Plate-forme de l’ écologie profonde (6/8)

La crise des conditions de vie sur Terre peut nous aider à choisir une nouvelle voie. Nous, qui sommes responsables de cette situation, nous avons la capacité intellectuelle de réduire notre nombre consciemment et de vivre dans un équilibre durable et dynamique avec les autres formes de vie. A la fin des années 1970, Arne Naess a formulé avec George Sessions une offre de « plate-forme de l’écologie profonde » en huit points. Voici le sixième, explicité lors d’une conférence* prononcée en 1986 :

6/8) Les politiques doivent donc changer. Ces changements politiques affecteront les structures économiques, techniques, et idéologiques de la société à un niveau fondamental. La société changera en profondeur et rendra possible une expérience plus joyeuse de l’interdépendance de toutes choses.

La croissance économique telle qu’elle est aujourd’hui conçue et mise en application par les États industriels, est incompatible avec les 6 premiers points de la plate-forme de l’écologie profonde. Autonomie, décentralisation, bio-régionalisme, un slogan comme « penser globalement, agir localement » ; tous ces termes continueront à jouer un rôle important dans l’écologie des sociétés humaines. Mais si nous voulons mettre en place des changements profonds, nous devons nous engager dans une action globale qui dépasse les frontières. Lorsque des communautés locales soutiennent le prétendu développement de façon inconditionnelle, il est nécessaire qu’une autorité centrale les contraigne à adopter une politique écologique plus responsable. Il y a donc des limites à la décentralisation des décisions écologiques les plus importantes. Il devient aussi primordial de s’engager dans une action globale à travers des organisations non-gouvernementale. La plupart de ces organisations sont capables d’agir globalement tout en s’appuyant sur des contextes locaux, évitant ainsi des interventions gouvernementales malvenues. Aujourd’hui la diversité culturelle a besoin d’une technologie de pointe, c’est-à-dire des techniques qui permettent à chaque culture d’atteindre ses objectifs fondamentaux. Les technologies dites douces ou alternatives sont des étapes dans cette direction. Mais ce que l’on appelle actuellement « technologies de pointe » correspond rarement à ce nom.

* in Arne Naess, la réalisation de soi (éditions wildproject 2017, 314 pages pour 22 euros)