Post-covid, le sport-spectacle sans avenir

La marchandisation des pratiques de loisir  transforme le plaisir de vibrer par soi-même en un spectacle de masse assuré par des professionnels. Cette dénaturation du sport-amateur accompagné par du bénévolat se retrouve dans la pratique du football, du vélo, de la voile, etc. La pandémie actuelle a cela de bien qu’elle arrête tous ces jeux de cirque et, même si c’est temporaire, on peut espérer que les graines d’un avenir sans abrutissement des masses ont été semées.

Fin de partie pour le football français : « La saison 2019-2020 de sports professionnels, notamment celle de football, ne pourra pas reprendre »(Edouard Philippe le 28 avril). Le football est devenu un secteur sinistré, comme l’aérien ou le tourisme. Canal+ et BeIN Sports ne verseront pas à la Ligue de football professionnel (LFP) les quelque 244 millions d’euros qui étaient encore attendus. Désormais certains que la dernière tranche des droits télévisuels ne sera pas versée, les dirigeants devraient demander à leurs vedettes de renoncer définitivement à une partie de leurs revenus. Que du bonheur quand on est écolo et adepte du fait maison.

Incertitude des des Jeux olympiques de Tokyo : « Nous devons organiser les JO pour témoigner de la victoire de l’humanité sur le coronavirus. Mais ils ne pourront pas avoir lieu si la pandémie n’est pas contenue », a déclaré le premier ministre M. Abe devant le Parlement japonais le 29 avril. La veille, le président du comité d’organisation des JO, Yoshiro Mori, avait affirmé que les Jeux devraient être annulés si la pandémie n’était pas maîtrisée d’ici à l’année prochaine.

Voile : la Transat anglaise annulée : The Transat, course transatlantique quadriennale à la voile qui devait partir de Brest le 10 mai pour son 60e anniversaire, a finalement été annulée purement et simplement par les organisateurs. Les spécialistes de la course au large voient ainsi tomber le deuxième de leurs grands rendez-vous cette année. Reportée dans un premier temps (le 17 mars), la Transat AG2R – La Mondiale, qui devait débuter initialement le 19 avril, a finalement été annulée le 10 avril.

Le départ du Tour de France contrarié: Les premiers tours de roue du Tour de France, déjà reporté au 29 août, restent dans le flou. Dans son plan de déconfinement, le premier ministre Edouard Philippe a précisé que les événements pouvant rassembler plus de 5 000 personnes, et nécessitant d’être organisés en lien avec les préfectures, ne pourraient « se tenir avant le mois de septembre ». Le maire de Nice, Christian Estrosi, souhaite toujours accueillir le départ du Tour. Il a versé 3,55 millions d’euros à l’ASO pour accueillir le « grand départ ». De là à penser que la grande boucle est une affaire d’argent il n’y a qu’un grand coup de pédalier. Pourquoi pédaler contre les autres plutôt que de réfléchir à la façon dont le vélo peut résoudre la crise environnementale ? 

La F1 à huis clos : La saison de formule 1 aurait dû démarrer le 15 mars, en Australie. Mais les dix premières courses de la saison ont été annulées ou reportées, Covid-9 oblige. Chase Carey, président-directeur général de Formula One Group précise : « Nous nous attendons à ce que les premières courses se déroulent sans spectateurs ». Un peu avant la communication des dirigeants de la F1, la manche française, qui aurait dû avoir lieu le 28 juin sur le circuit Paul-Ricard du Castellet (Var) a été annulée.

Pour militer, NON aux JO de Paris : L’épidémie de coronavirus, a mis en avant la nécessité de changer de modèle de société. Or, dans 4 ans, Paris se propose d’organiser les Jeux Olympiques. Par leur gigantisme ils supposent la construction de lourdes infrastructures artificialisant toujours plus les territoires. Par leur caractère mondial ils généreront de nombreux déplacements énergétiquement coûteux et susceptibles de favoriser la propagation de nouvelles épidémies. Ils entretiendront l’esprit de compétition et le nationalisme quand la coopération devrait être le mot d’ordre. Enfin, ils seront financièrement très lourds au moment où les budgets publics sont déficitaires et où les dépenses devraient être prioritairement consacrées à l’adaptation de nos sociétés à un monde plus résilient et plus respectueux de l’environnement. N’organisons pas les Jeux Olympiques. Il existe déjà beaucoup de compétitions sportives et un tel renoncement constituerait un excellent symbole d’une réelle volonté de changer les choses et d’aller vers un monde plus durable…

8 réflexions sur “Post-covid, le sport-spectacle sans avenir”

  1. édito du MONDE : Le foot professionnel brasse des millions depuis vingt ans et n’a pas pris la peine d’assurer ses arrières en prévision des jours mauvais. Voilà des clubs où, selon un calcul effectué par L’Equipe, le salaire moyen est de 94 000 euros brut par mois. Partout dans le monde, la violence de la crise liée au coronavirus pousse des responsables à remettre en question leur mode de fonctionnement. Pourquoi le football professionnel échapperait-il à cette introspection ? On aurait beaucoup aimé entendre les grands joueurs des clubs français prendre leur part de solidarité dans cette crise…
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/05/02/la-necessaire-autocritique-du-monde-du-football_6038437_3232.html

    1. Didier BARTHES

      Sans être un adepte de l’égalitarisme forcené je pense que l’on pourrait décrété qu’aucun salaire ne dépasse 50 000 euros par mois, où même qu’il y ait une limite en fonction de l’âge de manière à éviter que des gens gagnent parfois plus de 500 000 euros par mois…. pour taper dans un ballon.

    2. Ne soyons pas non plus trop ingrats, sachons voir aussi le grand cœur de ces gens-là. En parlant de solidarité dans cette crise, n’oublions pas quand même que dès le début, le monde du foot français a joliment «mis la main à la pâte». N’oublions pas ces guignolesques ventes de «maillots solidaires». Encore plus beau, le maillot de Benzema vendu aux enchères (organisée par Adidas) pour la jolie somme de 107.730 euros. Tout ça par «solidarité» avec les soignants et la recherche. Merci les Clubs, c’est chouette les clubs! Merci Benzema, merci Adidas ! On en redemande, c’est ça le foot qu’on aime, c’est ça le foot de demain.
      Quant à leur arrières, autant que leurs avants, leurs attaquants, gardiens et Jean Passe, laissez moi bien rigoler. Si je pouvais vendre ne serait-ce que 1000 euros pièces mes vieux T-shirts et mes vieux slips, chargés eux aussi d’histoire, je serais le plus heureux des hommes 🙂

  2. Rapporterre

    On est dans le spectacle désormais, et la question est aujourd’hui de savoir si on continue dans cette voie ou non. Pour moi, c’est non. On vient de passer deux mois sans sport dans les stades et on s’aperçoit que ce n’est pas vraiment un manque pour la très grande majorité des gens. Du coup on se demande si on ne s’est pas fait un peu enfumés avec ces coupes du monde, jeux olympiques, championnats, champions et ces millions qui ne reposent que sur du vent. Si on veut un monde nouveau après cette crise, il faudra bien évidemment revoir toute cette mascarade des compétitions sportives, opium du peuple, qui contribuent elles aussi à empêcher d’imaginer un monde nouveau.
    Le chroniqueur du MONDE, Jérôme Latta, n’est pas de cet avis :« Sans public, le sport de haut niveau n’est plus un spectacle vivant ».Tout est dit par ce pisse-copie, on n’est plus dans le sport mais dans le spectacle. Le sport moderne remonte seulement aux universités anglaises du 19e : mens sana in corpore sano. Ce principe est appliqué par beaucoup de gens, qui font du sport pour s’entretenir et par plaisir.. Parallèlement, les compétitions sportives sont passées du stade amateur au stade professionnel et l’équilibre de ces « pratiquants » a évolué vers une vie à 100% sur le sport et quasiment rien sur le reste, en foot notamment. Cette perversion du sport a accouché de monstres comme le foot business, qui est touché par tous les travers possibles : dopage, corruption, budgets démentiels, star système à l’excès. Que le foot spectacle soit mis à terre par le coronavirus, que voilà une bonne nouvelle…

  3. Toutes ces activités font bien sûr partie des Jeux du Cirque. Du Grand Spectacle, Grand Barnum, Grand Show etc. celui qui se doit de continuer, quoi qu’il en coûte. Tout ça est bien sûr synonyme de démesure, de toujours plus, de constructions, de déplacements, de couverture me(r)diatique, de publicités, d’abrutissement des masses etc. etc. Bref, synonyme de nuisances et de calamités.
    Pour moi, nos sacro-saints Jeux Olympiques sont certainement le Top du TOP dans la célébration du culte de la Compétition (à la con). Et en même temps l’occasion rêvée pour exacerber les nationalismes (Cocorico), tout en chantant la fraternité (hypocrites !)
    –  » Nous devons organiser les JO pour témoigner de la victoire de l’humanité sur le coronavirus » , nous chante le Premier ministre japonais Shinzo Abe.
    Et pendant ce temps, « chez nous », les chantiers pharaoniques pour ceux de 2024 à Paris sont à l’arrêt. Les bulldozers sont à l’arrêt. Sauf bien sûr que ça va repartir et qu’il va falloir rattraper le temps perdu. Parce que Business as usual , parce que The Show mut go on, et patati et patata ! Là encore on nous racontera que ces jeux (à la con) sont un bienfait du Ciel, «une victoire pour la France», l’occasion de célébrer et blablabla. Mon dieu que nous faut-il pas entendre ! Et bien sûr le bétail s’agenouillera pour communier, et finalement pour faire tout ce qu’on fait quand on est à genoux. Misère, misère !
    Tout ça est une calamité pour la planète, bien sûr, ainsi que pour les esprits particulièrement confus en ces temps de crises, mais aussi une calamité pour cet espoir que nous pouvons (et devons) encore entretenir. L’espoir d’être encore capables d’imaginer et de construire ce «monde d’après» qui bien sûr n’aurait rien à voir avec celui d’avant. La Compétition, d’autant plus gangrenée par le Pognon, est une véritable saloperie qui tue l’esprit de solidarité et de coopération. Pour moi tout ça peut bien crever.

    1. C’est plutôt internationalisme avec l’ouverture des frontières qui a permis ces compétitions à la CON !

      Preuve en est, depuis l’ouverture des frontières en Europe, c’est devenu la compétition fiscale ! Il n’y a aucune convergence fiscale, par ailleurs il n’y a aucune coopération comme avec les euro- et coronabond !

      1. Encore une fois ne mélangeons pas tout. Rappelons-nous cette compétition (à la con) durant la guerre froide. Là encore, c’était à celui qui aurait la plus grosse. Et puis ça continue encore aujourd’hui, et pas que pour les bombes, mais pour tout ! Et puis pas seulement entre grandes puissances ou entre pays, pas seulement sur les stades, mais à l’école, au boulot, partout ! Mais pour n’en rester qu’aux stades, rappelons-nous des J.O de 1936 à Berlin (ceux de 1916 avaient été annulés à cause de la guerre).
        Si «la guerre n’est qu’un prolongement de la politique par d’autres moyens» (Clausewitz), nous pouvons dire exactement la même chose du sport (de compétition). Les relations entre le sport et la guerre ont été longuement étudiées. N’allons surtout pas croire que le sport serait apolitique. Ni que les J.O auraient gardé le même esprit que ceux d’Olympie, ce n’est pas pour rien qu’en 1896 ils ont été rebaptisés «Jeux olympiques modernes». Et enfin, à lui seul le vocabulaire est révélateur : bataille, combat, domination, conquête, victoire, vainqueur, médaille. Et pour l’autre camp, l’adversaire, le vaincu, c’est le repli, la déroute, la défaite, la Bérézina etc. Misère misère !
        Enfin, pour moi jouer ce n’est pas se faire la guerre, on peut très bien jouer sans compter les points, juste pour le plaisir de jouer. Mais ça, on dirait que c’est trop difficile à comprendre. Et on en crève.

        1. Il n’en demeure pas moins que tous les sports ont été mondialisés par l’ouverture des frontières… Et que ce n’est pas le nationalisme qui a transformé le sport en machines à fric…

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