La vie de millions d’Africains dépendent des médicaments financés par l’Usaid [Agence américaine pour le développement international], des enfants ne vont à l’école que grâce à ces subsides, des femmes sont défendues par des ONG dotées de fonds américains. Mais le premier pourvoyeur d’aide humanitaire dans le monde va « fermer », a déclaré Elon Musk début février 2025. La Maison Blanche a rappelé que ce dernier ne prenait pas de décision sans son accord. Pour l’économiste camerounais Célestin Monga, il est difficile pour l’Afrique de dire aux Etats-Unis ce qu’ils doivent faire de l’argent de leurs contribuables. Ce discours sera bien reçu à la Maison Blanche.
Célestin Monga : Pleurnicher pour l’aide n’est pas une stratégie de développement. Il faut chercher les coupables du côté des élites africaines qui sous-traitent leurs responsabilités à des gouvernements étrangers. Dans le futur, les Africains remercieront peut-être Donald Trump de les avoir secoués. Il faut sortir de cette sémantique de l’illusion : personne n’aide personne. Face aux transactions que l’on classe sous le registre de « dons », il faudrait mesurer ce que les pays occidentaux reçoivent de l’Afrique dans divers secteurs, tels que celui des matières premières dont ils fixent les cours d’achat, le montant des maigres royalties qu’ils versent aux Etats, etc. L’appui américain à l’Afrique, c’est cinq fois moins que les capitaux illicites qui quittent le continent chaque année et dont il faudrait se demander ce qu’ils deviennent ! Les pays africains proposent très peu de stratégies crédibles de transformation . Ils se contentent chaque mois de trouver de l’argent pour payer les fonctionnaires et l’armée, ils ne développent pas l’économie. Le Ghana, qui est considéré comme un pays africain plus performant que les autres, a signé 17 accords avec le FMI. Fin 2022, il était toujours en défaut de paiement.
La priorité devrait être l’accès des produits manufacturés en Afrique aux marchés occidentaux et en Asie. C’est bien plus important que l’aide. Du côté européen, il faudrait arrêter le chantage climatique : le futur règlement contre la déforestation va, entre autres, durement pénaliser le secteur du cacao en Côte d’Ivoire, le pays le plus proche de l’Occident. Comment vivront les planteurs ivoiriens ?
Le point de vue des écologistes dubitatifs
Célestin Monga a oublié son pays d’origine, le Cameroun, depuis longtemps. Il a fait des études de gestion et de sciences politiques à l’université de Bordeaux, il est titulaire d’un DEA de l’Université Panthéon-Sorbonne. Actuellement professeur d’économie à l’université Harvard aux Etats-Unis, il a réalisé une grande partie de sa carrière au sein d’institutions internationales.
Tout ce qu’il dit de l’aide publique au développement qui empêche les pays africains de prendre leurs responsabilités est réaliste. Sauf que croire comme Monga à l’industrialisation de l’Afrique pour exporter vers les pays riches est un leurre. La croissance par le libre échange de produit industriels est déjà monopolisé par la Chine et imaginer un développement de type occidental dans un monde fini et à bout de ressources n’est que mensonge. Le parti pris « business as usual » est d’autant plus apparent dans la minimisation des effets du réchauffement climatique par cet économiste à la fois orthodoxe et trumpiste.
Quant à nous, rappelons que la contribution de l’aide publique au développement doit privilégier le planning familial. Comme l’exprime Monga au détour d’une phrase : « Les besoins (de l’Afrique) sont considérables et ne font qu’augmenter en raison de la forte croissance démographique. »
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Charité bien ordonnée commence par soi même…
extraits : Le président américain a ordonné dès le 20 janvier 2025 la suspension de tous les programmes d’aide étrangère des Etats-Unis pour une durée de 90 jours. Trump assure que ces programmes « servent à déstabiliser la paix mondiale en promouvant dans les pays étrangers des idées qui vont directement à l’encontre de relations harmonieuses et stables à l’intérieur des pays et entre les pays ». Aux Etats-Unis, dans les milieux conservateurs, l’aide à destination de l’étranger est considérée de longue date comme un symbole de gabegie et de programmes inutiles….
aide au développement, nouvelle formule
extraits : C’est seulement en 1949 qu’un discours du président américain Truman invente la notion de sous-développement : « Nous devons nous engager dans un nouveau programme audacieux et utiliser notre avancée scientifique et notre savoir-faire industriel pour favoriser l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique dans les régions sous-développées ». La société thermo-industrielle devenait ainsi une référence universelle, il fallait passer obligatoirement par les cinq étapes de la croissance économique, c’est-à-dire dépasser l’état de société traditionnelle, faire son décollage économique pour aboutir à l’ère de la consommation de masse. Cette théorie du parcours obligé a merveilleusement servi les intérêts des grandes puissances….
APD, l’aide au développement, une illusion
extraits : Le développement n’a été que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens . Ce n’est qu’une entreprise visant à transformer les rapports des hommes entre eux et avec la nature en marchandises. L’aide au développement est même devenue une menace pour le pays en difficulté. Il sera entraîné dans une série de dépendances qui en feront un instrument entre les mains de l’institution « donatrice ». Ce n’est pas sans raison que le gros des dépenses va à l’aide militaire, l’aide pour les infrastructures du « développement » et l’aide financière pour sauver des institutions bancaires de la faillite….
– « Pour autant, il est difficile pour l’Afrique de dire aux Etats-Unis ce qu’ils doivent faire de l’argent de leurs contribuables. » (Célestin Monga)
Celle là je l’ai déjà entendue, sous une forme quelque peu différente.
Bien sûr que les Ricains font ce qu’il veulent de leur pognon, le problème n’est pas là. Quoique…
Que Trump coupe l’aide humanitaire dans le monde c’est une chose. Mais en même temps il taille dans les aides sociales dans son propre pays. En plus des coupes budgétaires dans les organismes fédéraux, la recherche, dont la recherche médicale, l’éducation etc. le tout accompagné de licenciements à tout va. Misère misère !
Et à coté, il fait des cadeaux à ses copains… il leur baisse leur impôts, toujours plus.
– Les Cadeaux aux riches de Donald Trump (rollingstone.fr 09/10/2024)
Moralité, Donald aime les milliardaires. La Preuve … pas moins de 12 à ses cotés !
(à suivre)
(suite) Remarque… il leur en fait perdre aussi. Et c’est bien fait pour leur pauvre gueule !
– Les cinq milliardaires présents à l’investiture de Trump ont perdu 209 milliards de dollars de fortune personnelle depuis la cérémonie (liberation.fr 11 mars 2025)
Faut pas chercher plus loin, peu lui importe leur couleur, leur nationalité… Donald a horreur des pauvres ! Tout autant que des fonctionnaires. TOUS des fainéants, des communistes, wokistes et j’en passe. Donald a également horreur des louseurs.
Donald aime les winners, les killers et les milliardaires !
Les pauvres types dans son genre quoi.
Dubitatif moi aussi. Orthodoxe, c’est sûr il l’est. Lui aussi est enfermé dans ce cadre de pensée inhérent au Système. Mais trumpiste rien ne me dit qu’il l’est.
– « Je ne jetterai donc pas la pierre à M. Trump. […] Des historiens constateront peut-être, dans un siècle, que les Africains remercient Donald Trump d’avoir ainsi brutalisé leur ego, de les avoir secoués et d’avoir dit ouvertement ce que beaucoup pensent tout bas. » (Célestin Monga)
Ne pas lapider (flinguer, torpiller etc.) quelqu’un ne veut pas dire qu’on partage ses idées, ni ses façons de faire, ici sa politique. Quant à un mal pour un bien… après tout pourquoi pas.
Sauf que si… dans un siècle l’Afrique rayonne mieux qu’aujourd’hui (ON ne sait jamais)… les historiens seront probablement partagés pour dire si Trump y aura été pour quelque chose ou pas. S’il y a lieu de le remercier, ou au contraire de brûler ses reliques.