Casse-toi, pov con

Nicolas (Sarko) n’y était pas allé avec le dos de la cuillère en lâchant au salon de l’agriculture « Casse-toi, pauvre con ! ». Le procureur a requis 1000 euros d’amende à cause de cette agression verbale qui « n’exprime ni une opinion, ni une conviction, mais qui injurie ». Sauf que le prévenu n’est pas Sarko, mais un malheureux quidam qui l’avait recopié sur une pancarte pour le passage de Sarko  en voiture (LeMonde du 25 octobre). Dans notre beau pays, nous n’avons pas le  droit d’offenser le président de la République, bien que celui-ci ait le droit de nous offenser. Mais tel n’est pas mon propos, il concerne une autre page de mon quotidien préféré sur le thème « casse-toi, pauvre con » adressé par de plus en plus d’Italiens à l’encontre des immigrés : « Sale nègre », « Chinois de merde », sans parler des incendies, tabassage ou même meurtre. L’Italie, terre d’émigration, est devenue pays d’immigration et ne le supporte pas (comme d’ailleurs bien d’autres pays). Le temps des migrations se termine.

Si un pays interdit tout départ de sa population, ce que fait la Chine communiste, alors il est obligé de parvenir à la maîtrise de sa démographie. Il apparaît en effet un phénomène de cocotte-minute, de mise sous pression,  qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où la politique de l’enfant unique. En revanche dans le cadre de liberté des flux migratoires, une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail sur le pays de départ, partira pour en trouver dans les pays d’accueil. Le phénomène de cocotte-minute ne peut jouer, ce qui libère l’autorité de la tâche de contrôler la démographie du pays, et accélère l’expansion démographique mondiale.

 Le droit de se déplacer selon son désir individuel empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter humainement avec des migrations de masse. Alors que les humains ont atteint les limites de toutes les frontières, y compris celles de la planète, ils doivent dorénavant se contenter du territoire où peuvent s’exprimer leurs solidarités de proximité. Les Inuits n’émigrent pas, leur terre recouverte de son manteau neigeux huit mois sur douze leur paraît trop précieuse.

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L’écologie par en bas

L’irrésistible Nathalie Kosciusko-Morizet a encore frappé. Dans LeMonde du 24 octobre, elle révèle sa raison de vivre : « Ecologie-économie, même combat ». Pour la secrétaire d’Etat à l’écologie, le Grenelle ajoute (une toute autre dimension) en additionnant économie et écologie. NKM fait le pari d’une économie nouvelle qui sait que « l’environnement est un investissement ».

Non Nathalie, tu te trompes, l’écologie n’est pas le supplétif de l’écologie. Tout au contraire l’économie n’est qu’une sous-partie de l’écologie, mais cette récente « science » ne le sait pas encore. Non Nathalie, l’environnement n’est pas un investissement, c’est la nature qui a investi pour nous et qui nous dit qu’il ne faut pas trop dilapider le capital naturel qu’elle met à notre disposition.

 Les premiers penseurs de l’écologie politique demandaient une remise en cause fondamentale de nos modes de vie, en appelaient aux valeurs d’autonomie, d’autogestion, de décentralisation. Les tenants de l’éco-économie, comme NKM, parlent de « développement durable ». Ils se contentent de prôner une réorientation de l’économie afin de préserver le système existant. En définitive NKM prône l’écologie par en haut, centralisation, expertise, technique. La Biosphère en appelle à une écologie par en bas (cf.. l’excellent petit livre Les deux âmes de l’écologie de Romain Felli, éd. l’Harmattan)

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transhumanisme

En Côte d’Ivoire, la population de chimpanzé en liberté a diminué de 90 % en moins de vingt ans. Comptant en 1990 entre 8 000 et 12 000 chimpanzés, leur nombre a été divisé par dix, tombant à un millier d’individus au maximum par un décompte de 2007 (LeMonde du 23 octobre 2008). Le chimpanzé est notre plus proche cousin, et à vrai dire, de sa disparition on se fout complètement. Si on voulait sauver les grands singes, ce serait pour sauver la forêt tropicale pour nous sauver de la perturbation climatique. Mais le réchauffement climatique, on s’en fout aussi. Comme l’écrit la journaliste, « l’humanité peut sans doute se passer des grands singes », comme elle peut aussi se passer des forêts primaires : il suffit de planter de beaux arbres alignés pour produire des agrocarburants, et après nous le déluge.

 Si la population humaine était divisée par dix, nous serions encore plus de 600 millions, soit beaucoup trop par rapport au nombre de chimpanzés. Car les grands singes et les baleines peuvent aussi très bien se passer des humains. D’ailleurs ils auraient le plus grand intérêt à nous éliminer s’ils en avaient les moyens. Mais la puissance des armes, et du nombre, et des besoins, et de la vanité, est du côté de l’homo sapiens. Nous préférons rouler en bagnole individuelle au détriment de la planète, nous préférons nourrir une pullulation humaine au prix de la destruction de la biodiversité, nous allons même vers le délire transhumaniste, cette volonté techno-scientifique d’améliorer les performances humaines en couplant notre corps et notre cerveau avec des prothèses.  

Mieux vaudrait pratiquer le transhumanisme véritable,  cette vision d’un humanisme ouvert et élargi qui ne chercherait plus à accroître la domination humaine, mais simplement à vivre en harmonie avec toutes les formes du vivant. Il nous faudra pour cela abandonner notre anthropocentrisme exacerbé.

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énergie propre

Selon LeMonde du 22 octobre, nous pourrons bientôt avoir « de l’énergie propre à la  demande ». Il s’agit de coupler du photovoltaïque sur le toit, un électrolyseur qui transforme l’électricité non consommée en hydrogène, et une pile à combustible qui transformera cet hydrogène en électricité à la demande. Mais j’interdis à mon quotidien préféré l’emploi du mot « propre », l’énergie est toujours volée aux éléments naturels.  Précisons :

Ce nouveau concept « d’énergie propre », simple instrument de propagande par le greenwashing, n’a aucun sens au plan scientifique car aucune production d’énergie ne se fait sans production de déchets sur l’ensemble du cycle complet fabrication de l’installation, production de l’énergie, démontage de l’installation. A moins bien sûr de changer le sens du mot « propre ».

Prenons un autre exemple, celui de la biomasse, énergie qui ne sera pas plus « propre » que l’hydrogène. La technique nous promet une nouvelle génération qui utiliserait les déchets agricoles pour produire de l’énergie. On oublie que la biomasse non directement consommable est naturellement recyclée pour rendre à la terre une partie de ce qui lui a été prélevé pour assurer la croissance des plantes. Que se passera-t-il si une part importante de cette biomasse est transformée en énergie, comment comblera-t-on le déficit ? Pour rester « renouvelable », la biomasse ne pourra être utilisée que localement et parcimonieusement. 

 Sans une prise de conscience forte sur la nécessité de réduire drastiquement notre pression sur les ressources limitées de notre planète, les nouvelles technologies ne feront que repousser le problème en rendant plus difficile encore la recherche de vraies solutions. La seule énergie qui mérite de s’appeler propre est celle que l’on ne consomme pas, mais l’article de Pierre Le Hir ne fait aucune référence à une diminution de consommation.

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tout-automobile

En page trois, mon quotidien préféré se réjouit du record d’affluence au Mondial de l’auto, soit 1,433 millions de visiteurs et des contacts innombrables pour en vendre tant et plus pour encombrer nos routes. En page 24, un reportage sur la Fiat 500 qui « exécute le 0 à 100 km/h en 7,9 secondes ». Pas mal pour une citadine dont le moteur devrait être bridé à 50 km/h. Non M. Jean-Michel Normand, on ne doit pas faire de publicité pour « la pétillante 500 Abarth » qui « ne se refuse rien ». En page 27, on nous assène que « Hamilton s’approche du titre » alors que la F1 aurait du rester interdite depuis le premier choc pétrolier de 1973. Non, M. Bertrand d’Armagnac, « tous n’ont pas désormais les yeux tournés vers le Grand prix du Brésil » !

Mais ce jour 21 octobre, LeMonde fait aussi un long reportage sur les pauvres malheureux qui ont passé « huit semaines sans voiture ». Il s’agit d’une expérience inoubliable pour les quatre personnes concernées. Oui, tu as bien lu, d’un côté 1,433 millions de personnes, de l’autre quatre cobayes. Le sapeur-pompier : « Avant, je pensais voiture ». Une salariée de banque ajoute, « J’étais intoxiquée ». Je conclus comme le réalisateur de télévision : « Après dix jours de sevrage, je n’éprouvais aucun symptôme de manque ! ». Je suis donc en total désaccord avec la journaliste Nathalie Brafman qui recopie en dernière phrase cette sentence : « Même si elle dort pratiquement tout le temps au parking, la voiture, c’est la liberté. Et la liberté, ça un prix ! » Non, Nathalie, la voiture n’est pas une liberté mais un esclavage, une pompe à pétrole et un perturbateur de climat.

 Le Monde devait embaucher d’autres journalistes, un peu plus réalistes.

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vitesse accélérée

La lecture de mon quotidien préféré m’apporte de temps en temps des analyses qui recoupent les miennes. Sous la rubrique Grand entretien, LeMonde du 19-20 octobre 2008 part de la formule d’Hannah Arendt, « Le progrès et la catastrophe sont l’avers et le revers d’une même médaille. » Paul Virilio développe :

            « Nos prouesses techniques sont grosses de promesses catastrophiques. Auparavant, les accidents étaient locaux. Avec Tchernobyl, nous sommes passés à des accidents globaux, aux conséquences inscrites dans la durée. Cela fait trente ans que l’on fait l’impasse sur le phénomène d’accélération de l’Histoire alors que cette accélération est la source de la multiplication d’accidents majeurs. Le krach financier montre que la terre est trop petite pour le progrès, pour la vitesse de l’Histoire. Cette économie de la richesse est devenue une économie de la vitesse. Et puis, ce soi-disant monde virtuel, c’est le mythe d’une autre planète habitable. C’est du reste le problème de la gauche, ils appliquent leurs vieux schémas en proclamant la fin du capitalisme. Quant au futur, il est limité par la question écologique, la fin programmée des ressources naturelles, comme le pétrole. Face à la peur absolue, j’oppose l’espérance absolue. Churchill disait que l’optimiste est quelqu’un qui voit une chance derrière chaque calamité. »

 Personnellement, je perçois aussi une source de rupture culturelle mondiale grâce aux différents krachs écologiques qui sont  en marche et dont j’entends les sinistres craquements. Le sentiment collectif qui va en résulter est celui d’un enfermement planétaire qui nous poussera à aménager notre maison commune, cette petite planète qui nous supporte de moins en moins bien.

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coupable et responsable

C’est une ministre, Georgina Dufoix, qui se déclarait « responsable mais pas coupable » dans le scandale du sang contaminé. C’est une association belge qui refuse « la culpabilisation » et « ne veut pas se transformer en tribunal qui dénoncerait des responsables, mettrait en accusation l’industrie pétrolière ou l’automobile ». Cette association dit aussi refuser le catastrophisme et organise pourtant une exposition qui met en évidence la récente et brutale accélération des activités humaines et leur corollaire d’épuisement des ressources et d’émissions de CO2. (LeMonde du 18 octobre 2008)

Présenter la catastrophe en marche n’est pas faire du catastrophisme, nier notre coupable responsabilité, c’est accélérer la venue de la catastrophe. Nous sommes responsables de l’extinction des espèces, nous sommes responsables de la perturbation climatique, nous sommes responsables de notre pullulation démographique, nous sommes sains d’esprit, donc nous pouvons être jugés coupable. Et c’est un sentiment de culpabilité qui pourra provoquer la conscience de notre responsabilité. Culpabilité et responsabilité sont indissolublement reliées, l’industrie pétrolière et automobile est aussi coupable que le commun des automobilistes.

 LeMonde se retranche derrière les propos d’un administrateur de l’exposition « C’est notre Terre ! », pour écrire que la prudence se ressent à l’heure d’esquisser des solutions puisque « une action qu’on croit bonne aujourd’hui pourra se révéler mauvaise demain ». Faudrait-il croiser les bras devant le krach écologique ? Mon quotidien préféré relaye sans commentaire l’action d’une association qui se contente d’affirmer sa « foi dans le progrès scientifique et technique »,  tout en accusant « la pensée religieuse sur le développement durable ». Que faut-il penser d’une pensée non définie face à un acte de foi ? Comment voulez-vous qu’un lecteur s’y retrouve ? Le journaliste Grégoire Allix aurait du relire sa copie, elle ne mérite pas l’encre pour l’écrire…

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plan climat, torpillé

Le réchauffement de la planète se poursuit, crise financière ou pas. Alors on se réfugie dans les chiffres : l’UE a adopté en mars 2007 trois objectifs, 20 % de réduction des gaz à effet de serre, 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation et 20 % d’économies d’énergie d’ici à 2020. Sarko essaye maintenant de mettre sur les rails ce « plan climat » au niveau européen et les dîners des chefs d’Etat sont agités (LeMonde du 17.10.2008). Comme dit Sarko, il faut sortir du dilemme croissance ou protection de l’environnement, et il énonce cette merveilleuse formule : « On va démontrer que la croissance propre est une possiblité de rebond de la croissance. »

Mais la croissance ira toujours contre l’environnement, il n’y a pas de croissance verte. Quand la Pologne dépend à 94 % du charbon, quand la Chine tire principalement son énergie du charbon, une économie sobre en carbone n’est pas pour demain. L’électricité nucléaire émet très peu de CO2, mais elle accumule les déchets nucléaires. Entre épuisement des ressources non renouvelables et pollution généralisée du milieu, le système actuel est coincé. Même une croissance basée sur les services entraîne déplacements et matériel, donc pression sur l’environnement. Il n’y a qu’une solution raisonnable, la simplicité volontaire, vivre sans voiture, sans téléphone et sans télévision des rapports de proximité, comme à une époque où on n’était pas plus malheureux pour autant. Sinon, après le tsunami financier, il y aura un krach écologique et le rationnement dans le désordre de conflits démultipliés.

  C’est ce que je  dirais si j’étais un journaliste du Monde relatant la pression des milieux industriels qui vont torpiller le plan climat.

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mondial de l’auto

Le « greenwashing » ou verdissement des mauvaise pratiques environnementales par un effet d’annonce, a encore frappé. « Les marques de voiture font de l’écologie leur principal argument de vente », titre LeMonde du 16 octobre 2008. Renault prétend « laisser moins de traces sur la planète », Toyota « moins de CO2, mais aussi moins de NOx », BMW « moins d’émissions, plus de plaisir ». Un publicitaire prétend que « l’environnement est passé du stade de l’idéologie à celui d’enjeu industriel », LeMonde renchérit avec la photo d’une Smart électrique et la légende suivante : « Pour les constructeurs, l’environnement est désormais un enjeu industriel ».

En fait il y a instrumentalisation de la question écologique à des fins commerciales, mon quotidien préféré tombe dans la combine.  Il est vrai qu’il dépend tellement de la publicité pour ce qui tue, qui pollue et qui nous rend con ! Donc, au lieu d’avoir une réflexion sur la durabilité ou non du tout-automobile, nous avons une dénaturation du langage, la croissance verte, la voiture propre, le bon carburant puisqu’il est bio, le nucléaire non émetteur de CO2, etc. etc. alors, comment résister à l’enjeu industriel ? En brûlant des voitures ? En s’immolant par le feu ?

 Pendant que le mondial de l’automobile déroule ses fantasmes idéologiques, 923 millions de personnes sont touchées par la faim dans le monde et ce n’est qu’un début. Roulez, roulez brave gens

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spécisme

Le Monde publie la déclaration universelle des droits de l’animal sur une page entière. C’est très bien de présenter cette proclamation pour son trentième anniversaire, ce jour 15 octobre. Mais il s’agit en fait d’une publication payée par la Ligue française des droits de l’animal. Le Monde ne se sent donc pas concerné directement par les  droits de l’animal, c’est très mal, c’est faire preuve de spécisme, c’est oublier que tous les animaux ont des droits égaux à l’existence dans le cadre des équilibres biologiques. C’est oublier aussi que le respect des animaux par l’homme est inséparable du respect des hommes entre eux.

Comme l’espèce humaine est nuisible pour la Biosphère, elle se nuit forcément à  elle-même. D’une manière ou d’une autre, une société biocide qui tue à outrance et combat  à coup de pesticides les insectes, les champignons (fongicides) et les « mauvaises » herbes (herbicides), les escargots, les « nuisibles » et même les vers de terre s’en prend à elle-même. Les personnes qui veulent à notre époque toujours plus de croissance économique et démographique sont des personnes nuisibles pour la santé de la Biosphère : la perte de biodiversité qui résulte du productivisme humain se retournera nécessairement contre nous un jour ou l’autre. Homo sapiens, à classer dorénavant comme homo demens ?

 Une petite citation pour finir : « Est-ce qu’on a touts les droits sur les animaux, c’est ce que je me demande. Je pense que non. Je crois qu’on doit leur donner une vie qui leur ressemble à eux. Ou un peu à nous aussi dans ce qu’on a de bien. Et eux, ils nous donneraient aussi ce qu’ils ont de bien. Les animaux, je crois qu’ils font partie de nous ». (in Une vie de cochons de J.Porcher et C.Tribondeau, La découverte 2008)

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enfermement

            La crise écologique est un facteur croissant de migrations (LeMonde du 14 octobre). Il y a ceux que les eaux vont envahir (le nombre de réfugiés climatique est évalué à 200 millions en 2050) ; il y a ceux dont la terre se désertifie et qui manquent d’eau ! Mais les pays riches se ferment aux migrations et les migrations internes accroissent l’appauvrissement des pays du Tiers Monde. Voyager à travers le monde est facile pour les touristes de la classe globale, il n’y a aucune protection juridique pour les autres. Les plus vulnérables sont coincés, ils ne peuvent plus migrer. Nous allons donc acquérir de plus en plus un sentiment d’enfermement.

            C’est le phénomène que décrit André Lebeau dans son dernier livre, L’enfermement planétaire : « L’idée que l’homme se forme le plus communément de sa place dans l’Univers ne comporte pas cette perception de l’enfermement planétaire(…) Les formes que va revêtir la collision de l’humanité avec les limites de la planète seront régis par les  comportements collectifs de l’espèce(…) Ce qui est parfaitement envisageable, c’est une régression de la société humaine. »

             Heureusement il y a encore un espoir : « La clarté de la vision d’un individu isolé, la pertinence de ses préconisations n’ont évidemment aucun effet à moins que, d’une façon ou d’une autre, ils ne se propagent et ne déterminent des comportements collectifs ». André Lebeau n’a aucune solution à nous proposer, il existe pourtant bien des pistes non violentes, la limitation de la population humaine, la limitation des besoins de la classe globale (celle qui croit qu’elle peut impunément disposer d’une voiture personnelle), la limitation drastique des revenus, le sens du partage…

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l’après-capitalisme

Selon Immanuel Wallerstein, inspirateur du mouvement altermondialiste, « Le capitalisme touche à sa fin » (LeMonde du 13 septembre 2008). Oh que voilà une bonne nouvelle ! Mais pour savoir ce qui va le remplacer, circulez, y’a rien à voir : « Des solutions inattendues se construisent de façon inconsciente (…) Il faut mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau sans que l’on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements (…) Il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire (…) Un nouveau modèle hégémonique peut mettre encore cinquante ans pour s’imposer, mais j’ignore lequel ». Quand on n’a que ça à dire, on ferme sa gueule ! Pourtant les solutions, on les connaît, on peut presque en faire dix commandements :

 Tu pratiqueras la simplicité volontaire ; Tu aimeras ta planète comme toi-même ; Tu as plus de devoirs que tu n’as de droits ; Tu réagiras toujours de façon proportionnée ; Tu protégeras l’avenir des générations futures ; Tu respecteras chaque élément de la Biosphère ; Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi ; Tu adapteras ta fécondité aux capacités de  ton écosystème ; Tu ne causeras pas de blessures inutiles à ton environnement ; Tu vivras des fruits de la Terre sans porter atteinte au capital naturel.           

Depuis le néolithique, on a oublié ces principes de base, il faudrait être beaucoup moins nombreux que nos milliards actuels pour pouvoir les appliquer à nouveau. La suite va de soi…

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un Nobel inutile

Dans LeMonde du 11 octobre, deux pages pour le Nobel de littérature, une seule page pour la Grenelle I de l’environnement qui passe à l‘assemblée nationale française. Pourquoi attacher tant d’importance à un romancier ? Le jury parle de « l’aventure poétique et de l’extase sensuelle » portée par le Clézio, de « cet explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante ». N’importe quoi ! C’est d’ailleurs trahir la volonté d’Alfred Nobel pour qui son prix devait récompenser une « inspiration idéaliste »,

Gustave Le Clézio, le jour où il avait réfléchi, s’est exclamé : « L’univers de l’écrivain ne naît pas de l’illusion de la réalité, mais de la réalité de la fiction ». Mais le roman, support du rêve, n’est que l’instrument d’une fausse liberté !  Si vous aviez la patience de lire l’intégrale de Le Clézio, vous êtes sûr de finir aussi ignorants des réalités que lorsque vous avez commencé. L’écrivain projette le lecteur dans un monde fictif qui n’a pour principaux acteurs que des hommes centrés sur leur nombril. Sauf trop rares exceptions, c’est un point de vue anthropocentré qui s’exprime, nullement l’apprentissage des relations de l’homme et de la Nature, l’apprentissage de la convivialité sociale. Le « partage d’humanité » par le roman (selon  une expression célèbre du Monde des livres) permet au lecteur de se replier dans une petite bulle confortable où il ne prête nulle attention aux malheurs de notre planète.

Ce n’est pas ainsi qu’on éduque les hommes ! On connaît la puissance du langage, la force de persuasion des mots et la magie des phrases. Encore faut-il que cela puisse ouvrir véritablement les yeux au monde. Des citoyens conscients ne liraient pas le Clézio, ils se passionneraient pour les débats autour du Grenelle de l’environnement…

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une opinion fondée

L’éditorial du monde (10 septembre) est cinglant : « Quelque chose de choquant, parce que profondément immoral : l’indécence des acteurs financiers (…) A quoi  doit servir la richesse des nations ? A améliorer le sort des peuples ? Ou à enrichir de minuscules aristocraties, hier de naissance, aujourd’hui d’argent ? La réponse s’impose ».

 

Relions ce texte à l’examen du livre « Le public fantôme » de Walter Lippmann dans Le Monde des livres : « Le monde est devenu trop complexe pour que le « public » puisse s’en emparer. Le nombre de problèmes qui se posent augmente, la capacité du public à les résoudre diminue ». Donc peu importe la responsabilité de la planète finances aujourd’hui, c’est un problème que le public ne peut résoudre. Peu importe l’épuisement de la planète physique, c’est un problème que le public ne peut résoudre sauf à l’aligner derrière un représentant initié. Bien médiocre perception d’un système où la démocratie est médiatisée.

 Le public ne finit pas par « éteindre son poste pour se réfugier dans une paisible ignorance ». Il reste au contraire branché pour en apprendre le plus possible. Et puis il sort, il rencontre voisins et amis, il discute, il se forge une opinion. Même si le système est soumis à la propagande ou à l’aveuglement des experts, la parole circule dans un système médiatique ouvert. Les Américains ont fait la guerre au Vietnam, ils ont ensuite jugé que c’était une connerie. Ils font maintenant la guerre en Irak, mais ils jugeront un jour que c’était une connerie. La prise de conscience des réalités dans les problèmes complexes est possible, le vrai problème est le temps nécessaire pour que les consciences évoluent. Mais à problème énorme comme un krach financier ou une pétrole-apocalypse, l’humanité saura réagir. Le seul point qui reste en suspens, c’est : après combien de morts ?

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paysans de tous les pays, unissez-vous

Selon Julien Bouissou (LeMonde du 9 octobre), « seule l’industrie est capable d’absorber une main d’œuvre agricole en surnombre ». S’agissant de l’Inde dont le secteur agricole mobilise 60 % de la population active, autant dire que c’est un pari idiot perdu d’avance. Heureusement d’ailleurs que pour les agriculteurs indiens, l’industrialisation n’entre pas forcément dans la définition de « l’intérêt général », et ils ont raison. L’avenir est à la stabilisation des populations dans les endroits où les paysans peuvent pratiquer la souveraineté alimentaire, pas dans la fabrication de Nano-mobiles et autres gadgets à bas prix. Malheureusement le groupe Tata, s’il ne peut plus construire d’automobiles dans le Bengale occidental, se délocalise dans l’Etat du Gujarat.

Plus inquiétant encore, cet autre article dans mon quotidien préféré. Le comité central du PCC va autoriser les paysans chinois à céder leurs terres « afin de financer leur installation dans les villes ». Il faudrait favoriser les grandes exploitations mécanisées et productivistes, « plus adaptées aux impératifs de sécurité alimentaire en Chine ». Peu importe qu’il y ait explosion des bidonvilles et urbanisation de la pauvreté. En Chine populaire, 20 % de la population urbaine vit déjà dans des bidonvilles, 35 % dans l’Inde démocratique et 99,4 % en Ethiopie ou au Tchad. Dès les années 1990, la Banque mondiale prédisait que la pauvreté urbaine deviendrait « le problème le plus explosif du siècle prochain ».

 De toute façon la crise financière, l’épuisement du pétrole et le réchauffement climatique donneront raison aux paysans qui savent cultiver durablement selon les méthodes anciennes. Paysans de tous les pays, unissez-vous !

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Serge Galam, négationnisme climatique

Le livre de « réflexions » sur le réchauffement climatique de Serge Galam est éreinté par Le Monde du 8 octobre : « Ce physicien décrétait dans une tribune du Monde l’absence de certitude scientifique quant à la responsabilité humaine dans le changement climatique, fondant l’essentiel de son raisonnement sur des idées banales et des faits erronés. D’autres bévues demeurent dans le livre. De telles fautes trahissent une ignorance à peu près complète du sujet. Aucune référence scientifique précise n’est citée. La faiblesse rhétorique voisine avec l’outrance des commentaires. »

Ce pseudo-spécialiste fait partie de ce qu’André Lebeau (in L’enfermement planétaire, 2008) appelle les négationnistes, ceux qui tendent à empêcher la prise en compte de la menace. Les négationnistes-scientifiques ont en commun deux caractéristiques : ils n’appartiennent pas à la communauté des climatologues, ce sont des spécialistes d’autres disciplines, et ils s’expriment non dans la littérature scientifique, mais directement dans les mass media, quotidiens en mal de lecteurs ou chaînes de télévision en quête d’Audimat.

Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi mon quotidien préféré a laissé en février 2007 Serge Galam s’exprimer dans une tribune, laissant ainsi le négationnisme pavoiser. Ce que je ne  comprends pas aujourd’hui, c’est le titre de cette analyse du livre du jour, « Un pamphlet contre les climatologues » : cela laisse suppose que le GIEC peut être attaqué. J’aurais personnellement proposé comme idée générale : le négationniste Serge Galam récidive. Il ne faut pas hésiter à condamner les ennemis de la Biosphère.

 

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faillite américaine, faillite planétaire

Il y a un très gros type qui me menace d’un revolver. Il m’oblige à accepter en paiement de toutes ses dettes un bout de papier qu’il a lui-même fabriqué. C’est la justification que nous présente l’agence de notation Moody’s pour noter les Etats-Unis d’un AAA : « Pour des raisons qui prennent leurs racines dans l’importance de l’économie et, finalement, de la puissance militaire des Etats-Unis, le gouvernement américain est confronté à très peu de risques de liquidités. (LeMonde du 7 octobre) » Mais comme je n’ai pas d’actions, si  ce n’est celle que j’ai donné à la Société des lecteurs du Monde, la bulle financière peut exploser en plein vol, je m’en fous. Je me préoccupe plutôt de la situation environnementale de notre Biosphère, beaucoup plus dangereuse à terme.

 Dans les pages Planète, LeMonde nous indique que les dernières  décennies ont été les plus chaudes depuis mille ou deux mille ans. Le réchauffement climatique a déjà commencé. Face à ce risque systémique, les USA ne veulent pas dépasser mille milliards de dollars comme pour la planète finances, ils croient encore ceux qui n’y croient pas. Il n’y a que quelques militants de Greenpeace pour se menotter au volant de voitures émettrices de gaz à effet de serre lors du Mondial de l’automobile. De son côté mon quotidien préféré se contente de consacrer une page entière à ses coups de cœur pour quelques marques de bagnoles exposée à ce Mondial… Il n’y aura de salut que pour les plus forts si on continue ainsi.

Une seule solution, financer Greenpeace.

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au bord du gouffre

Qui a dit : « Le monde est au bord du gouffre par la faute d’un système irresponsable ». Oh surprise, c’est le premier des ministres français, François Fillon (LeMonde du 5-6 septembre) ! La droite libérale devient aujourd’hui socialiste, il faudrait « recadrer un système devenu incontrôlable et sans éthique » et « instaurer de nouvelles régulations entre l’Etat et le marché ». La droite n’a aucune éthique, elle laisse s’accumuler les profits aux mains des riches pour ensuite socialiser les pertes. Laissons-là ces contorsions idéologiques des politiques pour se pencher plus étroitement sur l’idéologie des chefs d’entreprises.

 Le président du directoire de Porsche estime ingénument qu’il y aura « toujours une large palette de modèles de voitures », et il est sûr qu’il « existe suffisamment d’argent et toujours assez de clients pour acheter des jolies choses. Le luxe est partout, cela a toujours été comme cela et le sera toujours ». Admirons cette litanie de « toujours », cet acte de foi répété dans la pérennité d’un système irresponsable au bord du gouffre. Selon W.Wiedeking il faudrait donc toujours rester aussi con qu’avant, toujours accepter sans broncher l’étalage des inégalités et des voitures de luxe, ne jamais sortir du tout-automobile pour enfourcher son vélo.

Pourtant un autre monde est toujours possible, il suffit de ne plus donner la parole dans un quotidien de référence à quelqu’un qui, sous couvert d’un interview, fait de la publicité pour un système libéral irresponsable. Les constructeurs automobiles européennes réclament même 40 milliards d’aide à la Commission européenne…pour être assistés, comme les firmes américaines ! Et ni W.Wiedeking, ni Le Monde n’ont un seul mot pour l’épuisement prochain des réserves pétrolières et la perturbation climatique en train de s’emballer : ce sera dans un autre numéro, faut pas gêner le Mondial de l’automobile.

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toujours plus lamentable

La première page de mon quotidien favori ce samedi 4 septembre résume l’état du monde actuel : lamentable !

– « Paris multiplie les mesures de soutien de l’économie ». Il faudrait donc que l’Etat refinance un système économique qui a misé sur la vie à crédit et le pillage de la planète. Lamentable !

– « La voiture verte pour sortir du rouge ? ». Comme si la voiture électrique branchée sur les centrales nucléaire pour recharger ses batteries était quelque chose d’écologique. Lamentable !

– « L’élégance minimaliste de Saint Laurent ». Comme si la haute couture pour le prêt-à-porter permettait de nous vêtir de façon plus confortable et durable. Lamentable !

 La seule annonce valable dans cette première page est qu’il faudrait « moins de viande pour lutter contre le réchauffement climatique ». En définitive, il faudrait moins de viande pour le repas des nantis, moins de facilités financières, moins de voitures, moins de défilés de mode. Après un demi-siècle d’illusions où régnait le règne du « toujours plus », encore si vivace pour Sarko aujourd’hui qu’il faudrait encore travailler plus pour gagner plus, il faudrait atterrir de toute urgence et s’adapter aux possibilités  réelles de nos ressources naturelles : moins de biens, plus de liens.

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Irresponsabilité politique

Deux exemples dans Le monde du 3 octobre. La candidate républicaine Sarah Palin à la vice-présidence américaine tente d’empêcher l’inscription de l’ours polaire sur la liste des espèces menacées, inscription qui nuirait à l’industrie pétrolière et gazière ! Autant dire que cette femme politique est soumise à la compagnie ExxonMobil !

L’ex-président français Giscard d’Estaing se lance dans la lutte contre l’éolien puisqu’il s’agit de « préserver les paysages de France ». Autant dire que cet homme politique est soumis au lobby pro-nucléaire. Dans Libération du 13 juin 2008, VGE tenait des discours du type :  » Pourquoi fabrique-t-on de l’électricité plus chère alors que grâce au nucléaire, nous avons des surplus ? (…) La France est de loin le pays le plus en avance d’Europe pour l’électricité non productrice de CO2 grâce au nucléaire. (…) Ce n’est pas la peine de dire qu’on est la première destination touristique mondiale si les hauteurs du Massif central sont couvertes d’éoliennes (…). « 

             Affamer les ours polaires n’est pas un mal nécessaire, utiliser l’atome n’est pas un mal nécessaire. Notre planète est gouvernée par des imbéciles au service des dominants. En démocratie nous ne pouvons pas décemment leur ordonner de se taire. Mais il y a toujours quelque chose à faire contre des imbéciles…par exemple diminuer notre consommation d’énergie.

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