PMA, une fécondité sans père et sans repères

La procréation médicalement assistée (PMA) est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels dont l’infertilité est médicalement constatée. Dans son avis du 27 juin 2017, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se prononce en faveur d’une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules qui souhaitent procréer sans partenaire masculin grâce à un don de sperme*. « Sans partenaire masculin », le mot est lâché, l’homme n’existe plus, la sexualité comme rapprochement des sexes est bafouée. Le consensus est loin d’être acquis, les deux tiers du Comité se sont prononcés pour mais un tiers ne va pas du tout dans le même sens. Il n’est pas question d’éthique en matière d’attente sociétale, mais d’un simple rapport de forces entre idées contradictoires. En fait le CCNE valorise la mère au détriment des pères : « Cette demande d’une insémination artificielle avec donneur, pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infécondité pathologique, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques [médicales] pour répondre à un désir d’enfant »... « L’analyse du CCNE, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes… Cette ouverture peut se concevoir pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles ».

L’éditorial du MONDE** acquiesce. Il voudrait rendre « légitime » l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples lesbiens et les femmes célibataires. Il ne s’appuie pas sur des considérations éthiques, mais sur le fait que l’insémination artificielle avec donneur est déjà possible en Belgique, en Espagne ou au Royaume-Uni. Il faudrait selon LE MONDE accepter le lobbying d’un simple groupe de pression dit LGBT (lesbien, gay, bisexuel et transsexuel). Il faudrait s’incliner devant les possibilités techniques de la fécondation in vitro (FIV). Il faudrait correspondre à une certaine forme du féminisme qui déni le droit pour un enfant d’être aussi élevé par un père. LE MONDE ne raisonne pas, il s’incline devant une demande sociétale qui reste en fait ultra-minoritaire. La Biosphère rappelle au MONDE l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de sa mère ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes. Nous avons sur ce blog mis l’accent depuis longtemps sur le respect de la nature humaine (la différenciation des sexes) et sur le fait que le désir d’enfant n’est rien face à la réalité de la surpopulation actuelle… Voici quelques liens sur nos articles précédents :

21 mars 2017, Marre de la PMA, marre des marchands d’enfants

11 août 2014, Sexe et PMA, la reproduction artificielle de l’humain

22 décembre 2012, Critiquer la PMA pour respecter les cycles naturels

24 avril 2008, Oui à la nulliparité

* LE MONDE du 28 juin 2017, Le Comité d’éthique déverrouille le débat sur la PMA

** LE MONDE du 29 juin 2017, PMA : la sagesse et les questions du Comité d’éthique

10 réflexions sur “PMA, une fécondité sans père et sans repères”

  1. La féministe atypique Peggy Sastre considère la grossesse comme une source majeure d’inégalité sexuelle et d’aliénation. Pour offrir aux femmes la possibilité d’enfanter sans malheurs, elle rêve d’incubateurs : « La grossesse et l’élevage des enfants sont l’une des pires sources d’aliénation possibles. C’est pourquoi les femmes ne pourront pas connaître une véritable autonomie tant qu’elles n’auront pas la possibilité de s’en débarrasser… »

  2. sur lemonde.fr : Je ne serais pas contre la PMA ouverte à toutes les femmes si cela ne menait à la GPA (gestation pour autrui) au motif de la lutte contre la rupture d’égalité hommes-femmes (pour une fois dans l’autre sens). Les gays « physiologiquement infertiles » (sic) réclameront le même « droit à l’enfant » que les lesbiennes via le seul moyen d’y parvenir : la GPA.
    sur lemonde.fr : Le don de sperme est l’erreur qui a entraîné toutes les autres. A partir du moment où on a accepté un enfant sans père, il n’y a pas de raison de ne pas accepter un enfant sans mère. La GPA est son exact pendant, avec la seule différence qu’elle se monnaye. Le pente est forte et la destination assez sinistre.

  3. sur lemonde.fr : Cet avis du CCNE établit une inégalité flagrante entre les couples de lesbiennes et les couples d’hommes ainsi qu’entre les femmes seules et les hommes seuls. Il semble dire qu’à partir du moment où on porte l’enfant on a tous les droits, sorte de revanche des femmes vis à vis du donneur qui n’a que le droit de donner.
    sur lemonde.fr : En fait ce qui est proposé ce n’est pas la possibilité de faire un bébé pour un couple homosexuel, c’est le fait de bénéficier de l’anonymat du donneur que procure la PMA. Cela dans le but unique de couper tout lien entre l’enfant et le père.

  4. J’ai entendu Robert Frydman sur France Culture, il a parlé de liberté des femmes, de la liberté de procréer quel que soit son âge et  son orientation sexuelle, de la liberté de congeler ses embryons (pour quand on aura le temps d’être enceinte), il ne voit pas quel pourrait être le problème éthique si le pb technique est résolu…mais jamais, jamais il n’a parlé de l’enfant !

  5. Anne-Marie T : En tant que psy, j’ai passé 30 ans à constater, les dégâts que l’absence des pères fait sur les enfants, les garçons en particulier. Une mise à l’écart par les mères qui trouvent tout un tas d’avantages- et pas seulement financiers- à être mères seules. Quant à l’enfant, il serait bien qu’enfin on se rende compte que l’amour ne suffit pas pour qu’un petit d’homme devienne un adulte autonome et un être social . On nous rebat les oreilles avec l’amour des couples de toutes sortes comme si on était dans un bain de guimauve à l’américaine.

  6. En vue d’améliorer les arguments de ce type d’article à l’avenir, quelques remarques :

    le concept culturel de ‘père’ est récent dans l’histoire de l’humanité (moins de 8000 ans pour 200.000 ans d’existence) : il s’est défini avec l’institution du mariage, création patriarcale visant à contrôler le pouvoir de reproduction des femmes (le père s’est longtemps défini juridiquement comme “le mari de la mère”). Un peuple existe encore de nos jours qui ne connaît pas ce concept, “les Na de Chine, un peuple sans père ni mari”. À noter que le concept de ‘géniteur’ est encore plus récent (découverte des gènes = 1 siècle) et que quand on parle de “droit au père” il faut penser à distinguer père et géniteur (statistiquement dans un pays comme la France, à partir du 3e enfant d’un couple, ce 3e enfant a un géniteur différent du père dans 10% des cas). Autrement dit l’humanité a vécu l’essentiel de son existence sans “père” mais uniquement avec “mère” (un concept assez simple : l’être du ventre duquel est sorti l’enfant) et “oncle” (assez simple aussi : l’homme sorti du même ventre que la mère). Et ne s’en portait pas plus mal.

    “Nous avons sur ce blog mis l’accent depuis longtemps sur le respect de la nature humaine (la différenciation des sexes)” : quid des intersexués (près de 2% de la population à la naissance) ? Jusqu’à récemment, au nom de la soi-disante binarité naturelle des sexes (homme/femme) aujourd’hui remise scientifiquement en cause, l’humanité a tranquillement mutilé des milliers d’enfants annuellement. Un rapport de l’ONU reconnaît enfin que la mutilation sexuelle des intersexués est une “torture” : n’y contribuons pas.

    Ces remarques n’enlèvent rien à la justesse de cette conclusion de Biosphère : “La Biosphère rappelle au MONDE l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui.”

    Plus d’information sur ces sujets dans l’ouvrage : « Naître est-il dans l’intérêt de l’enfant ? Idéologie de reproduction versus Non-souffrance »

    http://www.jcl.algosphere.org/naitre-gratuit.pdf

    1. Bonjour Jean-Christophe, merci de votre apport. Quelques précisions. Nous ne sommes plus scientifiquement devant une conception matrimoniale de la reproduction humaine, nous savons que l’évolution et ses performances découlent du mélange des chromosomes du père et de la mère. Il est vrai que cette approche concrète ne dit rien de l’organisation institutionnelle optimum, un père ou une mère adoptive peut être plus « efficace » que des parents biologiques. Il n’empêche que le choix de mettre au monde un enfant supplémentaire est une lourde charge ( ce que vous admettez) qui dépend à l’origine d’un rapprochement des sexes, qu’on assume l’existence de l’autre sexe ou non. En d’autres termes, le refus du père (ou de la mère pour les couples d’hommes) qui est devenu à la mode aujourd’hui est une forme de sexisme ; c’est un refus de la complémentarité naturelle entre sexes différents, c’est l’illusion entretenue actuellement d’une rupture avec la dualité sexuée de la vie. Il est vrai enfin qu’un père et une mère ne suffisent pas, en Afrique certains pensent encore à juste titre qu’il faut tout un village pour élever un enfant.

  7. Teysseire A. Marie

    Ce qui est tout à fait révoltant , c’est qu’il n’est pas venu à l’esprit de tous ces législateurs qu’en accordant toujours plus aux consommateurs de droits (autrefois appelés citoyens), qu’en se courbant sans cesse devant des revendications délirantes au nom de la liberté d’adultes totalement immatures mais représentants d’une minorité « forcément sublime », ils oublient totalement les devoirs que nous avons tous vis à vis des enfants. Où est-il question de leurs besoins fondamentaux dans ces projets de loi?
    Les humains ont le désir d’avoir des enfants c’est dans l’ordre des choses même si nous sommes, nous, épouvantés par l’avenir, mais ce qui ne va pas dans l’ordre de la vie, c’est de produire un enfant pour se satisfaire d’un objet narcissique en niant ce qui fait l’humain ( même si cela ne le résume pas comme dit MichelC.) c’est à dire l’altérité, la différence. Une homosexuelle qui fait des enfants produit du « Même » pas de « l’Autre ».

  8. Biosphère écrit : « LE MONDE ne raisonne pas ».Et LE MONDE pourrait écrire « Biosphère ne raisonne pas ».En fait chacun raisonne avec ses valeurs et son éthique. Biosphère a ses valeurs et son éthique, Monsanto à les siennes, j’ai les miennes etc.
    En tous cas je vois au moins deux arguments de Biosphère qui ne tiennent pas la route : « Il faudrait accepter le lobbying d’un simple groupe de pression dit LGBT … il faudrait s’incliner devant les possibilités techniques de la fécondation in vitro ».
    Partant du principe que nous sommes trop nombreux sur cette Terre … faut-il s’opposer aux « possibilités techniques » de sauver des vies ? Faut-il par exemple s’opposer au « lobby ultra-minoritaire» des parents d’enfants atteints de maladies rares ou orphelines ? Sacrée question ! Quant à savoir si la nature humaine se résume à la différenciation des sexes … là je resterais prudent.

  9. 100 % d’accord avec votre position, sur le fond, – c’est à dire sur le fait de trouver inconcevable qu’on puisse favoriser la reproduction sans père – comme sur la forme, c’est à dire que l’on utilise comme argument le fait accompli que certains pays accordent déjà cette possibilité.
    Je suis également abasourdi que l’on trouve des écologistes parmi les défenseurs de la PMA ouverte aux couples homosexuels, alors que cette mesure est une négation absolue des règles de la nature. Le « politiquement correct » l’emporte sur toute réflexion écologique.Le droit d’un enfant à avoir un père me semble respectable.

Les commentaires sont fermés.