démocratie Internet et écologie

Sharp nous a écrit : «  RIEN, ABSOLUMENT RIEN, ne doit entraver la liberté individuelle et la démocratie. A partir du moment ou on trouve des justification a ces entraves, ça s’appelle du fascisme. Pente sur laquelle ce blog glisse un peu plus tous les jours… »

Notre analyse : La démocratie est une avancée extraordinaire de l’époque contemporaine. Un décision résulte du libre débat entre les citoyens, le pouvoir à la base remplace les arguments d’autorité qui conditionnaient les gens au nom d’une religion ou d’un dictateur. Il faut pourtant attendre en France la loi de 1881 pour mettre un terme à la censure a priori. Aujourd’hui, Internet est un vecteur formidable de la démocratie. Tout le monde peut créer son blog ou commenter les discours et événements. Les moteurs de recherche mettent à notre disposition toutes les réponses à telle ou telle question qu’on peut se poser. RIEN, ABSOLUMENT RIEN, ne devrait donc entraver la liberté individuelle et la démocratie.

En vérité, l’idée d’un discours sans aucun contrainte n’est pas soutenable. Le web, c’est aussi le coma éthylique assuré ! On l’appelle la Toile, et c’en est une. Toile d’araignée et labyrinthe. Le propre du Web correspond au refus de statuer, de théoriser, de hiérarchiser les informations. Internet est le scandale d’une mémoire sans filtrage, où l’on ne distingue plus l’erreur de la vérité. Nous risquons alors le risque d’une incommunicabilité complète. Au final, cela produit aussi l’impossibilité d’un choix politique, l’incapacité à décider quoi que ce soit. Le filtrage sur Internet est donc un gros problème. Car ce qui importe dans une démocratie, c’est le résultat  du débat, arriver à un savoir partagé par tous, élaborer une culture qui relie. Ce qui forme une culture n’est pas la conservation de tous les discours, mais le filtrage. C’est pourquoi les organes de presse et les maisons d’édition pratiquent une forme d’autocensure, journalistes et comités de lecture trient informations et écrits, ce qu’il faut dire et ce qu’on ne peut pas exprimer publiquement. Un blog est contrôlé par ses modérateurs qui peuvent modifier ou supprimer un commentaire. Le blog lui-même peut être interdit par les modérateurs lemonde.fr. Le site de débat sur l’identité nationale censure à peu près 25 % des messages qui sont envoyés.

Alors, comment déterminer, dans un monde libre d’information, ce qui mérite d’être montré au public ? Sur quels critères conférer ou ôter à un discours sa visibilité ? Ce blog, centré sur l’écologie, ne fait pas mystère de ses choix : privilégier ce qui fait avancer la cause écologique, pour le bien de notre planète, pour le bien des générations futures. En gardant clairement à l’esprit la difficulté de déterminer comment rechercher ensemble la voie du bonheur. Certains commentateurs de ce blog devraient prendre garde à la pente glissante qui les mène à dénaturer l’idée de fascisme en simplifiant à l’extrême la complexité de la réalité. En Suisse, la démocratie référendaire est devenue un canal d’expression des peurs : halte aux minarets !

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l’illusion de la compensation carbone

Il n’y a pas que Claude Allègre dans la vie. Il y a aussi le problème de la compensation carbone. Deux informations sur la même page du Monde (8 janvier 2009) :

– un livre d’Augustin Fragnière se demande si cette compensation est une illusion ou une solution : contrebalancer ses propres émissions de gaz à effet de serre par le financement de projets destinés à en réduire d’autres est-il cohérent ?

– le Medef demande non seulement le report de la taxe carbone, mais la compensation intégrale de cet impôt pour toutes les entreprises. Est-il cohérent de prendre de l’argent d’un côté pour le redonner de l’autre ?

La compensation carbone pour s’assurer une « neutralité carbone », c’est du vent, ce n’est que du greenwashing. Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’écocitoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Mais oui, bien sûr, il suffit de s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et cela n’a pas d’impact immédiat, ni même réellement efficace sur l’absorption de CO2 (analyse d’Yves Cochet). Autre exemple, pour s’installer au volant d’un véhicule de plus de 9 CV, il suffirait de débourser 70 euros en achetant auprès des magasins Nature & Découvertes une carte de compensation carbone (cf. LeMonde du 4 janvier 2008). On nous explique que l’association Climat Mundi, va participer avec l’argent récolté au financement d’un projet hydroélectrique en Chine. Même si ce principe est reconnu par l’ONU, il ne reste que très théorique et ne permet pas de transformer un véhicule polluant en citrouille.

Les ménages veulent une compensation, les entreprises veulent une compensation, on veut le beurre et l’argent du beurre. Ce n’est pas comme cela que le système climatique fonctionne. Nous ne pensons pas que Claude Allègre dirait le contraire…

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Les arguments de Claude Allègre en débat

Nous avons (sur ce blog ou ailleurs) été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre: « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? »  Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est donc quelqu’un de foncièrement dangereux car il participe d’une manipulation de l’opinion publique par la négation du réchauffement anthropique, le culte du progrès technique, le dénigrement de l’écologie véritable, la désinformation scientifique. Quel est son discours ? Que peut-on répondre ?

8/14) Claude Allègre contre les conférences internationales

Allègre) : Kyoto a été l’exemple de cette attitude incantatoire autant qu’inefficace : dix ans après, les émissions de CO2 ont augmenté de 50 % ! Et Copenhague s’annonce comme devant être du même tabac ! Croit-on qu’avec un tintamarre diplomatique ou médiatique l’Inde et la Chine vont abandonner leur développement fondé sur le charbon ?

Biosphere : Claude, pour une fois, je suis entièrement d’accord avec toi, les palabres diplomatiques de la mise en œuvre du protocole de Kyoto n’aboutissent pas à une action à la hauteur des enjeux. L’échec de Copenhague en est la démonstration finale.Mais il ne suffit pas de constater, il faut se mettre au service de ceux qui oeuvrent pour changer nos modes de vie qui utilisent pétrole et charbon à profusion. Or tu te contentes de dénigrer. Ce n’est pas très « productif ». Je peine à savoir avec toi ce qu’il faudrait faire pour lutter contre le réchauffement climatique, à part ta croyance absolue dans de possibles innovations techniques.

9/14) Claude Allègre pour techniciser la planète entière

Allègre : La solution, n’est-elle pas dans l’innovation ? Ne faut-il pas d’abord développer les technologies de capture et de stockage du CO2, les voitures électriques, hybrides ou à hydrogène et les technologies alternatives pour le chauffage comme le photovoltaïque, la géothermie et l’isolement ? Mais là encore en étant conscient des problèmes sachant par exemple que dans l’état actuel des choses les réserves mondiales d’indium, métal indispensable à la technologie photovoltaïque, sont inférieures à dix ans !

Biosphere : Tu rabâches, Claude, tu rabâches. Toujours ton antienne sur l’innovation qui va sauver (peut-être). Une attitude responsable serait de présenter des solutions à nos problèmes créés par la technique en utilisant les techniques actuelles. Comme on ne peut pas le faire, il faut se résoudre à prendre les problèmes à leur racine, et critiquer les techniques qui nous mènent au désastre. Il ne faut pas rêver de voitures électriques, il faudrait condamner résolument l’utilisation de véhicules personnels, procès de déplacement qui n’a aucun avenir durable. Le fordisme a réussi, il couvre nos territoires d’autoroutes, il n’entraîne pas plus de bonheur et détraque les équilibres naturels. Mais le pic pétrolier est pour bientôt, il n’y a pas que l’indium qui viendra à manquer.

10/14) Claude Allègre contre le nouvel ordre écologique

Allègre : Je ne veux pas comme le dit Marcel Gauchet que « l’amour de la nature dissimule la haine des hommes ». Et tant pis si ce n’est pas à la mode, si je me réclame de la philosophie des Lumières et si, comme Luc Ferry, je refuse le Nouvel Ordre écologique.

Biosphere : Luc Ferry est bien plus  nuancé que tu ne veux le dire. Il avoue en fin de livre que le « nouvel ordre écologique » pose de vraies questions : « Personne ne fera croire à l’opinion publique que l’écologisme, si radical soit-il, est plus dangereux que les dizaines de Tchernobyl qui nous menacent. Et l’on pourra disserter tant qu’on voudra sur l’inanité des thèses anti-modernes agités par les nouveaux intégristes, il n’en reste pas moins insensé d’adopter aujourd’hui encore l’attitude libérale du « laisser faire, laisser passer ». Il faut, écrivait-il aussi, admettre que les écosystèmes sont mieux agencés par eux-mêmes alors que la plupart des constructions humaines s’avèrent le plus souvent si fâcheuses qu’elles requièrent la plus grande prudence. Il faudrait donc élaborer une théorie des devoirs envers la nature. Comme tu le vois, Claude, ta copie sur l’écologie « non productive » est vraiment trop superficielle et mérite qu’on t’enlève ton statut de scientifique pour revêtir celui d’intégriste de la croissance. La preuve, ta capacité à faire parler de toi dans les médias montre bien que tu as les faveurs d’un système thermo-industriel qui est en train de saccager notre planète.  Le journal Libération n’est plus tellement cet instrument de libération de l’homme qu’il voulait être à ses débuts.

11/14) Claude Allègre pour le négationnisme climatique

Dans la rubrique Vu&commenté du Monde du 20 mai 2008, le faux écolo Claude Allègre ne croyait pas à un réchauffement climatique d’origine anthropique. Il parlait même d’une escroquerie scientifique menée par des centaines de spécialistes du climat dans le cadre du GIEC.

Pourquoi donc LeMonde a-t-il donné tant de fois la parole à cet égocentrique cultivant une notoriété malfaisante grâce à ses jugements personnels à l’emporte-pièce ? Pourquoi LeMonde a-t-il cultivé un sensationnalisme inutile ? Il est donc évident que si un ancien ministre, scientifique de formation, peut se permettre encore un négationnisme climatique, c’est qu’il se sent soutenu à la fois par des scientifiques dévoyés par l’appât du gain ou de l’esbroufe, et par des médias au service d’une société tout entière vouée au dieu Hydrocarbure. Dans ce contexte, quel politique aurait le courage de prôner la taxe carbone généralisée sans exonérations ni exemptions ?

12/14) Claude Allègre confond la météorologie et la climatologie

Claude Allègre : « Dès lors qu’on est incapable de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatre jours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fumisterie. » (Le Figaro magazine, 28 novembre 2009).

Stéphane Foucart sur la question Peut-on prédire le climat quand on ne sait pas prévoir la météo au-delà de quelques jours ? : « La météorologie s’intéresse à des phénomènes chaotiques, dont l’évolution au-delà de quelques jours est par essence imprévisible. Elle tente de décrire l’évolution du temps à partir d’une connaissance fine des conditions atmosphériques en cours, que les modèles numériques prolongent. La climatologie est une science statistique. Elle s’appuie sur les bases de données de la météorologie et se nourrit des moyennes des mesures physiques, dans l’espace et dans le temps. Mais elle se nourrit d’autres disciplines, comme la glaciologie, l’océanographie, l’astronomie, pour reconstituer les climats du passé et tester ses modèles numériques. Ceux-ci peuvent ensuite simuler l’avenir, en fonction de la variation de la concentration des gaz à effet de serre. Pour prendre une image, la trajectoire de chacun des jets d’un pommeau de douche est difficile à prévoir (météo), mais on peut prédire quand la baignoire débordera (climatologie). » (LeMonde du 6-7 décembre 2009)

 

13/14) Claude Allègre ignore le CNES

Claude Allègre va encore râler, lui qui est à classer parmi les négationnistes (négateurs) du réchauffement. En effet, depuis environ un siècle et demi que les températures sont régulièrement relevées, aucun décennie ne s’est révélée plus chaude que 2000-2009. Et l’année 2010 pourrait battre tous les records malgré un soleil en faible activité (LeMonde du 29 décembre). Pourtant Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».

Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat. La constellation de cinq satellites A-Train (2004) étudie les nuages et les aérosols ; les glaces polaires sont connues grâce aux images de EOS, Envist et DMSP, et aux mesures de gravité de Grace et Goce ; le niveau des mers par Topex-Posédion, Jason I et II ; les variations spatio-temporelles des émissions des gaz par Iasi, OCO et Gosat ; la salinité de la surface océanique par Smos, lancé il y a peu. Le cycle de l’eau sous les tropiques sera étudié par Megha, et j’en oublie. A partir des données recueillies s’élaborent des modèles qui tentent de traduire la complexité des phénomènes. Contrairement à ce qu’affirme l’ex-ministre (qui, lorsqu’il était au gouvernement, a diminué les crédits du CNES deux années de suite), la communauté scientifique et ses agences spatiales assurent aujourd’hui le programme mondial de recherches climatiques qu’exige la situation. Il est constitué d’une quantité de missions, déjà fort coûteuses, loin de l’idée d’une « grande mission », bonne pour les tréteaux médiatiques. »

 14/14) Claude Allègre et la fuite en avant technologique

En novembre 2007, lors du lancement d’un fonds d’investissement dédié aux valeurs d’environnement, Claude Allègre prit la parole. Il s’insurgea contre le concept de décroissance, « cette idée qui me paraît horrible, à savoir : nous nous sommes goinfrés, et par conséquent nos enfants doivent vivre dans la frugalité, ils devront se serrer la ceinture ». Non, proclama-t-il, « il faut que l’écologie soit le moteur de la croissance ». Et de lâcher la clé de l’idéologie dominante : « La bonne voie est : tout  ce qui ne rentre pas dans l’économie ne rentre pas dans la marche de la société. » Ensuite il lista les problèmes environnementaux : « Il y a des sécheresses épouvantables, des inondations. La technologie existe, on sait fabriquer des aquifères artificiels, récurer les fleuves, les désensabler… Le prix de l’énergie va se stabiliser grâce aux huiles lourdes et aux sables bitumineux. Le CO2 ? On a la technologie, la séquestration du gaz carbonique. La biodiversité ? Naturellement, la solution, dans ce domaine, c’est les OGM, il n’y a pas d’autre solution. »

Claude Allègre a dit autrefois des choses intelligents, il a même été un bon scientifique. Mais ses capacités scientifiques n’ont pas résisté à l’exposition médiatique. Il soutient ouvertement et de façon active un capitalisme qui cherche à détourner l’attention du public, de plus en plus conscient du désastre écologique imminent, en dénigrant autrui et en faisant croire que la technologie pourrait surmonter tous les obstacles.

 

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florilège à propos de Claude Allègre

Lors de multiples réunions de réflexion collective, nous avons été souvent confrontés à l’interrogation de citoyens qui avaient vu (ou lu) Allègre, ici ou là : « Il paraît crédible, je ne sais plus quoi penser, où est la vérité ? »  Claude Allègre a en effet les faveurs des médias, écrit des livres aussi souvent qu’il respire, s’impose un peu partout. Claude Allègre est quelqu’un de foncièrement dangereux car il empêche la perception des menaces et la nécessaire action citoyenne. Quel est son discours ? Que peut-on répondre ?

1/14) Claude Allègre et son livre, Ma vérité sur la planète

Le livre de Claude Allègre Ma vérité sur la planète est un long plaidoyer contre la « secte verte ». Il utilise donc les généralisations les plus abusives contre les écolo : « Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve en enfer à partir des bonnes intentions de Nicolas Hulot. Il créerait chaque année plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, il faudrait mettre en place un régime bureaucratique et policier » … «  La brute, c’est sans conteste José Bové. Son mode d’expression, c’est d’abord et avant tout la violence. On casse le MacDo de Millau, on casse une serre d’OGM à Montpellier, on fait le coup de poing à Seattle ou à Davos »… « Le truand, c’est Al Gore. C’est l’archétype du politicien américain, professionnel, mécanique mais sans conviction claire ni vraie connaissance des dossiers » … « L’animal ou l’arbre doivent être protégés, respectés, pourquoi pas vénérés, et cela doit être inscrit dans la loi ! C’est la stratégie de la deep ecology qui poursuit en justice ceux qui  coupent les arbres ou qui tuent les insectes avec le DDT »

Pour Cl Allègre, il y a en effet deux sortes d’écolo. Les bons, de véritables environnementalistes qui sont d’abord des humanistes et adhèrent au progrès ; ils critiquent, mais de l’intérieur, ils en ont le droit. Et puis il y a les méchants, les éco-fondamentalistes hostiles au progrès et à l’humanisme, qui ne peuvent critiquer le système que de l’extérieur et qu’il faudrait laisser dans leurs arbres. Pourtant il avoue dans le chapitre 1 de son livre : « J’aime la Terre. Dans mon enfance, j’ai appris à observer et à aimer la nature. Cette passion pour tout ce qui touche la Terre ne m’a pas quitté. Elle a illuminé ma vie. La Terre est une planète vivante qui évolue et se transforme grâce à des processus chimiques grandioses et complexes dans lesquels la vie joue un rôle essentiel. Comment l’homme, qui est lui-même le produit de la Terre, peut-il modifier, au point même de les détraquer, ces cycles géochimiques établis depuis des milliards d’années ? Comment pourrais-je tolérer que l’homme la défigure ? » Mais si la Terre est la Patrie de Cl.Allègre, c’est pour se battre contre ceux qui voudraient, sous prétexte de la défendre, détruire notre civilisation ; l’écologie radicale !

Claude Allègre ne comprend pas que pour sauver les hommes, il faut sauver la planète, il faut contester notre civilisation thermo-industrielle, il faut que les enfants aiment la Terre-mère. Parfois d’ailleurs  la révélation l’effleure : «  Lorsque les mouvements écologistes sont apparus, ils portaient un vrai message, celui de la nécessaire harmonie que l’homme doit trouver avec la nature. »

2/14) Claude Allègre pour l’écologie productive

Allègre: Présentant la fondation que je suis en train de créer avec pour titre Ecologie productive, un journaliste s’est interrogé. Qu’est ce que l’écologie non-productive ? Il m’incombait donc d’éclairer sa lanterne. L’écologie productive est la démarche qui consiste à résoudre les problèmes écologiques en créant de nouveaux emplois et de nouvelles richesses. C’est ce que l’on appelle parfois la croissance verte.

Biosphere : Claude, ton point de vue est anthropocentrique et court-termisme, il s’agit d’emplois et de richesses pour l’homme et pour l’instant présent. Mais l’économie superficielle (dite par toi réparatrice) ne résout aucun des problèmes fondamentaux que connaissent les écosystèmes. A plus forte raison si tu soutiens l’idée d’une croissance perpétuelle du système tel qu’il fonctionne aujourd’hui. Un emploi nuisible à l’avenir des générations futures ne devrait pas exister ; la vraie richesse ne  repose pas essentiellement sur l’accumulation de biens, mais sur la richesse intérieure et la richesse relationnelle. Soyons moins « productif », et nous travaillerons moins pour pouvoir avoir le temps de rechercher le plaisir de faire et le bonheur d’être. Le concept de croissance « verte » nous fait oublier l’idéal : plus de liens, moins de biens.

3/14) Claude Allègre contre le club de Rome

Allègre : Ma démarche s’oppose radicalement à la vision, hélas très répandue, qui a vu le jour dans les années 1970 avec le fameux rapport du Club de Rome «Halte à la croissance» et qui s’est prolongée plus récemment avec les concepts de décroissance et de frugalité prospective, qui constituent la base du livre de Nicolas Hulot le Pacte écologique aussi bien que le programme des Verts.

Biosphere : tu confonds « halte à la croissance », titre francisé du rapport du MIT qui présente The limits to growth.
Aucune des prévisions de cette analyse scientifique de statistiques, qui dénonce les conséquences néfastes des évolutions exponentielles dans un monde fini, n’a été démentie par les faits.
Il est vrai que tu es cosignataire de l’appel d’Heidelberg (juin 1992) qui réunissait des « scientifiques » qui s’inquiétaient de « l’émergence d’une idéologie irrationnelle à l’aube du XXIe siècle » (l’écologisme !), ce qui a malheureusement occulté la prise en compte de l’écologie en France. Claude, un scientifique ne doit pas hurler au loup contre les objecteurs de croissance et encourager dans le même temps les prédateurs humains (cf. le programme des multinationales).

4/14) Claude Allègre pour la croissance

Allègre : A une écologie dénonciatrice et punitive, qui ne voit l’écologie que comme l’annonce de catastrophes, la multiplication de taxes, des interdictions diverses et l’arrêt du progrès, (« le progrès pose problème », écrit Hulot), nous souhaitons substituer une écologie de la création, de l’invention, du dépassement, de la réparation qui débouche sur la croissance économique en même temps que l’établissement d’une certaine harmonie entre l’homme et la nature mais dans laquelle l’homme n’est jamais sacrifié aux exigences écologiques.

Biosphere : Claude, tu as l’air de ne rien comprendre à cette pédagogie de la catastrophe qui nous présente un avenir en noir, terme inéluctable si on poursuit les tendances productives actuelles. Cette pédagogie n’est faite que pour nous inciter à réagir et empêcher la réalisation d’un tel futur. Tu sembles ignorer Le principe responsabilité d’Hans Jonas ou Pour un catastrophisme éclairé (quand l’impossible est certain) de Jean-Pierre Dupuy. Plus grave, tu déformes les propos (« l’arrêt du progrès » pour commenter « le progrès pose problème »).

Et puis, il y a humanisme et humanisme. Beaucoup d’humains sont actuellement sacrifiés aux exigences de la croissance. Pour retrouver une harmonie avec la nature, il faudrait sacrifier le mode de vie de la classe globale qui vit à l’occidentale, il faudrait choisir entre sauvegarder le niveau de vie des riches ou respecter les rythmes de la nature qui permettent aux pauvres de vivre. Tu  te situes pour l’instant du mauvais côté en défendant insidieusement le système capitaliste de protection des nantis, ces riches qui détruisent notre planète.

5/14) Claude Allègre pour le nucléaire

Allègre: Prenons trois exemples pour illustrer ma démarche. L’énergie nucléaire est à l’évidence une source d’énergie essentielle à notre développement futur et l’on ne dénoncera jamais assez les dommages créés à l’Europe par les verts allemands en interdisant à ce pays cette source d’énergie ! Mais peut-on, d’un autre côté, ignorer qu’avec la technologie actuelle nous produisons des déchets potentiellement dangereux et que les réserves d’uranium ne dépassent pas un siècle ? La solution ce n’est pas l’abandon du nucléaire, c’est de développer la technologie dite de «quatrième génération» qui utilisera 97 % de l’uranium multipliant les réserves par 100 et qui détruira les déchets à vie longue rendant cette filière plus sûre.

Biosphere : Sur le nucléaire, tu es donc sur la même ligne de pensées que Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy, à savoir continuer dans l’erreur maintenant qu’elle a été commise. Mais c’est un changement de civilisation qu’on doit promouvoir, pas le prolongement des courbes exponentielles de notre consommation d’énergie.

Tu réponds à la question des réserves d’uranium et des déchets radioactifs pas le développement d’une improbable quatrième génération. Pourquoi diantre n’a-t-on pas construit ces monstres théoriques au lieu de persévérer dans le banal EPR ! Parce que la quatrième génération reste un mythe, comme ITER. La principale énergie à revendiquer est celle que nous ne consommons pas, la frugalité peut être heureuse.

6/14) Claude Allègre pour le productivisme agricole

Allègre: Second exemple, les pesticides, insecticides et engrais. Il est exact que le développement excessif de la «chimie agricole» a conduit à créer des problèmes de pollution alimentaire pour les humains, les animaux domestiques mais aussi les animaux sauvages. La décroissance des populations d’oiseaux, des rivières trouve sans aucun doute sa source dans la pollution. Faire semblant de l’ignorer n’est pas responsable pas plus qu’accuser les agriculteurs et leur interdire les moyens de continuer a être compétitifs sur un marché désormais international de plus en plus sévère. La solution, c’est de développer les plantes génétiquement modifiées qui permettront d’éviter les pesticides, les insecticides, en partie les engrais et qui permettront de minimiser les besoins en eaux ou les contraintes de salinité. L’avenir de l’agriculture est là !

Biosphere : Ah, la compétitivité ! Tu restes dans la vulgate libérale de la concurrence internationale au lieu de promouvoir l’agriculture de proximité et l’agriculture biologique. Tu donnes donc tort à Rachel Carson qui a montré dès 1962 que le printemps pouvait advenir sans oiseaux à cause de la nécessité pour la monoculture d’utiliser des pesticides.

Ah, les OGM ! Tu fais encore appel à l’innovation qui ne peut que nous sauver. Mais un scientifique ne doit pas être un croyant dans un éventuel saut technologique alors qu’on sait déjà que les OGM déstabilisent l’agriculture traditionnelle, n’ont pas un rendement supérieur aux semences classiques et ne font le profit que des multinationales de la semence.

7/14) Claude Allègre contre les climatologues

Allègre : Troisième exemple, le contrôle du gaz carbonique. Laissons de côté la question des prévisions climatiques car elle sera réglée par les faits d’observations à condition de ne pas les masquer (pourquoi cache-t-on ces jours-ci le fait que la banquise arctique s’est reconstituée cet hiver comme elle était il y a douze ans ?). Faut-il le faire en organisant de grandes conférences internationales, fixer des quotas théoriques et palabrer sous la houlette dispendieuse de l’ONU ?

Biosphere : Comme d’habitude Claude, tu te crois plus fort que les centaines de scientifiques qui oeuvrent au sein du GIEC (groupe intergouvernemental d’études sur le  climat). Mais tu ne peux prendre un cas particulier, la banquise arctique, pour une analyse générale de l’effet de serre. Ton analyse n’est pas inductive, elle est volontairement tronquée. Tout cela n’est pas très scientifique.

Quant aux solutions, que propose-tu d’autre à la place des négociations internationales sur le climat ? Il ne suffit pas de pourfendre, il faut montrer des alternatives.

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supprimons les courses automobiles

Les experts ne savent plus quoi dire. Dans un même article, ils peuvent à la fois affirmer que la reprise économique va suivre (le cours des Bourses) en 2010 car c’est le sens de l’histoire et conclure avec Isaac Newton : « Je sais mesurer le mouvement des corps célestes, pas la folie des hommes. » (Jacques Marseille, Travailler plus, pour gagner plus, pour consommer plus, est dépasséLeMonde du 5 janvier). Jacques ne sait plus où nous pousse le vent de l’histoire puisque « si la Chine et l’Inde continuent sur le même rythme de croissance, d’ici quelques décennies, il faudra les ressources de quatre planètes pour soutenir la demande globale ». Mais dans le même numéro du Monde, le « Dakar » continue sa course folle. Comme l’exprime les premiers concernés (la Fundacion para la defensa del ambiente), cette course « est un amusement pour riches qui viennent jouer à l’aventure dans le tiers-monde ».

Les logiques économiques, sociales et culturelles qui président à la variabilité des actions humaines échappent à l’analyse de l’écologue : l’homme apparaît comme une population sujette à de perpétuelles mutations, une boîte noire particulièrement fantasque. Mais c’est aussi une personne à la recherche d’un bonheur partagé. C’est pourquoi nous avons besoin d’un chef d’Etat courageux qui dira au prochain sommet mondial :  

« Je suis là pour représenter les intérêts de ma patrie, mais je suis là aussi pour représenter les générations futures, tous les pauvres de notre planète, et notre Terre-patrie. C’est pourquoi je demande une mesure symbolique immédiate pour lutter contre nos émissions de gaz à effet de serre, l’arrêt de toutes les courses automobiles. En effet le temps n’est plus où des gens au volant n’avaient plus le temps d’admirer les paysages et de nouer des relations conviviales. Le temps n’est plus où il fallait forcer la reprise avec des plans de relance qui soutiennent des entreprises sans avenir comme les constructeurs automobiles. Le temps n’est plus où nous pouvions gaspiller en deux siècles la moitié de nos ressources fossiles. Le temps n’est plus où nous ne prêtions aucune attention aux équilibres écologiques de notre petite planète.  Faisons tous l’effort de comprendre les maux de notre société pour pouvoir y remédier. Vous pouvez compter sur moi : Yes, we can ! »

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Padak, pas d’accord

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Ainsi, le 4 janvier  2008, c’était la joie dans la Biosphère, le rallye Lisbonne-Dakar 2008 avait été annulé. Padak, personne ne pouvait être d’accord avec le Dakar. Selon Al Qaida, il ne rassemblait qu’un ramassis de « croisés, d’apostats et de mécréants ». ; on était presque proche de la vérité quant aux participants.

En fait il s’agissait uniquement d’un événement spectacle qui n’existait que parce le début du mois de janvier est en général assez vide d’informations ; il faut donc meubler ce vide existentiel par l’essence de compétiteurs motorisés. En conséquence cette organisation mercantile, organisée depuis 1978 par l’ASO (Amaury Sport Organisation), gaspillait l’énergie fossile, agressait la flore et la faune, occasionnait nombre d’accidents et devenait la vitrine de l’idiotie occidentale. Ce jeu de grands enfants représentait une approche peu respectueuse des biotopes traversés et agressés par cette furie mécanique. Vélorution réclamait à juste titre l’abandon du Dakar… le « Dakar » a lieu depuis 2009 en Amérique du Sud !

Aujourd’hui Hervé Kempf s’interroge : « Le bilan carbone » du « Dakar » serait à plus de 20 000 tonnes de CO2. Faut-il interdire les courses d’autos ? » (LeMonde du 3-4 janvier 2009). A Copenhague, c’est une des mesures qui auraient du être prises, la lutte contre le réchauffement climatique manque de repères symboliques. D’autant plus que le sport automobile a bien d’autres inconvénients, bien analysés par Ellul et Illich :

« Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, mais aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. L’importance du sport étant désormais dominante, il faut créer l’événement sportif, rien que pour le spectacle. On fabrique alors des monstruosités comme cette course de Paris-Dakar, insultante comme gaspillage au milieu des pays de famine, démonstration de la puissance occidentale parmi les impuissants du tiers-monde, parfaite vanité. » (Jacques ELLUL, Le bluff technologique, 1986)

« Entre des hommes libres, des rapports sociaux productifs vont à l’allure d’une bicyclette, et pas plus vite. » (Ivan Illich)

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Sarkozy et la langue de bois

Nous ne voyons pas pourquoi un Président de la république se forcerait aux vœux télévisés quand il n’a rien à dire. Lors de ses premiers vœux de nouvel an en décembre 2007, Sarko avait tenté de lancer un débat sur la « politique de civilisation ». Il n’a jamais réussi à lui donner un contenu. Pourtant les crises financières et écologiques à répétition qui ont déjà commencé nous obligent au changement de civilisation. Les recettes sont déjà connues :

– le facteur nature doit devenir la catégorie essentielle de la pensée sociale ; ce sont les possibilités de la planète qui conditionnent l’activité humaine ;

– nous devons comprendre que l’humanité sans la nature ne serait plus humaine. Opposer l’amour des hommes et l’amour de la nature serait une erreur, l’espèce humaine n’étant qu’un élément de la nature ;

– tous les revenus doivent être encadrés par des normes minimales ET maximales, par exemple le RMA ou revenu maximal admissible ;

– les membres de la classe dominante doivent s’engager à pratiquer la simplicité volontaire pour une sobriété heureuse ;

– à l’opposé de la croyance en une mégapolisation du monde, littéralement hors-sol, on doit réhabiliter la notion du territoire comme unité vivante de la nature et de la culture ;

– l’Etat central doit abandonner la plupart de ses prérogatives au profit des entités territoriales ; des systèmes de partage équitable doivent été mis en place à l’échelle locale ;

– l’approche fiscale de la fécondité est remplacée par la formation des jeunes et des adultes en matière de capacité de charge de la planète, ce qui entraîne la baisse volontaire de la natalité ;

– le complexe agroalimentaire va faire faillite. Pour atténuer les conséquences néfastes sur la production agricole, la population occidentalisée doit diminuer sa consommation de viande et se rapprocher de la terre ;

– l’innovation doit se recentrer sur les besoins fondamentaux de l’humanité (alimentation, santé, lien social) ; nous devons abandonner nos moyens techniques disproportionnés (pesticides, OGM , nanotechnologies, géo-ingénierie…) ;

– le slogan du XXe siècle, « plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher » doit devenir « moins vite, moins loin, moins souvent et beaucoup plus cher » ;

– les décideurs doivent prendre conscience que « l’ensemble du peuple » ne se réduit pas aux générations actuelles d’un pays déterminé. Chaque membre d’une instance délibérative doit se faire l’avocat des acteurs-absents, à savoir les habitants des autres territoires, les générations futures, mais aussi les non-humains (la biodiversité).

Mais que fait donc Sarkozy face à l’urgence socio-écologique? Il tente d’adopter un style, en fait ce n’est qu’un verbatim en langue de bois (LeMonde du 2 janvier 2009) :

– nous allons relever le défi de l’environnement ;

– il nous reste encore bien du travail ;

– il va nous falloir faire reculer le chômage ;

– nous réformerons notre justice ; 

– nous devons rester unis.

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LE VILAIN CHASSEUR

Etre chasseur, c’est une façon d’être, une manière d’agir dans la nature. Le chasseur ne devrait pas être cette fourmi motorisée qui envahit les continents avant d’avoir appris à « voir » le jardin à côté de chez lui. Un bon chasseur, c’est une personne qui connaît les goûts, les habitudes, les comportements du gibier. Savoir chasser, savoir pêcher, c’est savoir penser comme un canard, une perdrix, ou une truite. C’est se mettre à leur place, c’est adopter leur point de vue. Aldo Leopold était un bon chasseur, ce qui lui a permis d’élaborer une land ethic. Toute les éthiques reposent sur un seul présupposé : que l’individu est membre d’une communauté de parties interdépendantes. L’éthique de la Terre élargit simplement les frontières de la communauté de manière à y inclure le sol, l’eau, les plantes et les animaux. Comme les autres éthiques, celle-ci implique le respect des membres de la communauté. Donc Leopold cultivait les vertus de l’autolimitation du désir de  capture. Il s’agit, par respect pour l’animal qu’on traque, d’imposer des freins  l’action des chasseurs ; il faut par exemple chasser léger, une cartouche seulement par animal, tirer les perdrix à la volée, etc. Une éthique, écologiquement parlant, est une « limite imposée à la liberté d’agir ».            

Ce code de bonne conduite des chasseurs n’est pas appliqué par Serge Dassault qui se permet de chasser la biche juché sur une tourelle installée sur son 4×4, fusil 7.64 à lunette en main (8 biches dans la journée à lui tout seul). Il n’est pas appliqué par Patrick-Louis Vuitton qui poursuit des cervidés jusque sur des terrains privés : « Quand le cerf est aux abois, j’en deviens propriétaire. Je dois donc l’achever au plus vite », même si c’est en barque, à la dague, là où les cervidés n’ont plus pied. Il n’est pas tolérable que les trop riches comme Vuitton puissent s’adjuger les droits de chasse à courre sur 5370 hectares de forêt domaniale. La culture des chasseurs ne repose plus sur le rapport avec les animaux, mais sur le rapport avec la propriété. Il n’est pas moral que les chasseurs ordinaires utilisent des fusils à répétition. La chasse même devient anormale en France : ce qui persiste d’animaux libres dans les forêts ne ressemble plus qu’à du cheptel d’élevage agrainé et réintroduit pour alimenter le stand de tir des « gestionnaires ». D’ailleurs, comment un million de chasseurs pourraient-il évoluer en France de façon éthique dans des paysages urbanisés, fragmentés et « désanimalisés » ?

source documentaire :

Aldo Leopold, Almanach d’un comté des sables

Catherine et Raphaël Larrère, Du bon usage de la nature

Gérard Charollois, Pour en finir avec la chasse  (la mort-loisir, un mal français)

LeMonde du 1er janvier 2010 : scènes de chasse et noms d’oiseaux

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responsabilité carbone

Aux dernières Assises de la Consommation, on soulignait que 79 % des Français se disent prêts à consommer de façon responsable, mais ils ne sont que 4 % à le faire vraiment. Le Conseil constitutionnel a donc toutes raisons de rappeler aux Français les termes de leur Loi fondamentale : « Toute personne doit, dans les conditions définies par la loi, prévenir les atteintes qu’elle est susceptible de porter à l’environnement ou, à défaut, en limiter les conséquences. » (article 3 de la Charte de l’environnement) et que « Toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement » (Article 4). En d’autres termes, cela veut dire que nous devons tous payer la taxe carbone, mais sans exemptions ni exonérations de notre responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre.

Pourtant l’éditorial du Monde (31 décembre) n’a pas du tout les mêmes conclusions : « Après l’échec du sommet de Copenhague, nul doute que les Français seront encore moins prêts à se laisser convaincre » (par une taxe carbone). Pour un grand quotidien de référence, l’essentiel ne devrait pas être le fait que les Français n’apprécient pas la taxe carbone (dont la première mouture a été invalidée par le Conseil constitutionnel). Le Monde aurait du souligner la nécessité absolue de lutter tous ensemble contre le réchauffement climatique dont nous sommes responsables.

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bonne année 2050

En ce jour de réveillon en 2050, Léa confectionne un repas 100 % local, ce qui réduit considérablement la variété des mets possibles. Elle se souvient comme d’un rêve des papayes que ses parents lui achetaient à la fin du XXe siècle, sans se soucier du fait qu’il avait fallu dépenser pour cela plusieurs litres de pétrole. De toute façon elle est bien seule, il ne lui reste plus qu’un dernier descendant. Ses deux autres petits-enfants sont décédés il y a trois ans, ils ont succombé à l’une de ces nouvelles maladies à côté desquelles l’épidémie de grippe aviaire, qui avait frappé la France en 2010, n’avait été qu’une discrète entrée en matière. Ils avaient été victimes d’un virus apparu en Sibérie du Nord, là où le permafrost a cédé la place à des marais à partir de l’année 2025. Maintenant des millions de personnes sont au chômage. Le gouvernement français vient d’interdire toute manifestation et même les rassemblements de protestation. Le ministre de l’Intérieur vient de prendre un de ces décrets maudits, c’est l’armée qui réprimera d’éventuels troubles de l’ordre public.

Léa a renoncé depuis longtemps à l’idée d’acheter une automobile ; en 2035, l’Union européenne avait réservé l’usage des biocarburants aux véhicules utilitaires. Même l’utilisation du charbon liquéfié a été proscrite car les sols et surtout les océans qui séquestraient le carbone depuis toujours, ne jouaient plus leur rôle, renforçant ainsi très brutalement l’effet de serre anthropique et les dérèglements du climat. Cet été, Léa avait appris par une amie que le thermomètre était monté jusqu’à 45°C à Caen.

La Biosphère vous souhaite un bon réveillon 2009, coloré de sobriété joyeuse.

NB : pour en savoir plus sur l’histoire de Léa, lire « Le développement durable, maintenant ou jamais, de D.Bourg et G.Rayssac

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la fin du capitalisme mondialisé

Le capitalisme mondialisé  va être brisé par son succès. Une concurrence entre nations qui porte sur les mêmes biens industriels va rendre les échanges intenables pour les plus faibles, y compris la France. Abou Dhabi préfère les centrales nucléaires coréennes à l’EPR français, c’est à l’allemand Siemens que la Chine a confié ses trains à grande vitesse, même la commission européenne choisit l’Allemagne pour ses satellites du réseau Galileo. L’éditorial du Monde (29 décembre 2009) conclut : l’équipe France semble avoir bien du mal à produire les champions industriels de demain. » Triste conclusion car on ne voit pas d’issue à l’heure où la Chine, remontant les filières (depuis sa spécialisation passée sur le textile et les jouets) est en passe de maîtriser scientifiquement et techniquement tous les produits les plus sophistiqués. Dès 2009, les exportations chinoises devancent le premier exportateur mondial, l’Allemagne.

Les anciens pays industrialisés sont d’autant plus perdants que la Chine possède des matières premières stratégiques. Contre les règles léonines de l’OMC, elle pratique des restrictions sur la bauxite, le coke, le germanium, le manganèse, le silicium, etc.  Pour élever le niveau de vie de sa population, Pékin mène une politique habile de grande puissance pour contrôler le plus de filières technologiques possibles. Ces filières dépendent de la maîtrise de 29 métaux rares et de 17 terres rares. Utilisées en quantités infinitésimales, ces éléments améliorent les propriétés physico-chimiques des autres métaux. Les écrans à cristaux liquides contiennent de l’indium, les ampoules basse consommation  du gallium, les cellules solaires du sélénium, etc. Or la Chine assure 95 % de la production mondiale de terres rares (LeMonde du 30 décembre). Les anciens pays industrialisés vont donc être doublement étranglés.

 En fait, c’est le système capitaliste mondialisé global (y compris la Chine) qui est confronté à une limite encore plus forte que la concurrence internationale. Le sous-sol contient plus de 90 % de nos énergies (charbon, pétrole, gaz, uranium) ; vous connaissez déjà le pic pétrolier (pour le pétrole conventionnel), il y aura bientôt le pic énergétique global. Mais il y a aussi tous les métaux. Votre voiture, votre ordinateur, votre téléphone mobile sont entièrement constitués à partir des matières du sous-sol. De même que vos panneaux solaires photovoltaïques, votre éolienne et vos diodes électroluminescentes. Bientôt vous vous heurterez à un seuil, la « barrière minéralogique », en dessous duquel la trop faible teneur du minerai interdit toute extraction économiquement rentable. Les profils temporels de production des grandes mines du monde ressemblent à la  courbe en cloche de la production de pétrole : ça croit pendant un certain temps jusqu’à atteindre un maximum pour décroître ensuite inexorablement. En outre, tout comme pour le pétrole, le minerai de la partie descendante de la courbe est de moins bonne qualité et demande plus d’énergie à l’extraction que celui de la partie ascendante. De nombreuses parties du monde ont déjà épuisé leurs réserves minérales : L’Europe abritait plus de 60 % des mines du monde en 1860, elle n’en a plus que 5 % aujourd’hui. Face à ces constats accablants, les solutions ne sont pas technologiques, mais civilisationnelles.

La décroissance n’est même plus un objet de débat, pour ou contre. La décroissance est notre destin.

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Claude Allègre n’est qu’un saltimbanque

Claude Allègre va encore râler, lui qui est à classer parmi les négationnistes (négateurs) du réchauffement. En effet, depuis environ un siècle et demi que les températures sont régulièrement relevées, aucun décennie ne s’est révélée plus chaude que 2000-2009. Et l’année 2010 pourrait battre tous les records malgré un soleil en faible activité (LeMonde du 29 décembre). Pourtant Allègre se permettait de dire dans le Figaro magazine du 28 novembre que les climatologues, gens « scientifiquement pas sérieux », se consacrent à la modélisation « sans aucune considération pour l’observation » et qu’« il faudrait un grand plan spatial pour améliorer nos connaissances sur l’atmosphère et l’océan, car il n’y a plus de grandes missions sur le climat depuis vingt ans ».

Un démenti cinglant lui ait apporté par Jacques Blamont, conseiller du président du CNES (centre national d’études spatiales) dans le Figaro magazine du 24 décembre : « De nombreux instruments portés par des satellites fournissent quotidiennement les bases de la discussion en cours sur le climat. La constellation de cinq satellites A-Train (2004) étudie els nuages et les aérosols ; les glaces polaires sont connues grâce aux images de EOS, Envist et DMSP, et aux mesures de gravité de Grace et Goce ; le niveau des mers par Topex-Posédion, Jason I et II ; les variations spatio-temporelles des émissions des gaz par Iasi, OCO et Gosat ; la salinité de la surface océanique par Smos, lancé il y a peu. Le cycle de l’eau sous les tropiques sera étudié par Megha, et j’en oublie. A partir des données recueillies s’élaborent des modèles qui tentent de traduire la complexité des phénomènes. Contrairement à ce qu’affirme l’ex-ministre (qui, lorsqu’il était au gouvernement, a diminué les crédits du CNES deux années de suite), la communauté scientifique et ses agences spatiales assurent aujourd’hui le programme mondial de recherches climatiques qu’exige la situation. Il est constitué d’une quantité de missions, déjà fort coûteuses, loin de l’idée d’une « grande mission », bonne pour les tréteaux médiatiques. »

Malgré la qualité de cette intervention, Le Figaro magazine donne la parole à Jacques Blamont uniquement dans le « courrier des lecteurs ». Et Claude Allègre conserve les faveurs du Figaro, média qu’on peut donc classer parmi les climato-sceptiques. En effet, dans ce même numéro du 24 décembre, le dossier «  2000-2010, Dix révolutions qui ont changé notre vie », privilégie encore Allègre sous la rubrique « L’éveil de la conscience verte » : 

Nicolas Hulot est qualifié de « très alarmiste sur le réchauffement climatique », et dénigré sciemment : « On lui reproche le mélange des genres et un certain affairisme ». Al Gore, n’est que « l’ex-vice-président de Bill Clinton », qui « milite activement contre le réchauffement climatique », mais « à contre-courant de l’opinion américaine » ! Par contre Allègre est entièrement valorisé : « Ancien directeur de l’institut de physique du globe, Claude Allègre est à ranger dans le camp des climato-sceptiques. Pourfendeur des théories d’Al Gore, il dénonce sans relâche la menace d’une dictature des khmers verts. L’imposture climatique  sera le titre de son prochain ouvrage. »

 Qui se ressemble s’assemble, Figaro-Allègre même combat contre la planète !

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notre Terre-mère Pachamama

Il y a des jours où nous sommes heureux : LeMonde fournit l’information que nous aimerions donner ! Ainsi la chronique d’Hervé Kempf « Pachamama » (27-28 décembre) mérite d’être diffusée à tous les internautes de notre Biosphère. Quelques extraits :

La mère nature semblait inépuisable, aujourd’hui les géologues parlent d’anthropocène. Ce n’est pas par la voie technique que nous trouverons la solution à la  crise écologique. Elle est une crise civilisationnelle qui appelle une analyse spirituelle. Evo Moralès, président de la Bolivie, milite pour la reconnaissance de Pachamama, nom de la Terre mère dans les cultures indigènes. La Terre, dit-il, ne peut pas être considérée comme une simple ressource naturelle, elle est la maison de tous les êtres vivants.

Pour guérir Mère Terre, continue Moralès, il est nécessaire de comprendre que sa maladie a un nom : le système capitaliste mondialisé. Il n’est pas suffisant de dire que le changement climatique est le résultat de l’activité humaine. Il est nécessaire de dire que c’est un système, une façon de penser et de sentir, une façon de produire la richesse et la pauvreté, un mode de « développement » qui nous conduisent au bord de l’abîme. Afin de préserver la planète, la vie, et l’espèce humaine, nous devons en finir avec le capitalisme.

Il est heureux de voir qu’un politique, Président d’un pays, a la même orientation spirituelle que les auteurs de ce blog. Il faut féliciter le journaliste qui relate les propos d’Evo Moralès. Le fait que LeMonde permette la critique du capitalisme et l’expression d’une philosophie de l’écologie témoigne peut-être qu’un autre monde est possible …

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les apprentis sorciers de la techno

« Imaginons un monde où l’électricité serait abondante, bon marché et non-émettrice de gaz à effet de serre. » C’est ainsi que se termine l’article dithyrambique de Stéphane Foucart sur l’arbre artificiel qui va piéger le CO2 : demain y’aura des lendemains qui chantent ! Encore un exemple de la géo-ingénierie qui prend pour un fait acquis le fait que nous allons encore produire 70 millions d’automobiles chaque année : il n’est pas besoin d’économiser l’énergie, il suffit de trouver des remèdes technologiques aux conséquences négatives de la technologie. La résine miracle qui piège le carbone, fabriquée avec du pétrole pour éviter les effets de la combustion de pétrole, débute ses essais préliminaires dans un baraquement d’une douzaine de mètres de longueur, et déjà on parle de l’invention d’un des « types les plus intelligents de la planète ».

Juste en dessous, pour nous rassurer, un autre article (LeMonde du 26 décembre) sur l’immense supercherie d’un biologiste moléculaire dont les résultats ont été citées un demi-milliers de fois pour être invalidés aujourd’hui. Croyez vous encore à l’histoire de l’apprenti sorcier ? Ce n’est plus un dessin animé, les apprentis sorciers sont là tout autour de nous, dansant leur danse macabre techno avec l’aide des médias. Bien sûr les commentateurs récurrents de ce blog vont condamner le totalitarisme des technophobes verts. Cela ne changera pas le fait que notre système cultive la contre-productivité en croyant faire des progrès. Exemple :

Dans les années 1970, Ivan Illich avait déjà réfléchi à l’inefficacité de certains systèmes sociaux. Par exemple la « vitesse généralisée » d’un mode de transport n’est pas le simple rapport entre la distance parcourue et le temps du parcours. Elle ajoute à ce temps de parcours le temps passé à gagner de quoi se payer l’usage d’un mode de transport. Jean-Pierre Dupuy a calculé que la vitesse généralisée d’un automobiliste est de 7 kilomètres à l’heure, soit un peu plus que celle d’un piéton. La contre-productivité des transports automobiles fut renforcée depuis cinquante ans par une politique d’urbanisme et d’aménagement du territoire conçue autour de l’automobile. La construction du mythe de la vie heureuse en pavillon avec jardin entraîna un étalement urbain. Si bien que dans les pays de l’OCDE, le temps passé entre le domicile et le travail n’a pas diminué depuis 1850, malgré la prétendue augmentation de la mobilité et de la vitesse de la modernité automobile. Le gain de vitesse des engins fut intégralement absorbé par l’étalement des faubourgs, l’éloignement géographique des lieux d’habitation et de travail, des écoles et des hypermarchés. Au lieu d’abandonner ce système  débile, on veut cultiver des arbres artificiels pour piéger le CO2

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le père Noël est une ordure

La fête de la Saint Nicolas (Nicolas de Lycie, protecteur de tous les enfants) était célébrée le 6 décembre. Entre le XIX et le XXe siècle, des chrétiens associent cette « fête des enfants » à celle de l’Enfant Jésus : Saint Nicolas fera désormais sa tournée la nuit du 24 décembre. A partir de 1930, une série de publicités pour la marque Coca-Cola fixe le costume rouge et blanc. Le système marchand s’empare dorénavant des mythes religieux. En 1900, il suffisait d’une orange donnée à un enfant pour avoir l’impression d’un immense cadeau. En l’an 2000 les consoles de jeux vidéos du père Noël finissent par intoxiquer les jeunes esprits.

« Le Père Noël est un des pires flics de la terre et de l’au-delà, le Père Noël est le camelot immonde des marchands les plus fétides de ce monde. Les marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets, un dégueulis de panoplies criardes, avec, derrière la porte capitonnée le ricanement malin des marchands. » Ce texte n’a pas vieilli. Pourtant, il a été écrit en janvier 1973 (La gueule ouverte n° 3)

 Conclusion : La puissance des illuminations installée pour Noël en France est équivalent à celle d’un réacteur nucléaire, soit 1300 MW. La part des jouets importés dans les achats du Père Noël européen est de 90 %. Mais, alors que la Chine fabrique 65 % des Barbie dans le monde, la part de  ces poupées vendues en Chine n’est que 2,5 %. Quand on sait aussi que 95 % des Français comptent revendre leurs cadeaux de Noël, une seule solution s’offre à nous, zigouiller le père Noël.

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soyons sexy

Pour Monsieur, achetons Jean Paul Gaultier « Le male », pleine page de pub pour un parfum : beau biceps, beau tatouage, on en mangerait. Soyons sexy, achetons pour Madame Jean Paul Gaultier « classique », pleine page de pub pour un parfum : belle poitrine, cuisses bien en vue, on en redemanderait. Achetons Trésor de Lancôme car « l’amour est un trésor », surtout quand on peut s’offrir en prime Kate Winslet en page entière. Oublions la souris avec Acer Touch Technology, autre pleine page de pub, et mettons notre « poche en rêve » avec iPhone3G, dernière page et pub toujours dans LeMonde du 24 décembre.

  Passons aux choses sérieuses, un peu moins sexy. Après l’échec de Copenhague, l’Europe pleure et l’OPEP rit. L’Inde est ébranlée par des tensions régionalistes. La burqa divise la majorité et l’invasion touristique menace l’île de Pâques. La population guinéenne voit passer les trains de bauxite sans en profiter et une vague de condamnations à mort  frappe les opposants en Ethiopie. Tout cela dans LeMonde du 24 décembre.

 Finalement LeMonde est schizophrène, la touche sexy enveloppe de couleurs les misères du monde. Finalement la société occidentale est schizophrène, qui refuse sa responsabilité dans les malheurs du monde pour s’étourdir à coup de parfum et de gadgets électroniques. Finalement les médias sont à l’image d’une population privilégiée… et réciproquement…                                                                

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le vrai bilan de Copenhague

Quelques mots suite au fiasco de Copenhague.

Désolé, ils ne sont pas très sexy !

– Le patronat d’un grand pays industrialisé fêtait au champagne au Bella Center, vendredi soir, l’échec de la convention de Copenhague.

– Sarkozy, Obama, Hu Jintao, Manmohan Singh sont absolument d’accord pour que la production de choses inutiles augmente encore, encore, encore.

– Il n’existe aucun accord puisque les 192 nations réunies à Copenhague n’ont fait que prendre acte d’un texte sans l’approuver. Il n’y a aucun accord puisqu’il n’y a aucun engagement.

– Il est désormais clair qu’il n’est plus possible de faire confiance aux politiques, devenus des hommes d’affaires et non des responsables politiques. Le  court terme et les visions géostratégiques l’emportent sur le fondamental : notre survie.

– Chacun doit éviter que ce fiasco se transforme en succès pour les climato-sceptiques, les pétroliers et autres lobbies – dont la cupidité, l’esprit de rentier, et pour certains le simple ego, l’emportent sur tout, y compris leur simple intérêt d’être humain.

– Notre niveau de vie repose sur l’échange entre nos réacteurs nucléaires et leurs jouets, leurs ordinateurs, leurs vêtements, leurs objets programmés pour la benne.

– Ce que les politiques n’ont pas été capables de faire, les consommateurs, s’ils le décidaient pourraient le faire, par exemple en boycottant les produits chinois.

– La viande mobilise 70 % des terres arables et l’élevage est responsable de 18 % des émissions totales de gaz à  effet de serre.

– Si la tendance se poursuit, on peut s’attendre à avoir une concurrence entre l’alimentation animale et humaine.– La viande est un signe extérieur de richesse.

– Manger moins de viande, c’est bon pour la planète.

– L’interprofession bovine a vite riposté à ce feu nourri de critiques.

– Non, on ne fait pas un monde juste avec de beaux sentiments.

Source : LeMonde du 23 décembre, peu avant le gaspillage démentiel provoqué par les « fêtes » de Noël.

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Droit à la croissance, crime contre la Biogée

La Chine est satisfaite de l’échec de Copenhague, le droit au développement des pays en développement est ainsi respecté. Les Chinois sont en effet très fiers de pouvoir imiter le modèle illusoire basé sur l’automobile et le pétrole ; leurs sociétés (BAIC, CNPC, Sinopec…) font désormais concurrence aux multinationales occidentales. Les villes chinoises sont censées accueillir bientôt des millions de nouveaux citadins grâce à l’assouplissement du hukou, le permis de résidence : on souhaite relancer l’économie en accroissant la demande intérieure. Comme Sarko, les Chinois ne parlent qu’en termes de croissance soi-disant verte. Pourtant nous savons que la Chine est devenue le premier pays pollueur de la planète. Nous savons que la croissance économique a déjà dépassé les limites de notre globe. Nous savons que, suite aux non-résultat de la conférence de Copenhague, la température globale pourrait atteindre 3°C d’ici à 2050.

 Le philosophe Michel Serres souligne que l’échec de Copenhague était écrit d’avance car on avait oublié d’inviter un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants, la Biogée (pour dire en un seul mot la Vie et  la Terre). C’est pourtant un pays dont nous sommes tous issus, mais qui n’a pas ni ambassadeur ni langue diplomatique. Le philosophe ajoute : « Le jeu institutionnel de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée. » C’est ce que s’efforce de faire ce blog biosphere, défendre les intérêts de la Biogée. Mais le vacarme des croissancistes empêche toute réflexion philosophique sur l’avenir de notre civilisation thermo-industrielle. Il empêche aussi que nous écoutions un autre acteur important, absent à Copenhague, les générations futures.

NB : Toutes les informations de ce post sont dans LeMonde du 22 décembre et son supplément économique.

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un éditorial trop mou

Fabriquer l’éditorial du Monde est un exercice de haute voltige, rester incisif tout en ne déplaisant à personne. Celui du 20-21 décembre sur Copenhague est donc trop mou. Ce n’est pas d’une « déception » dont il faut parler à propos de la foire d’empoigne danoise, mais d’un lamentable fiasco dont Obama est le principal responsable. Selon le climatologue Hervé Le Treut, les engagements qui résultent de Copenhague sont loin de permettre à l’humanité de rester en-deçà des 2°C. Un accord politique aurait du déboucher sur une réelle contrainte pour les pays développés, par exemple limiter la vitesse sur autoroutes et la quantité même de ce que chacun peut dépenser comme essence. En fait, il n’y a pas une compréhension en profondeur des enjeux écologiques, d’abord parce que les dirigeants ne sont pas soumis sur ces problématiques mondiales à la pression de leur propre opinion publique.

            Ce n’est pas la faiblesse de l’ONU qu’il faut dénoncer, mais l’incapacité maintenant notoire d’Obama à mesurer les conséquences internationales du niveau de vie américain, à la fois fort émetteur de gaz à effet de serre mais aussi modèle de comportement exporté aux quatre coins de notre planète. Pourtant l’éditorial du Monde n’accuse en rien les USA et s’acharne sur la Chine, « au cœur de l’échec de Copenhague », qui « ne supporte pas l’idée d’un contrôle international ». Mais c’est la cylindrée des automobiles américaines qui devrait être contrôlée, c’est la taille démesurée de leurs villes (qui oblige à la voiture) qui devrait être limitée, ce sont les Américains qui devraient se sentir les plus responsables (les plus coupables) du réchauffement climatique.

En définitive, seule la récession économique qui accompagnera le peak oil atténuera le changement climatique, mais cela se passera dans la douleur. Puissent les Américains souffrir plus que les autres…

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l’essentiel du Monde

Né le 18 décembre 1944, LeMonde a 65 ans. Bon anniversaire, nos vœux les plus sincères. Mais que ce quotidien soit notre journal de référence ne veut pas dire qu’il soit exempt de critiques. Voici nos propres codicilles en réponse aux deux questions posées (cf. supplément rattaché au Monde du 19 décembre).

1) Aujourd’hui, « Le Monde», indépendant politiquement et économiquement, est-il encore essentiel ?

biosphere : cette question est biaisée car elle tient pour acquis l’indépendance du Monde. Or la forte dépendance d’un quotidien envers les recettes publicitaires empêche une véritable liberté de parole. En effet, pour faire plaisir aux annonceurs, le journal est bien obligé de célébrer la société de consommation. Alors, quand on a ignoré mentalement toutes les pages de pub apparentes ou camouflées, on peut certes aller à l’essentiel. Mais toute vérité étant relative et en gestation chaque lecteur doit faire évoluer sa propre synthèse : si l’information apportée par notre quotidien est essentielle, elle n’est qu’un préalable. Si tout journaliste est un passeur des faits et gestes de nos sociétés, il lui est difficile dans le cadre d’un journal événementiel de ranger les idées dans un ordre convenable. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce savoir en miette, il nous faut une grille préalable d’analyse. Construire un tel tamis, chausser des lunettes théoriques, c’est l’objectif de ce blog « biosphere ».

2) Quel rôle « LeMonde »  a-t-il joué dans votre propre histoire ?

biosphere : Le problème des lecteurs, c’est qu’ils peuvent difficilement faire entendre leur voix. Le courrier des lecteurs est une approche partielle que nous avons déjà utilisée, mais le miracle est arrivé : lemonde.fr permet à tous les abonnés de créer leur propre blog. Ce serait d’évidence un outil formidable pour progresser ensemble dans la recherche de la vérité si les commentateurs ne cherchaient pas souvent l’affirmation de soi au lieu de construire une cohérence collective. Mais encore une fois merci au quotidien d’avoir mis en ligne les blogs lemonde.fr et quand Le Monde cessera d’être croissanciste grâce (entre autres) à notre action, tout sera presque parfait.

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