padak, le Dakar

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Ainsi, c’est la joie dans la Biosphère, le rallye Lisbonne-Dakar 2008 a été annulé le 4 janvier ; personne ne pouvait décemment être d’accord avec le Dakar. Officiellement cette compétition devenait dangereuse puisque condamnée par Al Qaida comme rassemblant un ramassis de « croisés, d’apostats et de mécréants ». On est presque proche de la vérité quant aux participants. En fait il s’agit uniquement d’un événement spectacle qui n’existait que parce le début du mois de janvier est en général assez vide d’informations ; il faut donc meubler ce vide existentiel par l’essence de compétiteurs motorisés. En conséquence cette organisation mercantile, organisée depuis 1978 par l’ASO (Amaury Sport Organisation), gaspillait l’énergie fossile, agressait la flore et la faune, occasionnait nombre d’accidents et devenait la vitrine de l’idiotie occidentale. Ce jeu de grands enfants représentait une approche peu respectueuse des biotopes traversés et agressés par cette furie mécanique. Il n’est que justice que l’ASO perde dans l’histoire 50 millions d’euros de chiffre d’affaires et que les fervents de l’épreuve sur poste de télé soient obligés de se reconvertir vers des spectacles moins coûteux pour l’environnement.

 

S’il faut se réjouir de cette annulation, il faut déplorer que celle-ci ne résulte pas d’une prise de conscience des hommes, mais de la peur de quelques terroristes. Ce choc de l’arrogance mécanisée des uns et de l’obscurantisme religieux des autres prouve que l’animal humain a bien peu de raisons de s’imaginer supérieur aux autres formes de vies.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Gandhi ne voudrait pas de la Tata Nano

Dans l’article sur la voiture la moins chère du monde, le journaliste se permet d’écrire que « la conception de la Tata Nano est fidèle aux principes du mahatma Gandhi ».Jamais je n’aurais pensé qu’une récupération puisse aller aussi loin. Gandhi n’est pas connu par des considérations générales du type « obstination » et  « irrévérence vis-à-vis des standards qui dominent l’industrie ».  Il ne faudrait jamais oublier qu’il voulait concrètement que nous revenions au plus simple, le rouet contre la machine textile et les industriels, le sel fabriqué par le pays contre le sel que nous fournit le commerce.            

 Rappel : Gandhi, qui avait rejeté le tabac dès son adolescence, avait décidé à 28 ans de vivre de la façon la plus économique possible. Il décida d’abord de boycotter son coiffeur et son blanchisseur, il s’occupait aussi directement de ses enfants, à sa façon. Gandhi avait mis les jouets d’un enfant sur une étagère. A celui-ci qui le lui demandait, il expliqua : «  Tu sais que c’est un jouet importé de l’étranger. Si je te le donne, tu sais aussi que nous ne pourrons pas jouer ensemble. »   Il se nourrissait de manière frugale et finit par se vêtir d’un simple pagne. Il avait demandé aux Indiens d’adopter le kadhi, ce coton tissé main qui permettait de rejeter les étoffes importées d’Angleterre. En filant et tissant la fibre naturelle récoltée sur le sol indien, l’Inde pouvait se mettre sur les chemins de l’indépendance, acquise en 1947.  Aujourd’hui les Hindous devraient suivre l’enseignement de Gandhi et résister aux tentations. Mais l’Inde se rêve au contraire de paillettes et de néons, elle s’éloigne de plus en plus de l’ascétisme que prêchait le père de la nation. Le kadhi n’est plus vraiment à la mode et les designers indiens ne rêvent que de conquérir les marchés occidentaux de la haute couture. Maintenant les industriels s’intéressent à la voiture à 1700 euros pour accélérer les émissions de gaz à effet de serre. Gandhi est aux antipodes de tout cela. 

Gandhi aujourd’hui aurait certainement  prédit : « En vérité, en vérité je vous le dis, le renoncement à la voiture sera un jour la loi pour tous. »

 

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dernier virage

           L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Je commence cette semaine par l’événement qui me semble le plus significatif du tournant historique que nous allons vivre. Il s’agit d’un documentaire qui vient d’être présenté aux parlementaires français, La 11e heure, la dernière heure. Ce film parle de notre belle Terre écrasée par une chaussure, la notre, celle de notre civilisation thermo-industrielle : glaciers en capilotade, tsunamis féroces, fétus de paille humaine emportés par les eaux…Des tas de scientifiques établissent entre les images le diagnostic d’une planète malade de l’homme. Un généticien explique  combien notre « gros cerveau » nous a joué le mauvais tour de nous faire croire que nous sommes géniaux, hors la nature, pouvant faire ce que nous voulions, c’est-à-dire n’importe quoi. La crise actuelle est donc une crise de civilisation, pas une catastrophe survenue par accident. L’avidité des humains agit en profondeur sur la nature, l’humanité se développe comme un cancer qui peu à peu ronge la planète, épuise ses ressources, la pollue souvent de façon irréversible.

 

           Le célébrissime acteur Leonardo DiCaprio soutient ce documentaire (Lemonde2, 5 janvier 2008) ; l’année 2008 commence bien quand lutter contre le réchauffement climatique obtient un tel soutien. Leonardo n’en pouvait plus d’entendre des spécialistes de l’environnement se faire rabrouer pendant une émission de télévision, coincés sur leurs sièges, sans pouvoir s’expliquer.  Leonardo fait partie du mouvement écologique qui va changer le monde, il pense que ce sera comparable au combat pour les droits civiques aux Etats-Unis. Si ce film nous permet d’abandonner  notre sentiment de toute puissance et de comprendre que la seule solution est de réintégrer le plus rapidement l’humanité dans la Biosphère, alors il y a peut-être un espoir pour les décennies qui viennent.

           Nous votons aux élections, ce qui ne sert pas à grand chose, nous votons aussi chaque fois que nous prenons notre voiture ou l’avion, ce qui augmente l’effet de serre, nous sommes dans l’anthropocène et nous allons le regretter. Donc bonne année 2008, c’est-à-dire simplicité volontaire et sobriété énergétique pour tous. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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écrivez-moi

Je viens de recevoir cet intéressant article qui pose le problème de notre inefficace bavardage… Si tu as des infos écolos, je peux les publier sur ce blog…  

écrivez-moi.  

Chronique – Article publié le : 19/12/2007   À quoi bon Bali ?


La conférence de Bali a de nouveau échoué en se maintenant dans le paradigme de réduction des émissions de gaz à effet de serre par la limitation de la demande. Or, pour réduire les émissions de GES, mieux vaudrait que le carbone reste sous terre… A Bali, la 13ème conférence de l’ONU sur les changements climatiques est venue confirmer l’inconséquence des décideurs et des parties prenantes. Il est sidérant de constater que les acteurs politiques et les représentants du monde associatif présents à Bali ont la même vision réductrice de l’état d’urgence engendré par les gaz à effets de serre. Cette lecture minimaliste se traduit dans les propositions du dispositif technique à mettre en œuvre : elles sont de manière criante en deçà des mesures nécessaires. Les objectifs fixés avant Bali étaient déjà insuffisants: pas plus de deux degrés de hausse des températures d’ici à la fin du siècle, diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre, le pic doit culminer d’ici à 2020. Ces propositions se fondent sur un diagnostic erroné et il suffit de tenir compte de ce que disent les scientifiques pour constater qu’il faut mettre la barre plus haut.
Dans le dernier rapport du GIEC de novembre 2007, il est préconisé que les pays industrialisés divisent par 20 leurs émissions de gaz à effet de serre. Or, cela fait plus de cinq ans que les stratèges du climat préconisent une simple réduction par quatre pour ces pays-là. Comment expliquer ce négationnisme de l’urgence ? Déni, aveuglement, lâcheté ? Aux sommets de La Haye en 1998, à Marrakech en 2001, à Johannesburg en 2002, les mêmes mots sont ressassés : « nous sommes sur les bons rails ». La langue de bois environnementale existe : elle s’exerce à merveille dans ces grandes rencontres de la diplomatie verte où les hauts dirigeants du monde entier simulent collectivement la prise de conscience des risques climatiques. Une fois encore, les participants se sont empressés de se vanter auprès des médias du « pas décisif », de la « grande avancée », ou encore d’un hypothétique « processus volontariste » que constitue la feuille de route adoptée à la conférence onusienne de Bali. Mais les émissions continuent à augmenter, les ravages des dérèglements climatiques créent de nouveaux éco-réfugiés ou éco-sinistrés, la fonte des glaces ne cesse pas.

Face au manque d’efficience de ces grands sommets, une question sous-jacente apparaît : ce genre de conférence va-t-il nous sauver ? Combien de fois encore devrons-nous contempler le spectacle de ce grand cirque consensuel dont ne résulte jamais de mesures courageuses ? En l’occurrence, la feuille de route proposée à l’issue des négociations ne propose aucune référence chiffrée de réduction des gaz à effet de serre. Les Européens et certains pays du G77 – y compris la Chine – souhaitaient pourtant des références quantifiées. Nous ne disposons actuellement que d’un calendrier fixant les échéances de nouvelles négociations supposées donner forme au successeur du Protocole de Kyoto qui fête cette année ses dix ans d’existence. Les objectifs – déjà minimes – qu’il préconisait, pour 2008-2012 ne seront pas atteints.

Au fond, c’est toute la logique du dispositif de ce protocole qui serait à revoir. Une meilleure façon de concevoir un plan climat serait de s’intéresser aux extracteurs d’énergies fossiles -les pays de l’OPEP en somme-, et aux sources de l’offre énergétique, plutôt qu’aux émetteurs et à la demande. Kyoto avait cette ambition folle de contenir les émissions de milliards de personnes, de tous les conducteurs individuels d’automobiles, de toutes les industries mondiales. Dans les pays producteurs, le pétrole est généralement nationalisé, cela reviendrait à ne devoir négocier qu’avec les gouvernements. Nous réduirions ainsi le nombre d’interlocuteurs à convaincre de plusieurs milliards à une douzaine. En cela, le protocole de déplétion proposé par le regroupement national d’experts « Association for the Study of Peak Oil » (ASPO), visant à réduire progressivement les importations de pétrole permet une économie véritablement durable. Le Protocole offre également aux nations les moyens de réduire coopérativement leur dépendance au pétrole. Le détail de ce texte peut être trouvé sur le site qui lui est consacré : www.oildepletionprotocol.org. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mieux vaut en effet que le carbone reste sous terre. La conférence de Bali a échoué en ce sens : elle n’a pas su questionner la grille de lecture déjà en place. En se maintenant dans le même paradigme de réduction des émissions de gaz à effets de serre par la limitation de la demande, elle est passée à côté du paradigme décisif de la décroissance de l’extraction des ressources fossiles.

Prenons l’exemple d’une personne en partance pour un long voyage, en plein dilemme, seule face à sa conscience d’éco citoyen. Cet individu doit partir en Amérique Latine : prend-t-il ou ne prend-t-il pas l’avion ? Du côté de la demande, il y a deux manières de croire que l’on est vertueux : on peut ne pas prendre l’avion, mais il décollera certainement quand même. On peut aussi s’acheter une indulgence : compenser son émission excessive de gaz à effet de serre en payant quelques arbres, en contribuant à la reforestation de pays dévastés. Ce genre de « compensation carbone » est un luxe que seuls les très riches peuvent se permettre et n’a pas d’impact immédiat, ni réellement efficace sur l’absorption de CO2.

Une mesure réellement effective en revanche, serait envisageable du côté de l’offre. En réussissant à convaincre un pays producteur comme l’Arabie Saoudite de modérer sa vente. Si elle consentait à ne plus produire que 9 millions de barils par jour, au lieu des 10 habituels, cela constituerait une réduction équivalente d’émissions de gaz à effet de serre. L’offre de pétrole diminuerait, par conséquent, les prix augmenteraient ce qui garantirait un revenu en pétrodollars à peu près équivalent pour l’Arabie Saoudite. Cette mesure alternative aurait prise sur le réel, sur le moléculaire, et c’est ce qui a cruellement manqué à Bali.

Yves COCHET

Mathématicien, ancien Ministre de l’Environnement, Député de la 11e circonscription de Paris.

Source : http://www.actu-environnement.com/ae/news/chronique_yves_cochet_conference_bali_4137.php4

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spes salvi, on est mal parti

Après sa première encyclique consacrée à la charité, Benoît 16 a publié fin novembre 2007 une seconde sur le thème de l’espérance (Spes salvi) : « Le progrès offre de nouvelles possibilités pour le bien, mais des possibilités abyssales pour le mal », écrit Benoît 16, pour qui, sans éthique, l’idéologie du progrès indéfini reste une menace pour le monde. « On demande trop à la science, dit l’encyclique. La science peut contribuer à l’humanisation du monde. Elle peut détruire l’homme et le monde si elle n’est pas orientée par des forces qui se trouvent hors d’elles. » (source : Le Monde du 1er décembre 2007)

 Le problème,  c’est que Benoît fait confiance en un Dieu incarné (Jésus-Christ) proche des hommes, qui ne peut donc être qu’une projection du fantasme des hommes qui se prennent pour dieu. Il suffit de remplacer « Dieu » par « Biosphère (nature) », et le discours de Benoît 16 se comprend de façon concrète ! Il faut complètement extérioriser la source de l’espérance, et reconsidérer la Biosphère comme notre Mère et notre Père, ce qui est autre et nous a mis au monde, ce qui est en réalité puisque nous ne sommes effectivement qu’une forme de vie qui dépend des autres formes de vie.

 Un monde sans respect de la nature est un monde sans espérance pour les générations futures. La justice de la Biosphère est supérieure à celle de l’homme, le réchauffement climatique ou la stérilisation des sols sanctionnera les dérives folles de l’activisme humain.

 

Pour une autre approche de l’écologie : http://biosphere.ouvaton.org/


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animisme ou débilité ?

Contrairement aux religions du livre où un clergé demande aux fidèles de réaffirmer constamment leur foi, la croyance n’est pas un dogme dans l’animisme, c’est une expérience vécue. Pour les animistes, les entités naturelles non humaines (animaux, plantes ou objets) possèdent une âme et des intentions semblables à  celles de l’homme. On ne se pose pas la question de savoir si l’on croit ou non dans les esprits de la nature, c’est une expérience que l’on fait et que l’on interprète chacun à sa manière. Chez les Achuars par exemple, les individus entretiennent des rapports très étroits, de personne à personne, avec des animaux ou des plantes avec lesquels ils conversent en rêve et auxquels ils adressent des incantations. Tout cela les touche au fond de leur propre esprit. L’animisme suppose la multiplicité des manières d’habiter le monde, mais attribue à tous les êtres le même genre d’intentionnalité, ce qui permet d’établir de véritables dialogues avec des êtres de la nature.  Il n’y a plus de différence entre l’entité humaine et l’entité non humaine, il y a un rapport d’égalité. 

           Dans le monde actuel, il y a anthropisation forcenée, c’est-à-dire transformation exacerbée par l’action de l’homme des écosystèmes terrestres et aquatiques, et plus généralement des conditions environnementales. C’est une des facettes de l’anthropocentrisme, cette attitude folle qui consiste à faire des humains le centre de l’univers et, de ce fait, des propriétaires de la biosphère : la classe globale se comporte à sa guise sans se soucier de l’environnement (usus, fructus et abusus) alors qu’elle partage la planète avec toutes les autres espèces vivantes. Cette attitude n’est pas durable. L’anthropocentrisme doit être remplacé par un biocentrisme (ou écologie profonde), une attitude écologique qui limitera l’anthropisation. Un retour à l’animisme serait-il nécessaire ?

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tous contre l’effet de serre

Si la Cour suprême de la première puissance du monde  commence à défendre les intérêts de la Biosphère, tout devient possible ! Dommage cependant que tous les criminels envers l’environnement ne soient pas encore jugés séance tenante.

 

Saisie pour la première fois d’une question touchant à la politique de l’environnement, la Cour suprême des Etats-Unis a infligé le 2 avril 2007 un revers aux folies de George Bush. Par 5 voix contre 4, les sages ont donné tort à l’Agence de la protection de l’environnement (EPA), qui s’estimait non tenue de réglementer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les constructeurs automobiles, qui s’étaient bien sûr rangés du côté de l’agence, ont réitéré leur préférence pour « une approche nationale, fédérale et incluant toute l’économie ». Le Massachusetts, qui avait porté plainte avec l’appui de 11 autres Etats, soutenait que ces gaz sont des polluants que le gouvernement se doit de combattre en vertu de la loi sur la propreté de l’air de 1972.

Sans se prononcer sur le lien entre GES et changement climatique, la Cour a jugé que l’EPA avait bien autorité pour réguler les émissions provoquées par le transport automobile et que, si elle ne souhaitait pas le faire, elle devait présenter des arguments scientifiques et non arguer de ce que le problème des émissions ne peut être réglé que dans un contexte international. Les défenseurs de l’environnement se sont donc réjouis d’une décision « majeure » qui permettra aux Etats ayant pris des mesures contraignantes de faire pression sur le gouvernement. Il ne faut rien attendre de la part de M. Bush, qui réaffirme constamment que fixer des plafonds de GES n’avait pas de sens si la Chine ou l’Inde ne pratiquaient pas la même politique : ce n’est pas moi, c’est lui ! Mais qui a commencé ?

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L’idiot imite le fou

Mao disait à son époque qu’il fallait savoir marcher sur ses deux jambes, l’agriculture et l’industrie. La Biosphère sait que cela ne suffit pas, les paysans doivent rester à la terre, les villes doivent se vider de leurs habitants, le mode de vie occidental n’est pas généralisable A force de vouloir imiter le dragon américain, les pays asiatiques connaîtront la chute en même temps que le capitalisme mondial.

 

Ainsi va la folie humaine. Les députés chinois ont voté en mars 2007 une loi permettant la propriété privée, ce qui va instaurer un capitalisme encore plus prédateur sur les ressources. De son côté, l’Inde continue d’appliquer une loi britannique de 1894 qui stipule que « toute terre agricole peut être réquisition en vue du développement de l’industrie ». Il faut en effet instaurer le plus de SEZ possibles, ces zones économiques spéciales qui installeront des complexes pétrochimiques et produiront des voitures  à la chaîne. La Chine et l’Inde font la course à la croissance économique. Deux cents SEZ ont été constituées en Inde en 2006, d’autres en Chine. Dans ce contexte, il a fallu la mort de 14 personnes près de Calcutta lors d’affrontements entre manifestations et forces de police pour que le projet industriel prévoyant le rachat de plus de 4000 hectares de terres fertiles soit gelé. Pourtant la terre est une ressource rare qui fournit des emplois à 60 % de la population. Les paysans indiens se révoltent contre un gouvernement qui veut accomplir l’objectif de 9,2 % de croissance du PIB avec une industrialisation systématique du pays, les paysans chinois se révoltent aussi.

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Lemonde lu par biosphere

L’Editorial du Monde (8.01.2008) estime que « La croissance est la mère de toutes les réformes ». La Biosphère constate qu’elle serait plutôt la source de tous les vices, détérioration climatique, désertification des sols, épuisement des ressources, perte de biodiversité, inégalités acceptées… et j’en passe.

Les rédacteurs du Monde devraient s’intéresser aux nouvelles problématiques du bac SES (sciences économiques et sociales) qui posent la question des relations de plus en plus difficiles entre croissance et environnement. Un éditorial du Monde ne peut être un acte de foi en la croissance, souvent ce sont les crises qui sont les plus aptes à mettre en place de véritables réformes « de civilisation »…

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Mao, au secours !

Mao, au secours ! Les Chinois sont devenus fous et sabordent la Biosphère.

 

En inscrivant la question du développement durable au cœur du Xe plan (2006-2010), Pékin initie une dynamique qui reste plus économique qu’écologique. Il s’agit en effet principalement d’un marché « vert » qui profite aux industriels « de l’environnement ». Symbolique d’ailleurs cette autre priorité du plan de voir décoller rapidement le marché de la voiture électrique ! Il n’est pas question de régulation de l’urbanisation, de gouvernance des besoins, de maintien de l’activité rurale…

 

Pourtant le pays souffre déjà d’une grave pénurie d’eau, avec une quantité moyenne par personne égale au quart de la moyenne mondiale. La Chine, premier consommateur de charbon (38,6 % du total mondial) assure 68 % de ses besoins énergétiques avec une ressource émettrice de CO2 et de dioxyde de soufre. La Chine a même devancé en 2007 les USA en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les premières lois de l’environnement datent d’il y a vingt ans à peine, une époque où l’économie était encore planifiée de façon impérative. Aujourd’hui que la Chine est en transition vers le capitalisme, c’est la corruption qui l’emporte au niveau local et le Sepa (Agence chinoise de l’environnement) ne peut pas faire grand chose. On se contente de lancer des « tempêtes », campagne de dénonciation nominative de quelques pollutions trop visibles.

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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signes de folie

La Biosphère n’a pas besoin de naissances non désirées, elle étouffe déjà sous le nombre d’humains… Pourtant il aura fallu une année de débat parlementaire pour que la loi Neuwirth sur la « prophylaxie anticonceptionnelle » soit adoptée et promulguée le 28 décembre 1967. Pour illustrer l’état des mentalités de l’époque, quelques signes de folie :

Le député Jacques Hébert : « Détruire la vie avant la fécondation, après la fécondation, avant la nidation, après la nidation, revient au même sur le plan de l’éthique. Nous avons le devoir de ne pas autoriser la diffusion de produits dont les conséquences lointaines sont encore mal connues. » Le fondement éthique n’a pas de fond fondamental, par contre les conséquences sanitaires de tout produit doit être soigneusement testées, ce qui avait  été fait depuis des années dans les pays anglo-saxons. (La pilule est mise en vente sur le marché américain en 1960).

Le député Claude Peyret : « L’assurance contre la grossesse est une solution de facilité qui voudrait remplacer la maîtrise de soi, quand celle-ci doit être le but de toute éducation ». Malgré la diffusion de la contraception, plus de 200 0000 interruptions volontaires de grossesse sont enregistrées encore aujourd’hui en France. La maîtrise de soi n’est pas l’apanage de la jeunesse…

Le député Jean Couymaros : « Les enfants ne sont pas toujours engendrés par la réflexion et par la raison, mais dans un élan d’amour irrésistible, comme l’exigent la nature et l’instinct de continuité de l’espèce humaine. » Encore un retardé intellectuel qui croit comme Sarkozy que les humains sont programmés génétiquement !

            En définitive la loi n’entrera en vigueur qu’en 1969, les décrets d’application étant longtemps restés bloqués sous la pression, notamment, de l’Eglise catholique. Quel monde laisserons-nous à nos enfants ? 

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civilisation Sarko

Sarko parle de civilisation. Mais de quoi s’agit-il?

 

 L’édifice de la civilisation occidentale a atteint un stupéfiant degré de complexité. Mais plus il devient complexe, plus nous avons l’impression de nous éloigner de nos racines originelles. Plus nous nous engageons dans un monde conçu par nous-mêmes, plus nous abandonnons notre ancrage dans la nature. Sommes-nous si uniques et si puissants que nous puissions nous tenir pour séparés de notre terre ? Beaucoup d’entre nous agissent, et pensent, comme si la réponse était OUI. Il n’est en effet que trop facile d’envisager la planète comme une collection de « ressources » dont la valeur intrinsèque ne dépasse pas leur utilité momentanée.

 

Nous avons alors industrialisé le processus de transformation de l’oxygène en gaz carbonique grâce à des inventions telles que la machine à vapeur ou le moteur à explosion sans prendre en considération les limites d’absorption du CO2 par notre planète. Nous avons industrialisé la production d’informations (presse à imprimer ou ordinateur) en oubliant de tenir compte de notre capacité limitée à assimiler les connaissances nouvelles. Nous sommes convaincus que nous n’avons pas à souffrir du froid ou de la chaleur. Nous voulons guérir nos malades, voler dans les airs, illuminer les nuits. Et pendant que nous croyons que nos besoins et nos caprices sont satisfaits, en réalité nous sommes en train de passer le Jardin d’Eden au rouleau compresseur. En fin de compte, la crise de l’environnement illustre la confiance aveugle en notre capacité de relever n’importe quel défi : on rassemble à son sujet des tonnes d’informations, on les divise en éléments simples à étudier et on croit trouver finalement une solution technique. Fadaise ! Il y a tant d’informations nouvelles produites chaque jour que leur avalanche a étouffé le lent mécanisme de maturation qui change la connaissance en sagesse. De plus l’idée selon laquelle de nouvelles technologies peuvent résoudre tous nos problèmes constitue l’élément central d’un mode de pensée défaillant.

 

Se placer dans une perspective écologique implique d’adopter une vision non spécialisée de la planète, d’essayer de comprendre comment ces différentes composantes interagissent les unes avec les autres selon des modalités qui tendent à l’équilibre et perdurent à travers les années. Cette perspective ne peut envisager la Terre comme un objet séparé de la civilisation humaine : nous appartenons, nous aussi, à  cet ensemble. Mais cet ensemble ne fonctionne pas selon les lois simples des rapports de cause à effet auxquels nous sommes accoutumés. On ne peut plus adapter la Biosphère à notre convenance selon des rites spécialisés, on doit dorénavant chercher à s’adapter à ses rythmes globaux.

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paraître, ou non

L’article ci-dessous n’est pas passé dans le courrier des lecteurs du Monde. Si c’est écolo, si tu  as eu la même déconvenue, envoie-moi ton article pour parution sur ce blog… envoyé au courrier des lecteurs du journal Lemonde :Selon Le Monde (numéro du 16 novembre 2007), « les grands groupes d’électricité prônent tous le retour du nucléaire ». C’est le titre exact de l’article, écrit en très gros et très épais ! Mais lors de ce XXe Congrès mondial de l’énergie, nulle trace d’une ONG environnementaliste ou même l’existence d’experts indépendants. Or les dirigeants des multinationales du secteur ne peuvent que promouvoir ce pour quoi ils sont payés. Plus dramatique, les politiques suivent le diktat des entreprises lorsque le président Romano Prodi veut intensifier la recherche dans le nucléaire ! Comme les opposants ont été mis à la porte, tout ce beau monde peut estimer sans l’ombre d’une contestation que l’énergie nucléaire est indispensable. Alors voici quelques questions que j’aimerais poser à mon quotidien préféré : Les lecteurs ont du mal à savoir qui dit vrai et qui dit faux. Ne faut-il pas que le Monde leur donne tous les moyens de juger en toute connaissance de cause ? En conséquence, un journal qui se veut objectif ne devrait-il pas laisser une place à un article critique qui puisse compenser ce qui s’apparente à de la propagande pro-nucléaire ? Tout au moins un journaliste qui fait un commentaire d’un Congrès ne devrait-il pas donner plus de place au mouvement écologiste à l’intérieur de son article ?   Réponse de Nadine Avelange, chargée du Courrier des lecteurs :Cher lecteur, J’ai bien reçu votre courrier et vous remercie de nous avoir fait part de vos remarques. Compte tenu du nombre important de lettres reçues, entre 300 et 500 par semaine selon l’actualité, je ne peux vous assurer de publier votre point de vue. Je vous prie de croire à mes sentiments les meilleurs.

Conclusion : à ce jour, toujours aucune autre nouvelle…

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intégriste, qui ?

            De plus en plus de gens sérieux traitent les écolos d’ayatollahs verts. Dans Lemonde du 13.12.2007, le professeur Michel Godet qui officie au CNAM va encore plus loin en utilisant l’expression « Khmers verts pour qui la disparition de l’homme blanc occidental serait une bonne nouvelle pour la nature : place aux loups, eux au moins ne polluent pas ! ».  Un écolo qui veut préserver une espèce en voie de disparition ne peut certainement pas être assimilé à des Khmers qui ont anéanti une bonne partie  de la population de leur pays. On observe malheureusement de plus en plus fréquemment ce recours à un type d’amalgame polémique qu’on peut baptiser reducio ad hitlerum. Que Hitler, Khomeyni ou Pol Pot ait partagé une opinion ne suffit certes pas à réfuter cette opinion ! Michel Godet est docteur en statistique et en économie, il ne montre aucune compétence quant au nécessaire respect de la biodiversité, aucun respect pour ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, aucune ouverture d’esprit. C’est un universitaire français.         

 

Dans le même article, il assène d’autres énormités du style « Si on appliquait le principe de précaution, on ne ferait pas d’enfants ! ». Il est vrai que Michel Godet est aussi membre du haut conseil de la population auprès du Président de la République. Pas étonnant alors qu’il se lance dans des diatribes sur un développement  durable qui s’accompagne nécessairement d’enfants et de berceaux pour éviter le « suicide démographique ». Est-ce cela les scientifiques qui nous conseillent ? 

 

Cumulard, Michel Godet est aussi membre de l’Académie des technologies, cette jeunette créée en l’an 2000 dans le but « d’éclairer la Société sur le meilleur usage des technologies ». Quand je vois le niveau de raisonnement de Michel Godet, sa croyance à la pléthore de pétrole cher, sa confiance aveugle en Claude Allègre qui, à lui tout seul, raisonne mieux que tous les experts du GIEC, je sais déjà que les lumières pour éclairer notre avenir sont bien éteintes.

 

            Notre futur est aux mains des nouveaux intégristes de la croissance pour qui tout principe de précaution est un frein à l’innovation et à la concurrence internationale. Il faut faire comme moi, dénoncer directement le non-sens auprès du journal incriminé ou agir publiquement si possible. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Courrier des lecteurs

Cher lecteur,

 

Tu as peut-être écrit un texte sur l’écologie qui n’a pas trouvé preneur,

que ce soit pour le courrier des lecteurs de ce journal ou autre publication.

Si tu veux que mon blog se fasse écho de ton article,

s’il est court et incisif,

envoie-le-moi (cf. dans colonne de gauche « écrivez-moi »).

Cela te donne une seconde chance de parution.

A bientôt en 2008,

sans mes vœux car 2008

sera au moins aussi minable que 2007…

au niveau environnemental !

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combien d’obèses ?

Trois milliards de terriens contre une poignée d’obèses : le numéro 18 (avril 1974) de la Gueule ouverte se centre sur la surpopulation :

 

« De plus en plus, nous serons obligés de penser globalement, au niveau planétaire, en termes de détérioration du milieu naturel et de ressources globales disponibles. Nous préférons donc une approche écologique de la question démographique. Mais la quasi-totalité des philosophies, des religions, ou des idéologies politiques ont été natalistes. La régulation des naissances s’est heurtée à une formidable coalition du passé : catholicisme, communisme, islam, nationalisme, tabous sexuels, etc. Voyez ces politiciens illuminés qui préconisent en France les 100 millions d’habitants comme si le nombre était garantie de bonheur accru. Contemplez ces dirigeants des pays en voie de développement qui magnifient leur vertigineuse ascension démographique. Admirez comment ceux qui prodiguent les conseils de modération à ces pays sont souvent ceux-là mêmes qui prônent la natalité chez eux. En France les natalistes les plus indécrottables, on les connaît, Michel Debré, Alfred Sauvy, Jérôme Monod, le Dr Tremblay et autres irresponsables de « Laissez-les vivre ».

 

La croissance démographique est peut-être moins un problème matériel immédiat qu’une question de valeurs : quel est le sens de la vie humaine dans un monde surpeuplé, encombré ? Cette vie a déjà commencé, on quitte la ville où l’on vit en troupeau, pour se retrouver en troupeau sur les lieux de vacances. Il finit par naître une pensée de troupeau, et nous savons tous que le troupeau postule le berger. L’homme qui pense librement n’aura plus sa place dans la société de demain, il n’aura même plus la possibilité d’aller vivre ailleurs parce qu’il n’y aura plus d’ailleurs. En définitive le dilemme est clair : soit nous complaire dans notre délire actuel et « après nous le déluge », soit prendre délibérément, lucidement les mesures qui s’imposent :

 

– contraception libre et gratuite, autorisation légale de la vasectomie ;

 

– suppression de tous les textes répressifs relatifs à l’avortement ;

 

– suppression des encouragements à la natalité (allocations familiales), suppression de la prime à la naissance ;

 

– Dire aux couples qu’au-delà de deux enfants, ils contribuent directement aux catastrophes futures ;

 

– Recours à une éducation en vue de la stabilisation démographique. »

 

La Biosphère ne peut qu’approuver ! Mais trente-trois ans  nous ont fait passer de 3 à plus de six milliards !!

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

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refus de l’écologie ?

Le numéro 16 (février 1974) de la Gueule ouverte perd non seulement sous sous-titre « le journal qui annonce la fin du monde », mais aussi son label de « mensuel écologique ». Isabelle, celle qui va devenir rédacteur en chef, commence à justifier ce tournant dans le numéro précédent :

 

« Le gâteau est finalement considérablement moins copieux qu’on ne l’imaginait, par contre les dîneurs sont de plus en plus nombreux. Seuls quelques-uns ont le droit de manier le grand couteau pour tailler et distribuer les parts. Ce sont ces quelques-uns qui gèreront la pénurie, en essayant d’en tirer autant de bénéficies que s’ils avaient géré l’abondance ». On est en train, tout doucement, d’habituer les masses à l’idée de restriction. Ce que les écologues n’étaient pas arrivés à faire entendre en parlant sagesse, à savoir : ralentissement de la consommation folle, les économistes vont l’obtenir. Pour avoir la bagnole, c’est facile, sois raisonnable, roule moins vite, pas tous les jours… Accepte sans broncher que l’électricité soit fournie par des centrales nucléaires, c’est tout simple, tu vois… On va pouvoir nous faire tout avaler, struggle for life, chacun pour soi mais tous pour la Société Moderne. Restriction de ceci, consommation de cela, racisme, délation, polices privées, on peut tout imaginer. On a des références et des souvenirs. Les écologues n’ont pas ouvert leur gueule assez tôt ni assez fort. »

 

Dans son édito du n° 17, Isabelle devient encore plus explicite : « Rédactrice en chef que me voici devenue, je commence par prendre une initiative : suppression du sous-titre mensuel écologique. Prise de distance avec une image débile de l’écologie, celle que donne certains doux farfelus qui prêtent le flanc à toutes les critiques. Erreur de prendre comme postulats de soi-disant règles inscrites dans une Nature mythique. Que d’aucuns passent agréablement (si aucun fascisme ne vient briser leur idylle) leur vie à se conforter en communauté, n’ayant d’autre souci que la pureté de leurs petits intestins ou la contemplation extatique du coucher du soleil sur le mille-pertuis de la dernière colline non polluée qu’ils ont trouvé, si ça les amuse, je n’ai rien contre. Mais je n’ai pas envie de me casser le chose à faire un journal avec leurs états d’âme. (…) Il n’y a pas de réponse politique ou scientifique  toute prête aux questions que pose la crise actuelle de civilisation, il n’y a pas de réponse écologique définissable. Il nous faut chercher dans toutes les directions, un journal écologique devrait éviter la segmentation, sans étiquette. »

 

Isabelle annonçait ainsi la suspension temporaire de l’écologie, elle est en phase avec l’époque. Entre le 1er sommet de la Terre à Stockholm (1972) et le deuxième sommet à Rio de Janeiro (1992), nous avons attendu 20 ans sans rien faire, moi compris. Que de temps perdu pour la sauvegarde de la Biosphère alors que les coups de gueule de Pierre Fournier et des écologues restent toujours d’actualité en 2007, 2008, 2009… 

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convivialité ?

Toujours d’actualité, le numéro 9 du mensuel la Gueule ouverte, le journal qui annonce la fin du monde (juillet 1973). Ivan Illich, de passage à Paris pour son prochain livre La convivialité, avait refusé de parler à la télé :

 

« Le discours télévisé est inévitablement démagogique. Un homme parle sur le petit écran, des millions d’hommes et de femmes l’écoutent. Dans le meilleur des cas, la réaction maximum du public ne peut être que bip bip je suis d’accord ou bip bip je ne suis pas d’accord. Aucun véritable échange n’est possible, mais je suis heureux de soumettre mon travail à la critique des lecteurs de La gueule ouverte, tous profondément préoccupés de ne se laisser enfermer dans aucun carcan idéologique. »

 

Ivan Illich développe ensuite ses thèmes de prédilection, dont le rôle de l’outil : « Je distingue deux sortes d’outils : ceux qui permettent à tout homme, plus ou moins quand il veut, de satisfaire les besoins qu’il éprouve, et ceux qui créent des besoins qu’eux seuls peuvent satisfaire. Le livre appartient à la première catégorie : qui veut lire le peut, n’importe où, quand il veut. L’automobile, par contre, crée un besoin (se déplacer rapidement) qu’elle seule peut satisfaire : elle appartient à la deuxième catégorie. De plus, pour l’utiliser, il faut une route, de l’essence, de l’argent, il faut une conquête de centaines de mètres d’espaces. Le besoin initial multiplie à l’infini les besoins secondaires. N’importe quel outil (y compris la médecine et l’école institutionnalisées) peut croître en efficacité jusqu’à franchir certains seuils au-delà desquels il détruit inévitablement toute possibilité de survie. Un outil peut croître jusqu’à priver les hommes d’une capacité naturelle. Dans ce cas il exerce un monopole naturel ; Los Angeles est construit autour de la voiture, ce qui rend impraticable la marche à pied.

 

Une société peut devenir si complexe que ses techniciens doivent passer plus de temps à étudier et se recycler qu’à exercer leur métier. J’appelle cela la surprogrammation. Enfin, plus on veut produire efficacement, plus il est nécessaire d’administrer de grands ensembles dans lesquels de moins en moins de personnes ont la possibilité de s’exprimer, de décider de la route à suivre. J’appelle cela polarisation par l’outil. Ainsi chaque outil, au-delà du seuil de tolérabilité, détruit le milieu physique par les pollutions, le milieu social par le monopole radical, le milieu psychologique par la surprogrammation et la polarisation par l’outil. Aujourd’hui l’homme est constamment modifié par son milieu alors qu’il devrait agir sur lui. L’outil industriel lui dénie ce pouvoir. A chacun de découvrir la puissance du renoncement, le véritable sens de la non-violence. »

 Devant la clarté du propos, la Biosphère n’a rien à ajouter… 

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la pub rend con

Toujours d’actualité, le numéro 7 du mensuel la Gueule ouverte, le journal qui annonce la fin du monde (mai 1973) : « La publicité nous prend pour des cons – La publicité nous rend cons ». Développement :

« La publicité est un monstre doux qui, par effraction séductrice, pénètre dans nos cerveaux, brouille sans douleur nos circuits intimes, hérisse de sondes nos profondeurs. Pourtant, quand Emile de Girardin accepte l’insertion d’annonces payantes le 29 avril 1845, elles doivent être selon ses propres termes franches et concises : « La publicité  se réduit à dire : dans telle rue, à tel numéro, on vend telle chose à tel prix ». Un révolutionnaire raisonnable pourrait exiger, aujourd’hui, la stricte application de ce précepte-là.

 Après plus d’un siècle de maturation, voici ce qu’il en est devenu : « Publicité, art d’exercer une action psychologique sur le public à des fins commerciales » (dictionnaire Robert). Autrement dit la même définition que celle du mot démagogie : « Politique par laquelle on flatte la multitude pour gagner et exploiter ses faveurs ». Le publiciste est donc, strictement, un démagogue professionnel. Prétendre que l’information soit le souci premier des publicistes est une farce triste. Qui sont ces professionnels ? Des psychosociologues. Pour quoi faire ? Pour imposer à l’homme des notions qu’il ne sollicite pas, et vis-à-vis desquelles il n’a aucune raison d’être bien disposé. Assurément, on s’achemine vers le décervelage total. Les techniciens de la vente plongent tous les jours leurs mains pleines de doigts dans nos inconscients et les endorment, les dépiautent, les programment à leur manière. Ils ont découvert un certain nombre de tendances à encourager : « Le besoin de certitude, le goût du moindre effort, l’envie, la vanité, le snobisme, le désir sexuel » – bref, tout ce qui peut encourager les gens à courir les chemins du crétinisme.

Alors, que faire ? Il faudra inventer des moyens d’action, arrêter tout et réfléchir sans tristesse, ouvrir la boîte à idées. Tiens, voilà : je l’ouvre. » (Henri Gougaud)

 Depuis les  défenseurs de la Biosphère savent ce qu’il faut faire, casser la pub 

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in memoriam

Noël, en s’en fout. Par contre Pierre Fournier est mort brutalement d’une crise cardiaque, au bout de trois numéros de la Gueule ouverte le 15 février 1973 ; il avait trente-cinq ans. Ca, c’est important. Voici le salut de ceux qui restent (n° 5, mars 1973) :

 

« Ca t’aurait fait rigoler, mais le jour où tu nous as laissés dans la merde, tous les journaux titraient sur le rapt d’un maréchal plein d’asticots, et la mort édifiante à 82 ans, dans son lit s’il vous plaît, d’un honorable gangster de la mafia. Comme quoi le monde marche de plus en plus vite sur la tête et c’est pas encore fini. Dans les manifs, tu expliquais sans jamais te fâcher toujours les mêmes trucs : « La révolution est d’abord spirituelle, individuelle, personnelle, affective, etc., et c’est en vous libérant que vous donnerez aux autres l’envie d’en faire autant ». Tu as trouvé le chalet de ton enfance en Savoie, une merveille sans évier, sans chauffage et sans moquette que le vieux paysan vendait pour permettre à ses fils, nouveaux banlieusards, de se payer le coquet pavillon de leurs rêves. Comme tu nous disais : « J’avais l’impression de lui voler sa vie en lui signant un chèque. »

 

Oui, c’est pas simple de comprendre avant tout le monde et de nager à contre-courant. Quand viendra l’an 01, les gens discuteront enfin leur vie dans les rues et y’en a sûrement qui voudront t’élever une statue à toi aussi. Et toi tu diras une nouvelle fois : « Ah les cons, ils ont toujours rien  compris ! ».

 

Mais le plus con pour la Biosphère, c’est que Pierre ne verra pas la fin du monde… 

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