Pas de personnification possible de l’écologie politique

Ce blog a bientôt douze ans d’existence. Nous y avons toujours défendu la personnalité qui nous paraissait la plus à même de défendre l’idée d’urgence écologique. Nous avons toujours été déçu, l’écologie politique semble se dissoudre à l’approche du pouvoir. Nicolas Hulot a été une constante de notre soutien. Il n’a jamais démérité de son amour vibrant pour la planète, mais mis au pied du mur de devenir candidat pour la présidentielle 2017, il a abandonné pour raisons personnelles au dernier moment et au grand désarroi de beaucoup de monde. Sa dernière explication publique est qu’il a eu peur d’arriver au second tour ! Il est vrai qu’un présidentiable, s’il n’a pas besoin d’une éthique irréprochable, doit avoir un moral à toute épreuve.

Après une succession ininterrompue de candidats au titre de l’écologie politique pour la présidentielle depuis René Dumont en 1974, Yannick Jadot est le dernier candidat déclaré en 2017. Pas encore connu des médias, il faisait son travail de représentation politique au titre de l’autonomie d’EELV par rapport au PS. Issu du mouvement associatif, en particulier Greenpeace, il tranchait avec les apparatchiks que les Verts affectionnaient antérieurement, Dominique Voynet en 1995, Noël Mamère en 2002, à nouveau Dominique Voynet en 2007. Le comble avait été atteint en 2012 avec le choix par EELV d’une non écologiste, Eva Joly, au détriment de Nicolas Hulot. Mais Cécile Duflot, éliminée de la course à la présidentielle par la primaire écolo de 2016 et désireuse de sécuriser sa place de député sur la 6e circonscription de Paris, a imposé à Jadot par manipulation d’EELV et organisation d’un référendum truqué un rapprochement avec le socialiste  Benoît Hamon. Yannick Jadot n’était qu’un cheval boiteux, mais on ne s’en est pas rendu compte tout de suite. Quant à Hamon, il est d’abord socialiste et beaucoup « plus à gauche » qu’écolo. Il n’y a eu dans la démarche de « rassemblement » Hamon/Mélenchon/Jadot qu’effet d’annonce et politique politicienne.

Nous n’avons jamais cru à la conversion écologique de Jean-Paul Mélenchon. Mélenchon, c’est un tempérament « plus-a-gauche », centré sur sa propre personne et illusionné par sa stature médiatisée de tribun qui parle à la place des « insoumis ». Il est dans une logique bloc contre bloc, on ne gagne jamais durablement contre les autres. Derrière son attitude anti-européenne, il y a surtout la condamnation de toute politique de sobriété : « Nous proposons une alliance des pays d’Europe du Sud pour sortir de l’austérité et engager des politiques de relance écologique et sociale de l’activité. » Une Europe « sortie de l’austérité » alors que la vie austère est la première des priorités d’un écolo ! Il est donc croissanciste, et même technophile avéré, voulant amener la France « aux frontières de l’humanité » : développement des missions interplanétaires, mission sur Mars, un plan 4.0 pour l’industrie, l’impression 3D… il n’a aucune connaissance des limites de la planète et de ses ressources.

Nous avons cru par contre qu’Arnaud Montebourg deviendrait le Jaurès de l’écologie. Sa contribution en 2005 au Congrès socialiste du Mans était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel et son corollaire, la délocalisation systématique des facteurs de production. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé à moyen terme par l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource. Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… » Fin août 2010, Arnaud Montebourg était comme à son habitude à Saint Ciers avec le pôle écologique du parti socialiste. Son discours était aussi percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… le Parti Socialiste fait une analyse de classe et exonère des responsabilités individuelles un certain nombre de personnes qui sont dominées dans la société. L’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles la question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de dire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. » Une fois entré au gouvernement Hollande et Ministre du « Redressement productif » en 2012, il ne s’agit plus pour lui que de sauver le plus d’emplois possibles, peu importe que ces emplois servent réellement l’avenir ou non. Peu importe s’il s’agit d’aider les multinationales, l’usine Fralib du groupe Unilever, l’aciérie de Florange d’ArcelorMittal, la raffinerie Petroplus de Shell, l’usine General Motors de Strasbourg, Goodyear à Amiens ou le site de PSA à Aulnay-sous-Bois. Peu importe s’il s’agit d’aider surtout des entreprises rattachées à l’industrie pétrolière, comme si le pic pétrolier, que nous avons déjà dépassé en 2006, n’existait plus pour Montebourg ! Sans parler de ses velléités d’exploiter les gaz de schiste ou de relancer le nucléaire.

L’accès au pouvoir fait oublier ses convictions, il n’y a pas grand-chose à attendre d’une personnification de la transition écologique. Il faut d’abord être soi-même le changement qu’on attend pour le monde.

3 réflexions sur “Pas de personnification possible de l’écologie politique”

  1. MDR ! Hulot , Monte et Bourre , Jadot , Duflot ,Méchantcon ,Mamère ( à prononcer avec l’ accent de Macias) , Voynet , Joly , il ne manque à ce tableau cauchemardesque que Cosse , Placé (remplacé , déplacé) et l’ inénarrable con bandit .
    Belle brochette de bouffons et d’ écologistes de la sainte farce .
    Damned , j’ ai encore dérapé comme on le dit en novlangue socialocommuniste !

  2. La morale de cet article n’est pas du tout désespérée, le billet se termine par « Il faut d’abord être soi-même le changement qu’on attend pour le monde« .

  3. Qui est l’auteur de cet article désespéré ?
    Qu’il s’assoie et allume un pétard…

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