disparu de la ligne de mire philosophique : Comment oser dire que les paysages ne se limitent plus au béton, au bitume et à l’asphalte ? Que la mer n’est pas seulement une occasion de plage pour cultiver les mélanomes ? Et ce sans se faire regarder de travers et suspecter de réactiver les thèses d’extrême droite. Ajoutons à cela le réflexe bien français de criminaliser toute référence à la nature comme un tropisme qui sent bon son pétainisme. C’est le point de vue de Michel Onfray*.

                Il est vrai que les jeunes citadins, n’ayant connu que le béton urbain et les pollutions sensorielles, se retrouvent coupés de la nature, ignorant ses rythmes, coupés des forces qui nous déterminent. Mais les philosophes, ceux qui savent prendre du recul et cultiver la sagesse ? Michel Onfray veut ignorer toute l’évolution  de la philosophie qui commence à poser les bas d’une éthique de la terre. Michel Onfray n’a pas encore fait la connaissance d’Aldo Leopold, Arne Naess ou John Baird Callicott, il n’a pas encore compris que nous ne vivons pas la disparition de la nature, mais l’aube d’une nouvelle ère, d’une recomposition de notre conception de la nature et de nos rapports avec elle. L’anthropocentrisme de la philosophie ordinaire doit s’effacer pour donner à la nature et à ses composantes une valeur intrinsèque. C’est le grand enseignement de l’écologie scientifique – science des interrelations des êtres vivants entre eux et avec leur milieu – que de nous apprendre à voir et à ressentir que, depuis la bactérie jusqu’à la faune charismatique (l’ours blanc ou l’éléphant), nous appartenons à la communauté des vivants. Sans compter que procédant d’une même origine, tous les êtres vivants sont parents.

Pour l’éthique de la terre, nous faisons partie du paysage. C’est la conscience de cette réalité qui rend légitime, et fondé en raison, le projet philosophique d’une extension de l’éthique au-delà de la communauté humaine. Mais c’est aussi un vrai bouleversement, une rupture. L’éthique de la terre est un remaniement intime de nos loyautés, de nos affections, de nos centres d’intérêt et de nos convictions intellectuelles. Et chaque modification significative de la notion de nature emporte avec elle une modification du projet humain, dessine de nouveaux contours à la civilisation. Les civilisations se construisent aussi avec des idées. Callicott, bon connaisseur de Platon, ne cache pas que l’éthique de la terre constitue quelque chose  comme une renaissance de la philosophie.

 

*LeMonde du 29-30 septembre 2010, « Lire la nature » de Michel Onfray

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la science n’aime pas l’Académie des sciences

 

La science déteste le secret car elle aime partager. L’Académie des sciences cultive le secret, la science n’aime pas l’Académie des sciences. C’est à la
demande de plus de 600 chercheurs en sciences du climat, avec l’aval de Valérie Pécresse, que démarre un débat sur les affirmations médiatiques de Claude Allègre et compères :  « Nous, scientifiques du climat, attachés au devoir de rigueur scientifique, interpellons les structures référentes de la recherche scientifique française, face aux accusations mensongères lancées à l’encontre de notre communauté. » D’un côté des climato-sceptiques  peuvent s’exprimer ouvertement sans contradiction possible, de l’autre côté une « Académie » veut juger de leurs affirmations à huis-clos.

En fait cette Académie ne s’intéresse pas à la science mais à la politique (économique). Prenons l’exemple de son rapport de 2004 sur les nanotechnologies : « Ce monde est porteur d’une évolution industrielle majeure, celle des nanotechnologies, qui permet d’organiser la matière à l’échelle de l’atome. Les implications sont considérables dans tous les secteurs. Quelques réalisations existent déjà, d’autres restent encore aujourd’hui du domaine du rêve, mais qui se matérialisera bien vite. Ce rapport présente les applications actuelles, il présente également des recommandations visant à faire en sorte que la recherche française défende son rang au plan international. » L’Académie dite des sciences valorise les applications de la science, pas la science elle-même.

Les véritables scientifiques font uniquement de la recherche, pas du développement ; sinon ils se mettent au service de l’industrialisation et de ses excès. Il est d’ailleurs significatif qu’en matière de réchauffement climatique (qui remet en question la boulimie de nos activités thermiques en énergie fossile), le silence de l’Académie des sciences est jusqu’à présent impressionnant. En avril 2010 son président, Jean Salençon, ne désavouait personne : « Je ne peux pas répondre à la question de l’implication de l’homme dans le réchauffement climatique. L’Académie, ce sont 250 chercheurs chevronnés, avec des positions discordantes sur ce sujet. Il n’est pas question de vote ou de position unique. D’ailleurs, s’y expriment Vincent Courtillot ou Jean-Louis le Mouël, qui partagent le point de vue de Claude Allègre. »

Si l’Académie (franco-française) des Sciences ne se sent pas capable d’émettre un avis consensuel permettant de départager les points de vue, pourquoi avoir demandé à cette institution de trancher la controverse ? Nous ne pouvons qu’inviter à relire la Déclaration commune des Académies des sciences pour le Sommet du G8 de juillet 2009 qui recommande la réduction des impacts anthropogéniques sur le changement climatique.L’éditorial du Monde (19-20 septembre) est assez cinglant et en rappelle à l’essentiel, le fonctionnement démocratique de nos sociétés : « Rompant avec la méthode scientifique, qui préfère l’ouverture et la transparence, l’Académie a choisi d’organiser une rencontre dans l’opacité et le secret. »

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