l’écologie de droite

Chantal Jouanno est en train de finaliser une note de cadrage dessinant les contours d’une écologie de droite (LeMonde du 15 octobre 2009). Elle propose une  « croissance écologique ». Mais on ne voit pas en quoi elle se démarque ainsi du Parti socialiste. Au Congrès de Reims, la motion A de Delanoë proposait la « Promotion d’un nouveau modèle de  développement qui articule croissance, justice sociale et écologie ». La motion de Martine Aubry affirmait avec force que « la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu.

Jouanno pense que « les Verts, eux, sont pour la décroissance ». Béatrice Marre, l’ex-Secrétaire nationale de la commission nationale environnement et développement durable, pensait la même chose dans sa Contribution thématique lors du Congrès de Reims: « Nous ne nous inscrivons pas non plus dans le registre de la « décroissance », concept sans avenir car il méconnaît la nature même du vivant, qui est précisément de croître et interdit de poser la seule question qui vaille : quel type de croissance des sociétés humaines est compatible avec son milieu, la Terre ? Les adeptes de la décroissance refusent toute recherche d’un modèle de développement nouveau ». 

            Je m’aperçois donc qu’en matière écologique, la droite n’a plus besoin de faire référence au Parti socialiste qui pense la même chose qu’elle, seulement aux Verts. Cela me semble un simple constat d’une réalité, le PS a décidé de ne plus sous-traiter l’écologie aux Verts puisque l’écologie n’existe plus pour la gauche socialiste depuis le Congrès de Reims ! Comme l’exprime si bien Frédéric Lefebvre, « Ce n’est pas notre faute si les socialistes sont à la ramasse, et ce n’est pas à nous de définir le profil de nos adversaires ».

En fait l’écologie n’est ni de droite, ni de gauche puisque la droite comme la gauche sont traditionnellement des tenants du productivisme. La ligne de démarcation passera bientôt, à l’intérieur de la droite comme de la gauche, entre ceux qui savent considérer les limites de la planète et ceux qui ne veulent aucunes limites.

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objections à l’impérialisme

Du temps de Go Khla Yeh, dit « Geronimo » et mort en 1909, les Indiens d’Amérique prenaient soin d’honorer, respecter et protéger Mère Nature. Ils faisaient attention à ne pas la souiller, à effacer toutes leurs traces. Les animaux étaient leurs compagnons, ils chassaient uniquement pour se nourrir, sans provoquer de massacres. L’arrivée des hommes blancs a sonné le glas d’un territoire à la beauté époustouflante. Ils ont volé les terres indiennes, abattu les forêts, éventré tous les sols pour en piller les richesses, source infinies de guerres, pollué l’air, le vent, les rivières, détruit tant d’espèces animales (cf. LeMonde du 16 octobre).

Sur son lit de mort, Geronimo délivrait un message assez simple à entendre :

« Quand le dernier arbre aura été abattu,

Quand la dernière rivière aura été empoisonnée,

Quand le dernier poisson aura été péché,

Alors on saura que l’argent ne se mange pas. »

Aujourd’hui les apaches de la réserve Mescalero connaissent chômage, drogues, obésité, perte de repères, intoxication par le modèle occidental. L’arrière-petit-fils de Geronimo, Harlyn, est même fier de s’être engagé dans l’armée au moment du Vietnam, reproduisant la volonté d’influence occidentale sur le monde extérieur qui avait dépouillé et emprisonné son arrière-grand-père. Il croit qu’un Apache ne se dérobe pas pour servir son pays. Il n’a pas compris que son pays aurait du rester la Mère Nature, et pas tel ou tel nationalisme artificiel qui traumatise dans ses guerres autant ses propres coreligionnaires que les « étrangers ».

Personnellement je ne sépare pas l’objection de conscience et l’objection de croissance.

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les limites nanomètriques

Le nanomètre (nannos en grec signifie « nain ») est à l’échelle du milliardième de mètre. Alors que 5 % seulement de Français savent aujourd’hui ce que sont les nanotechnologies, les autres vont bientôt tout savoir : un débat public va être instauré en France ! (LeMonde du 15 octobre). Pour avoir participé au débat public sur le nucléaire, je connais déjà la suite. Les nanotechnologies  comme le nucléaire sont déjà des éléments du marché et de l’emploi avant même qu’on commence à faire de la « démocratie participative ». Pourquoi revenir « en arrière » ? Les nanotechnologies comme le nucléaire ont certainement des effets négatifs sur les rapports sociaux et l’environnement, mais on applique le principe que tout ce qui est réalisable doit être réalisé ; même si on ne sait toujours pas traiter les déchets radioactifs ou le franchissement des barrières corporelles par les nanoparticules ! Les nanotechnologies comme le nucléaire relèvent du principe de précaution, mais on va nous expliquer qu’il faut savoir prendre des risques.

Les nanotechnologies comme le nucléaire entérinent nos décisions vers l’irréversibilité, mais si je suis contre, je ne peux qu’être anti-progrès. Dès que je critique l’utopie du progrès technique, le spectre de l’obscurantisme, de la barbarie et du retour à la bougie ressurgit ! La lecture de plusieurs commentaires de ce blog est édifiant. Pourtant, vouloir mettre des limites à la toute puissance de la techno-science ne veut pas dire être technophobe. Un tel jugement péjoratif relève d’une grave mystification. Car la contestation des nanotechnologies comme du nucléaire civil n’est pas une simple critique de la technique en tant que telle. Elle est d’abord une contestation politique d’un système technique monstrueux marqué par l’opacité et la centralisation, protégé par de hauts murs et l’armée et validé par une partie de la population après un bourrage du crâne et la mise à sa disposition des gadgets de la techno-science : certaines crèmes solaires contiennent déjà des nanocomposants…

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une société sans limites

LeMonde du 14 octobre présente une illustration parfaite de l’absence de limites dans la société de croissance, et principalement en France :

– en page 1, un président de la République se permet de nominer son jeune fils à une haute responsabilité. On pourrait donc encore agir de droit divin dans un système démocratique !

– en page 3, les émissions de télé-réalité se permettent tout. L’une d’entre elles va envoyer des jeunes en prison pour rire, ce qui multipliera le nombre des caïds en herbe !

– en page 4, l’impact environnemental des projets de TGV est âprement discuté…en Suède. En France, il faut fermer les petites structures et construire de nouvelles LGV (lignes à grande vitesse)…sans discuter !

– en page 10, on multiplie les annonces sur les dérives des déficits budgétaires en Grande-Bretagne ou en Belgique. Mais en France (page 12), Henri Guaino le conseiller de Sarko ne veut pas d’un « tout petit emprunt » !

  en page 15, le surendettement des ménages explose. Normal, la société de croissance a habitué l’Etat comme les individus à vivre au-dessus de leurs moyens !

            Je pense comme 60 % des Français (page 14) que « le plus dur reste à venir », mais la plupart de mes compatriotes n’a certainement pas encore mesuré les impacts du très proche pic énergétique. En Allemagne (page 16), où les citoyens sont un peu plus éclairés qu’en France, des écologistes viennent de stopper la construction d’une centrale au charbon. Cela règle une infime partie du problème des gaz à effet de serre, mais ne présage rien de bon pour la satisfaction des besoins en électricité d’une société de croissance !

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responsable et coupable

« L’écologie cherche à culpabiliser ces méchants consommateurs qui détruisent la planète. » C’est ce que croit un commentateur de ce blog. En fait, nous ne pouvons que constater que les consommateurs de la classe globale sont irresponsables, libre à eux de se culpabiliser comme il le faudrait. Prenons LeMonde du 13 octobre, « Les Français recyclent peu leurs téléphones portables ». Des millions d’appareils, dont la durée de vie est de sept à dix ans, sont  remplacés alors qu’ils sont encore en parfait état de marche. C’est l’obsolescence programmée et volontaire. Les Français achètent chaque année 22 millions de portables alors que 9 % seulement de leurs propriétaires font en sorte qu’ils soient recyclés. Nous sommes toujours responsables quand nous résistons aux appels publicitaires des opérateurs et quand nous décidons de promouvoir le recyclage. Si nous ne le faisons pas, nous sommes objectivement coupables de gaspillage et de destruction de la planète.

            Un autre article du Monde insiste sur l’obligation d’un recyclage particulier pour les ampoules basse consommation qui contiennent toutes du mercure : il faut rapporter l’ampoule en fin de vie ou, si elle se brise, l’isoler comme un produit dangereux, etc. Qui le fait ? Le problème de notre société pleine d’objets techniques très sophistiquée, c’est que le consommateur voit d’abord son intérêt personnel, envoyer des sms à la pelle ou bénéficier de 1400 lumens en pleine nuit. Il ne perçoit plus ses obligations collectives. Ainsi va notre système qui exacerbe le désir individuel et étouffe le sens des responsabilités. Alors le système sera de plus en plus obligé d’instaurer amende ou prison pour toutes les personnes qui ne font pas preuve d’un sens écologique normal.

Je suis donc d’accord avec un autre de mes commentateurs, « Il n’est pas question de haine de l’homme, mais de dégoût de ses comportements et de ses attitudes ». J’ajoute que notre système productiviste, capitaliste et libéral est aussi condamnable : on ne peut dissocier la société des individus qui la composent et réciproquement.

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Obama, en liberté conditionnelle

Le jury Nobel (de la paix) attend beaucoup d’Obama, le monde entier attend beaucoup d’Obama, nous attendrons en vain. Autant je suis personnellement libre de ma pensée pour défendre les intérêts de la biosphère, autant Obama est contraint dans ses actes pour pacifier l’humanité. Autant je suis libre de transcender en parole  les intérêts des humains parce que je n’ai pas de statut social apparent, autant Obama est obligé de protéger les intérêts des Américains du nord parce qu’il a été élu pour cela. Pour Obama, les valeurs de l’Amérique sont le travail et le patriotisme, pas la paix mondiale. Les humains, surtout quand ils sont présidents, se croient libres parce qu’ils ont conscience de ce qu’ils font. Mais en fait ils ne font que répondre aux causes qui déterminent leurs actions.

Le nouveau président des Etats-Unis avait dit lors de son discours d’investiture : «  La façon dont nous consommons l’énergie menace notre planète », «  Nous allons lutter contre ce fléau qu’est le réchauffement de la planète », « Nous ne pouvons pas consommer sans réfléchir les ressources du monde ». Cela n’était qu’un recueil de bonnes intentions qui n’engagent personne. Et d’ailleurs, le président Obama avait posé deux conditions au changement qui ne peuvent que l’empêcher de finaliser ses intentions :  « Faire redémarrer la croissance, construire routes et ponts… » et « Nous n’allons pas nous excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche ». Or la paix du monde nécessite une baisse du niveau de vie américain. C’est la défense du niveau de vie américain qui avait empêché G.Bush de ratifier le protocole de Kyoto, c’est le niveau de vie américain qui est devenu le modèle à imiter au-delà de ce que notre planète peut supporter, c’est le mythe de la croissance quantitative qui nous empêche de trouver d’autres voies d’épanouissement.

LeMonde du 11-12 octobre nous révèle d’ailleurs que Barack Obama a une compréhension limitée des affaires internationales. On lui a donné le prix Nobel pour ce qu’il doit maintenant accomplir, mais c’est quelqu’un qui n’a encore rien réalisé. La situation internationale  dépasse sa compétence. Dans le même numéro du Monde et à deux mois de Copenhague, les Américains bloquent toujours la négociation climatique. Ils veulent encore laisser de côté les engagements contraignants du protocole de Kyoto, ils ne peuvent agir en l’absence d’une législation votée par le Congrès américain. Le jury Nobel s’est trompé, Obama, va montrer qu’il n’est qu’un américain moyen alors qu’il devrait déclarer l’état de guerre face aux crises écologiques qui s’annoncent…

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des économistes complices

Les économistes, compétents ou complices ? Dès l’origine du libéralisme économique, Adam Smith et Ricardo se sont placés du côté des chefs d’entreprise : soutien de la division exacerbée du travail, de l’expansion forcenée des manufactures, du libre-échange généralisé. Aucune approche scientifique dans leur propos si ce n’est de laisser croire que l’abondance productive allait permettre le bonheur des peuples.

LeMonde du 10 octobre se pose maintenant la question : « A quoi servent les économistes ? » La réponse est simple : toujours à soutenir le système dominant. Ils analysent les faits, mais ces faits ont découlés de la mise en place de leur propre système de pensée. Le raisonnement est fermé sur lui-même, les économistes orthodoxes ne savent que conforter les « lois » qui découlent des mécanismes de marché. Les différents points de vue exprimés restent libéraux-centrés, soutenant la société thermo-industrielle. En clair, les prix Nobel d’économie et autres intervenants médiatiques sont plus proches de la caste des prêtres que de l’approche réaliste. Il existe en effet  un gouffre entre ce que les économistes enseignent et ce qui serait utile pour l’avenir de l’humanité. Les économistes nous montrent que non seulement ils ne savaient pas prévoir une crise financière, mais qu’ils ne peuvent continuer à penser qu’en termes de reprise prochaine…

Pourtant, avec le déchaînement des forces productives, l’état de la biosphère est aujourd’hui au plus mal. Le seul économiste du passé qui nous a donné les moyens de décrire un futur bien compromis a été Malthus. Il a lié la sphère humaine (la démographie) et la sphère des ressources naturelles (la production agricole). Si nous avions écouté son enseignement et respecté le nécessaire équilibre entre l’expansion humaine (démographique et aujourd’hui consumériste) et le substrat qui permet à toutes les  espèces, dont la nôtre, de vivre, nous ne serions plus au bord du gouffre d’une crise systémique.

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anthropocentrisme, OUT

Contre l’anthropocentrisme, enfin !  Enfin un article du Monde qui va dans le sens du long terme : « Après le marxisme il faut aller plus loin que l’humanisme libéral ». Franck Burbage écrit dans son article-débat ce qu’il faut dire (LM du 9 octobre), il suffit de recopier :

C’est l’humanisme qui justifie, au nom de la valeur transcendante de l’homme, l’exploitation illimitée de la Terre. L’idéologie actuelle du « développement humain » reproduit sans cesse cette présupposition anthropocentriste.Or l’articulation de la question sociale et de la question écologique n’est possible que si l’on engage la critique de l’anthropocentrisme dominant. La relation que nous tissons avec la multitude des choses et des êtres complète et enrichit les perspectives strictement humaines. Et la Terre n’est pas seulement un ensemble de moyens destinés à nos usages et à nos consommations. Ainsi il ne revient pas du tout au même de s’inquiéter du seul réchauffement climatique ou d’y adjoindre la question, également cruciale, de la biodiversité. Car si le réchauffement climatique menace les implantations humaines, l’expansion incontrôlée de l’humanité menace la multitude des êtres vivants sur cette planète.

On peut travailler à instruire le chantier d’un socialisme écologique : articuler la pensée des biens communs et de l’égalité  des conditions avec celle d’une Terre enfin respectée.

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Towns Transition

Je pense que la ville en 2050 aura subi une rupture totale. Comme l’exprime le dossier « Energie, le régime light », l’énergie la moins chère et la moins destructrice pour la planète sera celle qu’on n’utilise pas (LeMonde du 8 octobre). La ville basse consommation devient l’utopie revendiquée par l’association Energie-Cités, les plans énergie-climat de multiples communautés urbaines, la résurgence des tramways, la multiplication des vélos. Nous vivons une nouvelle période de transition, pas celle qui a fait adopter par la plupart des pays communistes le modèle capitaliste libéral,  mais une initiative de transition qui prépare la civilisation de l’après-pétrole. Voici venu le temps des Towns Transition.

Cette méthode initiée pour la première fois à Totnes, petite ville de 8000 habitants en Angleterre, réfute l’attitude individualiste des survivalistes. Du côté collectif, on ne peut compter sur des politiciens nationaux, menés par l’obsession du court terme. En revanche les politiciens locaux peuvent apporter un concours précieux pour mettre en œuvre LA solution à LA crise provoquée par le double choc du pic énergétique imminent et du réchauffement climatique. Il s’agit, sur un territoire spécifique, de prendre une « initiative de transition » vers une économie sans pétrole et de développer la résilience du tissu socioéconomique local. Concrètement, il s’agit de se défaire de la dépendance aux importations et de relocaliser les activités sociales et économiques. Ce qui importe, ce n’est plus le PIB, c’est le pourcentage de nourriture consommée ayant été produite à proximité, la part de terrain consacrée au parking par rapport à celle consacrée aux cultures vivrières, le pourcentage d’habitants sachant cultiver au moins dix légumes, etc.

Les villes sont des multiplicateurs de distance entre lieu d’habitat et lieu de travail, entre production alimentaire et consommation alimentaire, entre l’addiction à la télé et le contact avec la nature. Une ville basse consommation, c’est une ville qui rétrécit et qui n’a pas besoin ni d’autoroutes, ni de TGV…

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Nicolas Hulot, ange ou démon ?

Mois après mois, le journal La décroissance tape sur Nicolas Hulot. Celui d’octobre ne déroge pas à la règle : « Seule la presse sans publicité ose critiquer cette icône médiatique », « NH fait le beau dans le mensuel GQ de septembre », « NH est contre l’EPR, mais pour le nucléaire (enfin pas contre…) », « Les contributeurs de NH, celui qui parle à l’oreille de Sarko, Bouygues, Apple, Lafargue, Saint Gobain », « Votre fondation est financée par des multinationales, ça ne vous gêne pas ? », etc.

Par contre LeMonde du 7 octobre grand-titre : « Nicolas Hulot, radicalement vert ». J’apprends que les sponsors de son film, Le Syndrome du Titanic, sont décontenancés. La SNCF, « Quand on sort de là, on se demande ce que l’individu peut faire après ça ? ». EDF note pudiquement que NH « dresse un simple constat ». L’Oréal n’a pas souhaité faire de commentaires. Pour les journalistes du Monde, le film vomit le consumérisme des riches et ses accents sont tiers-mondistes, anticapitalistes, décroissants !

Après avoir fait dans les années 1990 un inventaire des belles choses de la nature, Nicolas voit aujourd’hui la puissance des destructions et l’imbrication des dimensions écologiques et humaines. Nicolas prône la sobriété heureuse. Nicolas réalise l’alliance des amoureux de la nature et des objecteurs de croissance. Nicolas est dans la stricte lignée de ce blog biosphere. Le journal La décroissance ne comprend rien à la variété des chemins que nous pouvons prendre pour arriver au même but…

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à quoi servent les JO ?

La désignation du Brésil pour les JO de 2016 sert la popularité de son  président Luiz Lula. Les JO flattent en effet le nationalisme et les populistes. La non-désignation des USA dessert son président OBAMA, mais il s’en remettra parce que ce n’est certainement pas une défaite de l’Amérique. Les JO doivent aussi flatter les pays émergents en donnant pour la première fois sa place en Amérique latine. Les articles du Monde (4-5 octobre) nous montrent parfaitement que les JO sont d’abord un fait politique, mon quotidien oublie de dire que cela nous fait oublier l’aspect sportif, anodin par ailleurs. A quoi sert-il de savoir combien de secondes il faut pour parcourir 100 mètres ?

C’est aussi un fait économique, c’est-à-dire une dépense inutile. Les JO ne sont en aucun cas crucial pour le développement du Brésil. Cela ne va créer que quelques emplois temporaires, cela ne va pas faire diminuer l’ampleur des bidonvilles de Rio. Au Brésil, 36 % de la population urbaine habite déjà dans des taudis. Et les miséreux ne vont pas se loger dans les 25 000 chambres qu’il va falloir construire pour accueillir des spectateurs. Les mégalopoles (Rio, 11 millions d’habitants, la folie de la démesure) sont devenues des décharges où l’on rejette une population excédentaire à laquelle on permet de temps en temps de hurler et chanter pour une arène sportive : panem et circenses, du pain et des jeux. Alors, à quoi servent en réalité les JO ? A rien de bon.

« Plus vite, plus loin, plus fort », telle est la devise des jeux olympiques modernes alors que les principes de la Biosphère sont à l’inverse « Aller moins vite, aller moins loin, plus de douceur » : il faut respecter les écosystèmes, il faut supprimer les JO.

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la mode, la mode, la mode…

Après Milan, Paris, la mode, la mode, la mode ! Une centaine de défilés prévus d’ici au 8 octobre. Des pleines pages dans LeMonde. Aujourd’hui, « le graphisme inventif de Balenciaga ».

Inventif ?  Comment trouver de l’originalité aux minijupes plissées, aux chemises blanches transparentes et aux quelques seins dévoilés (faut dire que la « Haute couture » considère qu’il n’y a qu’un seul sexe à habiller). Et dire que le directeur artistique de Balenciaga a le culot de dire : « J’ai utilisé des produits fabriqués de manière écologique car l’heure est venue pour le luxe de s’emparer de ces questions ». Mais l’écologie est le contraire du luxe ostentatoire, elle doit nous faire retrouver le sens des limites. Le pape du luxe, François-Henri Pinault commente le défilé : « C’est un hymne à la nature, tout à fait dans l’air du temps. » Le seul hymne à la nature que je connaisse en  matière d’habillement, c’est le naturisme.

A l’économie de subsistance et de satisfaction des besoins réels a succédé aujourd’hui la tyrannie de l’excédent, la société de consommation, la prolifération du luxe et de l’inutile. Dans les sociétés occidentales, ce n’est pas tant l’utilité des objets qui compte dans l’acte de consommation que leurs valeurs symboliques et sémiotiques. Le capitalisme et ses publicités s’appuient sur deux mécanismes qui reposent sur le maintien des inégalités : l’imitation des autres par les classes moyennes, et la capacité d’ostentation de l’élite. Les objecteurs de croissance savent pertinemment qu’il faut éliminer les défilés de mode pour apprendre à réduire les besoins. Sinon, les riches détruisent la planète !

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trop de médicaments ?

Dans les salles de bain de la classe globale, les armoires  deviennent de véritables pharmacopées de produits trop utilisés ou périmés. C’est pourquoi la « trouvaille de François Fillon », parlant de médicaments « non indispensables » (LeMonde du 1er octobre), est une bonne  chose. Ce n’est pas un simple moyen de limiter le déficit de la Sécurité sociale pour 2010 avec la baisse prévue du taux de remboursement de 35 à 15 % d’une quarantaine de médicaments au service médical rendu faible ou la limitation du coût global de l’utilisation de médicaments onéreux à l’hôpital (LeMonde du 2 octobre). Il s’agit ni plus ni moins que d’un enjeu de civilisation : où situer la limite acceptable dans la consommation de médicaments ?

Il fut un temps où les prescriptions médicamenteuses correspondaient à des préparations effectuées par le pharmacien dans son officine. A cette époque les noms chimiques des substances entrant dans la composition des ordonnances constituaient un langage commun pour les médecins, les pharmaciens et les malades. Désormais la pharmacopée se résume aux spécialités des laboratoires, c’est-à-dire des médicaments élaborés de manière industrielle. Il y a maintenant près de 7000 marques qui se font concurrence alors que la dénomination commune internationale (DCI), l’espéranto du médicament,  ne compte que 1700 substances thérapeutiques. Etude bien oubliée, une « commission de la transparence » avait évalué en France 1100 médicaments ordinaires : un quart n’avait pas fait la preuve de son efficacité.

Les humains peuvent sans doute faire de la bonne médecine avec trente médicaments seulement.

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la gauche passe à droite

En Europe, la gauche est affaiblie et déprimée. En Allemagne, droite et gauche confondue ont déjà gouverné le pays. En France aussi la gauche peut passer à droite, une quinzaine de personnalités a déjà mordu au grand marché de l’ouverture sarkozyste. Nous sommes en face d’une OPA (offre publique d’achat) de la gauche par l’UMP. La ministre de la santé et des sports Roselyne Bachelot est claire, «  il se trouve qu’être de gauche n’a pas été un critère de rejet en conseil des ministres » (LeMonde du 1er octobre). La secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno est claire, elle « partage les mêmes valeurs que les Verts » (Le Figaro du 26-27 septembre).

La social-démocratie s’est dissoute dans la marmite de la droite dès le discours marxiste. En effet il n’y a pas de différence fondamentale entre le productivisme de droite et le productivisme de gauche, entre une fabrique d’automobiles qui peut être nationalisée et les ouvriers qui fabriquent les automobiles, entre Ségolène Royal qui ne jure que par la voiture électrique et une droite qui met en place un soutien à la voiture électrique. Patrons, élus et travailleurs naviguent de concert sur la même autoroute, la seule différence c’est la part de la valeur ajoutée qu’on peut se mettre dans sa poche. L’écologie aussi s’est dissoute dans la marmite de la droite. Sarkozy a mis en place des Grenelle de l’environnement, son ministre de l’écologie a juste le grade en dessous du Premier ministre, Chantal Jouanno peut même déclarer que  « l’avenir est vert, pas forcément aux Verts ».

Alors, où trouver une spécificité de gauche qui ne soit pas pure incantation ?

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le principe de mobilité

La révolution industrielle s’est accompagnée au XIXe siècle d’un déracinement géographique. La proportion de Français nés hors de leur département d’origine est passée de 11,7 % au recensement de 1861 à 26 % en 1936. L’exode rural a aussi entraîné la mobilité professionnelle, l’agriculteur est devenu au XXe siècle chauffeur de taxi ou OS. Autant dire qu’il y a eu dislocation des sentiments d’appartenance à un lieu privilégié, éclatement et dysfonctionnement des familles, perte d’autonomie puisque le salaire dépend dorénavant d’une division du travail de plus en plus poussée.

            Cette mobilité géographique et professionnelle, forcée et stressante, débouche aujourd’hui sur une mobilité interne à l’entreprise. Ainsi à France Télécom, on avait mis en place au niveau national le principe de mobilité systématique des cadres tous les trois ans : d’où 24 suicides sur le lieu de travail depuis février 2008 (LeMonde du 30 septembre). Le système capitaliste libéral a été jusqu’au bout de sa logique, considérer la personne humaine comme un simple pion sur l’échiquier du marché mondialisé du travail. La lutte de classe a été remplacée par la lutte de classement, c’est-à-dire la compétition organisée entre travailleurs qu’on évalue individuellement ou qu’on licencie collectivement. Cette logique absurde a détruit non seulement l’équilibre psychologique des êtres humains, mais aussi l’équilibre des écosystèmes que les lois sociales ont complètement ignoré.

Il n’est que temps que ce système capitaliste s’effondre et que les citoyens retrouvent le goût de la nourriture produite localement, le respect de l’artisan et l’amour du travail autonome dans une biosphère apaisée. C’est la logique de la transition qui nous fera passer après les grands cataclysmes d’une société thermo-industrielle à une société relocalisée et simplifiée

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éloge de la dictature ?

Il y a des dictatures de droite, telles que celles dont l’économiste zambienne Dambisa Moyo fait le panégyrique dans son livre présenté par LeMonde du 29 septembre (sous le titre Eloge de la dictature) : « La démocratie peut être un obstacle au développement. Dans un monde idéal, ce dont les pays pauvres ont besoin, c’est d’un dictateur bienveillant décidé à imposer les réformes nécessaires pour donner une impulsion à l’économie, une politique favorisant l’économie de marché ». L’exemple à suivre, c’est donc le Chili de Pinochet.

Il y a des dictatures de gauche qui pourraient être bienveillantes. Comme l’exprime Thomas L.Friedman : « Si seulement l’Amérique pouvait être la Chine. Rien qu’une journée ! Les dirigeants chinois possèdent la faculté de couper court à tous les intérêts particuliers, à tous les obstacles bureaucratiques, à toutes les craintes de répercussions électorales, pour simplement décréter des changements radicaux dans les prix, les règlements, les normes, l’éducation et l’infrastructure. C’est un atout de poids quand il s’agit de réaliser un changement aussi considérable qu’une révolution verte, où vous êtes confrontés à des intérêts acquis, enracinés, grassement financés et fortement retranchés, où vous devez motiver des opinions publiques pour qu’elles acceptent des sacrifices. »             

Et puis il y a des démocraties dont les dirigeants font eux-mêmes l’apprentissage de la frugalité. Alors qu’une sécheresse sévère plonge des dizaines de millions de paysans dans le désespoir, Sonia Gandhi, présidente du Parti du Congrès, invite ministres et députés à l’austérité en signe de solidarité avec les campagnes assoiffées (LeMonde du 29 septembre). C’est le seul modèle que je veuille défendre, la contagion de la simplicité volontaire. Un écolofascisme est d’ailleurs impossible car la dictature ne peut que privilégier les intérêts de quelques-uns au détriment de l’environnement ; le totalitarisme est incapable de décider un partage équitable de la rareté. Mais la frugalité de quelques-uns ne peut fondamentalement transformer notre système de gaspillage…

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impuissance politique

Page 1, titre principal : le réchauffement climatique aura de lourdes conséquences en France.

Page 2, Times Square : les chefs d’Etat parlent de « catastrophe irréversible » à propos du  réchauffement climatique. Mais mille feux clignotent à Times Square. Comment les  responsables politiques peuvent-ils parler de catastrophe irréversible et faire comme si les feux de Times Square ne devaient jamais s’éteindre ?

Page 4, un rapport  indique que la France peut s’attendre  à un impact globalement négatif du changement climatique au cours de ce siècle.

Page 8, tout un éventail de défis comme la menace du changement climatique ne sont pas réellement pris en compte par le système politique, à droite comme à gauche (dixit Joschka Fischer).

Page 10, la taxe carbone n’est pas un problème d’opposition droite-gauche. C’est un problème d’explication. (dixit Michel Rocard)

Page 12, Obama a affirmé que le sommet de Copenhague, en décembre, ne permettra pas de signer le traité final sur le réchauffement climatique.

Page finale, un dernier coup d’œil à l’horloge diabolique de la dette publique mondiale : 35118,911 milliards de dollars. Les dirigeants du G20 sont intraitables sur l’accessoire et muets sur l’essentiel.

 (LeMonde du 27-28 septembre)

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à quoi sert la vie humaine ?

L’euthanasie et le suicide assisté restent illégaux au Royaume-Uni. Mais si une personne souffrant d’une maladie incurable ou en phase terminale prend l’initiative de demander l’aide d’un parent ou d’un ami intime, ce dernier est dorénavant en droit de lui rendre ce service en toute légalité. A condition qu’il soit entièrement motivé par la compassion et que son concours se limite à une aide ou une influence mineure. Encore faut-il que le futur défunt ait émis un souhait clair, définitif et informé de se suicider (LeMonde du 26 septembre). Donc, si j’ai bien  compris, un conjoint peut aller avec son malade en Suisse, pays qui a déjà légalisé le suicide assisté.

Cela me fait penser aux avortements illégaux pratiqués en Suisse par les Françaises qui subissaient avant 1975 les lois populationnistes de 1920. Avant la naissance ou au moment de la mort, il n’y a pas en soi de définition d’une vie digne d’être vécue ; tout dépend d’une élaboration sociale. Quelle décision philosophico-politique prendre dans le cas des Alzheimer qui n’ont de la dignité humaine que l’apparence charnelle ? Quelle décision philosophico-politique prendre dans le cas des fins de vie dans des hôpitaux-prisons-mouroirs ? L’acharnement des partisans de la vie malgré tout me paraît incompréhensible. Il me paraît plus sain d’empêcher la perte de biodiversité et l’extinction des espèces plutôt que de vouloir préserver la vie des humains qui ne servent plus à rien. Mais j’aurais un certain respect pour les personnes qui militent à la fois pour les deux causes, il y aurait en effet une certaine logique !

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se démarquer des marques

Selon une enquête des plus sérieuses, les femmes (occidentales) passent presque un an de leur vie à essayer de décider comment s’habiller.  Il faut en effet hésiter bien longuement pour choisir entre le petit haut sexy ou le discret chemisier chic, avant d’hésiter à nouveau sur la couleur du slip et la forme des chaussures… L’habit est pour la femme un moyen de communication, comme la marque est le moyen pour le jeune branché de ne pas se démarquer de ses copains. C’est de ses préoccupations infantiles dont s’occupe le secteur de la mode. Pour D.Jacomet, directeur général de l’Institut français de la mode, « la Chine sera bientôt un géant pour les produits de marque » (LeMonde du 25 septembre). Biosphère nous en préserve ! Achetons local, achetons durable.

Selon les études de l’IFM, il existe un réel désir de mode, de part de rêves, d’émotion… Des mots, des mots, des mots pour habiller une réalité programmée par le marketing publicitaire. Sans quoi les vêtements ne s’achèteraient qu’au rythme très lent de leur usure. Pour occulter la conscience de l’acheteur, il a donc été nécessaire de tendre devant l’objet un voile d’images et de sens, bref de créer un simulacre de l’objet réel. La publicité nous vêtit et nous fait vivre selon des modalités fantasmagoriques qui nous ont fait oublier le sens des limites. Oublions la mode, supprimons la publicité, retrouvons le message essentiel de Thomas More en 1516 :

« En Utopie, les vêtements ont la même forme pour tous les habitants de l’île ; cette forme est invariable. Ces vêtements réunissent l’élégance à la commodité ; ils se prêtent à tous les mouvements du corps, le défendent contre les chaleurs de l’été et le froid de l’hiver. Un seul habit suffit d’ordinaire pendant deux ans ; tandis qu’ailleurs, il faut à chacun quatre ou cinq habits de couleur différente, autant d’habits de soie, et, aux plus élégants, au moins une dizaine. Les Utopiens n’ont aucune raison d’en rechercher un aussi grand nombre ; ils n’en seraient ni plus commodément ni plus élégamment vêtus. »

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un monde de fous

Combien de temps une société qui repose sur l’endettement budgétaire de la plupart des pays riches peut-elle tenir ? Combien de temps une économie thermo-industrielle qui accélère sciemment les perturbations  climatiques peut-elle tenir ? Combien de temps des politiques qui agitent l’étendard de la croissance économique peuvent-ils rester à leur poste ? Et maintenant, la dernière de Sarkozy hier soir : le carbone qui ferait un trou dans la couche d’ozone !

LeMonde du 24 septembre titre sur les déficits chroniques et l’explosion de la dette, le cas français n’est pas isolé. Pourtant nous savons que la propension des riches à épargner est importante ; un pays riche ne devrait pas s’endetter, il est au contraire dans la position de pouvoir prêter de l’argent. LeMonde du 24 septembre nous indique qu’à défaut de lutter contre le réchauffement climatique, la croissance des gros blocs économiques sera assurée « sur le dos » du reste du monde ; il n’y a plus de socialisme égalitariste dans ce pauvre monde. La croissance est encore sur toutes les lèvres des politiques, comme si ce qui provoque les chocs écologiques pouvait résoudre durablement les problèmes de la dette, de l’emploi, etc.

Il est vrai que le citoyen moyen dans ce monde de fous ne peut maîtriser qu’imparfaitement les problèmes de couche d’ozone, d’effet de serre, de pic énergétique et de PIB qui ne s’exprime qu’en terme de moyenne et non de répartition. Normal, aucun des dirigeants qui nous mène à notre perte n’a l’intention de lui expliquer vraiment : ils tiennent tous à leur poste.

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