MON810 nous a interpellé sur ce blog : « Maîtresse, je ne suis pas d’accord avec le principe de précaution, est-ce que j’ai le droit ? ». Bien sûr, mon petit, tu as le droit. Le problème est de savoir si tu as les capacités intellectuelles et morales de t’exprimer sur cette question. En fait, tu poses implicitement le problème de toute démocratie : qui doit en définitive avoir raison ?
Mon petit MON810, prenons un exemple, le casse-tête de la décision en matière climatique. Le Mexique, qui présidera la prochaine conférence onusienne sur le climat, propose de mettre fin à la règle du consensus. En effet à Copenhague, une demi-douzaine de pays a permis de s’opposer à l’accord final, « contre la volonté d’une majorité » (LeMonde du 5 février). Mais si le consensus ne paraît pas une méthode fiable pour prendre une bonne décision, on peut aussi bien mettre en doute la pertinence d’une majorité qui n’a pas toujours raison. Ce qui ne veut pas dire non plus que c’est le point de vue de la minorité qui importe. D’ailleurs mon petit MON810, tu vois tous les jours la difficulté dans ta famille de savoir qui décide en fin de compte, entre ton père, ta mère, ou toi-même.
En définitive la validité d’un processus de décision, qu’il s’appuie sur le principe de précaution, le probable réchauffement climatique ou n’importe quoi d’autre, ne repose pas sur l’institutionnalisation de la démocratie, qu’elle soit par consensus ou à la majorité, qu’il y ait démocratie représentative ou même démocratie directe. Les citoyens n’obtiennent que le mode de gouvernement qu’ils méritent. En d’autres termes, le pouvoir ne réside pas dans les instances du pouvoir, mais dans la tête des gens. Pour que le peuple, et donc toi aussi mon petit MON810, fasse l’accord parfait entre ce qu’il pense et ce qu’il faudrait, il est nécessaire d’harmoniser dans son propre cerveau ses intérêts personnels avec ceux de l’ensemble des humains, ceux des générations futures et même ceux des non-humains (la biodiversité). Autrement dit, tu dois t’exprimer au nom de toi-même mais aussi au nom des acteurs absents. Pour revenir à ta question de départ, le principe de précaution en matière climatique s’impose. Il faudrait diminuer nos émissions de gaz à effet de serre car le risque potentiel a de fortes chances de perturber la vie des réfugiés climatiques, des générations futures et de la biodiversité. Ton intérêt personnel, mon petit, serait-il plus grand que tout cela ?
Pour terminer, MON 810, je te prie de ne pas continuer à dire du mal de ta maîtresse « biosphere » comme tu le fais habituellement. Cela ne fait en rien avancer la libre-expression de chacun. Je te cite :
– « Biosphère ou la grande moralisatrice en chef, le petit dictateur en herbe. »
– « La vérité ? C’est le politburo Biosphère qui la décrète. »
– « Vous êtes en pleine déréliction mentale. «
– « Vous n’ êtes qu’une secte accrochée à sa croyance. »
– « Commençons par supprimer Madame Biosphère, ça fera une graine de dictateur totalitaire et une conne en moins. »