Difficile d’avoir un point de vue écolo sur cette question, sauf à se rappeler ce qu’écrivait Jean-Marc Jancovici : « Entretenir une population en prison, c’est utiliser de la nourriture, des ressources et de l’énergie pour le bénéfice d’improductifs mis au ban de la société. Jusqu’à une époque somme toutes assez récente, on ne s’encombrait pas de ces bouches à nourrir : le sort commun de l’assassin était la mort dans des délais assez rapides. Il est évident que, en univers énergétiquement contraint, ces mauvais souvenirs risquent de redevenir d’actualité. » [Changer le monde, tout un programme ! ( 2011)] Voici un résumé d’un article du MONDE* sur l’état actuel des débats aux USA :
Argumentation (du procureur Bill Montgomery) : « Ma position pour la peine de mort n’est pas un a priori idéologique, ni une réaction émotionnelle face à certains crimes odieux. Elle est le fruit d’un raisonnement juridique rationnel : la société doit tracer une ligne rouge, au-delà de laquelle les crimes sont considérés comme impardonnables, c’est essentiel pour la cohésion sociale. Quand on supprime la peine de mort, cela crée un trou dans la gamme des châtiments, alors qu’ils doivent être proportionnés aux crimes ».
Condamnés : C’est à l’Arizona Prison State Complex que sont détenus les 122 hommes et 3 femmes condamnés à mort. Les condamnés, tous déclarés coupables de meurtre avec circonstances aggravantes, attendent en moyenne dix-sept ans avant d’être exécutés, le temps que soient épuisées toutes les voies de recours.
Démocratie : Selon un sondage récent, 71 % des 7 millions habitants de l’Arizona sont favorables à la peine de mort (87 % des électeurs républicains et 54 % des démocrates). Seuls des jurés (représentants de la population) peuvent prononcer une peine de mort.
Droit de la défense : La loi stipule que les accusés risquant la peine de mort doivent disposer d’une défense aussi efficace que possible. Comme ils sont presque tous pauvres, l’Etat a créé des administrations spéciales composées d’avocats salariés, les « défenseurs publics ». A lui seul, le comté de Maricopa possède trois agences de ce type, employant au total près de 600 juristes, dont une cinquantaine spécialisés dans la peine de mort. Quand l’une d’elle est requise, un procès coûte à l’Etat au moins 1 million de dollars (810 000 euros), souvent plus. Chaque accusé risquant la peine capitale dispose ainsi d’une équipe composée de deux avocats spécialisés et de leurs assistants, d’un psychologue chargé de trouver des circonstances atténuantes dans son passé, d’un investigateur menant des contre-enquêtes, d’un expert en preuves matérielles et en ADN…
Evolution juridique : Au Nebraska, l’assemblée a supprimé la peine capitale en 2015, mais elle a été rétablie dès l’année suivante grâce à un référendum d’initiative populaire [61 % des voix pour]. De même, en Californie, État pourtant réputé très libéral, deux référendums ont confirmé, fin 2016, l’attachement des électeurs à la peine de mort : le premier, qui visait à l’abolir, a échoué, et le second, proposant au contraire d’accélérer les exécutions, a été un succès. Dans l’Oklahoma, les électeurs ont adopté un amendement à la Constitution de l’État affirmant que tous les modes d’exécution non prohibés par le gouvernement fédéral étaient légaux – ce qui permettra d’utiliser d’autres méthodes que l’injection, en cas de pénurie prolongée de substances létales. Au Nouveau-Mexique, où la peine de mort a été abolie en 2009 par les démocrates, la nouvelle gouverneure républicaine tente de la rétablir. Dans le Mississippi, les élus étudient un projet de loi qui autoriserait les exécutions par asphyxie à l’azote, facile à utiliser et bon marché.
Modalités d’exécution (selon Bill Montgomery) : « Il y a quelques années, j’ai assisté à une exécution. J’ai été déçu, j’ai trouvé ça trop aseptisé. Je m’attendais à vivre un instant décisif, ce moment clé où justice est faite, mais il n’a pas eu lieu. Le condamné s’est endormi paisiblement, et ne s’est pas réveillé, c’est tout. J’étais désolé pour la famille qui n’a pas eu droit à une justice visible. » … « Il suffit de revenir aux méthodes antérieures, comme la chambre à gaz ou la chaise électrique. Personnellement, je préférerais le peloton d’exécution. »
Transparence : Les exécutions ont lieu en présence de divers magistrats et avocats, des familles des victimes et de leurs invités, de celle du condamné et de ses invités, et de cinq journalistes de l’Arizona, chargés de témoigner du bon déroulement de l’opération.
* LE MONDE du 12 avril 2018, En Arizona, l’autre vallée de la mort
JM Jancovici ne pratique jamais le politiquement correct et cela le rend particulièrement lucide .
Notre taule – errance naïve , notre bisounoursisme à l’ endroit des pires scélérats
actuels s’ explique en effet par l’ avachissement né d’ un confort exceptionnel dû au faible coût des sources d’ energie .
Une peine de mort doit s’ appliquer tous les jours mais ne peut autoriser de défaillances dans l’ enquête préalable sous peine d’ envoyer un innocent à la boucherie .
On peut être opposé à la peine de mort pour des raisons morales mais il n’ est point douteux qu’ on souhaiterait la mort de toute personne ayant tué l’ un de nos êtres chers .Il n’ est point douteux que l’ on souhaiterait la mort de toute personne
ayant tué l’ un de nos proches : c’ est humain !
Il faut plutôt relier la peine de mort à l’ horreur du crime commis
Comme l’euthanasie, la peine de mort est un sujet délicat. Ces questions touchent à la vie. Et comme la vie reste encore un grand mystère, d’une façon ou d’une autre elle porte sa part de sacré. Selon moi un écolo devrait avoir compris que nous n’avons rien à gagner à entretenir ou développer toutes sortes de querelles et conflits. Là encore, je doute que le point de vue des écolos sur cette question fasse avancer les choses, au contraire. Alors faisons très attention.
La vie (si ce n’est La Vie) étant sacrée, si pour certains l’homme n’a pas le droit d’ôter la vie aux animaux… alors pour quelle bonne raison s’autoriserait-il à l’ôter à un autre homme ? Toutes les religions interdisent aux hommes de tuer leur prochain, et pourtant. Là encore, d’un côté la théorie, de l’autre la pratique.
Raisonner en seuls termes énergétiques est certainement le pire qu’il puisse nous arriver. C’est ce que veut dire Jancovici par : « ces mauvais souvenirs risquent de redevenir d’actualité. »
Dans ce système qui est le notre, demandons-nous quels sont les véritables productifs ? Seraient-ce les chefs de cordées, les innovateurs, les publicitaires…? Ou encore les esclaves, les boeufs… ?
Raisonner en terme de productivité n’est pas neutre, qualifier certains d’improductifs est dangereux, et c’est pourtant ce que nous avons laissé faire depuis trop longtemps. Ainsi les criminels, les vieux, les handicapés, les anti-Système, sont actuellement à deux doigts d’être jugés unanimement inutiles. Et ensuite ils seront néfastes, et il sera d’intérêt public de les éliminer. Alors si nous ne voulons pas d’un monde genre Soleil Vert, il est temps de se réveiller.
Indépendamment de la question de fond de la peine de mort, je crains que Jean-Marc Jancovici n’ait raison.
Beaucoup des débats que nous croyons relever de la morale dans notre société (et notamment ceux afférents à nos « droit » ») sont en fait réglés par la question de nos moyens matériels, eux-mêmes largement déterminés par la libre disposition en énergie. Il est fort probable que dans un monde sans énergie (ou avec une forte contrainte en la matière) beaucoup de nos droits ou considérés comme tels aujourd’hui comme parmi d’autres, la gratuité des soins, de l’éducation ou l’existence de système de retraite, seront remis en cause. Les prisons et leur coût également en effet.
Les contraintes matérielles risquent bien de l’emporter sur nos aspirations morales et spirituelles. Nous sommes probablement un peu naïfs aujourd’hui à ne pas accorder à cet aspect des choses sa juste importance.