développement ou rupture ?

L’UE s’engage péniblement  vers un accord sur le paquet énergie-climat. De toute façon la facture sera jugée toujours trop lourde par les industriels. Et le consommateur européen ne s’est pas encore rendu compte qu’il va lui falloir changer toutes ses habitudes. Il n’y a que le WWF chinois qui commence à réfléchir : « Les pays riches ont pu se développer dans le passé, émettant ainsi beaucoup de gaz à effet de serre. Mais pouvons-nous consommer autant d’énergie que vous l’avez fait ? Non, parce qu’il n’y a plus assez de place pour davantage de carbone. » Le gouvernement chinois en tire la conclusion que « les pays développés doivent soutenir les pays en développement par des ressources financières et du transfert de technologie » (Le Monde du 13 décembre). La Chine n’a pas encore compris que le développement est un concept nocif et que la technologie est le problème, pas la solution.

Ce qui se commet au nom du développement n’a rien de libérateur. Ce n’est qu’une forme larvée, encore plus perverse que l’ancienne, de colonialisme. Les premiers combattants anticolonialistes brandissaient comme un étendard de libération la bannière du développement pour justifier tous les dispositifs créés par le colonialisme en vue de la déculturation en profondeur des peuples dominés. Pour eux, il était clair qu’un bon développement devait continuer d’étendre ces infrastructures héritées de l’époque coloniale afin de permettre à leur pays de « rattraper », le plus vite possible, leur « retard économique ». Il est important de dire aux Européens  comme le fait un professeur à l’université de Dakar: « Arrêtez de nous développer parce que vous ne pouvez nous développer qu’en pensant que nous sommes sous-développés. Or, nous, nous pensons que vous êtes en voie de sous-développement, avec vos pollutions, vos grandes villes, vos personnes âgées dont personne ne s’occupe, etc. » La chine imite le modèle de développement occidental, il n’a fait qu’importer les maux de la société thermo-industrielle, urbanisation non contrôlée, travail forcé, épuisement des ressources non renouvelables, empoisonnements, effet de serre… (cf. Majid Rahnema, la puissance des pauvres)

La variable déterminante du développement humain après 1800 fut la libération de la vitesse technologique. La révolution industrielle constitue, selon Davis Gregory Clark, la première rupture de l’économie humaine avec l’économie naturelle. Stanley Jevons a analysé la dépendance de l’économie britannique à l’égard d’un charbon bon marché, mais épuisable dans The Coal Question (1865). Il trouve ailleurs que dans la  terre un facteur limitatif de la production. Toutefois ce facteur n’est plus un fonds renouvelable, mais un stock (les ressources minières) dont la perspective de l’épuisement annonce un avenir autrement plus sombre que l’état stationnaire : le déclin ! Jevons formule aussi un paradoxe qui a gardé son nom : l’accroissement de l’efficacité technologique dans l’utilisation d’une ressource naturelle comme le charbon ne réduit pas la demande pour cette ressource, mais l’accroît au contraire. La consommation est déchaînée par l’accélération technologique du fait de la baisse des coûts que celle-ci entraîne : « Le système économique accroît indéfiniment notre richesse et nos moyens de subsistance, et conduit à une extension de notre population, de nos productions, de nos échanges, qui est appréciable dans le présent, mais nous mène nécessairement vers une fin prématurée ». La croyance dans la technologie comme solution ultime à tous nos problèmes peut détourner notre attention du problème réellement fondamental – celui de la croissance dans le cadre d’un système fini – et même nous empêcher de prendre les mesures adéquates pour y porter remède. La loi d’entropie nous rappelle qu’il existe une flèche du temps et que nous laisserons aux générations futures un patrimoine naturel moindre et sans doute moins adapté à leurs besoins que celui que nous avons trouvé à notre naissance (cf. Jean-Paul Fitoussi, la nouvelle écologie politique).

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violences lycéennes

Les titres du Monde du 12 décembre sont éloquents : « Après cinq jours d’émeutes, genèse d’une révolte de la jeunesse grecque », « La violence des lycéens inquiète le gouvernement français ». La jeunesse occidentale se retrouve  déclassée même quand elle est diplômée. Elle trouve des emplois parfois, de plus en plus précaires, souvent. Il n’ y a plus d’espoir en des lendemains qui chantent, no future disent aussi leurs tee-shirts. On ne va plus en cours, mais à quoi servent les cours ?

Face au cumul de leurs difficultés, il est même étonnant que les jeunes ne se révoltent pas davantage. Et quand ils se révoltent, cela devient de plus en plus fréquemment des scènes de violence car il n’y a plus de possiblité de dialogue, il n’y a plus de slogans, il n’y a plus de revendications assumées. Ce sont des mouvements le plus souvent spontanés par l’intermédiaire des portables, des manifestations inorganisées parce qu’il suffit d’imiter l’autre lycée bloqué vu à la télé. Un seul jeune tué par la police ici ou là, et c’est déjà l’embrasement. Aucune organisation ne peut encadrer les lycéens parce que les lycéens sont dépolitisés. Ils sont dépolitisés parce ce sont les enfants de la société de consommation et de la société du spectacle, complètement vidés de leur substance par le système marchand. Ils sont enfermés dans leurs inexistantes certitudes car les adultes n’ont plus d’autorité. Les enfants désirés par des parents aimants se sont transformés en enfants livrés à eux-mêmes et à l’instant présent.

Si j’étais jeune, je me rendrais compte que les générations actuelles ont profité des années de croissance économique pour s’endetter tant et plus et faire payer les générations futures. Si j’étais jeune, je me rendrais compte que les merveilleuses ressources d’hydrocarbures ont été complètement brûlées en moins de 200 ans et qu’il faudra dorénavant marcher à pied et avoir froid. Si j’étais jeune, je me rendrais compte que le capitalisme avait promis l’abondance pour tous et qu’il est en train d’instaurer la pénurie généralisée. Si j’étais jeune, mes parents ne seraient pas d’un grand secours, coincés par le système tel qu’il est. Les partis ne seraient pas d’un grand secours, infestés par leurs querelles intestines et leurs mots d’ordre insensés : travailler plus pour gagner plus ? Les mythes révolutionnaires ne seraient pas d’un grand secours puisqu’ils se sont tous effondrés depuis la chute du mur de Berlin.

Si j’étais jeune, je serais dans la rue sans savoir pourquoi. Moi, à la fin de ma vie, je commence juste à percevoir qu’il faudrait tout changer, condamner le capitalisme et son développement-croissance, vivre dans la simplicité et retrouver le goût du voisinage,  éviter les cours scolaires pour pratiquer l’artisanat, retourner à la terre tant qu’il y a encore des terres arables. Mais moi, pour ce que j’en dis…

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optimisme pétrolier !

Selon l’agence gouvernementale d’information sur l’énergie, en 2009 le baril de pétrole serait en moyenne à 51 dollars. Dans le même numéro du Monde (11 décembre), à la même page dans un autre article, la Banque mondiale mise sur un baril à 75 dollars en 2009. Mais tous ces experts n’en savent absolument rien. Le pétrole était à 150 dollars en juillet 2008, il pourrait être à 200 dollars en 2009. Mais en 2005, l’institution financière Ixis CIB notait que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars au 22 septembre). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015. Seule compte aujourd’hui pour les Américains et la Banque mondiale la loi du marché et la spéculation, l’épuisement des ressources n’est pas à l’ordre du jour.

La Banque mondiale estime en effet qu’il n’y aura pas de pénurie de matières premières dans les vingt ou trente prochaines années. Mais son expertise se limite au ralentissement de la demande (baisse de la population et des revenus), pas à la contrainte géologique de l’offre : l’état des réserves. On se contente d’affirmer sans rire que « les réserves prouvées de pétrole demeure de façon incroyablement constante à environ 40 années de production ». Pourtant d’autres spécialistes se sont penchés sur le pic pétrolier et parlent de surévaluation des réserves. Le point culminant de la production mondiale de pétrole est envisagée pour 2037 par le National Intelligence Council des USA (qui défend les illusions américaines), quelque part entre 2013 et 2037 par l’Agence internationale de l’énergie (qui défend les pays riches importateurs), mais avant la fin de cette décennie par l’Aspo (Association for the study of peak oil and gas) lors  de son colloque à Lisbonne en 2005. En effet les réserves mondiales, estimées aujourd’hui à 2275 milliards de barils, seraient seulement de 1750 milliards. L’Aspo est composée de spécialistes de l’industrie pétrolière comme son fondateur l’Irlandais Colin Campbell qui a dirigé le département Géologie d’Amoco avant de terminer sa carrière comme vice-président de Fina. Ces analystes nous ont appris que les quotas de répartition entre membres de l’Opep étaient indexés sur une prétendue augmentation constante de leurs réserves. Il est vrai aussi que Shell a déjà reconnu qu’un tiers de ses réserves « prouvées » étaient imaginaires.

 Les organismes monétaires, (banque mondiale, FMI, Fred) nous leurrent depuis des années en poussant à la croissance à crédit. On voit le résultat avec le tsunami financier actuel. Il me semble probable qu’en matière de ressources en matières premières, l’optimisme forcé de certaines institutions aboutira bientôt à un résultat similaire : un krach écologique.

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cultivons notre jardin

Nous avons vécu depuis des décennies dans le monde entier un exode rural massif, mais les flux commencent à s’inverser.  Ainsi dans les 14 pays africains qui sont sur la bonne voie pou réduire le problème de la faim, le secteur agricole a connu une croissance constante ; au Ghana, les gens sont deux fois plus nombreux à revenir à l’agriculture qu’à la quitter (LeMonde du 10 décembre). Mon quotidien préféré explique que les ménages ne disposant pas de terres sont les plus vulnérables à la famine, les citadins achetant des aliments issus du commerce mondial sont les plus exposées et, selon le rapport annuel de la FAO, 693 millions de personnes souffrent de la faim en 2008. Les pays riches ne sont pas à l’abri de cette évolution qui touche d’abord les pays les plus pauvres.

           Dans son livre prémonitoire, Pétrole : la fête est finie !, Richard Heinberg montre que les combustibles fossiles sont essentiels à la productivité agricole actuelle. Sans cet apport d’énergie non renouvelable, notre planète ne pourrait nourrir qu’environ 2 milliards de personnes. Il constate aussi que durant la période de croissance énergétique, la plupart des groupes traditionnels ont été atomisés, et les familles arrachées aux fermes et villages basés sur la subsistance rurale, puis aspirés dans la compétition anonyme des cités industrielles : « La sécurité, pendant la transition énergétique à venir, impliquera de trouver les moyens afin d’inverser cette tendance ». Il faudra donc « contrôler la chute ». Richard recommande par exemple de cultiver autant que possible les aliments destinés à sa propre consommation et de faire son compost.           

Je m’étonne que les politiques et les médias n’attachent aucun importance à l’imminence du pic pétrolier, le moment où les quantités disponibles de pétrole commenceront à baisser. Dans les contributions générales du Parti socialiste (juillet 2008), seule celle des fabiusiens envisage  le pic : « De nouveaux consommateurs ont un besoin massif de pétrole alors même qu’apparaît le plafond de production selon l’Agence internationale de l’énergie ». Pourtant il ne s’agissait pas d’envisager la raréfaction géologique, seulement l’intérêt des pays producteurs « qui n’ont pas à pomper davantage avec un bail de pétrole qui pourrait atteindre 200 dollars ». Nos visionnaires politiques restent dans le court terme, alors qu’il faudrait structurer notre société pour le long terme en donnant à chaque ménage la possiblité de cultiver son propre jardin.

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décroissance et catastrophe

Les Verts affichent enfin leur unité lors de leur Congrès. Cécile Duflot est réélue secrétaire nationale et la motion commune est votée par 71 % des congressistes (LeMonde du 9 décembre). Quant au contenu, le texte se prononce pour une « décroissance sélective, équitable et solidaire ». Cela est un peu plus incisif que la plate-forme électorale des listes EuropeEcologie qui prône seulement la « décroissance des flux de matière et d’énergie». D’ailleurs dans Libé du 5 décembre, Daniel Cohn-Bendit est beaucoup moins affirmatif : « « Pour moi  la décroissance, c’est un gros mot que personne ne comprend. Comment parler de décroissance à des gens en crise ? » Alors on  vivra autrement, mais sans rien changer : « Cela signifie arrêter de produire des voitures non estampillés développement durable au profit de véhicules qui consomment moins et durent plus longtemps ». Il n’y a là aucune remise en question du véhicule individuel qui structure nos sociétés !

Derrière ces circonvolutions de langage se cachent un débat fondamental, celui de la profondeur de la crise à venir. Sur ce point, le manifeste du conglomérat EuropeEcolgie rassemblé autour de Daniel Cohn-Bendit est assez explicite : « Nous n’avons plus le temps. Tous les indicateurs sont au rouge. Notre modèle de développement est pulvérisé par les faits ! Aveuglé par l’idéologie de la croissance sans limites, dopé par le laisser-faire du libéralisme, le système productiviste fonce tout droit vers la catastrophe, tel un bateau ivre ». « Catastrophe » ? Le gros mot que tout le monde  comprend est lâché. Pourtant au Congrès des Verts, Yves Cochet et Denis Baupin ont été marginalisés sous prétexte qu’ils seraient « catastrophistes ».

La circulaire française de juillet 2004 qui gère l’EDD (éducation au développement durable), indique : « La prise de conscience des questions environnementales, économiques, socioculturelles doit, sans catastrophisme mais avec lucidité, aider les élèves à mieux percevoir l’interdépendance des sociétés humaines avec l’ensemble du système planétaire ». Mais ce n’est pas faire du catastrophisme (termes du texte officiel) que de montrer aux jeunes que nous éduquons une réalité catastrophique, épuisement des ressources fossiles, choc climatique, stress hydrique, perte de biodiversité… La réalité est désormais surdéterminée par les krachs écologiques qui s’annoncent et qui rétrospectivement feront du tsunami financier actuel une petite vague sans conséquence. Comme l’exprime un livre d’Yves Cochet, nous allons vers la « pétrole apocalypse ».Je suis personnellement un partisan de la pédagogie de la catastrophe, mais uniquement pour que ce ne soit pas la catastrophe qui serve de pédagogie quand il sera trop tard pour  réagir.

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esclavage électrifié

Cinquante ans seulement, le jour où symboliquement le monde dit civilisé a basculé du tout mécanique au tout électrique. L’édition du 7-8 décembre de mon quotidien préféré relate ce qui se faisait il y a cinquante ans. Auparavant le fonctionnement d’une montre reposait sur une source d’énergie fournie par la détente d’un ressort qu’on était régulièrement obligé de remonter manuellement. En 1958, pour la première fois en Europe, l’entreprise Lip a commencé à  fabriquer une montre dont l’énergie était fournie par l’électricité. L’article de l’époque précisait qu’il suffisait de mettre les piles hors circuit quand on n’avait pas besoin de connaître l’heure. Aujourd’hui l’électricité fonctionne 24 heures sur 24 dans tous les secteurs de nos activités, pour donner l’heure et programmer nos existences, pour accompagner nos chaudières au gaz, pour animer les balances des commerçants, pour allumer les différents écrans qui conditionnent une grande partie de notre vie. Mais plus personne ou presque n’a conscience du gigantesque système technique à l’œuvre dans la vie quotidienne pour alimenter nos activités. La minuscule prise de courant sur laquelle brancher la télé et recharger les batteries est reliée à des transformateurs, des lignes haute tension et tout au bout en France le plus souvent une centrale atomique.

Toutes les avancées techniques facilitées par le tout électrique ont créé un monde dans lequel le destin de l’homme moyen n’est plus entre ses propres mains ou entre les mains de ses voisins et amis, mais dans celles du système techno-scientifique et de ses centrales électriques. Les politiciens, les cadres et les bureaucrates sont au service de cette mégamachine sur laquelle aucun individu ne peut plus avoir une quelconque influence. Le citoyen est dépossédé aussi bien de son savoir-faire que de son savoir-être par la machinerie électrique. Disparition de métiers, impossibilité de communiquer sans machines, vision utilitariste du monde, filature incessante des individus avec les caméras de surveillance, les puces de détection et même la biométrie ; l’avenir s’assombrit. Le jour où on a cessé de remonter manuellement les montres, ce jour-là nous sommes devenus les esclaves de la société thermo-industrielle pour le meilleur et pour le pire.

C’est pourquoi 58 % des 742 experts interrogés par l’institut américain Pew  imaginait que, d’ici à 2020, des groupes de Refuznik hostiles à la technologie apparaîtront et pourront avoir recours à des actions terroristes pour perturber le fonctionnement du tout électr(on)ique. D’autres pensent que les ruptures d’approvisionnement en électricité qu’il faut bien fabriquer (raréfaction géologique du pétrole, du charbon, de l’uranium) seront les signes de l’effondrement de nos sociétés trop complexes sans même qu’il soit besoin d’agir contre la mégamachine…

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enfin! La fin de la F1…

C’est le commencement de la fin. Enfin ! La fin de la F1. Le Monde du 6 décembre nous informe que Honda se retire de la formule1 : « Cette décision a été prise à la lumière de la dégradation rapide du secteur-clé de l’automobile, due au resserrement du crédit et à la récession des économies mondiales ». Mais cette annonce vient trop tard car ce n’est pas la crise qui aurait du faire disparaître la compétition automobile, mais la simple raison raisonnante. Nous avons été manipulés et les Cassandre n’ont pas été écoutés.

Jusqu’en 1968, les championnats de F1 n’avaient pas de spectateurs fervents. C’est avec l’intrusion des marques de cigarettes que la médiatisation des grands prix a connu un essor décisif : elles versaient entre deux et trois millions de francs dans les années 1970. Par exemple en 1972, Marlboro recouvre entièrement de son sigle la voiture de Jean-Pierre Beltoise. Depuis le septennat de M.Pompidou, le culte de l’automobile est donc devenu en France la religion d’Etat, la seule d’ailleurs à laquelle croient la plupart des dirigeants. Aujourd’hui encore Sarko est le premier défenseur de l’automobile et son Premier ministre le plus grand adepte des 24 heures du Mans. Cependant, Philippe Saint-Marc (in mensuel Le Sauvage n° 6) nous indiquait dès 1973 que « cette adoration obligatoire dissimule mal la réalité : l’automobile est devenue le cancer de notre civilisation. Elle la ronge par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle casse les villes et dilapide la nature. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse. Elle brise le cadre de vie collectif pour enfermer l’individu dans une petite carapace d’acier qui l’isole et exalte son agressivité en la cuirassant. Nous allons vers l’« auto-destruction » rapide de notre civilisation si nous ne changeons par fondamentalement notre attitude à l’égard de l’automobile, si nous ne cessons pas de la vénérer comme une idole et ne la soumettons pas aux impératifs de la défense de l’environnement. »

Le sport automobile et sa médiatisation induisent la crétinisation systématique des homos sapiens par la publicité, la libération des pulsions destructrices au volant, le culte de la vitesse. Ce conditionnement n’est pas une aberration, le sponsoring et la compétition constituent l’essence d’un système pervers qui empêche qu’un autre monde soit possible. Dans une Biosphère apaisée, on interdirait les courses automobiles, on n’attendrait pas la crise.

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terrorisme nordique

Il y a un terrorisme présumé et un terrorisme réel. Selon un chercheur à l’IDDRI, « le problème essentiel est que les pays qui sont responsables du changement climatique, les pays du Nord, en subiront le moins les effets : ils seront surtout subis par les pays du Sud ». Ce n’est qu’un aspect de l’impact terroriste destructeur du modèle de croissance véhiculé par les pays riches : épuisement des ressources fossiles, détérioration des ressources renouvelables, destruction des sociétés agraires, urbanisation imposée, montée des inégalités et de l’exclusion, etc. Les krachs écologiques, provoqués par la société thermo-industrielle, deviennent le facteur géopolitique dominant.

En face il y a un terrorisme présumé, celui de ces jeunes mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », soupçonnés simplement d’avoir mis à mal un caténaire SNCF. Il faut dire que la généralissime Alliot-Marie parle déjà de « terrorisme idéologique ». Nos garde-chiourmes ont peur d’un processus intellectuel qui aurait été à l’origine d’Action directe ou même d’un mouvement d’aussi grande ampleur que celui qui a entraîné la révolution de 1917. Mais la ministre en  convient : « Il n’y a pas de trace d’attentats contre des personnes. » (LeMonde du 4 décembre). Tout cela me rappelle fortement le mouvement luddite, un mouvement qui respectait notre avenir et qui a été assassiné par l’Etat.

Le luddisme a connu ses débuts dans un petit village au nord de Nottingham, la nuit du 4 novembre 1811. Une troupe d’artisans pénétrèrent dans la demeure d’un maître tisserand pour y détruire une demi-douzaine de machines à tisser, convaincus qu’elles nuisaient à leur commerce et à l’emploi. Pendant trois mois, les Luddites attaquèrent les usines et cassèrent les machines jusqu’à ce que la loi fasse de la destruction des machines un délit passible de la pendaison : les machines étaient devenues plus importantes que les hommes. Aux Assises de décembre 1812, quatorze hommes furent pendus et six envoyés aux galères. Pourtant les Luddites ne se révoltaient pas contre toute technologie, mais contre celles qui laminaient leurs modes de vie et de travail, brisant irrémédiablement les liens familiaux et communautaires.  (In Les luddites (bris de machines et économie politique) de BOURDEAU et JARRIGUE)

Reste à savoir si s’attaquer aujourd’hui à des caténaires est un objectif sensé !

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la fête est finie

Les journalistes sont là pour me rassurer. Ainsi Bruno Frappat aux Assises du journalisme en mai 2008 : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. Autrement dit pour penser l’actualité ; il faut parier sur le journalisme durable ».Moi je ne parie jamais, je me contente de constater que mon quotidien préféré ne hiérarchise pas les évènements pour un avenir durable, mais se situe dans l’instant présent. Analysons le supplément « économie » du Monde du 2 décembre. Tout un dossier sur la montée en puissance de l’automobile dans les pays émergents. Mais aucune vision d’un futur sans voitures individuelles puisque le pétrole deviendra (bientôt) hors de prix.

Comme mon quotidien préféré recense beaucoup d’informations, il y a quand même un petit article sur l’arrivée d’Henry Waxman à la tête du comité du Congrès américain pour l’énergie. « Un tournant pour la planète ? », tel est le titre. L’article de Paul Jorion précise : « L’arrivée de Waxman souligne l’antagonisme entre deux courants du parti démocrate : une aile ouvriériste, prête à toutes les compromissions en matière d’environnement à condition que soient maintenus les emplois dans l’industrie automobile ; et une aile verte qui entend faire plier le mieux industriel face aux impératifs du développement durable. »Waxman est donc en faveur d’une réduction des émissions de CO2 de 80 % en 2050. Nous voyons bien dans ces propos de Jorion le souci d’un environnement durable.

Pourtant le lecteur moyen du Monde ne retiendra que la concurrence mondiale entre firmes automobiles qui va s’amplifier, il n’envisagera pas de tournant pour la planète. Comme dit un autre article dans le cœur du journal, « Le litre de gazole à un euro est un petit cadeau de Noël qui tombe à point nommé pour les consommateurs ». Pour les consommateurs du temps présent sans doute, pas pour les générations futures qui subiront les perturbations climatiques. Le pétrole et l’industrie automobile vivent leurs dernières années, mais ni Le Monde ni la gente au pouvoir ne nous préparent à cette échéance dramatique : la fête est finie, mais on rêve encore au père Noël.

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humanisme élargi

Comment situer le centre du monde ? Mon quotidien préféré présente le 1er décembre la conception du planisphère australien. Du point de vue des géographes de ce pays, on inverse la carte du monde, le pôle sud en haut, l’Australie bien au milieu. Chacun regarde le monde à sa façon, les cartes se brouillent, il n’y a plus de boussole.

C’est Lévi-Strauss qui nous montre la voie de l’unité conceptuelle, celle d’un humanisme élargi. Dans un discours de 2005,  il montre que l’humanisme change de perspective au fur et à mesure de sa confrontation à l’autre. La Renaissance trouva dans la littérature ancienne le moyen de mettre sa propre culture en perspective, au XVIIIe et au XIXe siècles, l’humanisme s’élargit donc avec le progrès de l’exploration géographique. En s’intéressant aux dernières civilisations encore dédaignées – les sociétés dites primitives – l’ethnologie fit parcourir à l’humanisme sa troisième étape. Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, les sociétés sans écriture limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation. Si différentes que ces dernières sociétés soient les unes des autres, elles concordent pour faire de l’homme une partie prenante, et non un maître de la création. Telle est la leçon que l’ethnologie a apprise auprès d’elles.

Selon Lévi-Strauss, « Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces. Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création. »

Lévi-Strauss nous définit ainsi un humanisme qui abandonne son anthropocentrisme pour se rapprocher d’un biocentrisme. Cela ne veut pas dire nier la centralité de l’homme qui est la seule espèce à penser la nature et l’univers, cela signifie que ni la France, ni l’Australie, ni même l’humanité ne sont le centre du monde.

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mondialisation destructrice

Les humains ont tressé la corde pour se pendre en inventant le libre-échange et la mondialisation financière. Les pays d’Asie ont été la cible de la première mondialisation commerciale : les Anglais colonisèrent d’abord le sous-continent indien, puis forcèrent la Chine à se soumettre à son diktat après les guerres de l’opium (1839-1842 et 1858-1860) menées au nom du « libre-échange ». Les usines de Manchester pillaient les matières premières pour les transformer en textiles industriels, mais le produit de ces ventes ne suffisaient pas à financer leurs achats de soie, thés ou porcelaines chinoises. Pour se procurer un excédent commercial, les Anglais développèrent alors la production de pavot sur une grande échelle au Bengale afin de vendre de l’opium aux Chinois. Les flux croissants des sorties d’or et les effets catastrophiques de la consommation d’opium sur la population poussèrent l’empereur de Chine à faire détruire les cargaisons anglaises en 1838. Il déclarait : «  Ce peuple (les Anglais), n’ayant pas de quoi vivre chez lui, cherche à asservir les autres pays dont il débilite d’abord les habitants. »

Malgré le bon sens de ces propos, il a du s’incliner devant les troupes britanniques. Juste retour des choses, les pays du Nord subissent maintenant l’offensive commerciale et financière provenant des pays du Sud, par exemple l’OPA en 2006 de l’indien Mittal Steel sur Arcelor. Aujourd’hui ArcelorMittal supprime 9000 emplois (LeMonde du 29 novembre).             Dommage que toutes les régions du monde ait abandonné le précepte maoïste « compter sur ses propres forces ». Mais la fin du libre-échange est programmée puisque ce sont les plus forts qui fixent les règles, et ce sont encore les pays occidentaux. Comme disait le Premier ministre Fillon, faut faire du patriotisme économique ! En fait la mondialisation prédatrice en matières premières et destructrice des équilibres sociaux locaux perturbe la Biosphère, donc les sociétés humaines. Il n’y a de solution durable que la relocalisation des activités ; il faut apprendre à vivre en symbiose avec l’écosystème le plus proche de soi.

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homo demens

Chaque fois que j’ouvre mon quotidien préféré, je peux m’attendre à apprendre un autre acte terroriste, une nouvelle bataille inter-étatique ou un désastre écologique. Le Monde du 28 novembre ne faillit pas à la règle : des groupes islamistes font plus de cent morts à Bombay, le régime chinois veut imposer un rapport de force avec la France, les glaciers fondent plus vite que jamais.

Est-ce le travail du diable ? Faut-il s’en prendre aux multinationales avides ? Une grande conspiration est-elle en marche ? Une analyse du lien entre l’homme et les ressources énergétiques suggère une explication plus prosaïque. L’agitation croissante qui se manifeste autour de nous est principalement la conséquence inexorable d’un mode de vie prédateur. La brutale augmentation de la population mondiale et de la consommation des ressources planétaires, caractéristique des sociétés industrialisées, accroît le chaos social. L’échelle des problèmes que nous devons affronter maintenant est unique dans l’histoire humaine et nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes. Face à l’abondance énergétique, les humains ne se distinguent pas malgré leur cerveau surdimensionné des autres organismes : leur population s’accroît et prolifère, il y a dépassement des capacités de l’environnement, puis chute brutale.

Les humains (se) détruisent, ils peuvent aussi changer. Avec la déplétion pétrolière, il est raisonnable d’espérer un monde futur dans lequel les collectivités seront plus réduites et égalitaires et au sein desquelles les individus vivront une harmonie avec leurs semblables et avec la Biosphère. Il est raisonnable d’espérer qu’homo demens pourra justifier un jour de son qualificatif d’homo sapiens. Est-il raisonnable d’espérer ?

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le futur du PS

Martine Aubry est la nouvelle « premier secrétaire » du Parti socialiste français à quelques voix près. Espérons qu’elle sera plus présente rue Solferino qu’elle ne l’était en tant que secrétaire nationale à l’emploi ! Espérons quelle arrêtera de vouloir flinguer Delanoë ou Ségolène ou tout ce qui lui porte ombrage !! De toute façon elle devra gérer l’absence de ligne politique du PS. L’éditorial du Monde (27 novembre) glose sur les deux PS et ses deux lignes antagonistes. Mais mon quotidien préféré est bien en peine de préciser un contenu idéologique dans un parti fragmenté en clans qui s’opposent sur les personnes et jamais sur les idées. L’ancrage à gauche volera en éclat à l’approche des prochaines présidentielles, et de toute façon la question demeure : Quelle gauche ?

En fait le PS a loupé son tournant idéologique en ne donnant que 1,58 % des voix à la motion « pour un Parti socialiste résolument écologique ». Les militants ont cru arbitrer la querelle des ego, ils se sont plantés. De toute façon cette gauche-là reste résolument productiviste alors qu’il faudrait dorénavant penser autrement. Face à la crise écologique globale qui marque la défaite du capitalisme, le socialisme pourrait manier de nouvelles armes : il n’y a pas d’opposition entre socialisme et écologie. Analysons :

Les niveaux de productivité atteints aujourd’hui sont extrêmement élevés. Pourtant les gains en productivité ne se traduisent pas spontanément en réduction du temps de travail. Prenons un exemple. Supposons qu’à la suite de l’introduction d’une nouvelle technique, il soit possible de produire un bien donné, disons une voiture, en deux fois moins de temps, toutes autres choses égales par ailleurs. La recherche de la valeur fera que l’on produira deux fois plus de voitures dans un temps resté inchangé plutôt que de réduire par deux la durée du travail dans cette industrie. Les gains de productivité sont attribués de préférence à l’accroissement de la production et non à la réduction du temps de travail. On comprend tout de suite pourquoi ce type de croissance a un impact négatif sur l’environnement. En effet chaque gain en productivité sera utilisé à produire plus et donc demandera plus de matières premières pour la production, ce qui produira plus de pollution.            

Martine Aubry a été le maître d’œuvre des lois de 1997 et 1999 sur les trente cinq heures. Elle devrait désormais revendiquer la semaine de 25 heures pour chaque partenaire d’un couple. Contre la doctrine sarkoziste du « travailler plus pour gagner plus », un non-sens dans le contexte de destruction des ressources de la planète provoquée par la croissance capitaliste, Martine Aubry pourrait suivre la seule ligne politique qui vaille, limiter toujours plus le temps de travail, limiter toujours plus les inégalités, limiter toujours plus les besoins, lier social et écologie.

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ADMD versus Axel Kahn

Dans son dernier livre, Axel Kahn critique sévèrement l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité) pour l’usage qui est fait du concept de dignité : «  Cela signifie-t-il qu’il existe des gens qui meurent dans l’indignité ? Quels sont-ils ? Les grands vieillards ? Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Sont-ce là des citoyens indignes ? » Il est tellement ulcéré qu’il propose de compléter ainsi la Déclaration universelle des droits de 1789 : «  Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits. » (LeMonde du 26 novembre)

Le problème, c’est qu’Axel Kahn ne peut pas définir le concept de dignité parce que c’est indéfinissable. Il n’y a aucun caractère sacré de la vie humaine, il n’y a aucune définition avérée de la dignité de la personne humaine et de son caractère intouchable ; le droit de tuer est une constante de l’humanité que ce soit par l’intermédiaire de la peine de mort ou des guerres, des avortements légaux ou illégaux, sans parler des infanticides pratiqués en toute normalité dans certaines sociétés premières. Ni Axel Kahn, ni la religion ne peuvent dicter leur loi à une société démocratique qui définit de façon relative les normes qui la guident. En France, le programme présidentiel 2007 du parti socialiste était même explicite : « Nous saisirons le Parlement d’un projet de loi Vincent Humbert sur l’assistance médicalisée pour mourir dans la dignité. » La Biosphère te donne la vie, la croissance, la maturité, le déclin et te retire de toute façon le droit de continuer à vivre. A toi de répondre personnellement et politiquement à la question centrale de la philosophie : à quel moment la vie n’est-elle plus digne d’être vécue ?

Mais n’attends pas ton Alzheimer qui t’empêcherait de rédiger ton testament de fin de vie : « Sain de corps et d’esprit, je déclare ce jour que je n’accepte pas les soins palliatifs qui ne serviraient qu’à me maintenir en vie et non à me réinsérer dans la société. Je déclare accepter par avance une euthanasie passive si la conscience morte de mon cerveau m’empêche de percevoir mon état de légume humain. J’exige le droit  à l’euthanasie active si j’estime en toute conscience que ma vie ne vaut plus la peine d’être prolongée. »

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télé sans pub

La réforme de l’audiovisuel agite le landernau du spectacle médiatico-politique (LeMonde du 25 novembre 2008). Un député PS agite paradoxalement l’éternel chiffon rouge de la concurrence : «  La télévision privée, qui ne sera plus aiguillonnée par la télévision publique, dérivera vers ce qu’il y aura de pire. » Comme si ce n’était pas déjà fait, avec la dérive concurrentielle du privé et du public qui font le vide dans les cerveaux pour vendre les produits de la pub ! Comme souvent, c’est Bayrou qui a la phrase juste : «  La télévision publique n’appartient pas au pouvoir, elle appartient aux téléspectateurs qui en assurent la charge par la redevance ».

La réforme de l’audiovisuel public supprimera la publicité après 20 heures dès janvier 2009 et totalement à la fin 2011. Tant mieux, c’est la redevance du téléspectateur qui doit financer ses petits plaisirs (et pas une taxe sur la pub !). Mais réciproquement un politique digne de ce nom demanderait aussi que l’abonnement paye la totalité de chaque chaîne privée. Il faut en finir avec l’esclavage envers la société de consommation qu’entretient une publicité qui s’est immiscée dans tous les espaces de notre vie alors que nous n’avons rien demandé. Le mal date de quarante ans, il ne fait qu’empirer. Le 24 avril 1968, le Premier ministre Georges Pompidou annonçait l’introduction de la publicité à la télévision pour de fausses raisons: « La publicité est inéluctable, je n’ai rencontré personne qui me dise le contraire. Quand, d’ailleurs, a-t-on vu les hommes renoncer à user d’un moyen nouveau, né du progrès et particulièrement puissant. »  Pompidou  rajoutait même en toute inconscience de ce qui se tramait : « J’ai déclaré publiquement que nous n’accepterions pas de chaîne de télévision publicitaire remise à des intérêts privés. Aucun des programmes, qu’ils soient d’information, de culture et de distraction ne doit être patronné par un annonceur. Je déduis enfin de ces principes que le pourcentage du temps d’émission consacré à la publicité ne doit pas être tel qu’il dénature la succession des programmes, en abaisse le niveau global et gêne le téléspectateur.  »

Les politiques nous mentent hier et aujourd’hui, ils sont dorénavant au service des intérêts financiers. Seule une société sans publicité pourra devenir une communauté sobre et conviviale. 

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bien naître, bien-être

Selon LeMonde du 23-24 novembre, « être enceinte n’est pas une maladie ». La naissance est un processus physiologique naturel sur lequel il convient d’interférer le moins possible. Halte à la robotisation et à l’hyper contrôle, halte à la technique pour la technique, ne soyons pas esclaves des machines.

Oui, l’accouchement n’est pas une maladie, accoucher debout est plus physiologique que la station couchée, sentir ses contractions permet à une femme de ressentir son nouveau statut de mère, accoucher à toute heure est dans l’ordre des choses. Quand on le peut, il suffit de chauffer la pièce et de préparer des serviettes chaudes pour recevoir l’enfant.  On fait bouillir de l’eau pour désinfecter une paire de ciseaux, des nœuds dans le cordon ombilical et on masse le ventre pour faire sortir le placenta. Cela suffit pour réussir un accouchement. Dans la France de l’an 2000, il n’y avait plus que 0,4 % d’accouchement à domicile alors que plus d’un tiers des femmes néerlandaises font toujours confiance à la nature ; pourtant on constate que les taux de mortalité entre les deux pays ne sont guère différents. Toute sage-femme se doit de faire surtout de l’obstétrique, de ob-stare, se tenir devant. L’obstétricien, c’est celui qui attend, celui qui évite les interventions inutiles et qui ne fait des césariennes qu’à bon escient.

Si j’étais une femme, je n’accepterais ni la tradition ancestrale, ni le conformisme technologique. Si j’étais une femme, je voudrais pouvoir accoucher à ma guise entourée du père de notre enfant et de quelques personnes d’expérience. Si j’étais une femme, je voudrais retrouver la simplicité de l’acte naturel d’accoucher même si la Nature n’offre pas toujours la facilité.

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esclaves chinois

LeMonde du 22 novembre relate un évènement conjoncturel sur les affrontements entre paysans chinois et policiers à Longnan sur fond de crise sociale. Un simple épisode parmi d’autres de la violence dans les provinces chinoises. Si on en reste là, pas de quoi fouetter un chat. L’éditorial s’essaye pourtant à une véritable analyse de fond sur le flot de travailleurs migrants venus des  campagnes qui retournent chez eux suite à la crise financière : « La fracture sociale pourrait alimenter l’instabilité du monde paysan ». Je reste encore sur ma faim, il me faut donc apporter d’autres éléments de réflexion..

Leur statut de « rural » (le hukou) interdit aux paysans chinois de s’installer en ville. Par ce moyen, l’Etat avait pu pendant longtemps freiner l’urbanisation. Mais avec la conversion du communisme chinois au libéralisme industriel, il y a aujourd’hui quelque 150 millions de mingong, ces paysans-ouvriers privés de droit et de moyens de négociation dans les mines et les industries parce que sacrifiés à la croissance économique. Tout était bon pour les faire quitter la terre : en  2003, on pouvait estimer que 6,7 millions d’hectares avaient déjà été convertis en terrains constructibles et les paysans spoliés n’obtenaient que 10 % environ du prix du marché. Les potentats locaux continuent à escamoter chaque année 20 000 hectares de terres agricoles en ayant recours à la police ou à des hommes de main. Même le directeur de l’Institut du développement rural (Pékin) pensait il y a peu que la croissance économique est tirée par trois chevaux, l’investissement, l’exportation et la consommation interne. Même Le Monde nous laisse croire qu’il ne faut pas que la croissance chinoise tombe sous la barre des 8 % en 2009.

Dommage que les faux analystes nous cachent que c’est la croissance et l’urbanisation qui sont les causes des maux actuels. Le taux de croissance est un objet de culte, pas une solution. La réalité s’impose, les mingong n’étaient pas les bienvenus dans les rangs du capitalisme moribond ! Ils n’ont été que les esclaves temporaires  du système thermo-industriel.

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Comité invisible

Julien a dit un jour à son père : « Moi, je veux vivre dans la frugalité ». Il s’est installé avec des copains sur le plateau de Millevaches en Corrèze pour élever moutons, poules et canards. Le groupe voulait fuir la frénésie métropolitaine, s’éloigner du travail salarié, rejeter le  système capitaliste et l’hyperconsommation, bannir même les portables par refus de la sujétion et ravitailler les personnes âgées aux alentours. Ils ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». On les accuse de vouloir « bloquer la machine économique et créer un état de chaos régénérateur », objectif défini par un Comité invisible dont Julien serait le noyau dur. Mais dans les textes de Julien, nul appel à homicide ou violence contre un individu (LeMonde du 21.11.2008).

Pourtant c’est vrai que ce groupe voulait faire exploser la société. Vivre à la campagne, c’est vider les villes de leurs habitants, refuser la soumission salariée, c’est vider les entreprises de leurs travailleurs, bannir le portable, c’est mettre à mal toute l’industrie de la télématique, prendre directement en charge le troisième âge, c’est supprimer plein d’emplois d’assistanat. Ce groupe ne pouvait donc que terroriser une société de consommation, de spectacle et de services.

Pauvre société thermo-industrielle qui a oublié raison garder dans ses réactions policières…

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effet multiplicateur

Le célèbre économiste Keynes, père de la croissance continue des Trente Glorieuses à cause de sa volonté de relance économique par les bas taux d’intérêt et le déficit budgétaire (théorie générale, écrite en 1936), voyait dans le mécanisme multiplicateur une explication de la diffusion de la croissance. En effet un investissement supplémentaire, par exemple une nouvelle entreprise dans une ville, permet la création de revenus qui sont dépensés dans les différentes boutiques de la ville, ce qui permet la création d’une nouvelle vague de revenus qui sont à leur tour dépensés dans d’autres magasins et ainsi de suite. Malheureusement cet effet multiplicateur fonctionne à la hausse comme à la baisse. Si une ville perd une entreprise, les sous-traitants peuvent fermer leur porte, puis le boulanger et le boucher réduire leur personnel, puis… Les revenus baissent, donc les consommations baissent, il y a un effet en chaîne qui détruit les emplois.

C’est pourquoi la demande de l’industrie automobile aux Etats-Unis semble justifiée. Ils demandent 25 milliards de dollars à l’Etat américain car « il s’agit d’éviter à l’économie américaine une catastrophe dévastatrice » (Richard Wagoner de General Motors). L’automobile au sens large emploi treize millions de personnes, soit un emploi sur dix. Avec l’effet multiplicateur, tu devines déjà la catastrophe si on ne produit plus de 4×4. Mais l’essentiel pour la Biosphère n’est pas là. Examinons le discours d’Alan Mullary (Ford) : « Notre industrie automobile a-t-elle un avenir ? Est-ce qu’un prêt garanti par le gouvernement fédéral pour passer cette période difficile vaut mieux que l’inaction ? Je crois que la réponse à ces deux questions est oui » (LeMonde du 20 novembre).

En fait la réponse d’un politique digne de ce nom devrait être : « NON, l’automobile individuelle n’a pas d’avenir durable. Nous sommes en train d’atteindre le pic pétrolier, les réserves en pétrole vont fournir de moins en moins de carburant. Il n’y a pas de substitut possible pour mettre de l’énergie dans les moteurs à explosion. L’industrie automobile doit se reconvertir, la période du profit facile est terminée, l’Etat ne peut pas socialiser les pertes. Débrouillez-vous, c’est la seule loi du marché qui vaille ».

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occupation visuelle

La page planète (LeMonde du 19 novembre) nous présente des rapprochements saisissants. En demi-page en haut un article avec photo sur ces vieux qui vivent « sans incapacité » jusqu’à 68 ans dans l’UE. En dessous un graphique sur le thon rouge menacé d’extinction. Pendant combien de temps les vieux pourront-ils encore manger les espèces en haut de la chaîne alimentaire pour rester en bonne santé ? Pour le reste de la page, on apprend que les souris nourries au maïs Mon 810 se reproduisent moins bien que les autres. Y aura-t-il assez d’enfants pour faire encore des vieux en bonne santé ? La page suivante sur ma planète indique que des vieux comme Giscard d’Estaing entravent le développement de l’éolien. Les vieux auront-ils assez d’énergie à consommer pour pallier leur manque d’énergie ?

Le principal motif d’opposition de VGE à l’éolien, à part son soutien au nucléaire qu’il a contribué à lancer quand il était jeune, provient de son amour pour les beaux paysages. Il est vrai qu’à terme les éoliennes risquent d’occuper visuellement un dixième de la France, dixit mon quotidien préféré. Et jusqu’à 100 % ! Vraiment hallucinante cette expression d’« occupation visuelle ». Moi qui croyais que les fils électriques polluaient déjà les paysages, même au plus profond des montagnes. Moi qui croyais que c’était le bitume des routes et autoroutes qui non seulement occupait l’espace mais fragmentait aussi les écosystèmes. Moi qui croyais que la pollution visuelle principale, c’était le fait des villes qui envahissent les campagnes.

Jeunes et vieux, thonidés et OGM, éolien et paysages, énergie et infrastructures collectives, tout est relié mais on ne le sait pas encore, chacun enfermé dans sa bulle plus ou moins confortable. Ce que je pense, c’est que la courbe de l’espérance de vie s’inversera un jour, l’humanité fait aujourd’hui trop de conneries pour qu’il en soit autrement.

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