PMA, le débat censuré par Macron

La députée Agnès Thill a été exclue de La République en marche pour « avoir tenu des propos polémiques à propos du projet du gouvernement d’ouvrir la PMA (procréation médicalement assistée) à toutes les femmes ». Le 5 juin, dans une interview , Mme Thill avait affirmé que la future révision des lois de bioéthique, qui prévoit l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, « restera dans l’histoire comme celle qui aura évincé les pères de la naissance et de l’éducation des enfants ». Communiqué de LRM : « Ces propos sont préjudiciables à la cohésion du mouvement et nuisent à son image, alors que l’ouverture de la PMA va faire l’objet dans les semaines qui viennent de débats à l’Assemblée nationale. » Quelques réactions sur Internet :

Brumaire : Hallucinant ! C’est en « Marche au pas » !

Zubi33 : Parler de « cohésion du mouvement » quand on se définit soi-même comme un parti attrape-tout  » (« en même temps ») est téméraire.

CK : Partageant l’opinion de la dame, je pense que ce n’était pas une pièce majeure du programme de Mr Macron et que la PMA pour toutes pose des problèmes sociétaux et philosophiques ainsi que scientifiques fondamentaux (a fortiori, la GPA qui est la prochaine étape). Une théorie pour laquelle tous les biologistes, y compris écologistes (scientifiques ceux-là) sont d’accord s’appelle la théorie du « génome égoïste ». Grossièrement, notre vie sert essentiellement à faire passer notre génome dans la prochaine génération. On aurait tort de traiter ce sujet par dessus la jambe pour exaucer une minorité, certaine bruyante mais minorité quand même et d’excommunier les politiquement incorrects. Jusqu’à présent, dans une communauté démocratique, c’est le bien du plus grand nombre (des vivants et de leurs descendants) qui prime et non la généralisation de cas ponctuels érigés en symbole de la « liberté »comme on commence à le voir trop souvent. Il est licite de craindre l’ouverture d’une boîte de Pandore : on peut actuellement aussi facilement bricoler la fécondité et le génome pour aboutir à un individu tel que désiré. Est-ce souhaitable ? Et est-ce du domaine de la liberté individuelle ?

Florian : LRM donne le ton du débat sur la PMA pour toutes, qu’on appelle aussi la PMA sans père. Il n’annonce rien de serein : ceux qui sont contre sont des réacs. Ils ne sont pas dignes de débattre. La PMA passera après un débat dont Macron aura fixé le cadre, les règles et la mise en scène.

desideriusminimus :Quelqu’un aurait-il l’amabilité de m’expliquer:

1) en quoi dire que la révision des lois qui permettra l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes seules, « restera dans l’histoire comme celle qui aura évincé les pères de la naissance et de l’éducation des enfants » présente quoi que ce soit de mensonger ?

2) En quoi l’effacement d’un père peut aller de quelque manière dans le sens de l’intérêt supérieur de l’enfant tel qu’il est reconnu par l’article 3 de la Déclaration des Droits de l’Enfant ?

3 ) En quoi confondre grossièrement égalité de droit et revendication de similitude présente la moindre trace de cohérence et de pertinence éthique ?

Prière de répondre par des arguments rationnels, et non par les habituelles accusations pavloviennes d’une homophobie avec laquelle je n’ai rien à voir.

Pour en savoir plus sur le cas Thill, lire sur notre blog biosphere :

25 janvier 2019, PMA, un débat qui se révèle anti-démocratique

3 réflexions sur “PMA, le débat censuré par Macron”

  1. A la fin de l’article du 25 janvier 2019 titré « PMA, un débat qui se révèle anti-démocratique» (qui ici n’a pas fait débat …) BIOSPHERE nous rappelle certains épisodes de cette «horrible histoire de science-fiction», et il dit : «Cette histoire est un symptôme».
    Parfaitement, je suis d’accord, c’est bien un symptôme. Un symptôme de la décadence de notre société ! Et les symptômes de notre décadence, ce n’est pas ça qui manque.
    Par exemple, au stade où nous en sommes, à quoi bon commenter l’état ou le fonctionnement de nos pseudos démocraties ? A quoi bon nous demander si ceci ou cela est démocratique ou pas ? Nous ne faisons que tourner en rond avec ça.

    Sur cet article, BIOSPHERE écrivait aussi : «L’article du Monde s’occupe trop des noms d’oiseaux que les élus LRM se lancent au travers de la figure, pas assez au fond du problème.»
    Eh oui, et c’est pratiquement pour tout et partout pareil. Et pas seulement sur les me(r)dias. Déjà, comment pourrions-nous voir le fond (ici du problème) alors que nous ne savons plus où est le haut et le bas ? Aujourd’hui les débats se résument à des noms d’oiseaux, au mieux à des parties de ping-pong, au pire à des matches de boxe où tous les coups sont permis, aujourd’hui des tas de conneries deviennent de véritables affaires d’Etat, et tout le monde commente et tout le monde en rajoute au Grand N’importe Quoi. Et c’est comme ça.
    Quand je dis « tout le monde », bien sûr c’est juste une façon de parler. Parce qu’au milieu de cette cacophonie, de ce Grand N’importe Quoi, il y a encore des choses censées, qui pourraient peut-être alimenter un petit espoir… Heureusement il existe encore ici et là des gens censés, encore capables de raisonner et non de résonner. Seulement il faut être encore capable de les repérer, ces choses et ces gens. Parce qu’un autre des symptômes et non des moindres de notre décadence, c’est qu’aujourd’hui tout se vaut. Telle opinion (voix) vaut telle autre, telle étude vaut telle autre, telle théorie vaut telle autre, telle « vérité » vaut telle autre, etc. etc. Misère misère ! Et donc, encore là nous sommes plantés, nous tournons en rond, en attendant …

    Ici, très poliment, desideriusminimus demande : « Quelqu’un aurait-il l’amabilité de m’expliquer […] ? » Cette formulation sous-entend qu’il a envie de comprendre et je trouve que c’est bien, je déplore que cette envie de comprendre devienne de plus en plus rare. Puis il pose 3 questions intéressantes, pertinentes. Seulement peut-être un peu trop compliquées… Et en plus il demande : «Prière de répondre par des arguments rationnels, et non par […] » (et non par des conneries).
    J’aime bien ce genre d’exercice, poser des questions et essayer d’y répondre, autrement dit réfléchir. J’aurais bien aimé aider desideriusminimus à y voir un plus clair… mais là j’avoue que je bute.

  2. La PMA, c’est nier la reproduction sexuée, se vouloir plus fort que la nature au prix d’une médicalisation du vivant. Une femme sans inséminateur reconnu comme tel, un homme dépossédé du rapprochement des sexes et de sa paternité, c’est digne d’une société hors sol, hors mécanismes biologiques normaux. Qu’une femme sans enfant se procure un enfant pour des raisons d’envie personnelle ou de nataliste exacerbé, cela s’est toujours fait. Qu’une société dite civilisée instaure dans la loi publique la naissance sans père, c’est la perte de repères, c’est l’abandon total du sens des limites, c’est une violence faite aux lois de la nature. Celle-ci a inventé la complémentarité des deux sexes pour faire un être différent à partir de deux génomes. Comme le nouveau-né humain a besoin d’une socialisation primaire, le changement culturel de la modernité a fait en sorte que la place du père auprès de l’enfant repose sur l’égalité avec la femme. L’autorité parentale est conjointe depuis 1970 et la maternage est aussi une responsabilité du père. Maintenant ceux qui se croient progressistes comme Macron veulent que ces fonctions soient attribuées uniquement aux femmes. C’est une régression dans la marche vers l’égalité. C’est anti-naturel et anti-culturel. L’écologie qui cherche à concilier de façon durable la nature et la culture est mise en échec.

    1. Pour ma part 100 % d’accord avec la position exprimée dans ce commentaire de Biosphère. Nous allons vers une société hors sol, dénaturée, c’est bien une régression. Je suis effaré de voir que nombre de personnes qui se prétendent écologistes puissent être favorables à la PMA pour tous.

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