PMA, un débat qui se révèle anti-démocratique

Quelle démocratie en Macronie ? Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle soutenait l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. La députée macroniste Agnès Thill »  manifeste aujourd’hui publiquement son désaccord au point que plusieurs de ses collègues LRM exigent son exclusion du groupe à l’Assemblée nationale*. Agnès Thill est virulente. A l’occasion de la publication du rapport de la mission parlementaire sur la bioéthique, elle a affirmé que « l’absence de genre dans le mot parent favorise l’éclosion d’écoles coraniques ». En face on utilise les grands mots : « Ces propos viennent nourrir l’islamophobie et l’homophobie ». Au-delà de cette polémique, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes reste un projet de l’exécutif. Emmanuel Macron a assuré en novembre 2018 que la loi bioéthique contenant cette mesure serait promulguée « courant 2019 ». Mais cette loi ne sera présentée en conseil des ministres qu’en juin 2019. Comme l’exprime un commentateur sur lemonde.fr : « Un député de la majorité exprime une position, en amont de l’arrivée d’un texte de loi annoncé dans quelques mois, plutôt que dans les braillements de l’Assemblée quand le texte est bouclé, ça me paraît plutôt sain, et facilitant un débat serein. Elle se fait traiter de raciste, homophobe, islamophobe, alors qu’elle ne fait que défendre la situation actuelle et pointer des risques objectifs à venir. Elle fait son métier, ses collègues exercent plutôt celui de censeur. »

Cette controverse est donc anti-démocratique. Pour mesurer l’équilibre des forces entre président de la République et députés, il y a un article de la Constitution qui n’a pas le succès qu’il mérite. Les députés ne forment pas normalement un bloc unitaire et partisan, ils ont toujours le libre choix, même lors de leur vote définitif à l’Assemblée. Selon l’article 27, « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel ». Le statut d’élu est nominatif et ne dépend pas des partis. Or, trop de votes dans l’hémicycle procèdent d’une logique partisane, on vote comme ses camarades car le grand chef l’a dit. Pourtant, il suffit d’appliquer cette idée d’un parlementaire votant en son âme et conscience car représentant du peuple français et non d’un parti pour que les choses changent. On pourrait arriver à la recherche d’un consensus entre opinions différentes au lieu d’avoir un affrontement stérile entre majorité et opposition. De toute façon chaque député est directement responsable de son vote, son choix est publié et les électeurs peuvent à tout moment savoir s’il a agi ou non en fonction du bien public. La place des partis dans le système démocratique est seconde, non déterminante. D’autre part ce n’est pas Emmanuel Macron qui peut imposer un choix par sa seule volonté jupitérienne. Le pouvoir au peuple ne réside pas dans la parole d’un Président de la république ou même d’un Gilet jaune. L’article du Monde s’occupe trop des noms d’oiseaux que les élus LRM se lancent au travers de la figure, pas assez au fond du problème. D’abord on n’a pas besoin de l’État pur une procréation assistée par d’autres que son homme, il suffit de trouver un donneur et une seringue, deux choses pas du tout insurmontables. Le geste technique est à la portée de la première venue, cela se pratique depuis des décennies. Et au moins on est sûre que le père n’est pas le directeur de la clinique.

Du point de vue écologique, rappelons la position de Laure Noualhat dans sa Lettre ouverte à celles qui n’ont pas (encore) d’enfant : « pas de PMA, pas de GPA, pas d’enfant ! » :« Je politise mon ventre vide… Chacun de nous enlève la capacité aux suivants de vivre correctement ici. » Comme on ne peut pas avoir une croissance économique infinie dans un monde fini, de même on ne peut pas avoir une croissance démographique infinie dans un monde fini. Faire un enfant de moins est beaucoup plus efficace pour économiser du CO2 que de renoncer à posséder une voiture, surtout quand on appartient aux classes moyennes mondiales, la classe globaleRappelons un autre article de ce blog biosphere, PMA, une horrible histoire de science-fiction. Rappelons que c’est de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) qu’ont été tirées toutes les méthodes de la fécondation in vitro, un simple transfert de techniques qui  avaient  fait leurs preuves dans l’industrialisation de l’élevage ! Déjà, à l’époque, des gynécos écrivaient qu’il fallait arracher les femmes de leur attachement archaïque à la maternité. Aujourd’hui les homosexuels hommes revendiquent la gestation pour autrui (GPA) au nom de l’égalité de leurs droits avec ceux des femmes. Puis on aura droit à l’ectogenèse pour « libérer » les femmes de la maternité et sortir des embarras liés à la question des mères porteuses. Et nous serons entrés dans la science-fiction, dans la mutation, dans l’horreur  ! Cette histoire est un symptôme. Notre génération a rompu avec ses pères par toutes les rationalisations possibles. Dans quel rapport sommes-nous avec notre généalogie pour tenter un tel coup de force sur le lien de filiation, nommé traçabilité dans certains services de Fécondation in vitro ?

Pour en savoir plus, il suffit de parcourir tous nos articles sur la PMA avec ce lien : http://biosphere.blog.lemonde.fr/?s=pma

* LE MONDE du 23 janvier 2019, Après de nouveaux propos anti-PMA, Agnès Thill risque l’exclusion du groupe LRM à l’Assemblée