« Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus-Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique sommairement l’Annuaire pontifical, édité chaque année par le Vatican, pour retracer les origines de l’institution. Si l’on en croit la tradition catholique Pierre, crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60, serait le premier des 266 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Bien entendu la réalité est beaucoup plus compliquée.
Virginie Larousse : Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église – en lui déclarant : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… » (Evangile selon saint Matthieu, 16-18) – n’a jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ». Ce terme – hérité du grec pappas, « père » – est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle. Le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen Age. Les croyants en Jésus font l’objet de persécutions fréquentes jusqu’à la reconnaissance de leur religion par l’empereur Constantin en 313. Mais ils ont bien conscience que, pour subsister, il est indispensable de structurer leur mouvement. Une organisation centrée autour de l’évêque (du grec episcopos, surveillant, protecteur), qui exerce ses prérogatives sur un territoire défini, émerge au fil des siècles. Les Églises communiquent entre elles sur le principe de l’égalité : en théorie, aucune ne peut se prétendre juridiquement supérieure, et tout évêque est libre de conduire sa communauté comme il l’entend. L’évêque de Rome fait souvent office d’arbitre d’une chrétienté en herbe, usant d’un droit d’ingérence dans les affaires des autres communautés. Avec le développement de courants chrétiens jugés hérétiques, le recours à l’Église de Rome devient le garant de l’orthodoxie et de l’unité chrétienne. L’empereur Aurélien (vers 212-275) déclare que le pouvoir épiscopal reviendrait « à ceux qui sont en communion avec l’évêque de Rome ».
De telles prétentions exaspèrent néanmoins les évêques d’Orient – et parfois ceux d’Occident – qui estiment que Rome ne dispose pas d’une connaissance suffisante des débats les concernant : « Quelle est l’aide que nous apportent les froncements de sourcils de l’Occident ? », se demande ainsi Basile de Césarée (330-379). On est encore loin de l’image du pape dispensant sa bénédiction urbi et orbi (« à la ville et au monde »), un rituel qui remonte au XIIIe siècle seulement, tandis que le principe de la primauté pontificale romaine sera défini en 1439 lors du concile de Florence. Mais si les représentants de l’Église orthodoxe approuvèrent les décisions de ce concile œcuménique, ils se rétractèrent dès leur retour chez eux…
wikipedia : Jusqu’au IXe siècle, les souverains séculiers considèrent le pouvoir de nommer des évêques et des abbés sur leurs territoires comme leur prérogative et, par conséquent, de les investir également spirituellement, en leur confiant des biens matériels. Cette coutume qui confère au pouvoir temporel la suprématie sur le pouvoir spirituel est en contradiction flagrante avec la réaffirmation de la primauté papale de la réforme grégorienne. Les empereurs cherchent pourtant à s’immiscer dans le processus de l’élection papale et dans la politique romaine. À Rome, la situation est même devenue grotesque, avec trois papes revendiquant le trône papal en 1046, chacun soutenu par une faction différente de la noblesse romaine. La corruption dans laquelle la papauté avait sombré au siècle précédent, combinée au besoin atavique du soutien d’une puissance extérieure garantissant sa survie, pousse les papes suivants à mettre en œuvre une série de réformes radicales visant à rétablir l’autorité papale, tant dans la sphère morale et spirituelle et dans la sphère temporelle et politique.
Avec la réforme grégorienne (1049-1124), l’Église change considérablement, assumant un modèle monarchique et hiérarchiquement structuré de haut en bas. La réforme aboutit également à une nouvelle organisation du clergé, toujours en vigueur, basée sur le célibat et sur la séparation nette entre les rôles des laïcs et des ecclésiastiques. Nicolas II promulgue la bulle In nomine Domini en 1059, qui limite le suffrage aux élections papales au collège des cardinaux et établit les règles du processus électif, jetant ainsi les bases du conclave moderne.
Le point de vue des écologistes agnostiques
Cette histoire des démêlés entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel, entre pouvoir local et pouvoir central, est à l’image des courants idéologiques qui structurent notre pensée et nos réalisations humaines. L’écologisme a désormais vocation a remplacer l’idée d’un dieu abstrait soutenu par un pouvoir politique et un clergé. Le principe de laïcité a permis l’autonomie du temporel par rapport au religieux, les sociétés gèrent leurs affaires sans se préoccuper de ce qu’en disent les livres sacrés et leurs servants. La destruction de la planète par le croissancisme économique nous pousse à une nouvelle structuration, basée cette fois sur l’écologie scientifique qui considère la réalité terrestre et son devenir. Mais les écologistes aujourd’hui sont à l’image de l’Église autrefois, écartelée entre différentes chapelles.
Demain le pouvoir politique va s’emparer de l’urgence écologique et fera nommer sans doute un nouveau pape (et/ou président) écolo. A moins que la société actuelle, interdépendante à l’extrême, s’effondre par pénurie de ressources fossiles. Elle serait remplacé alors par une démondialisation et la montée en puissance de communautés locales qui s’essayent à la résilience par l’autonomie alimentaire et énergétique. Jusqu’à l’instauration à la fin des temps d’une monarchie (spirituelle et/ou temporelle) pour faire taire les conflits sanglants entre territoires. L’histoire humaine est cyclique.
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Laïcité, un écologiste ne peut être que pour
extraits : La laïcité est un principe juridique selon lequel l’État n’exerce aucun pouvoir religieux, et les Eglises aucun pouvoir politique.La religion ne peut dicter sa loi à une société démocratique, c’est l’avantage du principe de laïcité. Ce principe devrait être le lot commun de l’ensemble des États. Ce n’est pas le cas, malheureusement. En effet la religion qui s’arroge le droit de faire de la politique n’est pas bonne conseillère en matière d’écologie, Afghanistan, Iran, Israël, etc.
La religion écologique n’est pas une religion
extraits : L’écologie politique n’est pas une religion, elle s’appuie sur la science écologique, elle devrait donc promouvoir des décisions démontrables. Difficiles à mettre en place ! Le problème principal de l’écologie en politique n’est pas la controverse religion/écologisme, mais le conflit entre économie et écologie. Comme redonner toute son importance à l’écologie ? L’écologie politique doit s’appuyer sur la science écologique mais aussi sur la philosophie de l’écologie. Il s’agirait de transformer l’écologisme en une religion de type matérialiste à l’opposé des conceptions abstraites sur lesquelles reposent les religions du Livre avec leur Dieux dans les Cieux. L’adoption d’un système de valeur du type « biocentrisme » ou « écocentrisme », portée par l’écologie profonde, permet de lutter efficacement contre l’anthropocentrisme dominant qui donne une telle place aux humains qu’il en finit par étouffer toute forme de vie durable. Les discours antispécistes poussent par exemple à la destitution de l’homme-roi…
La Religion à l’épreuve de l’écologie
extraits : Jésus Christ (s’il a existé) se foutait complètement de l’état de la planète, ce n’était pas sa préoccupation. Il voulait seulement moderniser la lecture juive de la bible, point final. La Bible et les Évangiles restent complètement muets sur la question écologique. Et leur application concrète reste même profondément anti-écolo. Lynn White imputait en 1967 les racines historiques de notre crise écologique à la vision du monde judéo-chrétienne. Selon la Genèse les êtres humains, seuls de toutes les créatures, furent créés à l’image de Dieu. Il leur fut donc donné d’exercer leur supériorité sur la nature et de l’assujettir. Deux mille ans de mise en œuvre toujours plus efficace de cette vision de la relation homme/nature ont abouti à la fois à des merveilles technologiques pernicieuses et à la crise environnementale….
Demain l’écologisme sera la religion commune
extraits : Pour qu’un groupe conserve une cohésion interne il ne doit pas dépasser 150 individus. Comment faire au-delà alors qu’un pays comme la Chine compte par exemple plus de 1,4 milliards d’habitants ? Il s’agit d’instaurer une histoire commune, une fiction qui va servir de mythe fédérateur. Nous avons donc inventé des récits comme la Bible, imaginé des sauveurs suprêmes comme Jésus Christ ou Xi Jinping et mondialement imposé les lois du marché, la variation des prix entraînant comme par enchantement l’équilibre économique général. Nous nous dirigeons de plus en plus fermement aujourd’hui vers un nouveau mythe, l’écologisme, qu’on peut déjà rencontrer sous des expressions diverses comme la Terre-mère, Mère-nature, les esprits de la forêt, les droits de la nature et des animaux, le bio-centrisme ou l’écocentrisme, l’écologie profonde, le culte de Gaïa, etc. La difficulté n’est pas de raconter des histoires, mais de convaincre les autres d’y croire…..
J’ai participé à l’ouvrage collectif Réformer ou abolir la papauté. Un enjeu d’avenir pour l’Eglise catholique (paru le 27 février). La papauté, qui dispose d’un pouvoir absolu sur toute l’Eglise catholique, n’a plus de sens au milieu des démocraties où les règles sont le débat et les processus électoraux. Les synodes réunissant les évêques n’ont qu’un rôle purement consultatif.L’épître aux Galates, qui date du milieu du Ier siècle, une réunion délibérative (appelée « concile de Jérusalem ») supprima l’obligation de la circoncision. Les questions étaient tranchées de manière collégiale dans les premiers temps du christianisme. François n’a pas du tout infléchi l’autoritarisme papal, il s’est catégoriquement opposé à l’ordination de femmes diacres.. Ce qu’il faudrait réformer d’urgence, c’est la verticalité de l’Eglise catholique. Il faudrait avoir le courage de repenser certains dogmes, tels que le célibat des prêtres.
Dans toutes les cérémonies et les discours commémoratifs qui ont suivi la mort du pape François, tout comme dans les réunions de préparation du conclave, on n’a pas vu un seul visage féminin. Une preuve manifeste que le souverain pontife n’a pas insufflé de changement significatif quant à la place des femmes dans l’Eglise. Aucune des présidentes démocratiquement élues des associations internationales de religieuses, qui représentent pourtant le plus gros effectif mondial du clergé catholique, n’a été invitée à s’exprimer.
– « Cette histoire des démêlés entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel, entre pouvoir local et pouvoir central, est à l’image des courants idéologiques qui structurent notre pensée et nos réalisations humaines. »
Comme par hasard je suis d’accord avec le point de vue de ces écologistes agnostiques. 😉
L’écologie (écologisme) est une drôle de religion, à l’image de tant d’autres. Sauf que la notre compte pas moins de 8 milliards de fidèles. Ben oui aujourd’hui tout le monde, le monde entier donc, est écolo. Ce qui fait qu’ON en a de toutes sortes, et de toutes les couleurs, des zécolos.
Je ne sais combien de chapelles, et paroisses, chacune avec ses propres ouailles, pauvres pécheurs, et pécheresses, ses curés, ses évêques et autres cardinaux qui leur chantent les louanges de leurs saints, Nicolas et Thomas, et autres saintes, Greta et Pacha etc. et Caetera !
( à suivre )
(suite) La seule chose qui NOUS manque c’est donc un pape. Mais attention… un vrai, pas un autoproclamé, un qui fasse l’unanimité ! Consensus comme ON dit.
Un pape éclairé, charismatique, tolérant et agnostique ça va de soi.
Et comme de ça ON n’en a pas… eh ben il n’y a pas qu’à Rome que ça fume toujours noir.
Misère et misère !